Parti communiste du Canada — Wikipédia

Parti communiste du Canada
(en) Communist Party of Canada
Image illustrative de l’article Parti communiste du Canada
Logotype officiel.
Présentation
Secrétaire national Elizabeth Rowley
Fondation
Siège 290 Danforth Avenue
Toronto, Ontario
M4K 1N6
Drapeau du Canada Canada
Journaux People's Voice[1]
Clarté[2]
Organisation de jeunesse Ligue de la jeunesse communiste du Canada (idéologiquement alignée, mais organisée de manière autonome)[3]
Positionnement Extrême gauche
Idéologie Communisme
Marxisme-léninisme
Affiliation internationale Internationale communiste (1921–1943)
Rencontre internationale des partis communistes et ouvriers
Couleurs Rouge
Site web www.communist-party.ca

Le Parti communiste du Canada (en anglais : Communist Party of Canada) est une organisation et un parti politique fédéral communiste du Canada. Deuxième plus ancien parti politique fédéral canadien toujours inscrit, le parti communiste est sans représentation au Parlement depuis 1946. Il fut déclaré illégal par le Gouvernement du Canada en 1921, 1932 et 1940 ; il fut connu comme le Parti ouvrier progressiste de 1940 à 1959.

Le parti est affilié à la Rencontre internationale des partis communistes et ouvriers et a présenté 26 candidats lors de l'élection fédérale canadienne de 2015 et 30 candidats lors de l'élection fédérale canadienne de 2019.

Principes fondamentaux et positions politiques[modifier | modifier le code]

Karl Marx, sociologue et philosophe à l'origine du Matérialisme historique.

Les principes et positions politiques du parti sont basés sur le socialisme (communisme) principalement tel que défini par les théories de Karl Marx et Vladimir Lénine; c'est-à-dire la restitution du pouvoir aux travailleurs, l'avènement du socialisme au Canada et dans le monde et la mise en commun des moyens de production et d'échange[4]. Le parti se dit également anticapitaliste, anti-impérialiste, altermondialiste, prodémocratie et reconnaît les « défaillances sérieuses »[précision nécessaire] des états communistes du passé[4].

Anticapitalisme[modifier | modifier le code]

Le Parti Communiste du Canada adopte une position anticapitaliste dans l'optique de la lutte des classes qu'il désigne comme le conflit fondamental entre le capital et le travail. Le parti dénonce la propriété privée des moyens de production, des banques, des ressources naturelles et l'exploitation des travailleurs salariés en mettant l'emphase sur la classe ouvrière et ses alliés: les chômeurs, les travailleurs indépendants et les familles[5].

Le parti considère le Canada comme un pays « capitaliste monopoliste d'État », c'est-à-dire un état instrumentalisé par la classe capitaliste, et impérialiste dans la mesure où le pays est membre de l'OTAN et participe, via ses multinationales à l'exploitation des travailleurs d’autres pays[5].

Le parti insiste également sur le fait que le capitalisme génère, par sa nature, des crises économiques et que le keynésianisme et sa doctrine opposée, le néolibéralisme, sont inefficaces et, dans le cas du néolibéralisme, constitue une attaque envers les droits humains et sociaux. Il considère également que la technologie combinée à la propriété intellectuelle ne permet pas, en soi, d'émanciper la classe ouvrière ; elle accélère l'accumulation du capital, crée le chômage et la précarité.

Protection de l’environnement[modifier | modifier le code]

Pour les communistes, la dégradation de l'environnement et l'épuisement des ressources naturelles sont des conséquences normales et inévitables du capitalisme qui ne peuvent être résolues grâce à des réformes. Les catastrophes environnementales, le réchauffement climatique et la diminution de la diversité biologique participent à l'accroissement des disparités et à la détérioration des conditions de vie partout sur la planète[5]. La propriété intellectuelle de la vie, comme dans le cas des organismes génétiquement modifiés en agriculture, participe à la création de monopoles alimentaires[5].

Sur l'égalité entre les hommes et les femmes[modifier | modifier le code]

Sur le Québec[modifier | modifier le code]

Histoire[modifier | modifier le code]

Débuts et formation (1921-1929)[modifier | modifier le code]

Les 28 et , une délégation du Komintern rencontre un groupe de marxistes canadiens dans la grange du 257, rue Metcalfe[6], à Guelph en Ontario pour créer le Communist Party of Canada[7]. La plupart de ses membres fondateurs, principalement des syndicalistes et des militants contre la guerre, proviennent de groupes tels que le Parti socialiste du Canada, la One Big Union, le Parti ouvrier socialiste d'Amérique, l'union syndicale Industrial Workers of the World et autres groupes, organisations et partis socialistes, marxistes et travaillistes. Ces premiers membres sont influencés par la révolution d'Octobre en Russie et sont radicalisés par les conséquences de la Première Guerre mondiale et la lutte pour l'amélioration des conditions de vie et de travail. Au total, ce sont 22 délégués représentant 650 membres à travers le pays qui participent à ce congrès de fondation[8]. Le Komintern en Russie accepte la création du parti le ; le parti adopte la structure dictée par la Troisième Internationale communiste[9].

La légalité du parti est à plusieurs reprises mise en doute par les autorités pendant les années 1920 et 1930. La Loi sur les mesures de guerre en vigueur au moment de sa création contraint le parti à se présenter comme le Workers' Party of Canada en [10], puis à reporter en mars la publication de son journal The Worker. Avec le retrait de la loi sur les mesures de guerre en 1924, le parti change officiellement son nom pour celui de Parti communiste du Canada[11].

L'une des premières actions entreprises par le parti est la création d'une aile jeunesse, la Ligue de la jeunesse communiste du Canada, puis établir un soutien à l'Union soviétique naissante. Dès 1923, le parti amasse plus de 64 000 dollars pour la Croix-Rouge russe[réf. souhaitée]. Le parti communiste du Canada est aussi à l'origine de la branche canadienne de la Ligue d'éducation syndicale dans des camps de bûcherons et dans les mines. En 1925, le parti compte 4 500 membres[12], principalement des bûcherons, des mineurs et des travailleurs agricoles, ferroviaires et du textile. La plupart, immigrants récents, proviennent d'Ukraine et de Finlande.

De 1927 à 1929, le parti opère une révision de ses politiques et tient une série de débats internes dont il ressort des divisions idéologiques qui entraînent l'expulsion de militants trotskistes et des membres qui appuyaient l'idée d'un exceptionnalisme nord-américain. Deux sympathisants trotskistes, Maurice Spector, président du parti, et Jack MacDonald (en), secrétaire général du Parti, sont expulsés respectivement en 1928 et 1930[13]; ils seront parmi les membres fondateurs de l'Opposition internationale de gauche (trotskiste) du Canada. Le parti expulse également William Moriarty pour son soutien à l'Opposition communiste internationale et sa sympathie à l'égard de Jay Lovestone. Ces militants étaient en désaccord sur les positions stratégiques, tactiques et la nature du socialisme de l'Union soviétique, ainsi que sur la situation du Canada à titre de puissance impérialiste[14]. Même si certains communistes comme J.B. Salsberg ont initialement exprimé leur appui à ces positions, une large majorité des militants sont restés membres du parti après plusieurs débats qui ont dominé les congrès du parti au début des années 1930.

En , Tim Buck est élu secrétaire général du Parti, poste qu'il occupera jusqu'en 1962.


Grande Dépression (1930-1935)[modifier | modifier le code]

Le krach boursier d'octobre 1929 marque le commencement d'une crise économique prolongée au Canada et dans le monde. Cette crise mène rapidement au chômage, à la pauvreté, au dénuement et à la souffrance des milliers de familles ouvrières et agricoles. Les élections fédérales de 1930 amènent au pouvoir les conservateurs de Richard Bedford Bennett, ardent critique du mouvement travailliste et instigateur des « Camps de secours pour les chômeurs » pour les jeunes hommes.

Dès les années 1930, le parti communiste du Canada appelle à la création de l'assurance emploi, l'assurance maladie universelle, la gratuité scolaire, l'aide sociale et l'aide à l'emploi pour les jeunes, des législations de santé et sécurité au travail, des législations pour les heures de travail et les congés, un salaire minimum pour les femmes et les enfants et un prix de base et une assurance-récolte gouvernementale pour les fermiers.

À partir du , huit dirigeants du parti communiste du Canada sont emprisonnés au titre de la section 98 du code criminel du Canada[15]. Le parti survit en tant qu'organisation clandestine, mais reste sous la menace constante de la justice. En 1934, une importante mobilisation contre la répression policière fait libérer les dirigeants communistes. À l'occasion de la libération de Tim Buck, le parti tient une grande assemblée au Maple Leaf Gardens où s'entassent 17 000 partisans et sympathisants tandis que, faute de place, 8 000 personnes doivent rester à l'extérieur[16].

Même si le parti est interdit, il parvient à organiser la Ligue d'unité ouvrière et la Ligue de défense ouvrière qui jouent un rôle clef dans la grève des mineurs à Estevan en Saskatchewan. De 1933 à 1936, la Ligue d'unité ouvrière mène 90 % des grèves au Canada[réf. nécessaire]. En 1934, le parti adopte la stratégie du Komintern, de faire front uni contre le fascisme.

Dans les Prairies, les communistes organisent le regroupement d'une centaine d'agriculteurs mobilisés contre les évictions et entament des « marches de la faim » malgré la brutalité policière. Les membres du parti luttent pour la syndicalisation au sein du Congrès des organisations industrielles dans l'industrie automobile et la métallurgie, du Syndicat canadien des marins, de l'Union internationale des travailleurs de mines, bocards et fonderies, du Syndicat international des travailleurs du bois d'Amérique et des Travailleurs unis de l'électricité, de la radio et de la machinerie[réf. nécessaire].

Seconde Guerre mondiale et Guerre froide (1936-1991)[modifier | modifier le code]

La Gendarmerie royale du Canada établit dans les années 1950 un programme secret visant à assurer une surveillance continuelle de milliers de militants de gauche en cas de conflit avec l’URSS. Lors de la crise d'Octobre 1970 au Québec, plusieurs centaines de personnes, notamment des militants communistes, sont arbitrairement arrêtées sur la base de listes établies dans le cadre de ce programme[17].

Résultats[modifier | modifier le code]

Résultats moyens par candidats.
Résultats moyens par candidats lors des 10 dernières élections fédérales.
Élections # de candidats # de voix par
candidat
% des voix # d'élus
1930 6 4 557 ±760 0,12 % 0
1935 12 20 140 ±1678 0,46 % 0
1940 8 8 699 ±1087 0,19 % 0
1945 68 111 892 ±1645 2,13 % 1
1949 17 32 623 ±1919 0,56 % 0
1953 100 59 622 ± 596 1,06 % 0
1957 10 7 760 ± 776 0,12 % 0
1958 18 9 769 ± 542 0,13 % 0
1962 12 6 360 ± 530 0,08 % 0
1963 12 4 234 ± 352 0,05 % 0
1965 12 4 285 ± 357 0,06 % 0
1968 14 4 465 ± 318 0,05 % 0
1974 69 12 100 ± 175 0,13 % 0
1979 71 9 141 ± 128 0,08 % 0
1980 52 6 022 ± 116 0,06 % 0
1984 51 7 479 ± 115 0,06 % 0
1988 51 7 066 ± 139 0,05 % 0
2000 52 8 776 ± 168 0,07 % 0
2004 35 4 568 ± 130 0,03 % 0
2006 21 3 022 ± 143 0,02 % 0
2008 24 3 572 ± 148 0,03 % 0
2011 20 2 925 ± 146 0,02 % 0
2015 26 4 382 ± 169 0,02 % 0
2019 30 3 905 ± 130 0,02 % 0

Secrétaires généraux du CPC[modifier | modifier le code]

Congrès du CPC[modifier | modifier le code]

  • 1re Congrès - 28 et 29 mai 1921
  • IIe Congrès - Février 1923
  • IIIe Congrès - Avril 1924
  • IVe Congrès - Septembre 1925
  • Ve Congrès - Juin 1927
  • VIe Congrès - 31 mai au 6 juin 1929
  • VIIe Congrès - 23 juillet 1934
  • VIIIe Congrès - Octobre 1937
  • IXe Congrès - Octobre 1937
  • Xe Congrès - Août 1943
  • XIe Congrès - 1946
  • XIIe Congrès - Février 1949
  • XIIIe Congrès - Janvier 1951
  • XIVe Congrès - Mars 1954
  • XVe Congrès - Avril 1957
  • XVIe Congrès - Octobre 1959
  • XVIIe Congrès - 19 janvier 1962
  • XVIIIe Congrès - 27 au 31 mars 1964
  • XIXe Congrès - 1966
  • XXe Congrès - Avril 1969
  • XXIe Congrès - Novembre 1971
  • XXXIIIe Congrès - Février 2001
  • XXXIVe Congrès - 29 janvier au 1er février 2004
  • XXXVe Congrès - 1er au 4 février 2007
  • XXXVIe Congrès - 5 au 7 février 2010
  • XXXVIIe Congrès - 5 au 7 avril 2013
  • XXXVIIIe Congrès - 21 au 23 mai 2016
  • XXXIXe Congrès - 17 au 19 mai 2019
  • XLe Congrès - 1er au 3 juillet 2022


Sections provinciales[modifier | modifier le code]

Le Parti communiste du Canada possède des sections provinciales qui disputent les élections générales au niveau provincial. Dans certains cas, le nom de la section provinciale est au format « Parti communiste du Canada - [Province] » :

Archives[modifier | modifier le code]

Un fonds d'archives rassemble celles du parti communiste du Canada à la Bibliothèque et Archives du Canada[18]. Il est aussi possible de consulter un large fonds documentaire et archivistique en lien avec l'histoire du PCC préservé par le collectif Archives Révolutionnaires.

Identité visuelle[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « People's Voice », sur People's Voice (consulté le ).
  2. « Archives du journal Clarté - Parti communiste du Québec (PCQ-PCC) », sur Parti communiste du Québec (PCQ-PCC) (consulté le ).
  3. « Who We Are », sur ycl-ljc.ca (consulté le ).
  4. a et b (en) « Chapter 1 : OUR AIM IS SOCIALISM », sur Communist-party.ca.
  5. a b c et d (en) « Chapter 2 : CAPITALISM IN CANADA », sur Communist-party.ca.
  6. (en) « Guelph cultural mapping project - Founding of The Communist Party of Canada », sur Culturemap.guelph.ca.
  7. Black 1998, p. 30.
  8. (en) Gerry van Houten et al., avant-propos par William Kashtan, Canada's Party of Socialism: History of the Communist Party of Canada 1921-1976, Toronto (Ontario), Progress Books, , 319 p. (ISBN 0-919396-46-1), p. 16.
  9. Black 1998, p. 352.
  10. « Encyclopédie canadienne - Parti communiste du Canada », sur Encyclopediecanadienne.ca.
  11. Buck 1967, p. 93.
  12. Worley 2004, p. 221.
  13. Busky 2002, p. 150.
  14. Buck 1952.
  15. Black 1998, p. 94.
  16. Khouri 2007.
  17. « En 1970, le Québec fait sa chasse aux sorcières », sur L'Humanité, .
  18. « Fonds Parti communiste du Canada, Bibliothèque et Archives Canada ».

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) J. L. Black, Canada in the Soviet mirror : Ideology and perception in Soviet foreign affairs, 1917-1991, Ottawa, Carleton University Press, . Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (en) Tim Buck, The Story of the Communist Movement in Canada, Toronto, Progress Books, . Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (en) Tim Buck, Canada and the Russian Revolution : The impact of the world's first socialist revolution on labor and politics in Canada, Toronto, Progress Books, . Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (en) Donald F. Busky, Communism in history and theory, Westport, Praeger, Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • (en) Malek Khouri, Filming politics : communism and the portrayal of the working class at the National Film Board of Canada, 1939-46, Calgary, University of Calgary Press, . Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (en) Matthew Worley, In search of revolution international communist parties in the third period, Londres, I.B. Tauris, . Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Liens externes[modifier | modifier le code]