Parallèle (géographie) — Wikipédia

Parallèles espacés de 15° sur une sphère terrestre.

Sur Terre, un parallèle est un cercle abstrait reliant tous les lieux situés sur une même latitude. Leur nom de « parallèles » fait référence au fait qu'ils sont obtenus par intersection de la surface de la Terre avec des plans perpendiculaires à l'axe de rotation de celle-ci[1] et donc parallèles au plan de l'équateur.

Propriétés[modifier | modifier le code]

Quadrillage[modifier | modifier le code]

Méridiens et parallèles dessinent un quadrillage sur la surface de la Terre permettant de repérer la position d'un point. Un grand nombre de représentations cartographiques planes sont conçues pour que ce quadrillage soit représenté par deux faisceaux de droites perpendiculaires, les méridiens étant régulièrement espacés, ce qui n'est pas le cas des parallèles. Ce sont les projections dites cylindriques[2].

Propriétés géométriques générales[modifier | modifier le code]

Les parallèles ont un rayon, et donc un périmètre d'autant plus petit qu'ils se rapprochent d'un pôle et s'éloignent de l'équateur[1].

Comme pour toute surface de révolution, tous les parallèles coupent tous les méridiens à angle droit.

Les parallèles sont des loxodromies, et ne sont donc pas la plus courte distance entre deux points[1].

Cas du modèle sphérique[modifier | modifier le code]

Si on considère un modèle sphérique, les parallèles associés à des degrés de latitude régulièrement espacés découpent un méridien suivant des longueurs constantes. Ainsi, la distance sur la sphère terrestre[3] d’un degré d'angle est de 111,133 km et celle d'une minute d'angle est de 1 852 m, ce qui correspond au mille marin[4].

Les plans contenant les parallèles, eux, ne sont pas régulièrement espacés et leur distance diminuent de l'équateur au pôle.

Le rayon des parallèles est proportionnel au cosinus de la latitude.

Cas du modèle elliptique[modifier | modifier le code]

Dans le modèle de l’ellipsoïde, la latitude utilisée est la latitude géodésique, c'est-à-dire l'angle que fait la normale à la surface avec le plan de l'équateur[5].

Dans ce cas, les parallèles associés à des degrés de latitude régulièrement espacés découpent un méridien suivant des longueurs non constantes. Les longueurs sont plus courtes près de l'équateur et plus grandes près du pôle. Ainsi un degré au niveau de l'équateur représente une distance de 110,574 km et à la latitude de la France (46e parallèle), cette distance est de 111,115 km. Au niveau du 75e parallèle, la longueur d'un degré de latitude est portée à 111,618 km[6]. Ces différences de longueur d'arc ont été étudiées au XVIIIe siècle pour valider l'hypothèse d'une terre aplatie aux pôles[7].

Sphère. Parallèles de latitudes 30° et 60° sur une sphère. Le quart de méridien est découpé en 3 arcs (rouge, bleu et vert) de même longueur. Les plans parallèles ne sont pas équidistants, le rayon des parallèles va en diminuant. Ellipsoïde. Parallèles de latitudes géodésiques 30° et 60° sur un ellipsoïde . Le quart de méridien est découpé en 3 arcs (rouge, bleu et vert) de longueurs croissantes. Pour mieux saisir le phénomène, l'aplatissement a été amplifié (1/3 au lieu de l'aplatissement réel 1/298[8]).

Parallèles particuliers[modifier | modifier le code]

Astronomie[modifier | modifier le code]

Cercle tropicaux et polaires et incidence des rayons du soleil aux solstices. L'angle α est l'angle entre le plan de l'équateur et le plan de l'écliptique. Il vaut environ 23° 26'.

Cinq parallèles ont un rapport avec la rotation de la Terre autour du Soleil :

Les deux cercles polaires représentent les limites nord et sud où le Soleil reste au-dessus ou en dessous de l'horizon pendant au moins 24 heures. C'est le lieu où les rayons du soleil sont tangents à la surface aux solstices, à midi ou à minuit.

Les deux tropiques représentent les limites nord et sud où le Soleil peut être vu directement au zénith à midi, au solstice de juin pour l'hémisphère nord et au solstice de décembre pour l'hémisphère sud.

L'équateur représente la ligne d'intersection des deux hémisphères et est le seul parallèle à constituer un grand cercle. Sur cette ligne, aux équinoxes, et à midi solaire, les rayons du soleil sont perpendiculaires au sol.

Les latitudes des tropiques et des cercles polaires sont liées à l'obliquité, c'est-à-dire l'angle que fait l'axe de rotation de la terre avec la perpendiculaire à l'orbite. Cette obliquité moyenne, qui ne tient pas compte de la nutation, varie au cours des siècles diminuant actuellement d'environ 3/4 de minute par siècle[11]. Elle est, en janvier 2024, de 23° 26' 10"[12].

Frontières[modifier | modifier le code]

Lorsque les États se sont constitués, parfois relativement tard parce qu'ils faisaient suite à une colonisation, les frontières furent établies selon des lignes, soit dictées par la géographie (fleuves, montagnes) soit tout simplement par des coordonnées géographiques (méridiens et parallèles). On trouve ces frontières lignes notamment aux États-Unis[13] et en Afrique où 44% des frontières suivent des méridiens ou des parallèles[14]. On trouve également de telles limitations pour les différents États de l'Australie.

États-Unis[modifier | modifier le code]

Afrique[modifier | modifier le code]

Australie[modifier | modifier le code]

Asie[modifier | modifier le code]

Divers[modifier | modifier le code]

Maritime[modifier | modifier le code]

Dans le langage maritime, certaines zones particulières possèdent une dénomination spécifique. Dans l'hémisphère sud, on parle des :

  • 40es rugissants, pour la zone comprise entre les 40e et 50e parallèles ;
  • 50es hurlants, pour la zone comprise entre le 50e parallèle et le 60e parallèle.

Ces zones ont reçu leur nom des grands vents et de la houle quasi omniprésents, dus notamment aux dépressions récurrentes et au courant circumpolaire antarctique ; la zone en devient très dangereuse pour les navires qui y passent.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c « Sphère terrestre », sur Warmaths
  2. Raoul Ibanez, Le rêve de la carte parfaite : Cartographie et Mathématiques, RBA, coll. « Le monde est mathématique », , p. 78-81
  3. Supposée conventionnellement d'un double méridien de 40007,863 km.
  4. « La terre, coordonnées et cartes », p. 4
  5. « Latitude géodésique », sur AFT
  6. (en) « Length Of A Degree Of Latitude And Longitude Calculator »
  7. Antonio Lafuente et José L. Peset, « La question de la figure de la Terre. L'agonie d'un débat scientifique au XVIIIe siècle », Revue d'histoire des sciences, vol. 37, nos 3-4,‎ , p. 235-254 (lire en ligne)
  8. Pierre Causeret, « Il ne faut pas confondre latitude et latitude », Les Cahiers Clairaut, no 98,‎ , p. 2 (245) (lire en ligne)
  9. Mise à jour Obliquité
  10. Géographie : La rotation de la Terre
  11. « Obliquité de la Terre — Astronoo », sur www.astronoo.com (consulté le )
  12. « Obliquity of the Ecliptic and Nutation », sur www.neoprogrammics.com (consulté le )
  13. Catherine Coquery-Vidrovitch, « Frontières africaines et mondialisation », Histoire@Politique, no 17,‎ , p. 30 (lire en ligne)
  14. Programme Frontières de l’Union Africaine, Délimitation et Démarcation des frontières en Afrique, Commission de l'Union africaine, (lire en ligne), p. 14
  15. (en) « Morocco – Western Sahara (Spanish Sahara) Boundary », International Boundary Study, no 9,‎ (lire en ligne), p.3.
  16. (en) Ian Brownlie et Ian R. Burns, African Boundaries : A Legal and Diplomatic Encyclopædia, C. Hurst & Co. Publishers, , p. 437.
  17. (en) « Mali - Mauritania Boundary », International Boundary Study, no 23,‎ (lire en ligne), p. 6.
  18. (en) « Sudan – Egypt (United Arab Republic) Boundary », International Boundary Study, no 18,‎ (lire en ligne).
  19. (en) « Mali - Mauritania Boundary », International Boundary Study, no 23,‎ (lire en ligne), p. 3.
  20. « Burkina Faso–Ghana Land Boundary », sur Sovereign Limits (consulté le )
  21. « Equatorial Guinea–Gabon Land Boundary », sur Sovereign Limits (consulté le )
  22. (en) « Tanzania – Uganda Boundary », International Boundary Study, no 55,‎ (lire en ligne).
  23. (en) « Angola – Democratic Rep. of the Congo (Zaire) Boundary », International Boundary Study, no 144,‎ (lire en ligne).
  24. (en) « Angola – Zambia Boundary », International Boundary Study, no 119,‎ (lire en ligne).
  25. (en) « Angola – Namibia (South-West Africa) Boundary », International Boundary Study, no 120,‎ (lire en ligne), p. 6.
  26. (en) Cristina Udelsmann Rodrigues, « The Kwanhama partitioned by the border and the Angolan perspective of cross-border identity », African Studies,‎ (DOI 10.1080/00020184.2017.132561)
  27. (en) Jana Moser, « Border Contracts – Border Conflicts: Examples from Northern Namibia » [PDF], sur ICA Commission on the History of Cartography (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]