Palais royal d'Uvea — Wikipédia

Palais royal d'Uvea
Des danseurs devant le palais royal lors de la fête du territoire le 29 juillet 2017.
Présentation
Type
Style
Architecture tongienne
Architecte
Charles Bonneval
Construction
1992
Localisation
Localisation
Coordonnées
Carte

Le Palais royal d'Uvea est le siège du Lavelua, le roi coutumier d'Uvea, sur l'île de Wallis. Il se situe à Mata Utu, le chef-lieu du territoire d'outre-mer de Wallis-et-Futuna.

Construit à partir de 1876, c'est un lieu politique de très haute importance, où se déroulent la plupart des cérémonies officielles et traditionnelles.

Localisation[modifier | modifier le code]

Le palais royal (gauche) est tout proche de la cathédrale Notre-Dame-de-l'Assomption (droite). Au milieu, la place Sagato Soane.

Le palais se trouve devant la place Sagato-Soane (saint Jean, en wallisien), non loin de la cathédrale Notre-Dame-de-l'Assomption, au cœur du village de Mata Utu. La terre sur laquelle il est bâti s'appelle Mala'evaka[1].

Célébrations[modifier | modifier le code]

Le palais royal accueille la plupart des cérémonies officielles et traditionnelles, comme l'intronisation d'un nouveau Lavelua[2], la fête du territoire, la cérémonie du 14 juilletetc. Lors des cérémonies coutumières comme le katoaga, les différents acteurs du territoire (Lavelua et chefs coutumiers, évêque, préfet...) sont assis devant le palais royal.

Histoire[modifier | modifier le code]

Construction[modifier | modifier le code]

La population wallisienne réunie devant le palais royal d'Uvea en 1900.

La construction de l'édifice commence sous la direction du résident français Jean-Joseph David et est terminée sous le règne d'Amelia Tokagahahau Aliki. En effet, en 1876, l'évêque Pierre Bataillon avait convaincu les autorités coutumières de le faire édifier grâce aux corvées villageoises[3]. Le but de ce palais était de[4] :

« donner à la grande chefferie de Wallis les apparences d’une royauté à l’occidentale afin que les officiers des marines de guerre européennes reconnaissent les Lavelua [...] comme des chefs d’État capables de signer des traités de commerce ou d’alliance »

Les travaux sont confiés à l'architecte Charles Bonneval qui s'est inspiré de l'architecture tongienne pour construire cette résidence royale. C'est d'ailleurs la première fois qu'une maison est construite sur pilotis à Wallis. Construit en pierre, le palais comporte un étage et une véranda[4].

Le palais royal est reconstruit alors que le comte Dodun de Kéroman est résident de France (1892-1893)[5],[6].

Depuis sa construction, le palais a subi quelques légers travaux de modernisation[7].

Affaires judiciaires[modifier | modifier le code]

À deux reprises, le Lavelua Tomasi Kulimoetoke II a ouvert les portes du palais royal à des proches condamnés par la justice française, pour qu'ils puissent échapper aux gendarmes :

  • En 1998, une affaire juridico-politique met en cause une femme wallisienne de haut rang, élue à l'assemblée territoriale et proche du Lavelua. Elle est accusée de détournement de fonds et condamnée à deux ans de prison par le tribunal de Nouméa[8]. Le Lavelua joue un rôle important dans cette affaire car il prend entièrement parti pour cette femme et lui ouvre les portes du palais royal, là où les gendarmes venant la chercher n'osent pas entrer[9].
  • En , une crise coutumière éclate quand le petit-fils du roi Lavelua (en place depuis 46 ans)[10] est condamné pour homicide involontaire après avoir tué un motocycliste en conduisant en état d'ivresse. Le petit-fils se réfugie au palais royal d'Uvea pour se protéger des gendarmes. Ce choix divise les familles aristocratiques, partagées entre soutien coutumier et loyauté envers la puissance tutélaire française. Deux camps apparaissent : les partisans du roi d'un côté, et de l'autre les « rénovateurs » qui souhaitent une évolution de la coutume. Pour Frédéric Angleviel, la famille Kulimoetoke, dont sont issus de nombreux membres de la grande chefferie, refuse d'abandonner le pouvoir après tant d'années[11].

Galerie[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. Sophie Chave-Dartoen, chap. 2 « L'émergence des institutions contemporaines et les reconfigurations de la chefferie », dans Royauté, chefferie et monde socio-cosmique à Wallis ('Uvea) : Dynamiques sociales et pérennité des institutions, Marseille, pacific-credo publications, coll. « Monographies », , 317 p. (ISBN 978-2-9537485-6-7 et 978-2-9563981-7-2, DOI 10.4000/books.pacific.104, lire en ligne), p. 105–144.
  2. René Lataste, « Wallis Uvea : un deuxième Roi intronisé », Wallis et Futuna 1re, (consulté le ).
  3. Frédéric Angleviel, Les missions à Wallis et Futuna au XIXe siècle, Talence, Centre de recherche des espaces tropicaux, coll. « Îles et archipels » (no 18), , 243 p. (ISBN 2-905081-25-2), p. 158 [lire en ligne].
  4. a et b Frédéric Angleviel, « Wallis-et-Futuna : L'alliance de la grande chefferie et de la croix dans la République », dans Florence Faberon (dir.) et Jean-Yves Faberon (dir.), Religion et société en Nouvelle-Calédonie et en Océanie (actes du colloque pluridisciplinaire éponyme organisé les et à Nouméa par la Maison de la Mélanésie), Clermont-Ferrand, Centre Michel de l'Hospital, 484 p. (ISBN 978-2-912589-38-5, lire en ligne), p. 146.
  5. Jean-Claude Roux, Wallis et Futuna : espaces et temps recomposés : chroniques d'une micro insularité, Talence, Centre de recherche sur les espaces tropicaux, coll. « Îles et archipels » (no 21), , 404 p. (ISBN 2-905081-29-5), p. 61 [lire en ligne].
  6. Alexandre Poncet, Histoire de l'île Wallis, t. 2 : Le protectorat français, Paris, Société des océanistes, (1re éd. Musée de l'Homme, 1972), 234 p. (ISBN 978-2-85430-094-9, DOI 10.4000/books.sdo.202, lire en ligne), chap. 6 (« Les dernières années du règne d'Amélia Lavelua (1890-1895) »), p. 27–34.
  7. « Le saviez-vous ? L'histoire du palais royal de Wallis », Wallis et Futuna 1re, .
  8. Françoise Douaire‑Marsaudon, « Droit coutumier et loi républicaine dans une collectivité d’outre‑mer française (Wallis‑et‑Futuna) », Ethnologie française, no 48,‎ , p. 81–92 (DOI 10.3917/ethn.181.0081, lire en ligne), § 35.
  9. Douaire‑Marsaudon 2018, § 37–41.
  10. Xavier Ternisien, « Tomasi Kulimoetoke, roi de Wallis », Le Monde, .
  11. (en) Frédéric Angleviel, « Polynesia in Review: Issues and Events, 1 July 2005 to 30 June 2006 - Wallis and Futuna », The Contemporary Pacific, vol. 19, no 1,‎ , p. 286–290 (DOI 10.1353/cp.2007.0000, JSTOR 23721982, lire en ligne).


Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]