Pêche au cormoran — Wikipédia

Pêcheur chinois et son cormoran au cou cerclé sur le lac Erhai près de Dali dans le Yunnan en Chine.

La pêche au cormoran est une méthode de pêche traditionnelle dans laquelle les pêcheurs utilisent des cormorans dressés à pêcher en eau douce[1],[2].

La pêche au cormoran était pratiquée au Japon (depuis 1 300 ans) et en Chine, et elle l'a été dans d'autres endroits. Alors que cette technique est toujours utilisée en Chine, elle a cessé d'être rentable au Japon et n'est plus qu'une attraction touristique. Même en Chine, cette méthode de pêche artisanale n'est plus utilisée ailleurs que dans le sud-ouest de la Chine, où elle est également menacée par la concurrence de méthodes plus modernes[3],[4],[5].

Pendant longtemps, la pêche au cormoran a été une activité importante au Japon, comme le soulignent les nombreuses allusions dans les idéogrammes des noms de familles et dans certaines expressions.

Technique d'apprivoisement et de pêche[modifier | modifier le code]

Cormoran apprivoisé pour la pêche, lac Erhai (Chine).

Lien entre l'homme et l'oiseau[modifier | modifier le code]

Les cormorans utilisés sont des individus sauvages, capturés en mer, puis formés pour la pêche. La capture peut se faire en leurrant les oiseaux avec de faux spécimens, pour les attirer vers le bas des falaises[6].

Le maître doit garder un lien fort avec ses oiseaux, allant même à leur masser la tête ou le ventre, et en les traitant avec douceur[6].

Les pêcheurs doivent emmener quotidiennement et pendant deux semaines leurs cormorans se baigner, afin que ceux-ci s'acclimatent à l'eau douce. Durant cette période, ils sont également forcés de nourrir les nouveaux à la main, car ceux-ci ne se nourrissent alors pas en eau douce[6].

En captivité, ces cormorans vivent généralement entre 14 et 15 ans, le record de longévité étant à 26 ans[6]. Cette moyenne d'âge est plus élevée pour les individus en liberté, l'espérance de vie d'un Grand Cormoran avoisinant la vingtaine d'années[7].

La pêche[modifier | modifier le code]

Pour contrôler les oiseaux, les pêcheurs posent une ligature à la base de la gorge qui les empêche d'avaler les plus gros poissons[8],[9], mais laisse passer les plus petits.

En Chine les cormorans sont libres, et reviennent d'eux-mêmes au bateau, mais au Japon l'oiseau est attaché par une ficelle sur laquelle le pêcheur tire pour faire revenir son animal.[citation nécessaire]

Espèces exploitées[modifier | modifier le code]

Grand Cormoran et son maître, près de Guilin (Chine).

Différentes espèces d'oiseaux sont utilisées en différents endroits. À Gifu, au Japon, on emploie par exemple des Cormorans de Temminck (Phalacrocorax capillatus), les pêcheurs chinois exploitant le Grand Cormoran (Phalacrocorax carbo)[6].

Les anhingas, oiseaux très proches des cormorans, sont également occasionnellement employés.

Lieux de pratique[modifier | modifier le code]

Japon[modifier | modifier le code]

Représentation de la pêche au cormoran sur la Nagara-gawa durant l'époque d'Edo par Keisai Eisen.

Au Japon cette méthode de pêche est appelée ukai (鵜飼?), et est pratiquée depuis 1 300 ans dans treize villes :

Chine[modifier | modifier le code]

La pêche au cormoran est notamment renommée à Guilin, sur la rivière Li, mais est également pratiquée ailleurs, comme sur le lac Erhai dans le Yunnan[11].

Europe[modifier | modifier le code]

La pêche au Cormoran a été brièvement pratiquée en Europe du XVIe et XVIIe siècles, principalement en Angleterre et en France. Bien que la méthode de pêche ait été semblable à celles utilisées au Japon et en Chine, la méthode européenne a été développée indépendamment, et était étroitement liée à la fauconnerie.

Pérou[modifier | modifier le code]

On a noté les traces d'une forme de pêche au cormoran ayant lieu au Pérou vers le début du Ve siècle, qui aurait alors devancé le Japon d'un siècle entier.

Notes et références[modifier | modifier le code]

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Cormorant fishing » (voir la liste des auteurs).
  1. (en) Jacques Goldberg, « Éthologie et sciences sociales : journées d'études interdisciplinaires autour de l'homme et de l'animal : La pêche au cormoran (Phalacrocorax carbo sinensis) en Chine: approche biosociologique de la relation entre l'homme et l'oiseau », Éthologie et sciences sociales,‎ , p. 1–324 (lire en ligne, consulté le )
  2. (en) Christine E. Jackson, « Fishing with cormorants », sur doi.org, (DOI 10.3366/anh.1997.24.2.189, consulté le ).
  3. (en) M. Manzi et O. T. Coomes, « Cormorant Fishing in Southwestern China: A Traditional Fishery Under Siege », The Geographical Review, vol. 92, no 4,‎ , p. 597–603 (DOI 10.1111/j.1931-0846.2002.tb00015.x, S2CID 162736384)
  4. (en) Gerald Rose, The fisherman and the cormorants, Londres, Bodley Head, (ISBN 0-370-31060-8)
  5. (en) « Heart of the Dragon: Cormorant fishing », BBC Two (consulté le ).
  6. a b c d et e (en) « Cormorant Fishing "UKAI" », (consulté le ).
  7. (fr) Référence Oiseaux.net : Phalacrocorax carbo (+ répartition)
  8. « L’extraordinaire tradition de la pêche au cormoran », sur sur-la-plage.com (consulté le ).
  9. « Grand Cormoran », sur NaturOparC (consulté le ).
  10. (en) Cormorant Fishing on the Nagara River. Gifu City Cormorant Fishing Viewing Boat Office, 2007.
  11. Malto C. (photogr. Pali J. et Malto C.), « La Chine grandeur nature : Yunnan », Gavroche Thaïlande, no 268,‎ , p. 42 à 48 (44) (lire en ligne [PDF])

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]