Oyèrónkẹ Oyěwùmí — Wikipédia

Oyèrónkẹ Oyěwùmí est une chercheuse nigériane et professeure associée de sociologie à l'Université de Stony Brook[1]. Elle a étudié à l'Université d'Ibadan et à l'Université de Californie à Berkeley[2].

Son livre The Invention of Women: Making an African Sense of Western Gender Discourses (1997) a remporté le prix Distinguished Book Award dans la catégorie Genre et Sexe de l'Association américaine de sociologie. Dans ce livre, elle propose une critique postcoloniale de la domination occidentale dans les études africaines, par exemple en écrivant que « malgré un grand nombre d’études défendant l’idée contraire, le genre n'était pas un principe d'organisation de la société Yoruba avant la colonisation par l'Occident »[3],[4],[5]. Elle se distingue du féminisme et s'inscrit plutôt dans l'africana womanism[6].

Caractéristiques de son travail[modifier | modifier le code]

Le travail interdisciplinaire d'Oyèrónkẹ met en exergue un point de vue africain, qui reste largement sous-représenté dans les milieux universitaires. Une grande partie de ses recherches et de ses publications a utilisé des expériences africaines pour éclairer des questions théoriques concernant un large éventail de disciplines, dont la sociologie, la science politique, les études sur les femmes, la religion, l'histoire, la littérature, le tout dans un effort pour inclure les cultures non occidentales dans les recherches savantes. Dans tout son travail[7], Oyèrónkẹ Oyěwùmí tente de fournir une compréhension plus nuancée de ces sociétés, évitant ainsi les formulations réductionnistes.

En 2010, elle a reçu une invitation du Centre d'Études sur le Genre de l'Université du Kazakhstan pour faire partie d'un groupe international de travail sur un projet sur le genre, les nations et la fin du colonialisme en Asie Centrale[8].

Dans sa thèse The Invention of Women: Making an African Sense of Western Gender Discourses (1997), elle défend que la catégorie de "femme" est une invention occidentale qui n'existe pas dans certaines sociétés africaines, comme dans la société Yoruba qu'elle a étudié et dont elle est originaire[9].

Elle invite à repenser la pertinence de concepts ayant été forgés à partir d'un concept socio-historique donné, comme le sexe et le genre, lorsque l'on étudie des sociétés non-occidentales. Dans la langue traditionnelle Yoruba, les marqueurs de genre n'existent pas. C'est la colonisation anglaise qui a imposé l'adoption de termes basés sur la construction du genre en Occident. Par conséquent, le genre, de même que la catégorie de femme, sont des concepts occidentalo-centrés qui n'ont rien d'universels[9].

Œuvre[modifier | modifier le code]

  • (en) Oyèrónkẹ́ Oyěwùmí, The Invention of Women : Making an African Sense of Western Gender Discourses, Minneapolis, University of Minnesota Press, , 229 p. (ISBN 978-0-8166-2441-6, lire en ligne)
  • (en) Oyèrónkẹ́ Oyěwùmí, African Women and Feminism : Reflecting on the Politics of Sisterhood, Trenton, NJ, Africa World Press, , 273 p. (ISBN 978-0-86543-628-2)
  • (en) Oyèrónkẹ́ Oyěwùmí, Gender epistemologies in Africa : gendering traditions, spaces, social institutions, and identities, New York, Palgrave Macmillan, , 244 p. (ISBN 978-0-230-62345-3)
  • African Gender Studies Reader (éditrice), Palgrave: New York (2005).

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Angela P. Dodson, « Author Spotlight: Oyeronke Oyewumi », Diverse: Issues In Higher Education,
  2. « Oyeronke Oyewumi », Stony Brook University (consulté le )
  3. Barry Hallen, A Short History of African Philosophy, Bloomington, Indiana University Press, , 133 p. (ISBN 978-0-253-21531-4, lire en ligne), p. 95
  4. Bibi Bakare-Yusuf, « 'Yoruba's Don't Do Gender': A Critical Review of Oyeronke Oyewumi's The Invention of Women: Making an African Sense of Western Gender Discourses » [PDF] (consulté le )
  5. « SIlvia Federici (historienne) : « Le capitalisme sépare et isole les femmes » », sur www.alternativelibertaire.org (consulté le ).
  6. (pt) Synthya Rayanne de Lima Maia, « Mulherismo Africana e o corpo negro que o feminismo não consegue abraçar », IV COPENE NORDESTE,‎
  7. Oyeronke Oyewumi, "Journey Through Academe Background for the Journey: Pathways to a New Definition of Gender", Academia.
  8. « Oyewumi--The Journey Through Academe », sur Scribd (consulté le )
  9. a et b (pt) Tatiane de Menezes Bezerra et Tarcísio Moreira Mendes, « Somos todas feministas ? Conversa sobre o feminismo branco, feminismo negro, mulherismo africana e possível fuga das categorias coloniais de gênero e sexualidade. », Unesc,‎  :

    « "Oyewùmí denuncia que a categoria “mulher” é uma invenção ocidental e que tal categoria não é possível de ser encontrada em sociedades africanas, como na yorubalândia tradicional." Traduction : "Oyewùmí dénonce que la catégorie “femme” est une invention occidentale et qu'il n'est pas possible de trouver une telle catégorie dans des sociétés africaines, comme dans le Yorubaland traditionnel" »

Liens externes[modifier | modifier le code]