Ordre du jour Grandi — Wikipédia

Texte dactylographié, en italien, avec annotations manuscrites : si ou no en face de chaque participant, et le décompte.
Résultat du vote nominatif.

L’ordre du jour Grandi (en italien : ordine del giorno Grandi), parfois appelé comme en italien mozione Grandi, est l'un des trois « ordres du jour » (O.d.G.) présentés[1] à la réunion secrète du Grand Conseil du fascisme convoquée pour le samedi et qui s’avéra être la dernière.

Une semaine avant la réunion du Grand Conseil du fascisme, et deux jours avant la rencontre de Feltre entre Mussolini et Hitler, Heinrich Himmler recevait une note informative qui anticipait les manœuvres en cours afin de destituer le Duce et de le remplacer par Pietro Badoglio.

L'ordre du jour est approuvé et provoque le jour suivant, 25 juillet 1943, la chute du régime fasciste de Benito Mussolini, à la suite de l'arrestation de celui-ci par ordre du roi Victor-Emmanuel III.

Histoire[modifier | modifier le code]

Contexte[modifier | modifier le code]

Les dernières troupes de l'Axe, défaites, évacuent l’Afrique le .

En novembre et décembre 1942, Mussolini, abattu et dépressif, s'était laissé remplacer par Ciano à deux conférences avec Hitler. Le , après 18 mois de silence, il revient parler au peuple italien depuis le Palais de Venise. Le 7 avril 1943, il rencontre Hitler à Salzbourg et lui propose sans succès de négocier un armistice avec les Soviétiques afin de concentrer les forces armées sur les autres fronts de la guerre[2].

Le 10 juillet, les Américano-Britanniques débarquent en Sicile.

L’opération[modifier | modifier le code]

L’opération est organisée le 4 juin 1943 lors d'une audience donnée par le roi Victor-Emmanuel III à Dino Grandi [3]. Pendant cette rencontre, le roi suggère à Grandi que, conformément au Statut albertin, un vote au parlement ou au Grand Conseil lui donnerait les bases constitutionnelles pour déposer Mussolini[3].

Le , le Duce rencontre Hitler à Feltre ; comme chef du gouvernement italien, il s'efforce d'empêcher l'Italie de signer une paix séparée[4].

Le , une session du Grand Conseil du fascisme se tient en présence du Duce. Elle se conclut, aux premières heures du jour suivant (), par l’approbation de l'ordre du jour présenté par Dino Grandi[5] : l'abandon des charges du gouvernement par Mussolini est demandé au profit du roi. Mussolini reste apathique, sans réaction. Il avoue par la suite qu'il regrettait de ne pas avoir fait arrêter les dix-neuf membres rebelles[6]. Ce vote est réalisé par les hauts représentants du fascisme, dont le gendre de Mussolini, Galeazzo Ciano. Toutefois, le Grand Conseil n'a aucun moyen de faire exécuter sa décision, qui n'a qu'une portée symbolique, mais elle sert de prétexte constitutionnel à l'action du roi conformément au statut Albertin.

Mussolini, après s'être rendu comme d'habitude à son bureau du palais Venezia, demande au souverain d'anticiper l'habituelle réunion hebdomadaire prévue le jour suivant et arrive à 17 heures à la Villa Savoia. Victor-Emmanuel III informe Mussolini de son remplacement par le maréchal Pietro Badoglio[7], lui garantissant l'immunité[réf. nécessaire]. Mussolini n'est cependant pas au courant des réelles intentions du monarque, qui place sous escorte le chef du gouvernement et fait encercler le bâtiment par deux cents carabiniers. Victor-Emmanuel III a ordonné l'arrestation de Mussolini afin de sauver sa dynastie, qui risque d'être considérée comme trop compromise avec le fascisme.

Mussolini est d'abord enfermé dans une caserne de carabiniers à Rome, à partir du à Ponza, puis sur l'île de La Maddalena ( - )[8]. Badoglio fait enfin conduire Mussolini dans une ambulance de la Croix rouge à Campo Imperatore sur le Gran Sasso.

Les votes nominatifs[modifier | modifier le code]

Nombre de votants : 28

En faveur de la motion : 19

Contre : 8

Abstention : 1

Les principaux membres s'étant prononcés en faveur de la motion Grandi qui furent arrêtés furent jugés et exécutés lors du procès de Vérone par la République sociale italienne du au janvier 1944.

Chronologie[modifier | modifier le code]

Lors d'une audience donnée par le roi Victor-Emmanuel III à Dino Grandi, la question du remplacement de Mussolini est évoquée.

Les Américano-Britanniques débarquent en Sicile, conquérant l’île entière le . La fin est proche et les hiérarques fascistes cherchent une porte de sortie.

Sur proposition de Grandi, Mussolini accepte de convoquer le Grand Conseil.

Nuit du 24 au

Le Grand Conseil du fascisme[9] approuve l' « ordre du jour Grandi » qui rend au roi le pouvoir de diriger les forces armées italiennes, mettant en minorité Mussolini.

Le matin du dimanche , après s'être rendu comme d'habitude à son bureau du Palazzo Venezia afin d'expédier les affaires courantes, Mussolini demande au souverain d'avancer l'habituel entretien du lundi et obtient un entretien à 17 heures à la Villa Savoia (actuelle Villa Ada). Victor-Emmanuel III communique à Mussolini son remplacement par Pietro Badoglio, lui garantissant néanmoins sa sécurité.

À la sortie de la Villa Savoia, Mussolini est arrêté par les carabiniers sur ordre du roi.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Denis Mack Smith, Mussolini, Paris, Flammarion, , 495 p. (ISBN 2-08-064655-9). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Marc Ferro, Ils étaient sept hommes en guerre, éd. Robert Lafont, . Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (it) Gianfranco Bianchi, 25 Luglio : crollo di un regime, Milan, Mursia,
  • Giovanni Di Capua, Il biennio cruciale (luglio 1943-giugno 1945): l'Italia di Charles Poletti, Rubbettino Editore srl, 2005 (ISBN 88-498-1202-7).
  • Arrigo Petacco, La seconda guerra mondiale, 6 voll. Armando Curcio Editore, Rome, 1979
  • De Simone, Cesare. Venti angeli sopra Roma. I bombardamenti aerei sulla Città Eterna (19 luglio 1943 e 13 agosto 1943). Milan, Mursia Editore, 1993.
  • Pierre Vallaud, Mathilde Aycard, Salò, l'agonie du fascisme, Paris, Fayard, 2018

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Les ordres du jour étaient signés par (1) Grandi ; (2) Farinacci ; (3) Scorza. Après que le premier fut entériné, Mussolini refusa de mettre au vote les deux suivants.
  2. Ferro, 2007, p. 209.
  3. a et b (it) Renzo De Felice, Mussolini l'alleato, vol. I, thome II, Einaudi, , p. 1236.
  4. Smith, 1981, p. 363.
  5. Smith, 1981, p. 3-368.
  6. Smith, 1981, p. 368.
  7. Smith, 1981, p. 369.
  8. Smith, 1981, p. 370.
  9. La réunion a débuté le 24 juillet à 17h15, le vote a eu lieu à 2h30, le matin du 25 juillet. Il n'existe aucun compte rendu de la séance.