Opération Tempête (Pologne) — Wikipédia

Plan tempête

Informations générales
Date 1944
Lieu Territoire de la Pologne occupée
Belligérants
Armia Krajowa Drapeau de l'Allemagne nazie Reich allemand

Seconde Guerre mondiale

« Carte de l'opération Tempête ».
Soldats de l'Armia Krajowa (AK) pendant l'opération à Lublin, juillet 1944.
Médaille de l'AK attribuée aux combattants de l'opération Tempête.

L'opération Tempête ou plan Tempête (en polonais : akcja „Burza”, prononcer « bou-ja ») désigne une série de soulèvements menés par l'Armia Krajowa (AK), armée polonaise de l'intérieur, le plus important mouvement de résistance polonais pendant la Seconde Guerre mondiale.

L'opération Tempête a pour but de prendre le contrôle des villes et des régions occupées par les Allemands tandis que ceux-ci préparent leur défense contre l'Armée rouge. Les autorités civiles polonaises clandestines aspirent à prendre le pouvoir avant l'arrivée des Soviétiques.

Historique[modifier | modifier le code]

Plan[modifier | modifier le code]

Depuis sa création, l'Armée de l'intérieur prépare un soulèvement national contre les Allemands. Selon le plan, élaboré dès , le soulèvement sera lancé par le commandement en chef du Gouvernement polonais en exil dès que la défaite de la Wehrmacht sur le front de l'Est sera inéluctable. Le soulèvement doit commencer dans le centre de la Pologne : dans le « gouvernement général », à Zagłębie, dans la voïvodie de Cracovie et dans les régions de Białystok et de Brest-Litovsk.

Les objectifs du soulèvement sont les suivants :

  • mettre fin à l'occupation allemande,
  • se saisir d'armes et de fournitures nécessaires pour une armée régulière polonaise sur le sol polonais,
  • répondre à la menace de l'Armée insurrectionnelle ukrainienne,
  • reconstruire une Armée polonaise régulière,
  • reconstruire l'autorité civile, les communications, et une industrie de l'armement,
  • maintenir la paix et l'ordre derrière les lignes du front,
  • passer à l'offensive contre les forces de la Wehrmacht sur le sol polonais.

La reconstruction d'une armée régulière polonaise doit se faire selon l'ordre de bataille polonais d'avant-guerre. Les unités de l'AK doivent devenir des divisions régulières. Au départ, doivent être créées 16 divisions d'infanterie, trois brigades de cavalerie et une brigade motorisée, qui seront équipées avec les armes capturées et celles transmises par les Alliés. La seconde phase est la reconstitution des 15 divisions et des 5 brigades de cavalerie qui étaient stationnées à l'Est et à l'Ouest de la Pologne, avant la Seconde Guerre mondiale.

Dès le début de l'année 1943, les unités de l'AK sont regroupées en de plus larges unités, portant les noms et les numéros des divisions, brigades et régiments polonais d'avant-guerre.

« L'alliée de nos Alliés »[modifier | modifier le code]

Malgré la défaite allemande de Stalingrad (), les Alliés de l'Ouest sont face à une armée allemande très motivée. Aussi le projet de soulèvement polonais se forge avec l'idée d'affronter des forces ennemies toujours mobilisées et non en pleine retraite.

Le général Stefan Rowecki, chef de l'Armia Krajowa, revoit donc le plan en conséquence. Le soulèvement se déroulera en trois étapes. La première sera une révolte armée à l'Est (avec les centres principaux de résistance à Lviv et à Vilnius) avant l'arrivée de l'Armée rouge. Pour s'y préparer, l'organisation Wachlarz est créée. La deuxième étape sera la lutte armée dans la zone comprise entre la ligne Curzon et la Vistule. La troisième étape consistera en une insurrection générale sur tout le territoire national.

Le , après les explications demandées par le gouvernement polonais au sujet du massacre de Katyn, Joseph Staline rompt les relations diplomatiques. Il devint clair que l'Armée Rouge en mouvement vers la Pologne s'annonce venir, non en libératrice, mais plutôt comme « l'alliée de nos alliés », comme l'exprime alors Stefan Rowecki[réf. nécessaire].

Le , le Gouvernement polonais en exil donne pour instruction aux forces de l'Armia Krajowa de rester dans la clandestinité tant que les relations diplomatiques avec l'Union soviétique ne sont pas rétablies et d'attendre des instructions. Sur le terrain, le commandant de l'Armia Krajowa a cependant une approche différente. Le , une nouvelle version du plan est élaborée.

Vue d'ensemble de l'opération[modifier | modifier le code]

Le plan était de coopérer tactiquement avec l'Armée Rouge en approche, alors que les autorités civiles polonaises ressortaient de la clandestinité et prenaient le pouvoir dans les territoires polonais contrôlés par les alliés. Ce plan fut approuvé par le délégué du gouvernement polonais en exil et par le Parlement polonais clandestin (Krajowa Reprezentacja Polityczna).

En , les forces de l'Armée rouge du Deuxième front biélorusse traversèrent la frontière antérieure à la guerre. Au même moment, les massacres des Polonais en Volhynie atteignirent un pic, et la 27e Division d'infanterie de l'armée polonaise de l'intérieur (en) se forma. Ainsi commença l'opération Tempête. La division s'arrangea pour entrer en contact avec le commandement de l'Armée rouge qui progressait, et commença des opérations conjointes fructueuses contre la Wehrmacht. Elles reprirent ensemble Kovel le , et Volodymyr. Cependant, la division fut rapidement contrainte à la retraite vers l'ouest, et en Polésie, elle fut attaquée par les deux armées, allemandes et russe. Les prisonniers polonais des russes eurent le choix de se joindre à l'Armée rouge ou d'être envoyés au Goulag. Le reste de la division traversa la rivière Bug, où elle subit l'attaque des unités de partisans soviétiques. Après avoir libéré les villes de Lubartów et Kock, la division réduite à quelque 3 200 hommes fut encerclée par l'Armée rouge et les hommes furent faits prisonniers.

Opération Ostra Brama[modifier | modifier le code]

Dans le Nord, le , les forces de l'AK à Vilnius et à Nowogródek, soit quelque 13 000 hommes sous le commandement du colonel Aleksander Krzyżanowski (pl), lancèrent une attaque sur Vilnius toujours tenue par les Allemands, bien que l'attaque s'enlisât jusqu'à l'arrivée des forces soviétiques. L'AK et les armées soviétiques firent alors leur jonction et prirent la ville le . Avant l'assaut, la campagne alentour avait également été libéré par les partisans polonais (en) et soviétiques. La coopération prit fin presque immédiatement après la libération de Vilnius. Le , Krzyżanowski et ses officiers furent capturés par surprise, désarmés et emprisonnés, et les unités de l'AK qui se refusaient au désarmement furent violemment écrasées par les forces soviétiques, avec des douzaines de morts côté polonais[1].

Le soulèvement de Lwów[modifier | modifier le code]

Le , les forces de l'AK à Lwów (aujourd'hui appelée Lviv) entamèrent un soulèvement armé en coopération avec les forces soviétiques qui progressaient. La ville fut libérée en quatre jours. Les autorités polonaises civiles et militaires furent alors convoquées à une réunion avec le commandement de l'Armée rouge et faits prisonniers par le NKVD soviétique. Les hommes du Colonel Władysław Filipkowski (en) furent enrôlés de force dans l'Armée rouge ou envoyés de force au Goulag, à moins qu'ils retournassent à la clandestinité.

L'insurrection de Varsovie[modifier | modifier le code]

Au vu du sort de l'Armée intérieure polonaise qui avait pris part à l'opération Tempête, le gouvernement polonais en exil et le chef de l'Armia Krajowa à ce moment-là, le général Tadeusz Komorowski, décidèrent que la dernière chance de recouvrer l'indépendance consistait à provoquer un soulèvement à Varsovie. Le , Bór-Komorowski ordonna que le soulèvement de Varsovie commence à 17 heures, le . Son but politique était de bien rappeler aux Alliés l'existence du gouvernement polonais et des autorités civiles polonaises. L'idée était de prendre Varsovie afin de permettre au gouvernement polonais légitime de quitter son exil pour rentrer en Pologne.

Au même moment, d'autres districts de l'AK se retrouvaient aussi mobilisés. Les unités de la zone de Cracovie préparaient aussi un soulèvement, comme ceux de Wilno, Lwów et Varsovie, mais il fut annulé pour plusieurs raisons (voir Soulèvement de Cracovie). Dans la zone de Kielce et de Radom, la Deuxième Division de l'Armée intérieure polonaise fut formée et prit le contrôle de la totalité de la zone, à l'exception des villes.

Résultat[modifier | modifier le code]

L'écrasement de l'Insurrection de Varsovie, en l'absence de l'aide soviétique aux insurgés, marqua la fin de l'opération Tempête. Joseph Staline ne voulait pas laisser le gouvernement polonais en exil revenir et, au lieu de cela, il créa un gouvernement fantoche à la solde de Moscou, et fit arrêter ou tuer les membres de la résistance ainsi que les membres des autorités civiles. Sa priorité stratégique était concentrée vers le Sud et les champs pétrolifères situés en Roumanie. En automne 1944 beaucoup d'unités de l'AK furent dissoutes, tandis que le reste des forces retournait à des activités clandestines (voir les Soldats maudits).

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Włodzimierz Borodziej, Barbara Harshav. The Warsaw uprising of 1944. University of Wisconsin Press, 2006.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Sources et bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Marek Ney-Krwawicz, Armia Krajowa. Szkic Historyczny, Wydawnictwo Ars Print Production, Varsovie, 1999, (ISBN 83-8722-417-0)
  • Wojciech Roszkowski, Najnowsza historia Polski 1914-1945, Świat Książki, Varsovie, 2003, (ISBN 83-7311-991-4)
  • Norman Davies, Rising '44: The Battle for Warsaw. London: Pan Books, 2004