Opération Sagittaire — Wikipédia

Opération Sagittaire
Type Évacuation de ressortissants
Localisation Drapeau du Soudan Soudan
Planifiée par Drapeau de la France France
Date -
(6 jours)
Participant Armée de l'air et de l'espace
Marine nationale
Commandement des opérations spéciales
Forces françaises à Djibouti
Service de santé des armées
Groupe d'intervention de la Gendarmerie nationale
Issue Évacuation de 1017 personnes de 84 nationalités dont 225 ressortissants français
Pertes 1 commando français blessé

L'opération Sagittaire est une opération militaire d’évacuation de ressortissants organisée par la France du 22 au au Soudan.

Contexte[modifier | modifier le code]

À partir du 15 avril 2023, un conflit oppose la milice paramilitaire des Forces de soutien rapide (FSR) dirigé par le général Mohamed Hamdan Dogolo, aux forces gouvernementales de la junte militaire d’Abdel Fattah al-Burhan. De violents combats éclatent à Khartoum et dans d’autres villes du pays.

De nombreux pays ont alors décidé de lancer une opération d'évacuation de leurs ressortissants, dont la France, lors d'une opération dénommée Sagittaire.

Déroulement de l'opération[modifier | modifier le code]

Rapatriement via le mécanisme européen de protection civile.
Vidéo promotionnelle des opérations d'évacuations coordonnées par le ministère de l'Europe et des Affaires étrangères et le ministère des Armées.

Dès le 17 avril, les autorités françaises commencent à planifier une évacuation à la suite de la détérioration de la situation sécuritaire sur place. Deux options sont alors envisagées : une première par la route, de Khartoum à Port-Soudan, sur plus de 800 km, et une deuxième par les airs. C'est cette dernière qui sera finalement retenue après avoir obtenu l'accord du général Burhan pour utiliser la base aérienne de Wadi Sayyidna[1].

L'opération a débuté le avec le prépositionnement de trois A400M, d'un C130H et d'un ravitailleur A330 MRTT à Djibouti avec près de 30 tonnes de matériel, des véhicules et 150 militaires[2]. Des moyens étaient aussi en alerte au Tchad, ainsi qu'en métropole, deux A330 ayant été mobilisés[3],[4].

Dans la nuit du 22 au 23 avril, l'opération est officiellement lancée avec l'envoi d'un premier détachement composé d'un C130H des forces spéciales puis de trois A400M sur la base aérienne de Wadi Sayyidna[5] près de Khartoum[6].

Le 23 avril, le convoi français se dirigeant de l'ambassade de France à Khartoum est pris pour cible, les deux camps se renvoyant la faute. Un commando français est gravement blessé d'une balle à l'abdomen[7] et stabilisé grâce au module de chirurgie vitale du service de santé des armées qui avait été déployé la veille avec deux chirurgiens[1],[8]. Dans la soirée, les deux premiers avions arrivent à Djibouti avec près de 200 ressortissants français et étrangers, dont le personnel diplomatique de la délégation de l'Union européenne[9],[10].

Le 24 avril, cinq nouvelles rotations d'A400M et deux rotations de C130H sont effectuées permettant d'évacuer près de 300 personnes supplémentaires et mettant fin au volet aérien de l'opération[11],[12]. Le commandement de l'aérodrome et la coordination des opérations sur place sont alors transférés aux forces allemandes[8]. Une dizaine de convois en bus ont eu lieu entre plusieurs points de rassemblements et la base de Wadi Sayyidna[13].

Le 25 avril, alors que la frégate Lorraine est en cours de déploiement de longue durée en mer Rouge pour son admission au service actif, elle est sollicitée par les autorités françaises, en coordination avec les Nations unies, pour prendre en charge plusieurs centaines d'employés de l'ONU et leurs familles de Port-Soudan vers l'Arabie Saoudite[14],[15].

Le 26 avril, la frégate Lorraine arrive à Djeddah avec 398 personnes mettant fin au volet maritime de l'opération[16].

Dans la nuit du 27 au 28 avril, un C130 et deux A400M décollent de Djibouti avec 32 commandos pour sécuriser l'aéroport d'El Fasher et évacuer une centaine de ressortissants de l'ONU[17],[18].

Forces engagées[modifier | modifier le code]

Cette opération est placée sous l'autorité du centre de crise et de soutien du Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères (MINEAE) et sous le commandement du chef d'État-Major des armées.

Elle a mobilisée plusieurs centaines de militaires français issus principalement des Forces françaises à Djibouti (FFDJ) et plus particulièrement du 5e régiment interarmes d'outre-mer et du Commandement des opérations spéciales (COS). Il s'agit d'unités de protection et d'unités de logistique, ainsi que d'unités médicales relevant du service de santé des armées. Le Commandement européen du transport aérien est également engagé dans cette opération. Le transport des personnes évacuées a été réalisé par des aéronefs de l'Armée de l'air et de l'espace et par une frégate de la Marine nationale. Une équipe du GIGN a également participé à l’exfiltration de l'ambassadrice de France et du personnel diplomatique[19].

Le regroupement de tous les ressortissants des pays demandeurs est effectué sur la base aérienne de Wajdi Sayyidna[20].

Bilan[modifier | modifier le code]

L'opération Sagittaire s'est déroulée en deux phases : une phase aérienne du 22 au 24 avril et une phase maritime du 25 au 26 avril.

Le volet aérien a permis l'évacuation de 538 personnes dont 209 Français au cours de 9 rotations entre Djibouti et Khartoum[21],[22]. Une autre rotation aérienne entre le Darfour et le Tchad a permis d'évacuer une centaine de personnels des Nations unies et d’ONG[17].

Le volet maritime a permis l'évacuation de 398 personnes dont 5 Français entre Port-Soudan et Djeddah[23].

Au total, ce sont 1017 ressortissants de 84 pays dont 225 français qui ont bénéficié de cette opération[18] qui souligne toute l'importance stratégique des forces prépositionnées[24]. Une quarantaine de pays ont remercié la France pour l'évacuation de leur personnel diplomatique et de leurs citoyens[1].

Un commando des forces spéciales a été blessé pendant l'opération d'évacuation le matin du 23 avril[21].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c François Clemenceau, « Conflit au Soudan : comment la France a évacué ses ressortissants », sur lejdd.fr, (consulté le )
  2. Marine nationale, « Opération SAGITTAIRE : évacuation de ressortissants du Soudan », sur www.defense.gouv.fr, (consulté le )
  3. Philippe Chapleau, « L'opération française Sagittaire est en cours au Soudan », sur lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr, (consulté le )
  4. « Près de 400 ressortissants évacués grâce à l'opération Sagittaire », sur FOB - Forces Operations Blog, (consulté le )
  5. (en) Sophie Pedder, « How France led the evacuation of foreigners from Khartoum », sur The Economist, (consulté le ).
  6. « Au Soudan, les diplomates et les ressortissants étrangers évacuent dans le chaos Khartoum, livrée à la guerre des généraux », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. Laurent Lagneau, « Soudan : L'Élysée confirme la blessure d'un commando des forces spéciales lors de l'opération Sagittaire », sur Zone Militaire, (consulté le )
  8. a et b Ministère des Armées, « Point presse du 11/05 : opération "Sagittaire" » [vidéo], sur youtube.com, (consulté le )
  9. Salomé Robles, « Affrontements au Soudan: comment se déroule l'évacuation des ressortissants français », BFMTV, (consulté le )
  10. « Soudan : la France évacue ses ressortissants, une opération d’une « extrême complexité » », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  11. « Soudan : un troisième avion français atterrit à Djibouti, 388 personnes évacuées », Le Parisien,‎ (lire en ligne, consulté le )
  12. Philippe CHAPLEAU, « Soudan : la France a fini ses évacuations », sur Ouest-France.fr, (consulté le )
  13. Vincent Lamigeon, « Opération Sagittaire: comment l’armée française a évacué 500 civils du Soudan », sur Challenges, (consulté le )
  14. Laurence Defranoux, « Au Soudan, l’«opération Sagittaire» française, planche de salut internationale », sur Libération, (consulté le )
  15. « Soudan: premier bilan de l’opération d’évacuation de la France », RFI, (consulté le )
  16. Gregory Bustori, « Une frégate venant de Toulon participe aux évacuations des ressortissants étrangers du Soudan », sur France 3 Provence-Alpes-Côte d'Azur, (consulté le )
  17. a et b « La France a évacué plus de 1.000 personnes du Soudan », Reuters,‎ (lire en ligne, consulté le )
  18. a et b Commission de la défense nationale et des forces armées, « Compte rendu n° 91 - Audition du vice-amiral d’escadre Nicolas Vaujour sur le retour d’expérience de l’opération Sagittaire », sur Assemblée nationale, (consulté le )
  19. « Participation du GIGN à l'évacuation des Français du Soudan », sur L'Essor de la gendarmerie, (consulté le )
  20. Nicolas Gros-Verheyde, « Comment l'opération française d'évacuation du Soudan a été préparée ? Son bilan », sur B2 Le Blog de l'Europe géopolitique, (consulté le )
  21. a et b « Soudan : 538 personnes évacuées par le Quai d’Orsay, le Français blessé à Khartoum est un soldat, selon M. Macron », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  22. Olivier Tallès, « Au Soudan, une opération française d’évacuation d’une « extrême complexité » », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
  23. « Une frégate toulonnaise joue un rôle majeur dans le cadre des évacuations de ressortissants au Soudan », sur Var-Matin, (consulté le )
  24. Mériadec Raffray, « Opération Sagittaire au Soudan : le coup de maître des armées françaises », sur Valeurs actuelles, (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Lien externe[modifier | modifier le code]