Onitsha — Wikipédia

Onitsha
Géographie
Pays
État
Superficie
36,19 km2Voir et modifier les données sur Wikidata
Coordonnées
Démographie
Population
1,5 M hab. ()Voir et modifier les données sur Wikidata
Densité
40 978,2 hab./km2 ()
Fonctionnement
Jumelage
Histoire
Fondation
Identifiants
Code postal
430...Voir et modifier les données sur Wikidata
TGN
Indicatif téléphonique
046Voir et modifier les données sur Wikidata
Carte

Onitsha (Ọ̀nị̀chà Mmílí ou Ọ̀nị̀chà) est une ville portuaire située sur la rive gauche du fleuve Niger, dans le sud du Nigeria, d'importance économique, religieuse et culturelle. Métropole de plus d'un million de personnes, Onitsha est connue pour son port fluvial et comme centre économique pour le commerce, l'industrie et l'éducation. Il abrite un marché qui serait le plus grand marché d'Afrique en termes de taille géographique et de volume de marchandises.

Description[modifier | modifier le code]

Onitsha ou Ọ̀nị̀chà Mmílí en langue igbo[1] est une ville portuaire située sur la rive gauche du fleuve Niger dans l'État d'Anambra.

En 2016, Onitsha avait une population intramuros estimée à 1 080 000 personnes[2]. Au début de 2022, Onitsha a une population estimée en augmentation à 1 553 000[3]. Les autochtones d'Onitsha sont Igbo et parlent la langue Igbo. Le peuple Onitsha est appelé Ndi Onicha[1].

La ville a souffert de sa position stratégique, particulièrement lors de la guerre du Biafra.

Elle est, en 2016, la ville la plus polluée du monde[4].

Histoire[modifier | modifier le code]

Fondation de la ville[modifier | modifier le code]

Alfred Achebe, Obi d'Onitsha

Vers le débuts des années 1500, après un conflit entre les Oba du Bénin et les Onitsha qui vivaient dans le voisinage du royaume de Bénin, ces derniers ont migré vers l'est, fondant de temps en temps des villes qui portent encore le nom d'Onitsha (comme Onicha-Ugbo (en)). Onitsha Mmili était à l'origine connue sous le nom d'Onitsha Ado na Idu fondé par un des enfants de Chima, le fondateur du royaume d'Issele-Uku[5]. Cette ville Igbo est restée ainsi pendant des années puis a progressivement émigré à travers le fleuve Niger pour établir la communauté Onitsha[5].

Après leur arrivée sur la rive est (Onicha-mmili, "Onitsha-on-water", voir ci-dessus), la communauté est progressivement devenue un royaume unitaire, évoluant d'un groupe vaguement organisé de villages "royaux" pour englober des villages non-royaux[5].

Histoire moderne[modifier | modifier le code]

Onitsha s'est lentement développée. L'abolition de l'esclavage et le développement de la machine à vapeur a permis aux Européens ont pu se déplacer dans l'arrière-pays a permis à Onitsha de devenir un important port de commerce pour la Royal Niger Company au milieu des années 1850 et de permettre les échanges entre les terres et la mer.

Le commerce des palmistes, de l'huile de palme et d'autres cultures commerciales sur la côte du golfe du Biafra s'est accru autour de ce port fluvial au XIXe siècle. En , les commerçants britanniques d'huile de palme ont établi une station permanente dans la ville avec des missionnaires chrétiens les rejoignant, dirigés par l'évêque africain libre Samuel Ajayi Crowther (un recaptif yoruba) et le révérend John Taylor (un recaptif Igbo)[6].

En 1900, Onitsha est devenu une partie d'un protectorat britannique[7]. Le gouvernement colonial britannique et les missionnaires chrétiens ont pénétré dans la majeure partie de l'Igboland pour installer leur administration, leurs écoles et leurs églises via le port fluvial d'Onitsha.

En , le pont du fleuve Niger a été construit sur le fleuve Niger pour remplacer la traversée en ferry. Cela a contribué à développer les routes commerciales avec l'ouest du Nigeria et a créé des liens économiques importants entre Onitsha et Benin City et Lagos en particulier[8],[9].

La guerre entre le Nigéria et le Biafra a dévasté Onitsha car la ville était un théâtre de guerre majeur pour les forces entrant au Biafra par le front occidental. Les années de boom pétrolier qui ont suivi dans les années 1970 et au début des années 1980 ont vu un énorme afflux d'immigrants dans la ville. Le résultat a été la construction d'habitations à la hâte et au hasard qui a créé un grand nombre de bidonvilles[10].

Géographie[modifier | modifier le code]

Onitsha se trouve à un important point de passage est-ouest du fleuve Niger et occupe le point navigable par de gros navires le plus au nord du fleuve. Ces facteurs ont historiquement fait d'Onitsha un centre majeur pour le commerce entre les régions côtières et le nord, ainsi qu'entre l'est et l'ouest du Nigeria. Onitsha possède l'un des très rares ponts routiers traversant le fleuve Niger, large d'un kilomètre[11],[2]. Un second pont était envisagé pour pallier l'actuel pont vieillissant[11].

L'urbanisation rapide des dernières années affecte négativement le développement de la végétation naturelle et le paysage local[12].

Culture et organisation traditionnelle[modifier | modifier le code]

Le festival Ofala qui se déroule une fois par an est une célébration de la tradition et de la culture Onitsha

Onitsha se compose traditionnellement de neuf villages, autrement connus sous le nom d'Ebo Itenani. Ce sont des descendants de l'ancêtre Umuezechima comprenant Isiokwe, Olosi, Umuezearoli, Okebunabo, Obikporo et Ogbeotu, Awada (Ogbeozoma), Obamkpa comprenant Umuasele, Iyiawu et Odoje Ndugbe et Odumegwu Gbuagu, Ubulu na Ikem, Ulutu, Ubene, Ogboli Eke, Obior et Ogbéotu. Au sein de ces groupements, il existe six quartiers administratifs, à savoir Okebunabo, Umuezearoli, Ogbeolu, Isiokwe na Ogboli Olosi, Obamkpa et Eke na Ubene[13].

Umuaroli Ogbendida Ogbeozoma Isiokwe
Ogboli-Eke Ogboli-Olosi Umudei Ogbembubu/Ogbeabu
Ogbeodogwu Obikporo Ogbeotu Umuasele
Odoje Umuikem Mgbelekeke Iyiawu
Obior

Onitsha est gouvernée par un gouvernement traditionnel dirigé par l'Obi, le chef titulaire de la ville. Ce dernier est assisté par les Ndi Ichie, intitulés anciens ou chefs à bonnet rouge[13]. Parmi ceux-ci figurent Ndi Ichie Ume, qui sont les chefs de première classe. Les Ndi Ichie sont classés en six fonctions, à savoir : Onowu Iyasele, Ajie Ukadiugwu, Odu Osodi, Onya Ozoma, Ogene Onira et Owelle Osowa, avec Onowu Iyasele comme Premier ministre traditionnel. Il y a aussi d'autres Ndi Ichie, qui sont classés en deuxième classe, connus sous le nom de Ndi Okwa et en troisième classe, connus sous le nom de Ndi Ichie Okwareze. Les Ndi Ichie servent de Conseil des Conseillers à l'Obi qui sollicite leur avis dans les décisions majeures qu'il prend dans le Royaume[13]. Lorsque l'Obi au pouvoir décède, l'Onowu Iyasele prend les commandes jusqu'à ce qu'un nouvel Obi soit intronisé[13].

Une fois par an en octobre, le royaume d'Onitsha organise le Festival d'Ofala qui coïncide avec le festival de New Yam traditionnel tenu dans de nombreuses régions du Igboland. C'est un moyen pour les habitants d'Onitsha de garder leur culture vivante et c'est devenu un événement majeur qui attire des visiteurs de partout dans la ville[14].

Urbanisation[modifier | modifier le code]

Quartier résidentiel d'Onitsha

En quelques dizaines d'années, la ville a connu plusieurs grands bouleversement. Elle ne compte dans les années 1960, officiellement qu'une population de 76 000 habitants[15]; le grand écrivain nigérian Chinua Achebe (né et élevé dans la ville contiguë d'Ogidi) l'a caractérisé comme abritant une "région ésotérique d'où la créativité sort à volonté pour se manifester", "une zone d'instabilité occulte" (voir "Onitsha Matters").

En effet, Onitsha a joué un rôle prépondérant et créatif dans la transformation de la vie urbaine dans l'est du Nigeria, et rendue célèbre comme décor de Onitsha Market Literature et comme l'un des centres de financement et de distribution des films Nollywood[16].

Quartier résidentiel d'Onitsha

Cependant, les infrastructures n'ont pas suivi le rythme de l'urbanisation et les pratiques de construction aléatoires sans réglementation de zonage ont laissé dans leur sillage une ville chaotique et congestionnée en proie à l'anarchie. La mise à jour 2016 de la base de données de l'Organisation mondiale de la santé sur la pollution de l'air ambiant urbain dans le monde indique qu'Onitsha est la ville la plus polluée d'Afrique[17],[18].

L'expansion de la population d'Onitsha dans les communautés voisines a provoqué dans des conflits sur la propriété foncière dans les environs avec les habitants d'Obosi et de Nkwelle Ezunaka[19]. Les localités de Fegge, Woliwo, Odoakpu, Awada, et 3-3 sont les zones métropolitaines d'Onitsha metropolitan qui sont disputées avec les communautés Obosi et Nkwelle Ezunaka, respectivement.

Culture[modifier | modifier le code]

Littérature[modifier | modifier le code]

Dans les années 1950 et 1960, se développe à Onitsha un Marché de la Littérature, à l'origine d'un boom littéraire au Nigéria, en anglais pidgin.

Onithsa Market Literature est l'exemple même de culture populaire africaine, sur des thèmes de la vie quotidienne : difficultés amoureuses, vie de famille, peines diverses.

Le nord du Nigéria connait plus tard un équivalent, principalement en langue haoussa, le Kano Market Literature.

  • Ryszard Kapuscinski évoque cette ville dans "The Hole of Onitsha (le trou / gouffre d'Onitsha)", dans son livre Ébène (1998).

Carnaval de Golibe[modifier | modifier le code]

Personnalités liées à la ville[modifier | modifier le code]

Artistes[modifier | modifier le code]

Sportifs[modifier | modifier le code]

Religieux[modifier | modifier le code]

Politique[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Eloka Chijioke Paul Nwolisa Okanga, Njepu amaka--migration is rewarding: a sociocultural anthropological study of global economic migration, Peter Lang, (ISBN 0-8204-6090-7), p. 63
  2. a et b « Britannica » (consulté le )
  3. (en) « Onitsha, Nigeria Metro Area Population 1950-2022 », sur Macrotrends.net (consulté le )
  4. France Info TV Site Internet: https://www.francetvinfo.fr/meteo/particules-fines/carte-voici-les-500-villes-les-plus-polluees-du-monde_1846403.html
  5. a b et c (en-US) Austin Areh, « History Of Onitsha Indigenes », sur Welcome To InlandTown Online, (consulté le )
  6. (en) Crowther & et Taylor, The Gospel on the Banks of the Niger: Journals and Notices of the Native Missionaries Accompanying the Niger Expedition of 1857–1859, Cambridge University Press, (1re éd. 1859) (ISBN 978-1-108-01184-6).
  7. (en) J. C. Anene, Southern Nigeria in Transition 1885–1906, Cambridge University Press, , 212–213 p.
  8. (en) « With New Funding, Second Niger Bridge Offers Hope of Economic Revolution », sur The Business Year, (consulté le )
  9. (en) « Onitsha », sur Hometown.ng (consulté le )
  10. (en) « About Onitsha », sur onitshacitymarathon.com (consulté le )
  11. a et b (en) G.E. Erapi, « The second Niger Bridge », The Daily Sun,‎ (lire en ligne, consulté le )
  12. (en) Chukwudi Nwaogu, Onyedikachi J. Okeke, Olusola O. Fadipe, Kehinde A. Bashiru et Vilém Pechanec, « Is Nigeria losing its natural vegetation and landscape? Assessing the land use-landcover change trajectories and effects in Onitsha using remote sensing and GIS », Open Geosciences, vol. 9, no 1,‎ , p. 707–718 (DOI 10.1515/geo-2017-0053 Accès libre, Bibcode 2017OGeo....9...53N)
  13. a b c et d (en) « Onitsha Culture: Trails and sounds of an age old tradition », sur News Echo, (consulté le )
  14. (en) Deborah Oladapo, « Interesting Facts About the Ofala Festival in Nigeria », All Around Africa,‎ (lire en ligne)
  15. « Onitsha | owlapps », sur next.owlapps.net (consulté le )
  16. (en) Nnamdi Madichie et Anayo Nkamnebe, « 51 Iweka Road (Onitsha, Nigeria): Could this single African address redefine business cluster development? », World Review of Entrepreneurship, Management and Sustainable Development, vol. 6, no 3,‎ , p. 229–243 (DOI 10.1504/WREMSD.2010.036677, lire en ligne)
  17. (en) « A New Air Pollution Database Is Good, but Imperfect », sur datadriven.yale.edu (consulté le )
  18. (en-US) Anna Cunningham, « Amid Staggering Pollution, Nigerians Struggle to Catch Their Breath », sur Undark, (consulté le )
  19. (en) Vincent Ujumadu, « 17 injured, bus burnt as Onitsha, Obosi youths clash over land », Vanguard,‎ (lire en ligne, consulté le )

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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