Oldjaïtou — Wikipédia

Oldjaïtou
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Muhammad Khodabandeh
Illustration.
Oldjaïtou recevant les ambassadeurs chinois de la dynastie Yuan, Majma 'al-Tavarikh, manuscrit persan enluminé, 1438
Titre
Khan
EC EC
(12 ans)
Prédécesseur Mahmoud Ghazan Khan
Successeur Abou-Saïd Bahadour
Biographie
Nom de naissance Nikolya
Date de naissance EC
Date de décès
Lieu de décès Sultaniya
Nature du décès Empoisonnement présumé de Rashid al-Din
Sépulture Dôme de Soltaniyeh
Nationalité Mongols
Père Arghoun
Mère Ourouk Khatun
Fratrie Mahmoud Ghazan Khan
Enfants Abu Saïd Bahadur
Dowlandî Khatun
Sati Beg
Entourage Rashid al-Din
Al-Hilli (en)
Religion Christianisme nestorien
Bouddhisme mahāyāna (jusqu'en 1295)
Islam sunnite (1295 - 1309)
Islam chiite duodécimain (1309 - 1316)

Oldjaïtou ou Uljaytu (mongol : ᠦᠯᠵᠡᠢᠲᠦ
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, cyrillique : Өлзийт Хаан, MNS : Ölziït Khaan[1]), aussi connu sous le nom persan de Muhammad Khodabandeh[2] (persan : محمد خدابنده - اولجایتو khodābandeh signifie « serviteur de Dieu »), né en 1280, mort le , était un prince mongol descendant de Gengis Khan, membre de la dynastie des Houlagides, et le huitième il khan de Perse de 1304 à sa mort. Son nom Ölziit signifie « béni » en langue mongole.

Les Grands Khans des Mongols sont alors les empereurs de Chine Kubilai Khan (r. 1260-1294), fils de Tolui, et Temur Khan (r. 1294-1316), petit-fils de Kubilai.

Biographie[modifier | modifier le code]

Le dôme de Soltaniyeh et ses 6 minarets en cours de restauration par l'ICHO.

Oldjaïtou, fils du quatrième ilkhan Arghoun, est l'arrière-petit-fils d'Houlagou Khan, fondateur de la dynastie, petit-fils de Gengis Khan par Tolui. La mère d'Oldjaïtou est la princesse nestorienne Ourouk Khatun ; elle le fait baptiser sous le nom de Nikolya (Nicolas), en honneur au Pape Nicolas IV[3],[4]. Durant sa jeunesse, il se convertit au bouddhisme et plus tard à l'islam sunnite avec son frère Ghazan. Par la suite, il finira par se convertir à l'islam chiite en entrant en contact avec des savants chiites[5], bien qu'une autre source indique qu'il se soit converti au chiisme par l'influence de sa femme[6].

Après avoir succédé à son frère Ghazan, Oldjaïtou fut influencé par les théologiens chiites Al-Hilli et Al Bahrani[7]. En l'année 1306, Oldjaïtou ériga la ville de Sultaniya dont le dôme de Soltaniyeh constitue un des édifices les plus remarquable e cette période[8]. À la mort du savant Al-Hilli, il fait transporter les restes de son professeur de Bagdad à un mausolée en forme de dogme construit à Sultaniya. En 1310, lors d'un conflit entre hanafites et chaféites, Oldjaïtou, aliéné par cette fraction, fait de ces deux sectes des chiites, déclarant que la véritable version de l'islam est le chiisme[9].

Sous son règne, l'islam chiite est reconnu comme religion officielle de la Perse[10].

Il meurt le à Sultaniya, près de Zanjan, après un règne de douze ans et neuf mois. Peu après sa mort, son conseiller Rashid al-Din est accusé d'avoir causé sa mort par empoisonnement, il sera exécuté[11]. Le fils d'Oldjaïtou, Abu Saïd lui succédera. Son magnifique mausolée situé à Sultaniya reste l'un des monuments les plus emblématiques de la Perse Ilkhanide.

Relations extérieures[modifier | modifier le code]

Lettre d'Oldjaïtou à Philippe IV le Bel, 1305. En écriture mongole classique, avec le sceau chinois du Grand Khan en Dörböljin Bichig. L'énorme rouleau mesure 302 × 50 cm.

Alliance militaire[modifier | modifier le code]

Pour contrer l'influence des Mamelouks, les Ilkhans n'hésitaient pas à faire des alliances avec les puissances extérieures aussi bien mongoles que chrétiennes, quand bien même Oldjaïtou et son empire s'étaient convertis à l'islam.

Lettre de 1305 au Roi de France[modifier | modifier le code]

Soldats Mongols de l'époque d'Oldjaïtou, du Jamil al-tawarikh de Rashid al-Din, 1305-1306.

En 1305, Oldjaïtou écrit à Philippe IV le Bel par l'intermédiaire de son ambassadeur Buscarello de Ghizolfi, une lettre visant à l'établissement de relations amicales et à l'alliance contre les mamelouks. La lettre adressée à Philippe IV est une réponse à la promesse faite par le Roi de France d'envoyer une armée au secours de l'Ilkhanat au cas où ce dernier entreprendrait une guerre contre les Mamelouks.

Voici ce qu'Oldjaïtou s'est proposé en écrivant sa lettre à Philippe IV[12]:

Premier point[modifier | modifier le code]

Faire savoir au Roi de France et aux autres princes chrétiens d'Occident qu'il a l'intention de continuer les bonnes relations qu'ont eues avec eux ses prédécesseurs, que, dans sa politique extérieure, il se conformera aux règles qu'ont suivies ces derniers et qu'il respectera les conventions existantes.

Deuxième point[modifier | modifier le code]

Annoncer la réconciliation des princes gengiskhanides, laquelle a mis fin à la guerre intestine qui avait duré quarante cinq ans, et la résolution prise par ces mêmes princes de s'opposer par une action commune à tous ceux qui voudraient troubler la paix.

Troisième point[modifier | modifier le code]

Informer le Roi de France que l'ambassade qu'il lui envoie sous la conduite de Mamalay et Toman a pour but de manifester ce désir de continuer les relations amicales avec l'Occident qui existait du temps de ses ancêtres et de son frère ainé Ghazan.

Avant de finir sa lettre, Oldjaïtou souligne le fait qu'il est agréable d'apprendre que les « Sultans des francs » s'entendent bien entre eux, et se permet d'ajouter : « Maintenant quant à ceux qui ne s'accorderont pas, soit avec nous, soit avec vous, que le Ciel décide de la manière dont, dans la force du Ciel, tous ensemble contre eux nous liguant, nous nous dresserons. » — Extrait de la lettre d'Oldjaïtou au Roi de France Philippe IV le Bel. Les Lettres de 1289 et 1305 des ilkhan Aryun et Oljeitu a Phillipe le Bel[12].

Cette demande montre surtout le désir d'Oldjaïtou d'amener Philippe IV le Bel à entreprendre de concert avec lui une action commune contre l'Égypte des Mamelouks, plutôt qu'une réelle consolidation d'une paix universelle[12].

Opération militaire de 1308[modifier | modifier le code]

L'empereur Byzantin Andronic II décida de donner sa fille en mariage à Oldjaïtou en échange d'une assistance militaire contre l'avancée de l'Empire Ottoman. En 1305, Oldjaïtou lui promit 40 000 hommes. En 1308, il lui envoya 30 000 hommes récupérer de nombreuses villes Byzantines en Bithynie, l'armée ilkhanide écrasera même un détachement du sultan Osman Ier[13].

Dernière opération contre les Mamelouks[modifier | modifier le code]

Oldjaïtou lança une dernière campagne contre les Mamelouks, opération qui échoua même si les Ilkhanides arrivèrent à prendre brièvement Damas[8]. Un traité sera finalement signé en 1233, le Traité d'Alep, qui mettra fin à la guerre entre le Sultanat mamelouk du Caire et l'Ilkhanat de Perse.

Famille[modifier | modifier le code]

Epouses et descendance[modifier | modifier le code]

Öljaitü avait treize épouses donc sont issue 9 enfants, mais un seul fils et une fille survivront :

  1. Terjughan Khatun, fille de Lagzi Güregen (fils d'Arghun Aqa) et Baba Khatun
  2. Eltuzmish Khatun (m. 1296, décédée le 10 octobre 1308, enterrée au Dôme de Sultaniyeh), fille de Qutlugh Timur Kurkan du Khongirad, sœur de Taraqai Kurkan (veuve d'Abaqa Khan et auparavant celle de Gaykhatu Khan);
    • Bastam (1297-15 octobre 1309) - épousa Uljay Qutlugh Khatun le 12 janvier 1305 (du nom de Bayazid Bastami)
    • Bayazid (1300-19 avril 1308) (du nom de Bayazid Bastami)
    • Muhammad Tayfur (né le 3 décembre 1306) (du nom de Bayazid Bastami)
    • Sati Beg Khatun - avec Eltuzmish Khatun, marié d'abord le 6 septembre 1319 à Amir Chupan, marié ensuite en 1336 à Arpa Ke'un, marié en troisième lieu en 1339 à Suleiman Khan ;
  3. Hajji Khatun, fille de Chichak, fils de Sulamish et Todogaj Khatun ;
  4. Qutlughshah Khatun (fiancée le 18 mars 1305, décédée le 20 juin 1305), fille d'Irinjin et de Konchak Khatun ;
    • Sultan Khatun
  5. Bulughan Khatun Khurasani (m. 23 juin 1305, décédée le 5 janvier 1310 à Bagdad), fille de Tasu et Mangli Tegin Khatun (veuve de Ghazan Khan)
  6. Kunjuskab Khatun (m. 1305), fille de Shadi Kurkan et Orqudaq Khatun (veuve de Ghazan Khan)
  7. Oljatai Khatun (m. 1306, décédée le 4 octobre 1315) - sœur de Hajji Khatun (veuve d'Arghun Khan)
    • Abu'l Khayr (né en 1305, mort en bas âge, enterré à côté de Ghazan à Shanb Ghazan)
  8. Soyurghatmish Khatun, fille d'Amir Husayn Jalayir et sœur de Hasan Buzurg ;
  9. Qongtai Khatun, fille de Timur Kurkan ;
  10. Dunya Khatun, fille d'al-Malik al-Malik Najm ad-Din Ghazi, souverain de Mardin ;
  11. Adil Shah Khatun, fille d'Amir Sartaq, l'amir-ordu de Bulughan Khatun Buzurg[14] ;
    • Sulayman Shah (décédé le 10 août 1310)
  12. Despina Khatun, fille d'Andronikos II Paléologue[15] ;
  13. Tugha Khatun, une dame accusée d'avoir une liaison avec Demasq Kaja[16].

Öljaitü aurait également eu un fils supplémentaire, Ilchi, qui était considéré comme l'ancêtre des dynasties Arghun et Tarkhan d'Afghanistan et d'Inde[17].

Généalogie ascendante[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Ölziït : « fortuné ». Cf. olz(on) : butin. L'étymologie est attestée par Paul Pelliot dans ses Notes on Marco Polo, p. 849, en tant que titre porté par Témur Khan, petit-fils et successeur de Kubilai Khan
  2. En persan, Khodabandeh signifie « l'homme de Dieu ».
  3. (en) James D. Ryan, « Christian Wives of Mongol Khans: Tartar Queens and Missionary Expectations in Asia », Journal of the Royal Asiatic Society, vol. 8, no 3,‎ , p. 411–421 (ISSN 1474-0591 et 1356-1863, DOI 10.1017/S1356186300010506, lire en ligne, consulté le )
  4. Jean-Paul Roux, Histoire de l'Empire Mongol (Arghun fit baptiser l'un de ses fils, Khordabandah, le futur Öljeitu, en l'honneur du pape, elle lui donna le nom de Nicolas), p. 408
  5. Alizadeh, Saeed; Alireza Pahlavani; Ali Sadrnia, Iran : A Chronological History, p. 137
  6. Sir Thomas Walker Arnold, The preaching of Islam : a history of the propagation of the Muslim faith, p. 197
  7. (en) Al Oraibi, Ali, "Rationalism in the school of Bahrain : a historical perspective". In Lynda Clarke. Shīʻite Heritage : Essays on Classical and Modern Traditions. Global Academic Publishing, , p. 336
  8. a et b Stevens, John, The history of Persia. Containing, the lives and memorable actions of its kings from the first erecting of that monarchy to this time; an exact Description of all its Dominions; a curious Account of India, China, Tartary, Kermon, Arabia, Nixabur, and the Islands of Ceylon and Timor; as also of all Cities occasionally mentioned, as Schiras, Samarkand, Bokara, &c. Manners and Customs of those People, Persian Worshippers of Fire; Plants, Beasts, Product, and Trade. With many instructive and pleasant digressions, being remarkable Stories or Passages, occasionally occurring, as Strange Burials; Burning of the Dead; Liquors of several Countries; Hunting; Fishing; Practice of Physick; famous Physicians in the East; Actions of Tamerlan, &c. To which is added, an abridgment of the lives of the kings of Harmuz, or Ormuz. The Persian history written in Arabick, by Mirkond, a famous Eastern Author that of Ormuz, by Torunxa, King of that Island, both of them translated into Spanish, by Antony Teixeira, who lived several Years in Persia and India; and now rendered into English.
  9. Curatola, Giovanni; Gianroberto Scarcia, Iran : The Art and Architecture of Persia. Perseus Distribution Services, , p. 166
  10. Corbin, p. 440.
  11. The Cambridge History of Iran
  12. a b et c Antoine Mostaert, Les Lettres de 1289 et 1305 des ilkhan Aryun et Oljeitu a Phillipe le Bel, (lire en ligne), p. 5
  13. (en) Dimitri Korobeinikov, Byzantium and the Turks in the Thirteenth Century, OUP Oxford, (ISBN 978-0-19-101794-0, lire en ligne)
  14. Hillenbrand, Robert; Peacock, A. C. S.; Abdullaheva, Firuza (January 29, 2014). Ferdowsi, the Mongols and the History of Iran: Art, Literature and Culture from Early Islam to Qajar Persia. I. B. Tauris. p. 131. (ISBN 978-1-780-76015-5).
  15. Christian Settipani, Les liens dynastiques entre Byzance et l'étranger à l'époque des Comnènes et des Paléologues, mars 2021, Éditions de Boccard, (ISBN 978-2701806334).
  16. Simon Berger, « "Une armée en guise de peuple" : la structure militaire de l'organisation politique et sociale des nomades eurasiatiques à travers l'exemple mongol médiéval », Thèse de doctorat en Histoire, Paris, EHESS,‎ (lire en ligne, consulté le )
  17. Mahmudul Hasan Siddiqi, History of the Arghuns and Tarkhans of Sind, 1507-1593 (1972), p. 249.

Article connexe[modifier | modifier le code]

Lien externe[modifier | modifier le code]