Nombre de Dottie — Wikipédia

Construction permettant d'obtenir graphiquement le nombre de Dottie.

Le nombre de Dottie; noté D, est une constante mathématique définie comme étant l'unique solution réelle de l'équation est exprimé en radians. On l'obtient donc géométriquement comme abscisse et ordonnée du point d'intersection de la droite d'équation et de la courbe d'équation .

Une valeur approchée en est 0,739 085 133 215[a], voir la suite A003957 de l'OEIS.

C'est l'unique point fixe de la fonction cosinus, point fixe qui est de plus attractif, et possède un bassin d'attraction égal à tout entier [1]. C'est la raison pour laquelle, lorsqu'on appuie plusieurs fois sur la touche "cos" d'une calculatrice (réglée en mode "radian"), et quel que soit le nombre de départ, on obtient rapidement ce nombre.

Historique[modifier | modifier le code]

Ce nombre apparait en 1878 dans deux problèmes de quadrisection du disque posés par Joseph Bertrand (voir ci-dessous)[2].

Le nom "Dottie" est le surnom donné par Samuel Kaplan[3] à une amie, professeur de français, qui avait remarqué la propriété étonnante sur sa calculatrice et en avait demandé la raison.

Corde partageant le demi-disque en deux parties de même aire, conduisant avec son symétrique à une quadrisection du disque.
Segment partageant le quart de disque en deux parties de même aire, conduisant à une autre quadrisection du disque par des cordes parallèles.

Définitions géométriques[modifier | modifier le code]

  • Bertrand demande de partager un demi-disque en deux parties de même aire par une corde menée à une extrémité du diamètre[2]. Avec les notations de la figure de gauche, l'aire du triangle curviligne vaut . L'équation s'écrit donc , Posant , elle devient , ce qui donne ,

L'angle .

  • Dans un autre exercice, il demande de partager un quart de disque en deux parties de même aire par un segment perpendiculaire à un côté[2]. Avec les notations de la figure de droite, l'équation s'écrit . Posant , elle devient , ce qui donne .

Formules exactes[modifier | modifier le code]

Le nombre de Dottie peut s'exprimer avec l'inverse de la fonction bêta incomplète régularisée :

Le nombre de Dottie peut s'exprimer en termes de série de Fourier-Bessel[4] :

Valeurs trigonométriques liées à ce nombre[modifier | modifier le code]

On a :

Le fait que prouve l’attractivité de D comme point fixe de la fonction .

Propriétés[modifier | modifier le code]

Construction de la suite vérifiant et de premier terme .
  • Toutes les suites récurrentes de premier terme réel et vérifiant convergent vers le nombre de Dottie.
  • Un développement en série exact du nombre de Dottie peut être obtenu en utilisant la formule de Faà di Bruno[4].
La solution de la quadrisection d'un cercle en quatre parties de même aire par des cordes issues du même point peut être exprimée à l'aide du nombre Dottie.

Applications[modifier | modifier le code]

Le nombre de Dottie est principalement utilisé comme exemple de point fixe attractif par les professeurs de mathématiques.

Il intervient tout de même dans un problème associé à l'équation de Kepler[4] et ceux de la quadrisection du disque de Bertrand vus ci-desus[2],[4].

On trouvera des développements autour de ce nombre dans[4],[6].

Autres nombres similaires[modifier | modifier le code]

  • Si la calculatrice est réglée en mode "degré", le fait d'appuyer sur la touche "cos" conduit à l'unique solution de , de valeur approchée 0,99984774, voir la suite A330119 de l'OEIS.
  • Des appuis successifs sur les touches "racine carrée" ou "sin" conduisent respectivement vers 1 ou 0.
  • Des appuis alternés sur les touches "sin" et "cos" conduisent au cycle attractif est l'unique solution de , voir la suite A131691 de l'OEIS, et est l'unique solution de , voir la suite A277077 de l'OEIS.
  • L'unique solution entre 0 et de a pour valeur approchée 0,86033359, voir la suite A069855 de l'OEIS, mais ce point fixe n'est pas attractif. Il l'est par contre pour la fonction .
  • L'unique solution entre et de a pour valeur approchée 4,493409, voir la suite A115365 de l'OEIS ; c'est aussi l'unique point fixe de , point fixe qui est attractif. C'est également l'abscisse du premier minimum pour de la fonction sinus cardinal : .
  • L'unique solution positive de , a pour valeur approchée 1,19967864, voir la suite A085984 de l'OEIS, et ce point fixe est attractif. Notant cette constante, le nombre est la constante de Laplace.
  • L'équation complexe possède des solutions complexes non réelles, de la forme est solution de , voir la suite A335565 de l'OEIS et la suite A335566 de l'OEIS.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • James Stewart Single Variable Calculus : Concepts and Contexts Brook/Cole 2010, (ISBN 978-0-495-55972-6), page 314
  • Miller T.H. On the Numerical Values of the Roots of the Equation cos x = x Proc. Edimburg Math. Soc. 9, 1890, pages 80 à 83

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Le site en russe de pikabu donne plus précisément comme valeur 0,739085 133215 160641 66... voir le lien http://pikabu.ru/story/kosinus_07390851332_1230436.
    Une calculette d'ordinateur à 32 décimales donne le nombre 0,73908513321516070000000000000000...
  2. On note le nombre de Dottie. Supposons qu'il n'est pas transcendant. Il est donc algébrique et donc son produit par i aussi. De plus par définition, . Mais alors d'après le théorème d'Hermite-Lindemann, on a qui est transcendant. Or comme , est transcendant aussi, et n'est donc pas algébrique : on aboutit à une contradiction si l'on suppose algébrique. est donc transcendant.

Références[modifier | modifier le code]

  1. François Rouvière, Petit guide de calcul différentiel, Cassini, , p. 160
  2. a b c et d J. Bertrand, Traité d'algèbre, deuxième partie ; livre IV, exercices III et IV, Paris, Hachette, , p. 294
  3. Samuel R Kaplan, « The Dottie Number », Mathematics Magazine, vol. 80,‎ , p. 73 (lire en ligne, consulté le )
  4. a b c d e et f (en) Jean-Christophe Pain, « An exact series expansion for the Dottie number », Arxiv,‎ , voir appendices A,B,C (lire en ligne)
  5. (en) Eric W. Weisstein, « Dottie Number », sur MathWorld
  6. (en) Valerii Salov, « Inevitable Dottie Number. Iterals of cosine and sine », Arxiv,‎ (lire en ligne)

Voir aussi[modifier | modifier le code]