Nirukta — Wikipédia

Nirukta (devanāgarī: निरुक्त) signifie en sanskrit « explication, interprétation, étymologie, herméneutique »[1]. Nirukta ou Nirvacanaśāstra[2] désigne aussi l'une des six disciplines annexes du Veda (Vedāṅga). La seule œuvre de base que l'on en ait conservé est le Nirukta[3] de Yāska[4] et concerne l'étymologie de mots védiques.

Présentation

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Rédigé en sanskrit ancien ou védique, le Nirukta (terme sanskrit signifiant explication ou interprétation étymologique) se présente comme un commentaire sur les nighaṇṭu, lesquels sont des glossaires de mots rares ou obscurs contenus dans les Veda[5]. Au dire de Yāska, ces glossaires auraient eux-mêmes été composés par les descendants des compositeurs des hymnes védiques afin d'en faciliter la transmission[réf. nécessaire].

Ces ‘étymologies‘ ne sont toutefois pas des étymologies historiques, le sanskrit n’étant pas considéré comme sujet à évolution[6]. Ce malentendu provient de l’utilisation de la dérivation qui rappelle celles de l’étymologie historique[7]. Les auteurs modernes préfèrent parler d’analyse sémantique (Kahrs) ou d’étymologie sémantique (Bronkhorst, soulignant que le grec etymos signifie ‘vrai’). Le nirukta propose souvent des interprétations quand une dérivation grammaticale n’est pas possible, mais parfois aussi en parallèle à celle-ci. Ces étymologies « peuvent être considérées comme abusives. Quoi qu'il en soit, elles n'en demeurent pas moins des réalités psychologiques de la mentalité indienne. »[8]. Yāska ne s’oppose pas à la grammaire, mais considère le nirukta comme un complément de celle-ci. Souvent plusieurs étymologies sont données. Yāska s’efforce de rationaliser et de séculariser les étymologies des Brahmana. Ces dernières ont un effet ‘magique’ pour celui qui les connaît, elles révèlent des couches secrètes du langage et font presque toujours référence à un mythe[9]. Ces aspects religieux ne se retrouvent plus chez Yāska et Bronkhorst en conclut que ses points de vue religieux n’appartiennent plus à la période védique. La dimension mystique de ces étymologies restera cependant culminante avec le tantrisme. Yāska donne aussi au deuxième chapitre quelques règles à ses étudiants pour la création d’étymologies : ils doivent se laisser guider par le sens du mot, se baser sur la similarité de syllabes, sinon au moins d’un son.

Structure du Nirukta

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Le Nirukta est divisé en trois parties[10] :

  • naighantuka : recueil de synonymes;
  • naigama : recueil de 278 mots du Veda ou de dialogues nigama[4];
  • daivata : recueil de mots ayant trait aux divinités et aux sacrifices.

Notes et références

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  1. Nirukta, The Sanskrit Heritage Dictionary, Gérard Huet
  2. Indian semantic analysis: the nirvacana tradition. Eivind Kahrs. Éd. Cambridge University Press, 1998, page XIII. (ISBN 9780521631884)
  3. Eiwind G. KAHRS, « L'interprétation et la tradition indienne du Nirukta. », in Histoire Épistémologie Langage 20/1, p. 63-75, 1998, p. 64
  4. a et b The Sanskrit Heritage Dictionary de Gérard Huet
  5. Encyclopedia of Indian philosophies: The philosophy of the grammarians. Harold G. Coward, Karl H. Potter, K. Kunjunni Raja. Éd. Motilal Banarsidass Publ., 1990, page 107. (ISBN 9788120804265)
  6. Johannes Bronkhorst: Etymology and magic: yāska’s nirukta, plato’s cratylus, and the riddle of semantic etymologies, p. 159
  7. Eiwind G. Kahrs, « L'interprétation et la tradition indienne du Nirukta. », p. 64, Johannes Bronkhorst Nirukta and Aṣṭādhyāyī: their shared presuppositions
  8. Kahrs, « L'interprétation et la tradition indienne du Nirukta. », p. 65
  9. Johannes Bronkhorst: Etymology and magic: yāska’s nirukta, plato’s cratylus, and the riddle of semantic etymologies, p. 164-165
  10. A history of ancient Sanskrit literature so far as it illustrates the primitive religion of the Brahmans. Friedrich Max Müller. Éd. Williams and Norgate, 1859, pages 155 et 156

Bibliographie

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  • The Nighaṇṭu and the Nirukta: The Oldest Indian Treatise on Etymology, Philology and Semantics. Lakshman Sarup. Éd. Motilal Banarsidass Publ., 1998. (ISBN 9788120813816)
  • Yaska: Nirukta, texte sanskrit basé sur l’édition de Lakshman Sarup
  • Eiwind G. KAHRS, « L'interprétation et la tradition indienne du Nirukta. », in Histoire Épistémologie Langage 20/1, p. 63-75, 1998.
  • Johannes Bronkhorst: Etymology and magic: yāska’s nirukta, plato’s cratylus, and the riddle of semantic etymologies numen, Vol. 48 Brill NV, Leiden (2001), p. 147-203
  • Johannes Bronkhorst: Nirukta and Aṣṭādhyāyī: their shared presuppositions, Indo-Iranian Journal 23 (1981), p. 1–14
  • Johannes Bronkhorst Nirukta, Uṇādi Sūtra, and Aṣṭādhyāyī: a review article, Indo-Iranian Journal 27 (1984), p. 1–15

Articles connexes

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