Musée d'histoire contemporaine — Wikipédia

Musée d'Histoire contemporaine
Le musée vers 1932 : la photographie représente une des premières salles du musée (médailles) au pavillon de la Reine (château de Vincennes).
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Le musée d'Histoire contemporaine est le nom utilisé jusqu'en 2010 du département du musée de La Contemporaine — Bibliothèque, archives, musée des mondes contemporains (ex-BDIC, bibliothèque de documentation internationale contemporaine), rattaché à l'université Paris-Nanterre.

Hébergé depuis 1973 sur le site des Invalides, il a rejoint en 2021 les départements de la bibliothèque et des archives, dans un nouvel équipement à l'entrée du campus universitaire de Paris Nanterre.

Il a été connu depuis sa création en 1917 sous plusieurs noms : « Bibliothèque et Musée de la guerre » (1917), « Musée de la Grande Guerre » (1925-1939)[1], « Musée des deux guerres, section iconographique de la BDIC » (1967) puis « Musée d'histoire contemporaine-BDIC » (à partir de 1986). Il ne doit pas être confondu avec le musée de l'Armée (Paris), situé sur le même site et dépendant du ministère des Armées.

Les collections du Musée étaient estimées en 2015 à environ 1,5 million d'objets dont environ un million de photos, 75 000 cartes postales, 90 000 affiches, 40 000 dessins, 12000 estampes, 750 peintures ainsi que plusieurs milliers d'objets, médailles, bons et monnaie, etc.

Comme le reste des collections de La Contemporaine, le Musée est réputé pour ses fonds uniques dans le domaine de l’histoire européenne et des relations internationales du XXe siècle et pour la diversité de ses collections, en particulier sur les deux conflits mondiaux[2].

Situé à l'origine dans les mêmes locaux que la bibliothèque (ainsi entre 1925 et 1939 au pavillon de la Reine du château de Vincennes dont il occupe le premier étage), le musée connaît un destin particulier à la suite des destructions liées à la Seconde Guerre mondiale qui oblige en 1945 la BDIC à quitter ses locaux historiques de Vincennes: alors que la Bibliothèque et les services centraux doivent s'installer à Paris (rue La Vacquerie) puis sur le campus de l'Université de Nanterre (à partir de 1970), le Musée, après plusieurs années d'errance, peut regagner à partir de 1955 le site du château de Vincennes mais dans des conditions précaires. Il doit quitter finalement celui-ci en 1973 pour s'installer sur le site des Invalides (corridors Ney et Valenciennes) en attendant de pouvoir enfin rejoindre le reste des services de la BDIC dans un nouvel édifice dont la genèse remonte aux années 1980.

Historique[modifier | modifier le code]

Pour une présentation plus détaillée des origines et de l'histoire générale de la Bibliothèque-Musée de la Guerre, puis de la BDIC, voire l'Historique de la Contemporaine.

Camille Bloch en 1933 dans son bureau au château de Vincennes, dessiné dans le cadre d'un article des Nouvelles Littéraires.

En acceptant la donation de la collection Leblanc en 1917 et créant la "Bibliothèque et Musée de la Guerre" (BMG), l’État entrait en possession d'une collection importante de peintures, affiches, photos et objets sur le premier conflit mondial rassemblée par les donateurs dès le début du conflit et avec le souci de documenter le conflit et ses impacts sur toutes les couches de la société. Adjoint au directeur de l'établissement, le peintre Raoul Dufy devint le premier conservateur chargé de ces collections iconographiques. Mais il démissionna rapidement : ce fut le critique d'art René-Jean qui le remplace à partir de 1919 et qui avait déjà conseillé les époux Leblanc pour la création de leur collection d'originaux[3]. Grâce à ses liens, il peut acheter directement des œuvres aux artistes, obtenir des fonds ou susciter des dépôts de l’État. Il voulut ainsi faire du musée aussi bien une institution consacrée à l'histoire mais aussi un musée d'art.

Après plusieurs locaux temporaires (6 avenue de Malakoff puis 39 rue du Colisée), la BMG s'installe à partir de 1924-1925 au château de Vincennes au pavillon de la Reine dont le musée occupe tout le premier étage (appartements d'Anne d'Autriche et de Mazarin).

En 1939, la déclaration de guerre entraîne la fermeture de l'établissement. Une partie des œuvres (toiles décadrées, dessins) est évacuée à Chambord en 1940. Ce dépôt fait l'objet d'une ponction importante par l'occupant allemand dans le cadre de la Commission Lorey[4] chargée dès juin- d'envoyer en Allemagne les œuvres d'art considérées comme des prises de guerre et ce qui était considéré comme des documents anti-germaniques (plus de 590 œuvres à Chambord dont une cinquantaine de Dufy sans compter les prélèvements faits et qui ne seront jamais retrouvés malgré les recherches faites.

René-Jean a été le conservateur dans les années 1930 chargé des collections iconographiques.

Lors de la Libération de Paris, les Allemands font sauter dans la nuit du 24 au les dépôts de munitions situées dans les casemates au pied du pavillon de la Reine. L'incendie dure huit jours et détruit la plus grande partie des collections encore entreposées soit les collections d'affiches (10 000 affiches détruites), de photographies (28 000 tirages, plaque de verre détruits) et les multiples petits objets témoignant de l'histoire populaire du premier conflit mondial[5].

En attendant la reconstruction du château de Vincennes, les collections du musées restent en caisse et sont déposées temporairement au musée du Luxembourg à partir de , malgré un manque de matériel et de meubles et le manque de salles. Le travail de réorganisation est rendu compliqué par le renouvellement total des équipes et les destructions subies[6]. La perte des locaux du Luxembourg oblige l'institution à répartir ses collections dans un dépôt à la Fondation belge de la Cité universitaire et ses bureaux dans un local de l'Institut d'art et d'archéologie, la direction de la bibliothèque se trouvant rue Vacquerie.

En 1954-1955 (collections en 1954, installation du personnel à partir d'), dans des conditions difficiles, seul le musée peut regagner Vincennes et entreprend de se réinstaller mais dans des locaux non terminés, avec trois salles d'exposition : une première exposition peut être présentée en sur des œuvres marquantes de la Première Guerre mondiale (Bonnard, Vuillard, etc.). Il faut attendre le milieu des années pour que sept salles chauffées et éclairées soient disponibles et que du personnel soit affecté pour les trois départements des photographies, affiches, originaux et estampes.

Le ministère de La Défense souhaitant cependant récupérer les locaux, un accord intervient avec le ministère de l’Éducation nationale et des locaux à l'Hôtel national des Invalides sont attribués au "Musée des deux guerres mondiales" (le nouveau nom depuis 1967) qui s'installe en mars 1973 dans les corridors Ney et Valenciennes avec une nouvelle implantation à opérer dans des locaux non aménagés. Dès les années 1980, le caractère trop exigu des locaux ainsi que la nécessité pour l'établissement de disposer d'espaces adaptés à la conservation et une meilleure valorisation de ses collections (espaces d'expositions permanente et temporaires, formation) suscitent des projets de réimplantation.

Ceux-ci aboutissent en 2021 avec la création d'un nouveau bâtiment situé sur le campus de Paris Nanterre réunifiant enfin les collections de la bibliothèque, des archives et du Musée après 80 ans de séparation.

Collections[modifier | modifier le code]

Photographies[modifier | modifier le code]

Elephant de Hagenbeck employé par les Allemands pour transporter des bois.
Un éléphant du zoo de Hagenbeck est employé par les Allemands pour transporter du bois à Felleries (Nord). Fonds Valois (Section photographique de l'Armée), 1915[7].

La Grande Guerre est un axe important des collections photographiques, avec le fonds dit "des Albums Valois", riche de plus de 100000 photographies, constituée par la Section photographique de l'armée (SPA), organisme créé en 1915 par le Ministère de la Guerre, le Ministère des Affaires Etrangères et le Ministère de l'Instruction Publique.

Peu avant sa dissolution en 1992, l'Association France-URSS a confié sa collection de 40000 tirages en couleur et noir et blanc consacrés à l’URSS, des années 40 à la fin de l'ère Brejnev.

Les collections s'enrichissent régulièrement de photographies sur l’histoire politique et sociale, française et internationale et sur les conflits armés après 1945, par des acquisitions de reportages de photographes contemporains (Yan Morvan, Stanley Greene, William Daniels, Anne-Marie Louvet…) ou par des dons, dont ceux de Monique Hervo ou du photographe de presse Elie Kagan.


Affiche de André Fournier, expo Art pendant la guerre, Lausanne, 1917[8].

Affiches[modifier | modifier le code]

Une grande partie de l'histoire du XXe et du début du XXIe siècle est représentée dans les collections d'affiches du musée, spécialement les guerres mondiales et conflits internationaux, les campagnes de propagande et les luttes sociales. De grands noms de l'affiche française du siècle dernier ou contemporains côtoient des ensembles remarquables, comme les affiches de la Révolution russe, les affiches de Mai 1968, ou celles des écoles polonaises et cubaines[9].






Peintures et dessins[modifier | modifier le code]

Parmi les œuvres qui s'inspirent de la Première Guerre mondiale, à côté de Maurice Denis, Félix Vallotton, Edouard Vuillard, Jacques Villon, Ossip Zadkine, Dunoyer de Segonzac, etc., la collection comprend aussi des œuvres d'artistes moins connus, voire d'amateurs. Ces documents témoignent de la vie quotidienne sur le front et montrent les paysages dévastés et les villes en ruines. Le hall d'entrée accueille une grande toile de Lucien-Paul Pouzargues, La Relève (1938).

Felix Vallotton, Le Bois de la Gruerie et le ravin des Meurissons, 1917, OR PE 14, La Contemporaine, Nanterre.

La Seconde Guerre mondiale tient une place significative dans les collections : on y trouve des œuvres documentant la guerre elle-même, la captivité, l'occupation et la libération. Des objets et des dessins témoignent de la déportation et des camps. La contemporaine conserve ainsi un ensemble de dessins réalisés par Halina Olomucka (1921-2007) dans le ghetto de Varsovie entre 1941 et 1943, puis à Auschwitz.

Pour l'après-guerre, la peinture contemporaine est représentée par des artistes tels l’Argentin Nicolás Rubió (1928- ), les Français Maurice Matieu (1934- ), Hervé Télémaque (1937- ), Gérard Fromanger (1939- ), l’Italien Sergio Birga (1940- ) ou l’Islandais Erró (1932- ).

Le dessin de presse, souvent humoristique ou satirique, offre un regard immédiat sur l'actualité que l'on peut ainsi suivre à travers les collections du début du XXe siècle à nos jours. L'Affaire Dreyfus et la Première Guerre mondiale ; l’actualité dans les années 30, les grands procès après 1945, la vie politique de la quatrième et de la cinquième République sont couvertes par des dessinateurs comme Jules Grandjouan (1875-1968), André Galland (1886-1965), Sennep (1894-1982), Raoul Cabrol (1895-1956), et plus récemment , jusqu'à nos jours, Cabu (1938-2015), Patrick Pinter (1958-), Siné (1928-), Willem (1941-), Wolinski (1934-2015), Veesse (1954-), et bien d'autres.

Estampes[modifier | modifier le code]

La contemporaine abrite de très importantes collections d'estampes. De tous les styles et techniques, elles représentent les thèmes forts des conflits français et internationaux.

Parmi les artistes : Jean-Louis Forain (1852-1931), Théophile-Alexandre Steinlen (1859-1923), René Georges Hermann-Paul (1874-1940), Otto Dix (1891-1969), George Grosz (1893-1959), Paul Nash (1889-1946), Muirhead Bone (1876-1953), Frans Masereel (1889-1972), donnent chacun une vision particulière de la Grande Guerre.

Un fonds rare d'estampes évoque la Chine avant l'avènement de Mao-Tsé-Toung, (1930-1947) et la guerre civile chinoise (1945-1949). Il comporte plusieurs centaines de gravures sur bois de Na Wei, Li Tch' Ouen-Song, Wang Maigan et d’autres artistes contemporains des évènements.

Objets[modifier | modifier le code]

Le domaine des objets couvre l'ensemble du XXe siècle et jusqu'à nos jours, plus spécialement les guerres mondiales et comprend plusieurs ensembles typologiques assez disparates, relevant à la fois de la création artistique, de la propagande ou de l'expression politique jusqu'aux aspects les plus prosaïques de la vie quotidienne.

On y trouvera une centaine de sculptures, de différents formats, entre la figurine et l'œuvre monumentale, de la vaisselle patriotique issue de différents pays ; des médailles, dont une collection importante de médailles allemandes ; de l'artisanat de tranchée de la guerre 1914-1918 ; d'innombrables souvenirs (ou reliques) de champs de bataille ; des bons de monnaie et des timbres.

Annexes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Guide du Musée de la Grande Guerre (fondée avec les Collections Henri Leblanc), Publications de la Société de l'Histoire de la Guerre, château de Vincennes, 1927.
  2. http://www.lacontemporaine.fr/collections/quels-documents Site de La Contemporaine (consultation 10 juin 2020)]
  3. Cécile Coutin, « Le Musée de la Guerre victime de la guerre... », Musées...,‎ , p.36
  4. « Œuvres récupérées après la Seconde Guerre mondiale confiées à la garde du Musée national d'art moderne », sur Musée national d'art moderne, centre Georges Pompidou
  5. Cécile Coutin, op. cit., p. 38
  6. Musée de la Guerre, Quelques données statistiques sur la situation du musée de la guerre au 30 juin 1948, Paris, , 14 p.
  7. Coll. La contemporaine, VAL 248/008
  8. La Contemporaine, Nanterre, AFF 19477
  9. « Site La Contemporaine » (consulté le )

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Camille Bloch, « Bibliothèque et musée français de la Guerre », Revue de synthèse historique,‎ , p. 38-50 (lire en ligne).
  • Cécile Coutin, « Le Musée de la Guerre victime de la guerre », Musées et collections publiques de France, vol. N° 210,‎ , p. 35-39.
  • Joseph Hue, La BDIC et son Musée d'Histoire, Nanterre, BDIC, 1989.
  • Joseph Hue, « De la Bibliothèque-Musée de la Guerre à la BDIC », Matériaux pour l'histoire de notre temps, vol. N° 49-50,‎ , p. 5-6 (www.persee.fr/doc/mat_0769-3206_1998_num_49_1_410676).
  • Anne-Marie Pavillard, « Les bibliothécaires de la BDIC sous l'Occupation », Matériaux pour l histoire de notre temps, vol. N° 100, no 4,‎ (ISSN 0769-3206 et 1952-4226, lire en ligne).

Liens externes[modifier | modifier le code]