Mladen Lorković — Wikipédia

Mladen Lorković
Illustration.
Biographie
Date de naissance
Date de décès (à 36 ans)
Nationalité croate
Parti politique Oustachis
Diplômé de Université Humboldt de Berlin
Profession Avocat

Mladen Lorković ( - ) est un politicien et avocat croate. Il a un rôle important parmi les Oustachis et est Ministre des affaires Étrangères et Ministre de l'Intérieur de l'État Indépendant de Croatie (NDH) au cours de la Seconde Guerre mondiale. Lorković mène la conspiration Lorković-Vokić, une tentative d'établir un gouvernement de coalition entre les Oustachis et le Parti Paysan croate et rapprocher l'État Indépendant de Croatie des Alliés.

Alors étudiant, il rejoint le Parti croate du Droit, mais celui est dissous dans le royaume de Yougoslavie en 1929. Il fuit le pays pour échapper à l'arrestation et finit par s'installer en Allemagne où il obtient un doctorat en droit à l'Université de Berlin. En 1934, il rejoint les Oustachis et devient un proche collaborateur de leur dirigeant Ante Pavelić. Il est d'abord commandant de tous les Oustachis en Allemagne, où il cherche des appuis à la création et la protection d'un état croate. Puis il devient le leader de tous les Oustachis en dehors de l'Italie.

Peu après la création de la NDH, il est nommé Ministre des affaires étrangères et s'oppose fortement à l'influence italienne sur l'État. Après l'exécution en 1943 de son chef de cabinet, Ivo Kolak, pour contrebande d'or, Lorković est démis de ses fonctions, mais plus tard nommé Ministre de l'Intérieur. En tant que Ministre de l'Intérieur, il négocie avec le Parti paysan croate (HSS) dans l'espoir d'établir un gouvernement de coalition. Il mène également des négociations secrètes (en) avec des représentants du HSS pour que la NDH rejoigne les Alliés contre l'Allemagne. Même s'il semble avoir le soutien de Pavelić, lui et ses cohortes sont rapidement arrêtés pour conspiration contre l'État, et après une période de détention il est exécuté à la fin du mois d', aux côtés d'Ante Vokić (en).

Biographie[modifier | modifier le code]

Premières années et formation[modifier | modifier le code]

Lorković naît à Zagreb le . Son père est le politicien Ivan Lorković.[1] Il suit les cours dans un gymnasium à Zagreb, où il devient un partisan du Parti croate du Droit et rejoint ensuite le Mouvement croate de la Jeunesse. Il commence des études de droit à l'Université de Zagreb[2], mais les achève en exil à Innsbruck, en Autriche. Plus tard, il soutient un doctorat sur "l'établissement de l'État des Slovènes, Croates et Serbes" sous la direction de Max Hildebert Boehm à l'Université de Berlin. Lorković et Branimir Jelić évoquent l'état des étudiants croates de l'université au congrès de la Fédération des Étudiants Internationaux à Bruxelles en 1930. Ils sont alors arrêtés et détenus au Palais de Justice avant d'être menés à la frontière allemande[3]. Au cours de son séjour à Berlin, il rencontre et épouse plus tard Wally Marquead. Plus tard, il divorce, et le , il se remarie à la comtesse Nada von Ghyczy[4].

Activités avec les Oustachis[modifier | modifier le code]

Le , le roi Alexandre dissout le gouvernement et instaure une dictature royale sur le nouveau royaume de Yougoslavie[5]. Parce qu'il est considéré comme dissident, Lorković est placé sous surveillance policière constante. Le , un mandat pour son arrestation est émis, mais il réussit à s'échapper en Autriche et plus tard en Allemagne[2].

Lorković est un ardent défenseur de la fusion de tous les partis croates en un « super parti » pour l'indépendance du royaume de Yougoslavie[2] et le prête son serment Oustachi[6]. Il devient le commandant de toutes les unités oustachies en Allemagne et plus tard, après l'assassinat du roi Alexandre, commandant de tous les Oustachis en dehors de l'Italie. Cet assassinat lui vaut d'être interpellé en Allemagne, mais il est libéré à la mi-1935 après qu'un tribunal allemand a rejeté la requête yougoslave d'extradition[2].

En 1937, Lorković est arrêté à la suite d'une audience menée par la Gestapo. Par la suite, il quitte l'Allemagne et déménage en Hongrie. En 1939, il retourne en Yougoslavie, où il devient rédacteur en chef adjoint de la Hrvatski narod (Peuple croate) et le rédacteur en chef du journal clandestin Hrvatska pošta (Le Courrier croate).[2] L'institution Matica hrvatska publie en 1939 son livre Le peuple croate et ses terres,  dans lequel il déclare que tous les Musulmans de Bosnie sont de nationalité croate[7]. Après la proclamation de la Banovina de la Croatie, il est arrêté en 1940 et détenu à prison de Lepoglava (en) et plus tard à Krušćica, près de Vitez. Lorković est l'un des signataires d'une déclaration, faite le et signée le [8], dans lequel les Oustachis demandent la déclaration d'un État croate. Le document demande également le soutien de l'Allemagne, la protection et la reconnaissance par les membres de l'Axe[9].

État indépendant de Croatie[modifier | modifier le code]

Mladen Lorković (2e en partant de la gauche) prêtant serment en .
Pavelić, l'ambassadeur slovène Karel Murgaš et Lorković (1er à droite) à Zagreb en 1941.

Lorković est l'un des plus pro-allemands des Oustachis de l'avant-guerre, ayant cultivé des liens politiques et académiques pendant son exil en Allemagne. Après l'établissement de l'État indépendant de Croatie (NDH), Lorković devient membre du gouvernement provisoire de Slavko Kvaternik. Le , Lorković est nommé Secrétaire au Ministère des affaires étrangères[1] dans le premier gouvernement formé par Ante Pavelić, qui est également Ministre des affaires étrangères[8]. Jusqu'à , il est aussi le principal relais entre Edmund Glaise von Horstenau, le général plénipotentiaire dans l'État Indépendant de Croatie, et le cabinet Pavelić[10].

Lorković succède à Pavelić en tant que Ministre des affaires étrangères le . Peu de temps après sa prise de fonction, il s'informe auprès des autorités françaises sur le sort des trois Oustachis impliqués dans l'assassinat du roi Alexandre en 1934 et condamnés à l'emprisonnement à vie. Deux hommes sont morts en prison, mais le troisième, Milan Rajić, est renvoyé en NDH au début de 1942, grâce à l'intervention des forces d'occupation allemandes, où il a été tué plus tard, prétendument sur ordre de Pavelić[11].

Le , dans un discours destiné à exciter les Croates contre les Serbes vivant en NDH, Lorković prétend que des Serbes ont battu, mutilé et massacré des dizaines de milliers de paysans croates pendant l'entre-deux-guerres[12]. En août, il s'oppose nettement à la requête italienne de mettre en place une administration civile dans la zone démilitarisée de la NDH. Les Italiens répliquent au printemps suivant en accusant Lorković d'être communiste pour discréditer ses vues pro-allemandes. Lorković est innocenté après une enquête de police. Néanmoins, un attaché de police allemand à Zagreb prétend que Lorković a été en contact avec des communistes au début des années 1930 et a aidé des communistes croates en 1941 et 1942[13]. En , Lorković est nommé membre honoraire de l'Institut allemand des études étrangères et des frontières[14]. Aux côtés de Vladimir Košak (en) et Stijepo Perić (en), il cherche à limiter l'influence italienne sur l'État indépendant de Croatie[15]. Fin 1942, il écrit une note (« Spomenica ») dans laquelle il décrit les relations de coopération entre la 2e armée italienne et les Tchetniks. Cette note est officillement envoyée le au ministre italien des affaires étrangères Galeazzo Ciano. En réponse, le diplomate italien Raffaele Casertano tente de faire démettre Lorković[8].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Banac 1984, p. 359.
  2. a b c d et e Dizdar et al. 1997, p. 237.
  3. Jelić 1982, p. 42.
  4. Dizdar et al. 1997, p. 239.
  5. Frucht 2004, p. 428.
  6. Nikolić 1976, p. 169.
  7. Tomasevich 2001, p. 377.
  8. a b et c Dizdar et al. 1997, p. 238.
  9. Jelić-Butić 1983, p. 26.
  10. Tomasevich 2001, p. 346.
  11. Tomasevich 2001, p. 34.
  12. Tomasevich 2001, p. 406–407.
  13. Tomasevich 2001, p. 37.
  14. Bartulin 2009, p. 215.
  15. Nikolić 1967, p. 516.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Ivo Banac, The National Question in Yugoslavia : Origins, History, Politics, Ithaca, N.Y. ; London, Cornell University Press, , 452 p. (ISBN 0-8014-1675-2).
  • (en) Nevenko Bartulin, « The Ideal Nordic-Dinaric Racial Type: Racial Anthropology in the Independent State of Croatia », Review of Croatian History, vol. 5, no 1,‎ , p. 189–219.
  • (hr) Zdravko Dizdar, Marko Grčić, Slaven Ravlić et Darko Stuparić, Tko je tko u NDH, Minerva, (ISBN 953-6377-03-9).
  • (en) Richard C. Frucht, Eastern Europe : An Introduction to the People, Lands, and Culture, vol. 1, , 325 p. (ISBN 978-1-57607-800-6, lire en ligne).
  • (hr) Branimir Jelić et Jere Jareb (dir.), Političke uspomene i rad dra Branimira Jelića, M. Šamija, .
  • (hr) Fikreta Jelić-Butić, Hrvatska seljačka stranka, Globus, .
  • (hr) Vinko Nikolić, Hrvatska revija : jubilarni zbornik 1951–1975, Hrvatska revija, , 739 p. (ISBN 978-84-399-5346-3).
  • (hr) Vinko Nikolić, Pred vratima domovine : susret s hrvatskom emigracijom, 1965 : dojmovi i razgovori, Hrvatska revija, .
  • (en) Stevan K. Pavlowitch, Hitler's new disorder : the Second World War in Yugoslavia, New York, Columbia University Press, , 332 p. [détail de l’édition] (ISBN 978-1850658955).
  • Jozo Tomasevich, War and Revolution in Yugoslavia, 1941-1945: Occupation and Collaboration, (œuvre littéraire), Stanford University Press, , [lire en ligne]Voir et modifier les données sur Wikidata.

Liens externes[modifier | modifier le code]