Milan Ier — Wikipédia

Milan Ier
Illustration.
Milan Obrenović.
Titre
Roi de Serbie

(7 ans)
Prédécesseur Lui-même (prince de Serbie)
Successeur Alexandre Ier
Prince de Serbie

(13 ans, 8 mois et 24 jours)
Monarque Milan IV Obrenović
Prédécesseur Michel III Obrenović
Successeur Lui-même (roi de Serbie)
Biographie
Dynastie Obrenović
Nom de naissance Milan Obrenović
Date de naissance
Lieu de naissance Mărășești (Moldavie)
Date de décès (à 46 ans)
Lieu de décès Vienne (Autriche-Hongrie)
Sépulture Monastère de Krušedol
Père Miloš Obrenović
Mère Elena Maria Catargiu-Obrenović
Conjoint Natalija Keško
Enfants Alexandre Ier
Serge (mort-né en 1878)

Signature de Milan Ier

Milan Ier
Souverains serbes

Milan Obrenović (en serbe cyrillique Милан Обреновић), né le à Mărășești en Moldavie et mort le à Vienne, est un souverain serbe, prince de Serbie de 1868 à 1882 sous le nom de Milan IV Obrenović, puis roi de Serbie de 1882 à 1889 sous le nom de Milan Ier. En 1889, il doit abdiquer en faveur de son fils Alexandre et s'exiler, mais il revient le conseiller entre 1893 et 1900.

Enfance et jeunesse[modifier | modifier le code]

Milan Obrenović est le petit-neveu du prince Miloš Ier Obrenović qui, après avoir régné en Serbie entre 1815 et 1839, avait dû quitter le pouvoir. Après le départ de Miloš Ier, la dynastie des Karađorđević, rivale des Obrenović, était arrivée au pouvoir, en la personne d’Alexandre Karađorđević, élu prince de Serbie en 1842. Les Obrenović durent partir en exil. C’est ainsi que Milan est né en Moldavie, dont le prince Alexandre Jean Cuza vivait avec une de ses tantes, Hélène-Marie Obrenović.

En 1858, le prince Miloš redevient prince régnant de Serbie avant de mourir deux ans plus tard. Son fils, le prince Michel III Obrenović, qui avait déjà régné de 1839 à 1842 avant d'être contraint à abdiquer, remonte sur le trône[1].

En 1861, à la mort de son père, Milan Obrenović est adopté par le prince Michel. Il est alors envoyé à Paris pour fréquenter le lycée Louis-le-Grand où il se montre un élève brillant.

Le , le prince Michel Obrenović est assassiné. Le gouvernement réunit le Parlement qui désigne Milan Obrenović comme prince régnant. Un conseil de régence est nommé pour assumer le pouvoir jusqu'à la majorité du prince. Il est composé du colonel Milivoje Blaznavac (en), de l'homme d'État Jovan Ristić et de Jovan Gavrilovic[2]. La majorité de Milan est officiellement célébrée à Belgrade le .

Le prince de Serbie[modifier | modifier le code]

En octobre 1875, Milan IV Obrenović se marie avec Natalija Keško, une Moldave dont le père était colonel dans l’armée russe. En 1876, ils ont un fils, Alexandre.

Il est à l'origine de la guerre serbo-turque de 1876-1878 qui aboutit à la défaite. Le , la Serbie entre en guerre au côté des Russes contre l'Empire ottoman. L'année suivante, par le traité de San Stefano, la Sublime Porte reconnaît l’indépendance de la Serbie et, par le traité de Berlin du , le pays s’agrandit des villes de Pirot et Niš, de la région de la Toplica et de la ville de Vranje.

Le , le prince Milan IV devient roi de Serbie sous le nom de Milan Ier.

Le roi[modifier | modifier le code]

La politique du roi Milan consiste à trouver un équilibre entre l’Autriche-Hongrie et la Russie. Il joue de préférence la carte de l’Autriche.

Avec l’appui de ce puissant voisin, le roi développe les infrastructures et l’industrie du pays. Mais l’augmentation des impôts qui en résulte et l’accroissement des charges militaires supportées par les Serbes le rendent peu à peu impopulaire. Le roi est même soupçonné de corruption. L'écrasement sanglant de la révolte du Timok conduite par le Parti national radical en 1885 entame sa popularité[3],[4].

Le , Milan Ier déclare la guerre à la Bulgarie qui vient d’annexer la Roumélie orientale. Il compte sur la neutralité de la Russie. Dès le 19 novembre, l’armée serbe est néanmoins vaincue à la bataille de Slivnitsa par les troupes bulgares qui envahissent la Serbie. Le prince Alexandre de Bulgarie n'accepte l'armistice que sous la menace de l'intervention militaire de l'Empire austro-hongrois. Le mécontentement des Serbes contre leur roi est à son comble[5].

À partir de 1886, le roi connaît également des difficultés d’ordre privé. Le couple royal est fortement désuni[6]. Souvent infidèle, Milan reproche à son épouse son soutien systématique à la Russie. La reine Natalija finit par quitter la Serbie en emmenant avec elle le jeune prince Alexandre. En 1888, Milan réussit à récupérer son fils ; il demande et obtient un divorce qui est par la suite annulé.

Le , il fait adopter une constitution libérale[7]. Mais le suivant, mis en difficulté à la fois par les conservateurs pro-autrichiens et par les radicaux pro-russes, il abdique en faveur de son fils et s’installe à Paris, où il vit comme un simple particulier. La presse, dont Gil Blas, rapporte qu'il collectionne les œuvres d'art des modernes[8].

Après l’abdication[modifier | modifier le code]

Le nouveau roi encore mineur, c’est la reine Natalija qui exerce la régence. Rentrée au pays, elle use de son influence pour incliner la politique serbe en faveur de la Russie.

En février 1891, un cabinet est constitué par des radicaux favorables à la Russie[9]. Mais par crainte de mouvements révolutionnaires et pour éviter le retour du roi Milan, le cabinet négocie un arrangement. Au mois de mai suivant, la reine Natalija est invitée à quitter la Serbie et Milan reçoit un million de francs prélevé sur la liste civile, à condition qu’il ne rentre pas à Belgrade avant la majorité de son fils. En mars 1892, Milan renonce à tous ses droits et abandonne même la nationalité serbe.

En avril 1893, le jeune roi Alexandre décide de prendre le pouvoir avant sa majorité par un coup d'État. Comptant sur l’expérience et sur les conseils paternels, Alexandre rappelle son prédécesseur qui arrive à Belgrade en . Le suivant, un décret rétablit dans leurs droits le roi Milan et la reine Natalija. Le 21 mai, la Constitution de 1869, plus conservatrice que celle de 1889, est restaurée. La reine Natalija rentre à son tour à Belgrade en mai 1895. En 1897, Milan Obrenović est nommé commandant en chef des armées serbes.

Excellentes au départ, les relations entre Milan et Alexandre s’enveniment au moment du mariage de ce dernier en août 1900 avec Draga Mašin. Milan démissionne de son poste de commandant en chef et Alexandre lui ordonne alors de quitter la Serbie.

Le , Milan Obrenović meurt brutalement à Vienne où il s’était retiré. Il est inhumé au monastère de Krušedol.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Stokes 1990, p. 8.
  2. Stokes 1990, p. 10.
  3. Stokes 1990, chap. 8 : « The Timok Rebellion », p. 258-290.
  4. Christopher Clark (trad. de l'anglais), Les somnambules : Été 1914 : comment l'Europe a marché vers la guerre, Paris, Flammarion, , 668 p. (ISBN 978-2-08-121648-8), p. 36
  5. Dušan T. Bataković, Histoire du peuple serbe, L’Âge d’Homme, , 386 p. (ISBN 2-8251-1958-X, lire en ligne), p. 181 et 182.
  6. Alexandre de la Cerda, Nathalie de Serbie, la reine errante, Éditions Atlantica, , 178 p. (ISBN 978-2-84394-216-7).
  7. Bataković 2005, p. 182 et 183.
  8. « Le roi Milan protecteur des arts » par Maurice Kreutzberger, in Gil Blas, 17 octobre 1895, page 2.
  9. Bataković 2005, p. 183.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]