Mikhaïl Kalinine — Wikipédia

Mikhaïl Kalinine
Михаил Калинин
Illustration.
Portrait photographique de Mikhaïl Kalinine en 1920.
Fonctions
Président du Præsidium du Soviet suprême de l'URSS

(8 ans, 2 mois et 2 jours)
Président du Conseil Viatcheslav Molotov (1930-1941)
Joseph Staline (1941-1953)
Prédécesseur présidence collective (1922-1938)
Successeur Nikolaï Chvernik
Membre du Præsidium du Comité central exécutif de l'URSS

(15 ans et 13 jours)
Prédécesseur poste créé
Successeur poste aboli
Biographie
Date de naissance 7 novembre 1875 ( dans le calendrier grégorien)
Lieu de naissance Vierkhniaïa Troïtsa
Drapeau de l'Empire russe Empire russe
Date de décès (à 70 ans)
Lieu de décès Moscou, RSFSR
Drapeau de l'URSS Union soviétique
Nationalité Drapeau de la Russie Russe (de 1875 à 1917)
Drapeau de la république socialiste fédérative soviétique de Russie Russe (de 1917 à 1922)
Drapeau de l'URSS Soviétique (de 1922 à 1946)
Parti politique POSDR (1898-1903)
POSDR(b) (1903-1918)
PCP(b) (1918-1946)
Conjoint Ekaterina Lorberg (née en 1882, mariés de 1906 à 1946, décédée en 1960)
Enfants Valérien (1904 - 1947)
Julia (1905 - ?)
Alexandre (1908 - 1988)
Lydia (1912 - 1961)
Religion Aucune (athéisme)

Mikhaïl Kalinine
Dirigeants de l'URSS

Mikhaïl Ivanovitch Kalinine (en russe : Михаил Иванович Калинин), né à Vierkhniaïa Troïtsa le 7 novembre 1875 ( dans le calendrier grégorien) et mort à Moscou le , est un révolutionnaire, homme politique et dirigeant soviétique, président du Præsidium du Soviet suprême, et donc dirigeant de jure de la RSFS de Russie, puis de l'Union soviétique de 1919 à 1946.

Biographie[modifier | modifier le code]

Issu d'une famille russe paysanne pauvre de la région de Tver, Kalinine travaille avec son père dans l'agriculture puis en usine à Saint-Pétersbourg en 1889, dans le Caucase, puis à Reval (Tallinn), au gré de ses arrestations et de ses exils. Ouvrier métallurgiste — il est à partir de 1896 tourneur aux usines Poutilov — il adhère au Parti ouvrier social-démocrate de Russie dès sa fondation en 1898 et rejoint en 1903 la faction bolchévique partisane des théories de Vladimir Lénine.

Arrêté et exilé pour la première fois en 1899, il fait la connaissance de Joseph Staline l'année suivante à Tiflis, ville où ils militent ensemble. Peu après, il participe aux actions révolutionnaires du parti lors de la révolution russe de 1905 dans la capitale. Quelques années plus tard, il retrouve Staline en 1912 au bureau russe du comité central et collabore alors à la fondation du journal la Pravda. Arrêté à Petrograd en 1916, exilé en Sibérie orientale, il est libéré par la révolution de Février. Il se déclare alors favorable à un soutien critique au gouvernement provisoire et opposé aux « thèses d'avril » de Lénine.

Lors du passage à l'insurrection, il adopte une attitude temporisatrice. Après la révolution d'Octobre, il devient maire de Petrograd et l'un des membres du Comité exécutif central (CEC), puis membre du Bureau politique du parti. La mort de Sverdlov lui permet de devenir Président du CEC, c'est-à-dire en position (nominale) de chef de l'État. Ce choix aurait été fait au nom des origines rurales de Kalinine, Lénine désirant renforcer les liens entre la classe ouvrière et la paysannerie. Quoi qu'il en soit, il conserve ce poste durant 23 ans (si on compte à partir de la création de l'URSS et l'instauration de la présidence du Présidium du Soviet qui lui échoit alors), jusqu'à sa démission quelques mois avant son décès.

Pendant la guerre civile, il organise le train d'agitation de la révolution d'Octobre qui a pour objectif de rallier ouvriers et paysans aux « rouges ». Pendant toute la suite de sa carrière politique, Kalinine est membre (suppléant ou titulaire) du Politburo et soutient Staline, sauf en 1929-1930 où il apparait, très timidement, proche de l'opposition de droite et réticent à la collectivisation et la dékoulakisation. Il argumente d'ailleurs contre Staline sur ce point et est accusé par ce dernier de « défendre les koulaks »[1] ; Staline lui gardera rancœur de cette opposition.

À l'été 1930, il est mis en cause par Staline dans l’affaire du « Parti industriel », dans lequel Staline tente de faire condamner cet homme à femmes pour détournement de fonds au profit d'une jeune ballerine[2]. Kalinine demande pardon, mais Staline l'attaque de nouveau en septembre, l’accusant de fréquenter ce « scélérat » de Rykov. Il est de nouveau pardonné mais ne s'oppose plus jamais à Staline[3].

Sa femme Ekaterina est arrêtée et déportée en , pour des paroles critiques envers Staline. Elle n'est libérée du Goulag qu'en 1946, l'année du décès de son mari. Impuissant à aider sa propre épouse, Kalinine l'est tout autant pour répondre aux multiples appels à l'aide qui lui parviennent de toutes parts, à l'exemple de Nadejda Kroupskaïa, l'épouse de Lénine, elle aussi beaucoup sollicitée. Sa popularité est réelle comme le montre le courrier abondant qu'il reçoit de beaucoup de citoyens soviétiques de base qui ont longtemps persisté à voir en lui un recours. L'historienne Sheila Fitzpatrick mentionne qu'entre 1923 et 1935, son cabinet est l'objet de plus de 1,5 million de demandes d'aide écrites et orales. Elle souligne que Kalinine, du moins avant les Grandes Purges de 1937, est un des dirigeants les plus compréhensifs et serviables auprès de la population soviétique.

Ce « vieux bolchévique » extrêmement populaire et parait-il inoffensif — il est surnommé « papa » et le « doyen de village pansoviétique »[4] — symbolise, à la tête de l'État, la permanence de la tradition révolutionnaire [5]

Seconde guerre mondiale[modifier | modifier le code]

Son rôle dans le massacre de Katyń[modifier | modifier le code]

Le , Kalinine est un des responsables soviétiques avec les autres membres du Politburo (Staline, Vorochilov, Mikoyan, Molotov, Kaganovitch) qui, à la demande de Lavrenti Beria, chef du NKVD, décident d’appliquer la peine de mort par fusillade à 25 700 « prisonniers polonais, anciens officiers, fonctionnaires, agents de police, agents de renseignement, gendarmes (...) membres de diverses organisations contre-révolutionnaires d’espions et de saboteurs », sans comparution devant des tribunaux, ni acte d’accusation. Il s'agit d'un ordre d'exécution de 25 700 Polonais faits prisonniers par l'Armée rouge[6],[7],[8]

Cet ordre a été retrouvé : Il s'agit d'une lettre dont la première page porte le terme d'"accord" (en russe "za") et signée par Staline et des membres du Politburo K. Vorochilov, A. Mikoyan et celle de V. Molotov au crayon ordinaire. Dans la marge on trouve les noms de Kalinine et de Kaganovitch avec la mention "za"[9].

Mercredi 29 avril 2010, les archives d'État russes prétendirent mettre en ligne des documents top secret sur le massacre de Katyn (Le serveur flancha) Les communistes russes défendirent encore l'image du Parti : "Il est prématuré de juger de la responsabilité du Politburo dans cette affaire", s'est entêté Viktor Ilioukhine député communiste pour qui les archives publiées mercredi "pourraient être fausses"[10]

Après 1945[modifier | modifier le code]

Kalinine reste président du Présidium du Soviet suprême de l'URSS jusqu'à sa démission le , très peu de temps avant sa mort.

Vie privée et personnalité[modifier | modifier le code]

Simon Sebag Montefiore le décrit comme un « ex-paysan au regard doux, portant des lunettes rondes, un bouc et des moustaches tombantes »[1].

Kaliningrad[modifier | modifier le code]

Les autorités soviétiques, reprenant la tradition impériale russe, avaient pris habitude d'honorer les principaux dirigeants du parti décédés — et parfois vivants — en donnant leur nom à des villes : ainsi de Lénine (Léningrad, Oulianovsk, Leninabad), de Sverdlov (Sverdlovsk), de Dzerjinski (Dzerjinsk, Dnieprodzerjinsk), de Frounze, Joseph Staline (pour Stalingrad) etc. L'URSS ayant annexé, après la Seconde Guerre mondiale, une partie de l'ancienne Prusse-Orientale, la capitale Königsberg fut renommée Kaliningrad[11]. Ce nom lui est resté depuis lors, à l'inverse de Tver, sa ville natale, qui, nommée Kalinine, en 1931, de son vivant, a retrouvé son ancien toponyme en 1990.

Le nom de Kalinine a aussi été attribué à titre honorifique à la 2e division de fusiliers motorisés de la Garde, unité d'élite de l'armée de terre russe, en 1946[12].

Distinctions[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I, p. 101.
  2. Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I, p. 107.
  3. Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I, p. 110.
  4. Montefiore, la cour du tsar rouge, t. I.
  5. Le Monde du 5 juin 1946 titre un larmoyant « Oncle Micha » lors de son décès, et en dithyrambes ....
  6. Jean-Michel Demetz, « Katyn, un mensonge persistant », Valeurs actuelles,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. Serge Uletski, « Katyn : retour sur un crime tragique du stalinisme longtemps oublié » (consulté le )
  8. Albert Gauvin, « Les bourreaux de Staline - Katyn, 1940 », (consulté le )
  9. Lettre de Béria à Staline sur le massacre de Katyn (DOI 10.3917/comm.130.0498, lire en ligne)
  10. [https://www.lemonde.fr/europe/article/2010/04/29/moscou-met-en-ligne-des-archives-russes-sur-katyn_1344639_3214.html Le Monde Alexandre Billette « Moscou met en ligne des archives russes sur Katyn »
  11. Pascal Cauchy, Königsberg, trophée de l'Armée rouge, Communications, Année 1992, 55, p. 67-76
  12. « В Таманской мотострелковой дивизии ЗВО установят бюст Председателя Президиума… », sur минобороны.рф via Wikiwix (consulté le ).

Liens externes[modifier | modifier le code]

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