Metaxisme — Wikipédia

Metaxisme
Image illustrative de l’article Metaxisme
Logotype officiel.
Positionnement Extrême droite
Idéologie Nationalisme grec
Conservatisme autoritaire
Monarchisme
Anticommunisme
Antilibéralisme
Antiparlementarisme
Cléricalisme
Protectionisme

Le metaxisme est une idéologie politique nationaliste autoritariste nommée d'après l'homme politique grec Ioánnis Metaxás. Fondée sur la volonté de régénération de la Grèce, le metaxisme s'oppose au libéralisme politique et vise une homogénéité raciale en Grèce[1]. Le métaxisme dénigrait le libéralisme et considérait les intérêts individuels comme subordonnés à ceux de la nation, cherchant à mobiliser le peuple grec en tant que masse disciplinée au service de la création d'une « nouvelle Grèce »[1]. Le caractère fasciste du metaxisme fait l'objet de débats.

Metaxas a déclaré que son régime du 4 août (1936-1941) représentait une « troisième civilisation grecque » engagée dans la création d'une nation grecque culturellement purifiée basée sur les sociétés militaristes de l'ancienne Macédoine et de Sparte, qu'il considérait comme constituant la « Première civilisation grecque" ; et l'éthique chrétienne orthodoxe de l'Empire byzantin, qu'il considérait comme représentant la « deuxième civilisation grecque »[1]. Le régime de Metaxas affirmait que les vrais Grecs étaient d'origine grecque et chrétienne orthodoxe, dans l'intention d'exclure délibérément les Albanais, les Slaves et les Turcs résidant en Grèce de nationalité grecque[1].

Bien que le gouvernement Metaxas et ses doctrines officielles soient parfois décrits comme fascistes, sur le plan académique, il est considéré comme un gouvernement totalitaire-conservateur conventionnel semblable à l'Espagne de Francisco Franco ou au Portugal d'António de Oliveira Salazar[2]. Le gouvernement métaxiste tirait son autorité de l'establishment conservateur et ses doctrines soutenaient fortement les institutions traditionnelles telles que l'Église orthodoxe grecque et la monarchie grecque, essentiellement réactionnaire[2].

Idées principales[modifier | modifier le code]

  • Nationalisme grec : A promu la pureté culturelle de la nation grecque et a approuvé la création d'une « troisième civilisation hellénique ».
  • Monarchisme : Considérait l'institution de la monarchie comme un pilier de l'unité nationale.
  • Anticommunisme : Le métaxisme était très hostile aux idéologies de gauche et communistes.
  • Antiparlementarisme : Dénonce le fonctionnement de l'ancien système parlementaire, comme cause d'anarchie, de division et de déclin économique.
  • Protectionnisme : Les politiques libérales de marché de l'ancien État sont considérées comme désastreuses.

Héritage[modifier | modifier le code]

Le contrôle social établi par Metaxas et les idées transmises à la jeunesse, notamment à travers l' Organisation nationale de la jeunesse , ont eu une influence significative sur la société grecque et le système politique d'après-guerre. Quelques exemples sont la censure , qui était en vigueur jusqu'au Metapolitefsi , et les éléments survivants d'un État policier. Dans l'immédiat après-guerre, le métaxisme était préconisé par le Parti du 4 août . Les idées du régime du 4 août ont également été un motif supplémentaire pour le groupe d'officiers de l'armée de droite qui ont pris le pouvoir par un coup d'État et ont conduit à la junte militaire grecque de 1967 à 1974. Des partis d'extrême droite tels que l'Union patriotique populaire grecque , qui s'est séparé d'Aube dorée, prétendent également suivre le métaxisme.

Type de régime[modifier | modifier le code]

Un régime fasciste[modifier | modifier le code]

Le caractère fasciste, ou non, du metaxisme, fait l'objet de débats. Patrick G. Zander, lui, met en lumière le caractère fasciste du régime, tout en remarquant que la frontière entre le régime autoritaire paternaliste et le régime fasciste est parfois floue[3]. Harry Cliadakis insiste également sur le caractère fasciste du régime dans ses composantes idéologiques essentielles, à savoir le rejet du parlementarisme et du libéralisme politique, l'exaltation de la nation par des facteurs identitaires ethniques ou religieux, et la suppression de l'état de droit[4].

George Souvlis qualifie le metaxisme d'« expérience fasciste »[5]. Aristotle Kallis soutient que, malgré l'absence d'un élément important du fascisme (l'adhésion des masses au projet dictatorial), le régime de Metaxas reste une expérimentation d'ordre fasciste, quoique non complète[6].

Metaxas se montre, lui, admiratif des régimes fascistes italien et nazi, et vise à l'instauration d'un État totalitaire. Il écrit dans son journal intime : « La Grèce depuis le 4 août est devenue un État anticommuniste, un État antiparlementaire, un État totalitaire »[7].

Un régime nationaliste autoritaire paternaliste[modifier | modifier le code]

Une majorité d'historiens considère aujourd'hui le metaxisme comme une forme de nationalisme autoritaire paternaliste plus que comme un régime fasciste à part entière[4]. Les mêmes soulignent qu'il manque au metaxisme des fondements théoriques et idéologiques solides pour que l'on puisse le qualifier de fascisme[8] ; ainsi, le metaxisme serait plus proche des dictatures nationalistes autoritaires conservatrices Francisco Franco et d'António Salazar[9],[10].

Richard Clogg souligne que Metaxas a recouru aux méthodes typiquement utilisées par les régimes fascistes, a essayé de construire un régime fasciste, et ne cachait pas son admiration pour le nazisme et le fascisme italien, mais que l'absence d'un parti de masse ainsi que d'une politique expansionniste et belliqueuse, sa proximité avec la France et le Royaume-Uni, font que « son régime doit plutôt être catégorisé comme un régime autoritaire paternaliste que comme un régime fasciste »[11].

La dimension totalitaire du fascisme manque en effet au metaxisme[12]. Le gouvernement n'a jamais réussi à créer un mouvement national ou un grand parti de masse ; aussi, il a été principalement défensif et non expansionniste[13]. Enfin, le régime n'a pas mis en place de grande politique de répression d'ennemi intérieur[14].

Un régime ayant évolué du nationalisme autoritaire au fascisme[modifier | modifier le code]

Une troisième école de pensée, enfin, s'attache à la chronologie du metaxisme et remarque plusieurs évolutions. Michael Mann considère impossible de caractériser le premier metaxisme, celui des années 1936 à 1938, comme fasciste. Le gouvernement était alors, selon lui, « semi-réactionnaire autoritaire », mais sans composante fasciste majeure. Toutefois, il aurait dévié vers le fascisme à partir de 1938[6].

Doctrines politiques[modifier | modifier le code]

Le metaxisme promeut plusieurs doctrines, qui, pour certaines, se retrouvent dans un régime fasciste traditionnel. Le metaxisme est farouchement anticommuniste et nationaliste ; il promouvait une pureté culturelle ainsi que la création d'une nouvelle civilisation hellénique[15]. Attaché au corporatisme, il était opposé à la libre représentation des travailleurs par des syndicats, et était foncièrement antiparlementaire. Le parlementarisme était associé à la division et au déclin économique du pays. Enfin, le metaxisme était résolument protectionniste, et attaché à la monarchie, considérée comme pilier de l'unité nationale.

Le metaxisme est foncièrement inégalitaire, en ce qu'il considère la société de classes comme légitime. Il est élitiste en ce qu'il admet l'existence de classes supérieures[16].

On ne trouve aucune trace d'irrédentisme chez le metaxisme[16].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d Gert Sørensen, Robert Mallett. International Fascism, 1919–45. London; Portland, Oregon: Frank Cass Publishers, 2002. pp. 159.Modèle:ISBN?
  2. a et b Lee, Stephen J. 2000. European Dictatorships, 1918–1945 Routledge; 2 ed. (ISBN 0415230462).
  3. (en) Patrick G. Zander, Fascism through History: Culture, Ideology, and Daily Life [2 volumes], ABC-CLIO, (ISBN 978-1-4408-6194-9, lire en ligne)
  4. a et b (en) Harry Cliadakis, Fascism in Greece: The Metaxas Dictatorship 1936-1941, Verlag Franz Philipp Rutzen, (ISBN 978-3-447-10188-2, lire en ligne)
  5. (en) George Souvlis, Towards an Anatomy of Metaxas Fascist Experiment: Organic Intellectuals, Antiparliamentarian Discourse and the Authoritarian State Building, European University Institute, (lire en ligne)
  6. a et b (en) John R. Lampe et Constantin Iordachi, Battling over the Balkans: Historiographical Questions and Controversies, Central European University Press, (ISBN 978-963-386-326-8, lire en ligne)
  7. Το προσωπικο του ημερολογιο, Ekdoseis Gkovostē,‎ [1987]- (OCLC 945226288)
  8. (en) Richard Clogg, A Concise History of Greece, Cambridge University Press, (ISBN 978-0-521-00479-4, lire en ligne)
  9. Stanley G Payne, A History of Fascism, 1914–45. University of Wisconsin Press, 1995
  10. Stephen J. Lee, European Dictatorships, 1918-1945 Routledge, 2 édition, 2000
  11. (en) Richard Clogg, Parties and Elections in Greece: The Search for Legitimacy, Duke University Press, (ISBN 978-0-8223-0794-5, lire en ligne)
  12. Olivier Forlin, Le fascisme, La Découverte, (ISBN 978-2-7071-5369-2, lire en ligne)
  13. (en) MICHAEL RICHARDS, « Totalitarian and Authoritarian Regimes in Europe: Legacies and Lessons from the Twentieth Century Edited by Jerzy W. Borejsza and Klaus Ziemer and Terrible Fate: Ethnic Cleansing in the Making of Modern Europe By Benjamin Lieberman », History, vol. 93, no 310,‎ , p. 309–310 (ISSN 0018-2648 et 1468-229X, DOI 10.1111/j.1468-229x.2008.423_55.x, lire en ligne, consulté le )
  14. Isabelle Dépret, « Ioannis Metaxás et le religieux (1936-1941) : expérience historique et débats actuels en Grèce. Ο Ιωάννης Μεταξάς και η Θρησκεία (1938-41) ιστορικές εμπειρίες και σημερινές συζητήσεις στην Ελλάδα », Cahiers balkaniques, no 42,‎ (ISSN 0290-7402, DOI 10.4000/ceb.5120, lire en ligne, consulté le )
  15. (en) Polymeris Voglis, Becoming a Subject: Political Prisoners During the Greek Civil War, Berghahn Books, (ISBN 978-1-57181-309-1, lire en ligne)
  16. a et b (en) Stephen J. Lee, European Dictatorships 1918-1945, Routledge, (ISBN 978-1-317-29422-1, lire en ligne)