Matière de France — Wikipédia

La Matière de France ou Cycle carolingien est un ensemble de légendes, provenant de France, puis du reste de l'Europe occidentale, notamment l'Italie, l'Angleterre et la Scandinavie, appartenant à la littérature médiévale en ancien français, puis dans diverses langues européennes et qui constituent les chansons de geste. Elle a commencé par être transmise oralement sous la forme d'épopées en laisses de décasyllabes et d'alexandrins assonancés ; les récits qu’on y trouve ont souvent été mis en prose à partir du XIVe et du XVe siècle, alors que les versions antérieures en vers, n'étant plus chantées, tombaient dans l'oubli.

Définition[modifier | modifier le code]

Les auteurs français du Moyen Âge l’ont opposée à la Matière de Bretagne, histoire légendaire des îles Britanniques et de la petite Bretagne, et à la Matière de Rome, interprétation par les poètes médiévaux de la mythologie grecque et de l'histoire de l'Antiquité classique. On doit ces trois appellations au poète français Jean Bodel, auteur au XIIe siècle de la Chanson de Saisnes, chanson de geste où il a écrit :

Ne sont que iij matières à nul homme atandant,
De France et de Bretaigne, et de Rome la grant.
(Il y a trois cycles littéraires que personne ne devrait ignorer :
La Matière de France, de Bretagne, et de Rome la grande.
)

Et il en donne cette définition : « Ces trois matières ne se ressemblent pas. Les contes de Bretagne sont tellement irréels et séduisants ! Tandis que ceux de Rome sont savants et chargés de signification et que ceux de France voient chaque jour leur authenticité confirmée ! ».

Parmi les personnages centraux de la Matière de France on trouve Charlemagne et ses paladins, particulièrement Roland, héros de la Chanson de Roland, Olivier, l'archevêque Turpin, Ogier le Danois, le duc Naymes de Bavière ou encore les Douze pairs. À l'origine, la Matière de France contenait des récits de guerres et de prouesses militaires, et elle était axée sur les conflits entre Francs et Sarrasins (ou Maures) au temps de Charles Martel et de Charlemagne. La Chanson de Roland, par exemple, nous conte la bataille de Roncevaux à l’époque où Charlemagne achevait de créer un glacis contre l'Espagne musulmane. Pendant la maturation du genre, des éléments fantastiques et magiques ont eu tendance à s’ajouter aux contes. Bayard, le cheval magique, par exemple, est un élément qu’on retrouvera dans plusieurs autres récits, de même que le Roi de Féerie Obéron. Sorciers et magiciennes apparaissaient dans des rôles fréquemment négatifs, alors que les héros étaient eux-mêmes souvent aidés par les pouvoirs mystiques des reliques chrétiennes ou même parfois par des alliés aux pouvoirs magiques (tel Huon de Bordeaux constamment soutenu par Obéron).

Après l’époque des chansons de geste les récits ont passé ailleurs dans la littérature. Leur survivance la plus connue est celle qu’ils ont trouvée dans les épopées italiennes dues à l’Arioste, à Boiardo et au Tasse, ainsi qu'à un petit nombre d'auteurs secondaires qui ont travaillé dans ce genre : les contes d’Orlando Furioso (« la folie de Roland ») et d’Orlando Innamorato (« Roland Amoureux ») ont été empruntés directement aux chansons de geste. Ces poésies devaient être imitées en anglais par Edmund Spenser dans The Faerie Queene.

Des récits de la Matière de France se retrouvent également en vieux norrois, langue dans laquelle on a écrit au treizième siècle en Norvège la Karlamagnús saga (saga de Charlemagne), et contiennent une vue d’ensemble des principales histoires du cycle. Dans la littérature espagnole, l'épopée du Cid recrée une grande partie de l'atmosphère des premières chansons de geste. En effet, jusqu'à ce que la renaissance du celtisme en Grande-Bretagne et en Irlande au XIXe siècle eût insufflé une vie nouvelle au cycle arthurien, la Matière de France et la Matière de Bretagne jouissaient d’une faveur à peu près égale parmi les légendes du Moyen Âge.

Les trois Gestes[modifier | modifier le code]

Les épopées de la matière de France se divisent en trois « gestes », trois cycles ayant chacun leurs propres thèmes et leurs personnages. Le mot « geste » signifie à la fois un récit de haut fait et un lignage : de fait, les trois gestes se rapportent respectivement à trois familles de héros. Cette division trouve son origine dans la chanson de geste Girart de Vienne, de Bertrand de Bar-sur-Aube, qui s'ouvre sur une présentation des trois gestes. Traditionnellement, on distingue donc :

Textes annexes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

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