Mathilde de Ringelheim — Wikipédia

Mathilde de Ringelheim
Image illustrative de l’article Mathilde de Ringelheim
Henri et Mathilde, Généalogie des Ottoniens, XIIe siècle.
Sainte, reine
Naissance vers 896
Décès  
Quedlinbourg (Saxe)
Ordre religieux Ordre de Saint-Benoît
Vénérée à Abbaye de Quedlinbourg
Vénérée par l'Église catholique romaine
Fête 14 mars
Sainte patronne familles nombreuses, résolution des conflits parents-enfants

Sainte Mathilde de Ringelheim[1], née vers 896 et morte le à Quedlinbourg, fut l'épouse d'Henri l'Oiseleur, futur roi de Francie orientale (Germanie). Elle est la mère d'Otton Ier, fondateur du Saint-Empire romain germanique.

Biographie[modifier | modifier le code]

Les détails de sa vie proviennent en grande partie d'une Histoire des Saxons (Res gestae saxonicae sive annalium libri tres (en)) rédigée par le moine chroniqueur Widukind de Corvey et de deux hagiographies (la vita antiquior et la vita posterior) écrites respectivement vers 974 et vers 1003[2].

Mathilde est la fille du comte saxon Théodoric (Thiadrich) et de son épouse Reinhild d'origine dano-frisonne[3]. Selon le récit de la vita posterior, le comté de son père se trouvait en Westphalie (in occidentali regione) ; l'indication de Ringelheim n'est apparu que vers l'an 1300. On compte parmi ses ancêtres plusieurs chefs des Saxons, dont Widukind, le principal adversaire du roi franc Charlemagne pendant la guerre des Saxons au VIIIe siècle[4].

La jeune fille passe son enfance au couvent d’Erfurt en Thuringe auprès de son aïeule, l’abbesse Hedwige[3]. Elle a été éduquée à l'abbaye de Herford par sa grand-mère, l'abbesse Mathilde Ire.

Henri demande la main de Mathilde, tableau du XIXe siècle.

Réputée pour sa beauté et sa vertu, la tradition raconte qu'elle attira l'attention du duc saxon Otton l'Illustre qui la fiança à son fils Henri dès que celui-ci eut divorcé de sa première épouse, Hateburge. En tous cas, l'union a considérablement renforcé la position de la dynastie des Ottoniens dans l'ouest de la Saxe. Thietmar, l'instructeur d'Henri, se rendit à Herford et il a amené l'époux. Après des négociations menées par sa grand-mère, Mathilde fut mariée avec Henri, son aîné de vingt ans, en 909 au palais royal de Wallhausen (qu'elle reçoit en usufruit) ; ils eurent trois fils et deux filles :

  1. Otton Ier (912–973), roi de Francie orientale (Germanie) puis empereur ;
  2. Gerberge (913–969), épouse de Louis IV d'Outremer, roi de France ;
  3. Hedwige (914/920–959), épouse de Hugues le Grand, marquis de Neustrie et duc des Francs ;
  4. Henri (919/922–955), duc de Bavière ;
  5. Brunon (925–965), archevêque de Cologne et duc de Lotharingie.

Lors de la désignation d'Otton comme héritier, en , Henri accrut considérablement les biens de Mathilde pour la prémunir en cas de veuvage. Il lui concéda le douaire (Wittum) sur les domaines de Quedlinbourg, Pöhlde, Nordhausen, Grone et Duderstadt (mais elle ne pouvait pas se remarier).

Veuve d'Henri après vingt-trois ans d'un mariage heureux, elle resta à la cour de son fils le roi Otton Ier. Mathilde fut bientôt accusée par des conseillers royaux de dilapider le trésor royal par ses nombreuses aumônes. Elle prit également le parti de son fils cadet le duc Henri Ier de Bavière et de son gendre Gislebert lors de la grave révolte de la Lotharingie en 939 contre Otton. Dépouillée de tous ses biens d'origine royale mais conservant son héritage personnel en Saxe occidentale, elle a dû se retirer au monastère d'Enger en Westphalie.

À la demande de la reine Édith, épouse d'Otton, les deux princes se réconcilièrent ensuite avec leur mère, la rétablissant à la cour dans sa première fortune. Ayant fondé de nombreuses institutions religieuses, comme un centre théologique et quatre monastères bénédictins, dont l'abbaye de Quedlinbourg en mémoire de son défunt mari avec une communauté de chanoinesses laïques (Frauenstift) sur la colline du château, où les filles de la haute noblesse étaient éduquées. C'est dans cette abbaye qu'elle mourut au cours d'une de ses nombreuses retraites spirituelles. Elle s'y fit enterrer auprès de son mari Henri[5].

On compte parmi ses descendantes Mathilde de Toscane.

Culte[modifier | modifier le code]

Statue, église Sainte-Mathilde à Quedlinbourg, Allemagne.

La veuve Mathilde consacra le reste de sa vie à des œuvres charitables et aux prières ; son premier biographe la décrit (dans un passage redevable à la Vie de sainte Radegonde rédigée au VIe siècle par Venance Fortunat) quittant furtivement le lit de son mari en plein milieu de la nuit pour aller réciter tout le psautier avant le chant du coq. La tradition rapporte aussi, que, pendant son agonie, elle se fit coucher sur un cilice et se répandit elle-même de la cendre sur le chef. Sa fille Gerberge envoya de France un drap doré pour recouvrir son cercueil.

Sa grande dévotion lui valut la canonisation, son culte étant surtout répandu en Saxe et en Bavière. L'Église catholique la fête le 14 mars. Elle est la patronne des familles nombreuses et est invoquée pour venir en aide aux parents en conflit avec leurs enfants[5].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Généalogie de Mathilde sur le site Medieval Lands.
  2. (en) Deborah Mauskopf Deliyannis, Historiography in the Middle Ages, Brill, , p. 78.
  3. a et b (en) Rev. Sabine Baring-Gould, The lives of the saints, t. 3e, Édimbourg, John Grant, (lire en ligne), p. 260.
  4. Mémoires de l’Académie royale des sciences et belles-lettres depuis l’avénement de Fréderic Guillaume III au trône avec l’histoire pour le même temps, G. Decker, 1799, p. 119 (lire en ligne)
    « […]Thierri, comte de Ringelheim, fils de Walpert, petit-fils de Wittikind. »
  5. a et b (en) Lise Fournier Ausman, Lise Fournier Ausman's Genealogy, Ausman, , p. 85.

Liens externes[modifier | modifier le code]