Massacres de Paracuellos — Wikipédia

Massacres de Paracuellos
Image illustrative de l’article Massacres de Paracuellos
Vue en 2008 d'une des fosses du cimetière des victimes du massacre de Paracuellos.

Date -
Lieu Paracuellos de Jarama
Victimes Civils membres de partis de droite ou soupçonnés de soutenir le camp nationaliste
Morts 2 000 à 3 000
Auteurs Républicains espagnols
Ordonné par Mikhaïl Koltsov
Guerre Guerre d'Espagne
Coordonnées 40° 30′ 17″ nord, 3° 31′ 48″ ouest
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Massacres de Paracuellos
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Massacres de Paracuellos

Les massacres de Paracuellos sont l'assassinat de plusieurs milliers de prisonniers politiques et religieux par des membres du camp républicain, durant les premières semaines de la bataille de Madrid (novembre-), lors de la guerre d'Espagne. Les faits se sont produits dans la banlieue de Madrid, près du ruisseau San José, à Paracuellos de Jarama, et dans le bois d'Aldovea, à Torrejón de Ardoz.

C'est l'un des épisodes les plus notoires de la Terreur rouge espagnole.

Contexte[modifier | modifier le code]

Environ 5 000 prisonniers politiques et militaires avaient été incarcérés à Madrid avant le début de la guerre, en [1]. Beaucoup d'entre eux avaient été capturés lors du soulèvement raté de la caserne de Montaña, à l'ouest de Madrid. Les prisonniers sont tombés sous le contrôle de la nouvelle Junta de Defensa de Madrid (Comité de défense de Madrid), un comité d'urgence laissé responsable de la ville le , après que le gouvernement républicain, dirigé par Francisco Largo Caballero, a évacué Madrid, pour sa capitale temporaire, Valence.

Déroulement et victimes[modifier | modifier le code]

Cimetière des victimes du massacre.

Beaucoup de prisonniers ont été sortis de prison lors des soi-disant « sacas » (extractions), 33 au total, entre le et le , lorsque les nationalistes ont lancé leur assaut sur Madrid, les républicains craignant la présence de tant de prisonniers potentiellement hostiles sur leurs arrières pendant la bataille. Les « extractions » ont été commandées par écrit par les autorités républicaines à Madrid, souvent dans des documents signés par Segundo Serrano Poncela, député de l'ordre public, travaillant directement sous la supervision de l'homme politique communiste Santiago Carrillo[2]. La responsabilité directe de Carrillo dans le massacre est controversée[3],[4].

Les assassinats se déroulèrent sur plusieurs jours, les 7, 8, 9, 18, 24, 25, 26, 27, 28, 29 et , et les 1er et . Le , l'anarchiste Melchor Rodríguez[5], nommé en Délégué spécial aux prisons par le ministre anarchiste de la justice Juan García Oliver met fin aux exécutions[6],[7],[8],[9].

Les protagonistes[modifier | modifier le code]

  • La députée socialiste Margarita Nelken qui fut la première à demander de faire « évacuer » de force les prisonniers pour les fusiller. En revanche, elle n'eut aucun rôle durant la journée du massacre[10] ;
  • Le directeur général de la Sécurité Manuel Muñoz (es) ;
  • Le socialiste Ángel Galarza, ministre de l'Intérieur (Ministro de Gobernación) dans le gouvernement Largo Caballero ;
  • Le communiste Santiago Carrillo, qui deviendra secrétaire général du Parti communiste d'Espagne (PCE) en 1960, responsable de l'ordre public dans le Comité de défense de Madrid du au que César Vidal désigne comme le principal organisateur des massacres[11].

Selon l'historien britannique Antony Beevor, l'ordre de tuer les prisonniers venait probablement du communiste espagnol José Cazorla Maure, ou, plus indirectement, du conseiller soviétique Mikhaïl Koltsov[12].

Typologie et nombre des victimes[modifier | modifier le code]

On retrouve parmi ces prisonniers des militaires, soit ayant participé au soulèvement militaire des 17 et , soit n'ayant pas rejoint les forces de défense de la République, des phalangistes, des religieux, prêtres surtout, des militants de droite, des bourgeois et d'autres personnes arrêtées car suspectes d'être favorables aux militaires insurgés. Si certains d'entre eux avaient effectivement pris part au soulèvement, la majorité d'entre eux avaient cependant été arrêtées sans motif ni jugées.

L'une des fosses du cimetière.

Les raisons pour lesquelles les personnes furent fusillées[13] :

  • appartenance à un collège catholique ou à une congrégation[14];
  • appartenance à une famille de médecins ou d'avocats ;
  • sympathisants du soulèvement nationaliste.

Pour l'historien César Vidal[15] dont les conclusions sont critiquées par l'hispaniste irlandais Ian Gibson[16], il s'agit du plus grand massacre réalisé pendant toute la guerre civile dans l'un ou l'autre des deux camps. D'après Bartolomé Bennassar[17], le nombre de victimes de ce massacre précis s'élève à 2 000 (sur 10 000 prisonniers).

Suites[modifier | modifier le code]

À la fin de 1936, le docteur Georges Henny, représentant de la Croix-Rouge, décida de faire un rapport sur les massacres et de le communiquer à Genève, mais lors de son retour, son avion fut abattu le par les pilotes soviétiques Nikolaï Chmelkov et Gueorgui Zakharov, qui combattaient dans l'aviation républicaine. L'ordre aurait été donné par Alexandre Orlov, un des agents de Staline, afin que personne ne prenne connaissance des exactions du Frente Popular en Espagne.[réf. nécessaire]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (es) Julía, Santos; Casanova, Julían; Solé i Sabaté, Josep Maria; Villarroya, Joan; and Moreno, Francisco. Víctimas de la guerra civil, Ediciones Temas de Hoy. Madrid. 2006, p. 134
  2. (en) Thomas, Hugh, The Spanish Civil War. Penguin Books. London, 2001, p. 463
  3. (es) Guillermo Rodríguez, Muere Santiago Carrillo: ¿Qué pasó en Paracuellos?,, huffingtonpost.es, 18 septembre 2012
  4. (es) Julius Ruiz, Carrillo fue el 'facilitador' de Paracuellos, elmundo.es, 27 octobre 2015
  5. Ibidem. Melchor Rodríguez García assume de facto la fonction de directeur des prisons à partir du 10 novembre, mais son action pour protéger les prisonniers est désavouée par le ministre de la Justice, lui aussi anarchiste, Juan García Oliver ; aussi, Rodríguez démissionne le 14 ; le 4 décembre, en raison des protestations émises par les diplomates contre les exactions, il est officiellement nommé Delegado general de prisiones avec de larges pouvoirs, et cette fois parvient à rétablir l'ordre ; il occupe ce poste jusqu'au .
  6. Bartolomé Bennassar, Histoire de Madrid, EDI8, 2013, page 236.
  7. Écrits de Paris : revue des questions actuelles, Centre d'études des questions actuelles, politiques, économiques et sociales, 1984, page 144.
  8. Danielle Corrado, La guerre d'Espagne en héritage: entre mémoire et oubli, de 1975 à nos jours, Presses Universitaires Blaise Pascal, 2007, page 299, note 12.
  9. Ricardo de la Cierva, La guerre d'Espagne revisitée, Economica, 1989, page 45.
  10. Ian Gibson, Paracuellos: cómo fue, Madrid, Plaza & Janés, 1983, (ISBN 84-01-45076-4). Seconde édition : Madrid, Temas de Hoy, 2005.
  11. César Vidal a publié des documents désignant directement Santiago Carrillo comme le principal organisateur des massacres. Le premier est une lettre du 30 juillet 1937 adressée par Dimitrov, responsable du Komintern, à Vorochilov, l'informant que c'est Carrillo qui donna l'« ordre de fusiller ». Le second provient d'un rapport de Stepanov, agent du Komintern, envoyé à Staline ; il y est également affirmé que Carillo a ordonné le massacre (entretien de César Vidal à La Nouvelle Revue d'histoire, juillet 2006).
  12. (en) Antony Beevor, The Spanish Civil War, 1999, p. 133
  13. César Vidal, Paracuellos-Katyn, 2005.
  14. Comme les 22 membres de la congrégation des oblats de Marie-Immaculée, béatifiés en 2011.
  15. César Vidal, Paracuellos-Katyn, 2005.
  16. Escolar.net: Ian Gibson contra César Vidal
  17. La Guerre d'Espagne et ses lendemains, Perrin, 2004, collection Tempus, page 121. À Madrid, le nombre de nationalistes victimes d'exactions serait de 8 800 de 1936 à 1939, dont 2/3 en 1936, soit 5 850 environ.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]