Martyrs de Cordoue — Wikipédia

Martyrs de Cordoue
Image illustrative de l’article Martyrs de Cordoue
Reliquaire des martyrs de Cordoue.
Saints, chrétiens, martyrs
Décès entre 850 et 859 
Cordoue
Vénéré par l'Église catholique
l'Église orthodoxe
Fête jours de fêtes individuels (voir ci-dessous)

Les martyrs de Cordoue sont une cinquantaine de chrétiens mozarabes du IXe siècle exécutés par les autorités musulmanes d'Al-Andalus pour blasphème ou apostasie. Les exécutions eurent lieu principalement à Cordoue, entre 850 et 859, par décapitation.

Les actes détaillés de ces martyrs, principalement des moines, mais également des laïcs, ont été notamment décrits par l'évêque de Cordoue Euloge, l'un des derniers à être martyrisés avant l'achèvement de la Reconquista.

Histoire[modifier | modifier le code]

La position musulmane se durcit vis-à-vis des dhimmis, avec une pression fiscale accrue. Le pouvoir musulman refuse de reconstruire les églises détruites durant les émeutes du faubourg de Cordoue en 818. Abd al-Rahman II (822-852) impose l'apostasie des enfants chrétiens nés de couples mixtes. Des chrétiens s'ouvrent donc de gré ou de force à la culture musulmane et s'arabisent, au grand dam de la hiérarchie épiscopale et des chrétiens opposants. La révolte la plus emblématique fut celle des martyrs de Cordoue[1]. Pour le pouvoir musulman andalou, la révolte des martyrs de Cordoue a été considéré comme un mouvement de provocation.

Il existe plusieurs interprétations modernes à cette vague de martyrs. C'est l'expression de « foyers de mouvements nationalistes » pour Évariste Lévi-Provençal[2], ou d'une réaction aux persécutions religieuses, thèse soutenue par Francisco Javier Simonet[3], la réaction à une perte d'influence sous l'effet des conversions massives (Eduardo Manzano Moreno). Pour Pierre Guichard cette révolte serait due à une société chrétienne se sentant culturellement menacée[4] :

« On peut donc penser que c'est la prise de conscience de l'étouffement progressif, à la fois physique et culturel, de leurs communautés qui conduisit une partie des élites chrétiennes au mouvement de provocation connu sous le nom de "Martyrs de Cordoue", des années 850 à 859, même si d'autres cas peuvent être relevés en deçà et au-delà de ces dates. Le premier martyr de cette période fut un prêtre, Perfectus, desservant d'une église de Cordoue. Discutant dans la rue avec des musulmans qui étaient "désireux de s'informer sur la foi catholique et de connaître son opinion sur le Christ et sur le Prophète Muhammad", il se serait laissé aller, au cours d'un débat, à d'imprudentes critiques envers l'islam et son fondateur, pour lesquelles il fut traduit en justice et puni de mort conformément à la loi islamique. L'épisode semble révélateur à la fois d'une réalité quotidienne de convivencia en principe assez paisible, où les fidèles des deux religions se côtoient et, apparemment, peuvent engager un dialogue y compris sur des problèmes religieux, et d'un certain durcissement de l'attitude des musulmans et de la condition des dhimmis [les non musulmans, placés par la loi dans un état d'infériorité] (...).

Dans la majorité des cas connus, cependant, l'initiative vient non pas des musulmans mais de chrétiens intransigeants qui se livrent publiquement et délibérément à des attaques contre l'islam passibles de mort [selon la loi du vainqueur], mais qui étaient susceptibles à leurs yeux de réveiller la conscience endormie de leurs coreligionnaires. Les autorités religieuses et politiques réagirent par la convocation d'un concile célébré [en fait : réuni] en 852, au cours duquel les évêques présents interdirent aux chrétiens de rechercher désormais le martyre[5] [le martyre volontaire et le suicide étant normalement étrangers à la doctrine de l'Église]. Pour mettre fin au mouvement, il fallut cependant attendre l'exécution de son principal instigateur, le prêtre cordouan Euloge, élu métropolitain de Tolède, qui ne fut martyrisé qu'en 859. »

L'histoire des martyrs de Cordoue a été adaptée en roman par Bernard Domeyne, docteur en histoire[6].

Liste alphabétique des martyrs de Cordoue[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « histoire-pour-tous.fr/dossiers… »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  2. Évariste Lévi-Provençal, Histoire d'Espagne, vol. IV, p. 150-156
  3. Cyrille Aillet, Islamisation et arabisation de l'Occident musulman médiéval (VIIe – XIIe siècles), Publications de la Sorbonne, coll. « Bibliothèque historique des pays d’Islam », , 407 p. (ISBN 978-2-85944-873-8, lire en ligne), p. 151–192
  4. Pierre Guichard, Al-Andalus 711-1492 : une histoire de l'Espagne musulmane
  5. Jean Alzog Histoire universelle de l'Eglise V. A. Waille, 1849
  6. « Les Martyrs de Cordoue - Bernard Domeyne », sur Edilivre (consulté le )
  7. Nominis : Saint Abonde
  8. Nominis : Saints Adolphe et Jean
  9. Forum 'orthodoxe.com' : saints pour le 27 septembre du calendrier ecclésiastique
  10. Nominis : Saints Anastase, Félix et Digne
  11. Forum orthodoxe.com : saints pour le 14 juin du calendrier ecclésiastique
  12. Nominis : Sainte Colombe de Cordoue
  13. Sainte martyre Léocritie, L'Évangile au Quotidien.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]