Martyrs d'Angers — Wikipédia

Vitrail de la chapelle Saint-Louis du Champ des Martyrs d'Avrillé.

Les martyrs d'Angers sont un groupe de 99 prêtres, religieuses et laïcs du diocèse d'Angers exécutés en 1793 et 1794 et béatifiés par le pape Jean-Paul II le . Ces martyrs sont associés, dans la gloire de la béatification, au premier des leurs, l’abbé Noël Pinot, béatifié le .

Ces personnes ont été choisies d'après des documents d'archives, leurs interrogatoires et le motif de leur condamnation — en haine de la foi — parce qu'il y avait la preuve qu'elles avaient témoigné de leur foi et qu'elles avaient montré et gardé leur fidélité à l'Église catholique, raison de leur mise à mort, de l'automne 1793 au printemps 1794. Parmi ce groupe hétérogène figurent douze prêtres, trois religieuses, douze dames nobles, six bourgeoises et soixante-six femmes issues du peuple dont une éducatrice et une chirurgienne.

Les personnes de grande importance et les prêtres sont guillotinés place du Ralliement à Angers, les autres fusillés dans un champ de la ferme Desvallois, dans l'ancien Prieuré de la Haie-aux-Bonshommes, à l'écart du bourg d'Avrillé et où plusieurs centaines d'autres personnes furent également fusillées. Au moins 2000 personnes reposent en ce lieu appellé Champ des Martyrs.

Présentation[modifier | modifier le code]

Contexte[modifier | modifier le code]

Plus de quatre ans après le début de la Révolution française, la Terreur est ordonnée ; elle est effective depuis le et en tenant compte du fait que depuis le la Convention charge les tribunaux ordinaires de juger « révolutionnairement » : la commission militaire d'Angers est responsable de l'emprisonnement, de la mise à mort et de la déportation de milliers de personnes.

Le l'armée vendéenne est vaincue à la bataille de Cholet et acculée dans cette ville. Elle fait retraite et reflue vers la Loire qu'elle s'empresse de traverser à Saint-Florent-le-Vieil pour rejoindre les autres troupes royalistes au nord du fleuve ; c'est l'épisode de la Virée de Galerne où les chefs chouans escomptent un soutien anglais. Les Angevins qui n'auront pas suivi l'Armée catholique et royale seront pris au piège.

La répression[modifier | modifier le code]

Depuis le les prêtres ont l'obligation légale de prêter le serment de fidélité à la Constitution civile du clergé (après la chute de la monarchie, le serment dit « Liberté-Égalité » le remplace)[N 1],[2]. Les révolutionnaires entendent créer une Église française, détachée du pape, dirigée par des prêtres assermentés (et évêques) élus par des religieux et des laïcs[réf. nécessaire]. Dès 1793, les prêtres qui ne jurent pas sont proscrits et condamnés à la peine capitale s'ils sont pris, ainsi que les laïcs qui ont aidé ces prêtres ou bien ont préféré assister à leur messe. Il en est de même pour les religieuses qui ne veulent pas quitter l'habit.[réf. nécessaire]

À Angers, dirigés par les représentants en mission Nicolas Hentz et Adrien Francastel, les prisonniers passent en jugement sommaire devant les commissions militaires. La plupart des victimes sont fusillées : le jour de l’exécution, les prisonniers quittent Angers à pied, attachés deux par deux. Arrivés à Avrillé, la fosse est déjà creusée ; ils se placent au bord de la fosse[3] et sont fusillés de dos. Plus de deux mille personnes sont fusillées en neuf fusillades du au .

Mémoire des martyrs[modifier | modifier le code]

Vers la chapelle Saint-Louis des Martyrs[modifier | modifier le code]

Chapelle Saint-Louis du Champ des Martyrs.

Dès la fin de la Terreur, en 1795, des hommes et des femmes viennent se recueillir à l'endroit des fusillades. L'abbé Simon Gruget qui traversa la période révolutionnaire est là ; il viendra plus tard dans ce sanctuaire en pleine nature, célébrer des messes en l'honneur des disparus. Une grande croix de bois est plantée dans ce Champ des Martyrs appelé ainsi désormais. La ferveur populaire se déploie ; des guérisons miraculeuses sont constatées. Commencée en 1851, une chapelle est achevée en 1852. Dédiée à Saint Louis, elle est agrandie dans les dernières années du XIXe siècle.

Vers la béatification[modifier | modifier le code]

Joseph Rumeau, évêque d’Angers, introduit la cause d’un certain nombre de victimes mises à mort en haine de la foi et de l’Église catholique le . Il y a lieu de promouvoir leur béatification et une commission est nommée pour recueillir les documents de la cause ; l'abbé François Uzureau rédige alors l'ouvrage sur le Champ des Martyrs et une notice individuelle sur Noël Pinot qui est béatifié par Pie XI le .

En 1949, le journal La Croix publie les noms proposés pour la béatification. En 1951, le procès est ouvert et le chanoine Tricoire, archiviste diocésain est chargé du procès de béatification qui aboutit le à un décret. La béatification est célébrée le au Vatican devant des milliers de fidèles venus de l'Ouest[4],[5],[6].

À cette occasion le pape Jean-Paul II déclare dans son homélie : « Les très nombreux martyrs qui, au diocèse d’Angers, au temps de la Révolution, ont accepté la mort parce qu’ils voulaient, selon le mot de Guillaume Repin, conserver leur foi et leur religion, fermement attachés à l'Église catholique et romaine ; prêtres, ils refusaient de prêter un serment jugé schismatique, ils ne voulaient pas abandonner leur charge pastorale ; laïcs, ils restaient fidèles à ces prêtres, à la messe célébrée par eux »[7]. Leurs noms sont inscrits au Martyrologe romain.

Le , une messe est célébrée à Angers par Jean Orchampt devant des milliers de personnes.

Les 99 martyrs[modifier | modifier le code]

Parmi les milliers de morts, 99 hommes et femmes dont douze sont des prêtres, trois des religieuses (deux sœurs de Saint Vincent de Paul et une moniale bénédictine des filles du Calvaire) et 84 des laïcs (4 hommes, 80 femmes)[8].

Les douze prêtres, la religieuse Rosalie du Verdier de La Sorinière, Renée-Marie Feillatreau et Marie de La Dive sont guillotinés sur la place du Ralliement à Angers. Les 84 autres, de plus humble condition, sont fusillés en dehors de la ville, dans le champ désert de la ferme exploitée par le fermier Desvalloîs, républicain convaincu.

Le doyen de ce groupe de martyrs est le prêtre Guillaume Repin, exécuté à l'âge de 84 ans.

Guillotinés place du Ralliement à Angers[modifier | modifier le code]

  • le  : Jean-Michel Langevin, prêtre diocésain, né le à Ingrandes ;
  • le  : Les frères Lego, René Lego, prêtre diocésain né le à La Flèche et Jean-Baptiste Lego, prêtre diocésain né le à La Flèche ;
  • le  : Guillaume Repin, prêtre diocésain, né le à Thouarcé et Laurent Batard, prêtre diocésain, né le à Saint-Maurille de Chalonnes-sur-Loire ;
  • le  : Jacques Ledoyen, prêtre diocésain, né le à Rochefort-sur-Loire, François Peltier, prêtre diocésain, né le à Savennières et Pierre Tessier, prêtre diocésain, né le à La Trinité-d'Angers ;
  • le  : Marie de La Dive, veuve de Henri François Esprit du Verdier de La Sorinière, laïque, née le à Saint-Crespin-sur-Moine ;
  • le  : Rosalie du Verdier de La Sorinière (sœur Rosalie-Céleste), bénédictine des filles du Calvaire, née le à Saint-Pierre de Chemillé et Bénigne du Bessay, née le à Saint-Martin-des-Tilleuls[9] ;
  • le  : François Chartier, prêtre diocésain, né le à Marigné ;
  • le  : Renée-Marie Feillatreau, épouse Dumont, laïque, née le à Angers ;
  • le , jour du Vendredi saint : Joseph Moreau, prêtre diocésain, né le à Saint-Laurent-de-la-Plaine ;
  • le  : André Fardeau, prêtre diocésain, né le à Soucelles ;
  • le  : Jacques Laigneau de Langellerie, prêtre diocésain, né le à La Flèche.

Fusillés à Avrillé[modifier | modifier le code]

  • le  : Antoine Fournier, laïc, marié, tisserand à la fabrique de Cholet[10], né le à La Poitevinière ;
  • le  : Victoire Gusteau, laïque, née en 1745 à Mauléon, Charlotte Lucas, laïque, née le à Chalonnes-sur-Loire, Monique Pichery, laïque, née le à Chalonnes-sur-Loire et Félicité Pricet, laïque, née vers 1745 à Mauléon ;
  • le  :
    • Marie-Anne Vaillot, sœur de Saint Vincent de Paul, née le à Fontainebleau,
    • Odile Baumgarten, sœur de Saint Vincent de Paul, née le à Gondrexange, Moselle,
    • Gabrielle Androuin, laïque, né le à Saint-Lambert-du-Lattay,
    • Perrine Androuin, laïque, née le à Saint-Lambert-du-Lattay,
    • Suzanne Androuin, laïque, née le à Saint-Lambert-du-Lattay,
    • Victoire Bauduceau, épouse Révellière, laïque, née le à Thouars,
    • Françoise Bellanger, laïque, née le à La Trinité-d'Angers,
    • Perrine Besson, laïque, née vers 1742 aux Essarts,
    • Madeleine Blond, laïque, née vers 1763 à Angers,
    • Françoise Bonneau, laïque, née vers 1763 à Saint-Léger-sous-Cholet,
    • Jeanne Bourigault, laïque, née le à Chaudefonds-sur-Layon,
    • Renée Cailleau, épouse Girault, laïque, née le à Saint-Aubin-de-Luigné,
    • Marie Cassin, épouse Moreau, laïque, née le à Chanteloup,
    • Simone Chauvigné, veuve Charbonneau, laïque, née le à Chaudefonds-sur-Layon,
    • Marie-Jeanne Chauvigné, épouse Rorteau, laïque, née le à La Jumellière,
    • Catherine Cottanceau, laïque, née vers 1733 à Bressuire,
    • Charlotte Davy, laïque, née le à Chalonnes-sur-Loire,
    • Louise Déan de Luigné, laïque, née le à Argenton-Notre-Dame,
    • Anne-Françoise de Villeneuve, laïque, née le à Seiches-sur-le-Loir,
    • Marie Fausseuse, épouse Banchereau, laïque, née vers 1740 à Boësse,
    • Jeanne Fouchard, épouse Chalonneau, laïque, née le à Chalonnes-sur-Loire,
    • Marie Gallard, épouse Quesson, laïque, née en 1739 à Saint-Laurent-de-la-Plaine,
    • Marie Gasnier, épouse Mercier, laïque, née le à Ménil,
    • Marie Grillard, laïque, née le à Saint-Pierre de Cholet,
    • Renée Grillard, laïque, née le à Saint-Pierre de Cholet,
    • Perrine Grille, laïque, née le à Rochefort-sur-Loire,
    • Jeanne Gruget, veuve Doly, laïque, née vers 1745 à Mauléon,
    • Anne Hamard, laïque, née vers 1742 à Saint-Clément,
    • Perrine Ledoyen, laïque, née le à Saint-Aubin-de-Luigné,
    • Marie Lenée, épouse Lepage de Varancé, laïque, née le à Saint-Nicolas de Saumur,
    • Marie Leroy, épouse Brevet, laïque, née vers 1755,
    • Marie Leroy, laïque, née le à Montilliers,
    • Renée Martin, épouse Martin, laïque, née vers 1752,
    • Françoise Michau, laïque, née vers 1765,
    • Jacquine Monnier, laïque, née le à Saint-Melaine-sur-Aubance,
    • Françoise Pagis, épouse Railleau, laïque, née le à Gouis,
    • Madeleine Perrotin, veuve Rousseau, laïque, née le à Saint-Germain-des-Prés,
    • Perrine-Charlotte Phelippeaux, épouse Sailland d'Epinatz, laïque, née le à Saint-Nicolas de Saumur,
    • Marie Anne Pichery, épouse Delahaye, laïque, née le à Chalonnes-sur-Loire,
    • Rose Quenion, laïque, née le à Mozé-sur-Louet,
    • Louise-Olympe Rallier de la Tertinière, veuve Étienne Thomas Déan, laïque, née le à Château-Gontier,
    • Marguerite Rivière, épouse Huau, laïque, née le à La Ferrière-de-Flée,
    • Marie Rouault, épouse Bouju, laïque, née le à Vezins,
    • Perrine Sailland d'Epinatz, laïque, née le à Saint-Nicolas de Saumur,
    • Jeanne Sailland d'Epinatz, laïque, née le à Saint-Nicolas de Saumur,
    • Madeleine Sailland d'Epinatz, laïque, née le à Saint-Nicolas de Saumur,
    • Renée Valin, laïque, née le à Chaudefonds-sur-Layon ;
  • le  :
    • Pierre Frémond, laïc, né le à Chaudefonds-sur-Layon,
    • Marie-Anne Hacher du Bois, laïque, née le à Jallais,
    • Louise Poirier, épouse Barré, laïque, née le au Longeron ;
  • le  :
    • Pierre Delépine, laïc, né le à Marigné,
    • Jean Ménard, laïc, marié, né le à Andigné,
    • Renée Bourgeais, veuve Juret, laïque, née le à Montjean,
    • Perrine Bourigault, laïque, née le à Montjean,
    • Madeleine Cady, épouse Desvignes, laïque, née le à Saint-Maurille de Chalonnes,
    • Marie Forestier, laïque, née le à Montjean,
    • Marie Gingueneau, veuve Coiffard, laïque, née vers 1739,
    • Jeanne Gourdon, veuve Moreau, laïque, née le à Sainte-Christine,
    • Marie Lardeux, laïque, née vers 1748,
    • Perrine Laurent, laïque, née le à Louvaines,
    • Jeanne Leduc, épouse Paquier, laïque, née le à Chalonnes,
    • Anne Maugrain, laïque, née le à Rochefort-sur-Loire,
    • Françoise Micheneau, veuve Gillot, laïque, née le à Chanteloup-les-Bois,
    • Jeanne Onillon, veuve Onillon, laïque, née le à Montjean,
    • Marie Piou, épouse Supiot, laïque, née le à Montrevault,
    • Perrine Potier, épouse Turpault, laïque, née le à Cléré-sur-Layon[11],
    • Marie-Geneviève Poulain de La Forestrie, laïque, née le au Lion-d'Angers,
    • Marthe Poulain de La Forestrie, laïque, née le au Lion-d'Angers,
    • Renée Rigault, épouse Papin, laïque, née le à Saint-Florent-le-Vieil,
    • Marguerite Robin, laïque, née le à Montjean,
    • Marie Rechard, laïque, née le à Montjean,
    • Marie Roger, veuve Chartier, laïque, née le à Montjean,
    • Madeleine Sallé, épouse Havard, laïque, née vers 1751,
    • Renée Sechet, veuve Davy, laïque, née le à Montjean,
    • Françoise Suhard, veuve Ménard, laïque, née le à Sainte-Gemmes-d'Andigné[N 2],
    • Jeanne Thomas, veuve Delaunay, laïque, née vers 1730.

À ce groupe s'ajoute l'abbé Noël Pinot guillotiné le et proclamé bienheureux le par Pie XI.

Fête[modifier | modifier le code]

La mémoire liturgique[N 3] des martyrs d'Angers est célébrée le .

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Le serment initial de la Constitution civile du clergé, lié à la monarchie constitutionnelle, devient caduc après la chute de la monarchie le . On prête dès lors le serment de Liberté-Égalité[1].
  2. Françoise Suhard est une ancêtre du bienheureux Jean Chevillard, Père blanc, martyr assassiné à Tizi Ouzou en 1994[12].
  3. Il s'agit du degré de célébration liturgique qui vient après la Solennité et la Fête. La messe, et aussi l’office doivent être célébrés en l’honneur du saint.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Maurice Vaussard, « Le serment de "Liberté-Égalité" et les massacres de prêtres en 1792 », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  2. Consultation sur le serment civique de la liberté et de l'égalité, 1793.
  3. Jean de Viguerie, Philippe Evanno et Dominique Lambert de La Douasnerie, Les martyrs d’Avrillé. Catholicisme et Révolution, Chambray-lès-Tours, C.L.D., 1983 (ISBN 2-85023-078-2).
  4. « Bienheureux Martyrs d'Angers », sur nominis.cef.fr (consulté le ).
  5. « Discours du pape Jean-Paul II aux pèlerins d'Angers à l'occasion de la béatification de Guglielmo Repin et ses compagnons », sur www.vatican.va, (consulté le ).
  6. Jean-Clément Martin 2019.
  7. « Cérémonie de béatification des martyrs d'Angers et de père Giovanni Mazzucconi, Homélie du pape Jean-Paul II, Basilique Vaticane, dimanche 19 février 1984 », sur vatican.va (consulté le ).
  8. André Merlaud 1984.
  9. Paul Boutin, Cinq vendéennes martyres de la foi, Luçon, , 70 p. (lire en ligne), p. 56
  10. « Bienheureux Antoine Fournier, martyr », sur blogspot.com (consulté le ).
  11. Philippe Maillard 2018.
  12. Pascal Charrier, « Martyrs d’Algérie : pour la béatification d’« oncle Jean », la famille Chevillard en effervescence », sur la-croix.com, La Croix, (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]