Martín Vizcarra — Wikipédia

Martín Vizcarra
Illustration.
Martín Vizcarra en 2018.
Fonctions
Président de la république du Pérou

(2 ans, 7 mois et 17 jours)
Vice-président Mercedes Aráoz
Président du Conseil Mercedes Aráoz
César Villanueva
Salvador del Solar
Vicente Zeballos
Pedro Cateriano
Walter Martos
Gouvernement Vizcarra I, II, III, IV et V
Prédécesseur Pedro Pablo Kuczynski
Successeur Manuel Merino
Premier vice-président de la république du Pérou

(1 an, 7 mois et 23 jours)
Élection 5 juin 2016
Président Pedro Pablo Kuczynski
Prédécesseur Marisol Espinoza
Successeur Dina Boluarte (indirectement)
Biographie
Nom de naissance Martín Alberto Vizcarra Cornejo
Date de naissance (61 ans)
Lieu de naissance Lima
Nationalité Péruvienne
Parti politique APRA (2006)
SE (2006-2010)
IRT (2010-2016)
PPK (2016-2019)
SE (2019-2020)
PDSP (2020-2021)
PP (depuis 2021)
Conjoint Maribel Díaz Cabello
Profession Ingénieur
Religion Catholicisme[réf. souhaitée]

Signature de

Martín Vizcarra
Présidents de la république du Pérou

Martín Alberto Vizcarra Cornejo, né le à Lima, est un homme d'État péruvien, président de la République du au .

Il est élu vice-président de la République lors de l'élection présidentielle de 2016, étant l'un des deux colistiers de Pedro Pablo Kuczynski. Un an et demi plus tard, après la démission de celui-ci en raison d'accusations de corruption, il accède à la présidence de la République. Il est destitué par un vote controversé du parlement en , entraînant les plus grandes manifestations dans le pays depuis deux décennies.

Situation personnelle[modifier | modifier le code]

Issu d'une famille d'origine mestizo de la classe moyenne[1], Martín Vizcarra est le fils de César Vizcarra Vargas, membre de l'APRA, et de Doris Cornejo, institutrice. Son père devient maire de Moquegua et membre de l'assemblée constituante de 1978. Installée au début à Moquegua, sa famille déménage à Lima pour soigner leur fils d'une complication pulmonaire qui lui fait frôler la mort. Martín Vizcarra déclare que l'influence de son père a toujours été prépondérante dans sa vie[2].

Vizcarra étudie à l'IEP Juan XXIII et au GUE Simón Bolívar de Moquegua. En 1984, il est diplômé de l'université nationale d'ingénierie de Lima[3]. Il obtient également un diplôme de management de l'ESAN, université privée de type Business School[4].

Parcours politique[modifier | modifier le code]

Débuts[modifier | modifier le code]

Il commence sa carrière politique dans sa région natale de Moquegua, où il est candidat de l'APRA pour devenir gouverneur en 2006, mais il échoue de peu[2]. En 2008, Vizcarra fait partie des meneurs du « moqueguazo », actions de protestation contre le traitement infligé aux mineurs[2]. Il se rend à Lima pour se poser en médiateur, auprès du conseil des ministres péruvien. Celui-ci accepte de changer la loi dans ce domaine. Cet épisode stimule Vizcarra dans ses ambitions politiques[2].

En 2011, Vizcarra est élu gouverneur de Moquegua. Pendant son mandat, la situation sociale s'améliore et il évite la corruption ce qui est salué par le Washington Post comme un « exemple rare au Pérou ». Il se pose aussi en médiateur entre la compagnie minière Anglo American et les habitants, inquiets que l'eau potable ne soit contaminée par une mine de cuivre. Vizcarra demeure gouverneur jusqu'à la fin de 2014[2].

Premier vice-président de la République[modifier | modifier le code]

Élu sur le ticket de Pedro Pablo Kuczynski, il devient premier vice-président de la République.

Il est ministre des Transports de à [5].

Il est ambassadeur du Pérou au Canada du au [6].

Président de la République[modifier | modifier le code]

Désignation[modifier | modifier le code]

Le , alors que Martín Vizcarra est au Canada en tant qu'ambassadeur, le président Pedro Pablo Kuczynski, accusé de corruption, annonce sa démission, la veille du vote d'une procédure de destitution à son encontre[7]. Le , en sa qualité de premier vice-président de la République, il succède à ce dernier[8].

Exercice du pouvoir[modifier | modifier le code]

Il convoque pour un référendum portant sur le retour au bicaméralisme, la limitation du nombre de mandats des élus ainsi que du financement des campagnes électorales, et une réforme du conseil judiciaire national, dans un contexte de lutte contre la corruption[9],[10],[11],[12],[13],[14]. Le projet est adopté à une forte majorité[15].

L'idée d'un aéroport international au pied du Machu Picchu, afin d'y développer l'activité touristique, suscite de vives protestations d'archéologues, d'historiens et d'habitants, qui dénoncent une grave menace pour le site et l'écologie locale[16].

Il propose, le , d'avancer les élections générales à en échange d'une réforme constitutionnelle[17].

Tensions avec le Congrès[modifier | modifier le code]

Le , il annonce la dissolution du Congrès et la tenue d'élections législatives anticipées pour le , faute d'être parvenu à un accord avec l'opposition sur le mode de désignation des juges au Tribunal constitutionnel ; en réaction, le Congrès vote sa suspension pour un an et désigne la vice-présidente Mercedes Aráoz pour assurer l'intérim. Cependant, les chefs de la police et de l'armée, de même que les gouverneurs et l'association des maires, maintiennent leur allégeance à Vizcarra[18], qui a aussi limogé le président du Conseil des ministres et est soutenu par des milliers de manifestants[19]. Le syndicat des entrepreneurs accuse quant à lui le président de « violation de la Constitution »[20]. Le lendemain, Mercedes Aráoz renonce à la présidence et démissionne de ses fonctions de vice-présidente[21]. Le , il annonce que la crise politique a été « surmontée »[22]. Cependant, le , le président de la députation permanente, Pedro Olaechea, dépose un recours devant le Tribunal constitutionnel pour contester la dissolution du Congrès[23]. Le recours est rejeté le [24].

Le scrutin donne lieu à un fort recul des fujimoristes, avec le parti Force populaire perd la majorité absolue, en faveur de plusieurs partis principalement centristes, qui composent un parlement sans majorité mais avec lesquels Martín Vizcarra est jugé plus à même de composer pour poursuivre ses réformes[25].

Dans le cadre de la pandémie mondiale de Covid-19, il ordonne, à partir du , le confinement de la population et un couvre-feu nocturne. Dans le même temps, une loi exempte policiers et militaires de poursuites judiciaires s’ils blessent ou tuent dans ce cadre ; les organisations de défense des droits de l’homme demandent l’abrogation du texte, estimant qu’il ouvre la voix à l’impunité[26].

Le , Pedro Cateriano est nommé président du Conseil des ministres[27]. Le , son gouvernement n'obtient pas la confiance du Congrès[28], ce dernier lui reprochant sa mauvaise gestion de la crise sanitaire provoquée par la pandémie de Covid-19, le Pérou étant le deuxième pays au monde à déplorer le plus grand nombre de morts proportionnellement au nombre d'habitants[29]. Pedro Cateriano est remplacé le suivant par le général Walter Martos[30].

Destitution[modifier | modifier le code]

Accusé de corruption à la suite de la diffusion d'un enregistrement le mettant en cause dans un contrat de complaisance supposé d’un chanteur, le Congrès — où il n’a pas la majorité — ouvre une procédure de destitution à l’encontre de Martín Vizcarra le [31]. Il échappe à la destitution le , la motion recueillant seulement 32 votes favorables sur les 87 nécessaires[32]. La justice annonce le l’ouverture d'une enquête pour corruption. Celle-ci ne commencera ses travaux qu'après le départ du pouvoir de Martin Vizcarra, celui-ci étant couvert par l'immunité présidentielle[33]. Une nouvelle procédure est enclenchée en novembre à la suite des témoignages de plusieurs hommes d’affaires, qui ont affirmé devant la justice avoir versé en 2014 des pots-de-vin à Martín Vizcarra, alors gouverneur de la région de Moquegua, en échange de contrats pour des travaux publics, ce qu'il dément. Le président du Congrès de la République, Manuel Merino, prend la tête du mouvement en faveur de l'inculpation de Vizcarra[34]. Il est finalement destitué par le Congrès le 9 novembre 2020 avec 105 voix pour, 19 contre et 4 abstentions[35]. Néanmoins, cette décision est dénoncée par des manifestants hostiles au Congrès qu'ils accusent de « coup d'État ». Vizcarra était devenu très populaire auprès de la population en tant que héraut de la lutte contre la corruption. La destitution est également mal accueillie par les organisations patronales, qui attendaient du gouvernement qu'il se concentre sur le redémarrage de l'économie dans le contexte de la crise provoquée par la pandémie de Covid-19[36]. Le président du Congrès, Manuel Merino, lui succède le lendemain[37].

L'annonce de sa destitution mène dans les jours qui suivent à des manifestations de grande ampleur — les plus grandes au Pérou depuis deux décennies — dans la capitale et les principales villes du pays[38],[39],[40]. Merino n'est par ailleurs pas reconnu par la majorité des gouvernements voisins, la décision du parlement de destituer Vizcarra sur la base d'accusations couvertes par l’immunité présidentielle étant jugée inconstitutionnelle[41]

Trois personnes sont tuées lors d'une manifestation brutalement réprimée par la police le [42]. Le Congrès appelle Merino à démissionner immédiatement le [43], ce qu'il fait le jour même[44],[45].

Après la présidence[modifier | modifier le code]

Le , il annonce sa candidature aux élections générales péruviennes de 2021 en étant tête de liste du parti Nous sommes le Pérou pour les législatives[46].

En , la presse péruvienne révèle que l'ancien président Vizcarra a été vacciné en secret en [47].

Le , la justice refuse une demande du procureur général de placer Vizcarra en détention provisoire pour l'affaire ayant conduit à sa destitution, estimant que le paiement d'une caution et l'interdiction de quitter Lima sans autorisation de la justice sont suffisants pour empêcher tout risque de fuite. Vizcarra a également interdiction de s'adresser à la presse au sujet de l'affaire[48].

Le , quelques semaines après son élection comme député, le Congrès sortant l'interdit d'exercer toute fonction publique pendant dix ans[49].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (es) « Martín Vizcarra, el líder menos pensado: del “exilio” en Canadá a la lucha contra la “casta política” en Perú », sur infobae, infobae, (consulté le ).
  2. a b c d et e (en-US) Franklin Briceno et Christine Armario, « Incoming Peru president a political novice facing tough odds », The Washington Post,‎ (ISSN 0190-8286, lire en ligne, consulté le ).
  3. (es) « Voto Informado », sur Voto Informado (consulté le ).
  4. (es) « Martín Vizcarra Cornejo - Peruanos Por el Kambio - PPK », sur Peruanos Por el Kambio - PPK, (consulté le ).
  5. Dorian Malovic, « Un président anti-corruption pour le Pérou », La Croix (consulté le ).
  6. « Au Pérou, un nouveau président sans casseroles », Courrier international (consulté le ).
  7. AFP, « Pérou: proche de la destitution, le président Kuczynski démissionne », L'Express (consulté le ).
  8. « Pérou: la démission de Kuczynski acceptée », sur Le Figaro (consulté le ).
  9. (en) Peru's Congressional Commission Approves Bicameral Legislative System Telesur.
  10. (en) Peru president proposes referendum on political, judicial reform Reuters.
  11. (en) Peru's President Vizcarra in standoff with Congress Aljazeera.
  12. (en) Peruvian lawmakers approve referendum on anti-corruption reform Reuters.
  13. (en) Peru's Congress backs referendum after threat of closure Washington Post.
  14. (en) Peru’s providential president The Economist.
  15. Francisco Jara et Luis Jaime Cisneros, « Le Pérou intensifie sa lutte contre la corruption », sur LE DEVOIR, (consulté le ).
  16. « Pérou: Le projet de construction d’un aéroport au pied du Machu Picchu suscite l’indignation », sur lavdn.lavoixdunord.fr (consulté le ).
  17. « Pérou : le président propose des élections anticipées pour sortir de la «crise institutionnelle» », sur FIGARO (ISSN 0182-5852, consulté le ).
  18. Le Monde avec AFP, « Bataille politique au Pérou, entre un Parlement dissous et un président suspendu », sur Le Monde.fr, .
  19. « Pérou: le Parlement dissous, le président suspendu de ses fonctions - Amériques - RFI », sur RFI (consulté le ).
  20. « Le président péruvien consolide son pouvoir », sur lematin.ch/ (consulté le ).
  21. (es) « Renuncia Mercedes Aráoz a la vicepresidencia de Perú », sur CNN, .
  22. « Pérou: la crise politique a été surmontée, déclare le président », sur LExpress.fr (consulté le ).
  23. « Peru lawmaker files last-ditch legal appeal over Congress closure », sur U.K. (consulté le ).
  24. (en) « Peru constitutional court says Vizcarra’s closure of congress was legal », sur www.jurist.org (consulté le ).
  25. « Législatives au Pérou: claque pour le fujimorisme, vers un Parlement éclaté », sur Le Point, lepoint.fr, (consulté le ).
  26. « Au Pérou, dénonciations d’abus policiers sur des personnes transgenres », lemonde.fr,‎ (lire en ligne).
  27. (es) « Pedro Cateriano: conoce la hoja de vida del nuevo jefe del Gabinete Ministerial », sur andina.pe,
  28. (en) Empresa Peruana de Servicios Editoriales S. A. Editora Perú, « Peru: Cateriano calls for national unity after Cabinet fails confidence vote », sur andina.pe (consulté le ).
  29. « Le Pérou, durement touché par l’épidémie, doit faire face également à une crise politique », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne)
  30. (es) Carlos Noriega (Perú), « Vizcarra juramenta un nuevo gabinete ministerial y llama a la unidad », sur RFI, rfienespanol, (consulté le ).
  31. « Au Pérou, le Parlement déclenche une procédure de destitution du président Vizcarra », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  32. « Pérou: le président Martin Vizcarra échappe à une procédure de destitution », sur rfi.fr, (consulté le ).
  33. « Pérou : la justice annonce une enquête pour corruption contre le président Martin Vizcarra », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne)
  34. « Au Pérou, le Parlement tente à nouveau de destituer Martin Vizcarra », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne)
  35. « Au Pérou, le Parlement approuve la destitution du président Martin Vizcarra », sur France 24, FRANCE24, (consulté le ).
  36. « Pérou : le président destitué par le Parlement à la suite d’accusations de corruption », sur Le Monde.fr, Le Monde, (ISSN 1950-6244, consulté le ).
  37. (es) « Manuel Merino anuncia gabinete de “consenso y unidad nacional” », sur www.elcomercio.pe, (consulté le ).
  38. (en) [{@type:Person, « 'All of Peru is fired up': protesters fill streets after ousting of president », sur the Guardian, (consulté le ).
  39. « Le Pérou, ce pays qui dévore ses présidents », sur Libération.fr, Libération, (consulté le ).
  40. « Pérou : le président destitué par le Parlement à la suite d’accusations de corruption », sur Le Monde.fr, Le Monde, (ISSN 1950-6244, consulté le ).
  41. (es) Redacción El Comercio Perú, « Mario Vargas Llosa: “Clarísimamente el flamante Congreso ha violado la Constitución” », sur El Comercio Perú, elcomercio.pe, (consulté le ).
  42. « Trois morts lors de manifestations appelant à la démission du nouveau président », sur L'Orient-Le Jour,
  43. (es) https://www.facebook.com/FRANCE24.Espanol, « El Congreso peruano pide la "renuncia inmediata" de Manuel Merino a la presidencia », sur France 24, FRANCE24.Espanol, (consulté le ).
  44. (pt) « Presidente interino do Peru, Manuel Merino renuncia após série de protestos », sur www.cnnbrasil.com.br (consulté le ).
  45. (es) « Manuel Merino renuncia como presidente de Perú tras menos de una semana en el poder », BBC News Mundo,‎ (lire en ligne, consulté le )
  46. AFP, « Pérou: le président destitué Vizcarra briguera un mandat de député », sur Le Journal de Montréal, (consulté le ).
  47. « Covid-19 au Pérou: l'ancien président, Martin Vizcarra, vacciné en secret dès octobre 2020 », sur RFI, RFI, (consulté le ).
  48. « Pérou: la justice rejette la demande de détention provisoire de l'ancien président Vizcarra », sur LEFIGARO, lefigaro (ISSN 0182-5852, consulté le ).
  49. https://www.facebook.com/RFI, « Pérou: l'ancien président Martin Vizcarra interdit de toute fonction publique par le Congrès pour 10 ans », sur RFI, RFI, (consulté le ).

Liens externes[modifier | modifier le code]