Marie Claire — Wikipédia

Marie Claire
Image illustrative de l’article Marie Claire

Pays Drapeau de la France France
Zone de diffusion France
Langue Français
Périodicité Mensuelle
Genre Presse féminine
Prix au numéro 2,20 euros
Diffusion 329 014 payée[1] ex. (2020)
Date de fondation 1937
Ville d’édition Issy-les-Moulineaux

Propriétaire Groupe Marie Claire
Directeur de publication Arnaud de Contades
Directrice de la rédaction Katell Pouliquen
ISSN 0025-3049
Site web Marie Claire

Marie Claire est un magazine féminin mensuel français créé en mars 1937[2] et édité par la société Marie Claire Album à Issy-les-Moulineaux. Le titre a fait l'objet d'adaptation sous licence aux États-Unis et au Royaume-Uni (en anglais).

Historique[modifier | modifier le code]

Marie-Claire (avec trait d'union à l'origine) est créé par Jean Prouvost et Marcelle Auclair en 1937 sous forme d'hebdomadaire[3]. L'idée vient de Marcelle Auclair, lorsque journaliste à Marianne, elle souhaite développer mode et beauté. Jean Prouvost, qui ne veut pas que Gaston Gallimard investisse dans ce nouveau magazine, adopte et finance l'idée[4]. Le nom du magazine pourrait venir du roman Marie-Claire, de Marguerite Audoux[5]. Sa parution, orientée vers un lectorat bourgeois et grand public, sans chercher à concurrencer l'élitiste Vogue, renouvelle la presse féminine de l'entre-deux-guerres ; celle-ci est alors plus populaire et largement faite de romans-feuilletons et de magazines pratiques[4]. Marie Claire met en couverture des jeunes femmes souriantes à la place des traditionnels patrons de couture : le sourire devient une règle pour le contenu[6]. Lancé le avec comme signature « L'hebdomadaire de la femme tel qu'il n'a jamais été réalisé », le nouveau magazine rencontre le succès immédiatement[7]. Emmanuel Berl, qui vient de quitter Marianne, fait partie des premiers écrivains recrutés[8] et Colette rédige l'éditorial et plusieurs articles du numéro 100[9],[n 1].

Alors que le Journal de Mickey, fondé en 1934, était devenu rapidement le premier magazine pour la jeunesse avec 500 000 exemplaires[10], il est largement devancé, sur un marché plus large, par Marie-Claire qui tire déjà à 800 000 exemplaires dès 1938, un an après sa création[10] et revendique la place de « premier hebdomadaire français toutes catégories confondues »[10]. Juste avant la guerre, Marie Claire tire chaque semaine jusqu'à 900 000 exemplaires[9].

Après la défaite française de 1940, la parution du magazine, comme de la plupart des titres de presse français, est suspendue en 1940 ; mais entre et , la rédaction de la revue passe à Clermont-Ferrand, à Bordeaux puis à Lyon sous la direction de Philippe Boegner[4], rejoignant dans la ville du Rhône les équipes de Paris-Soir[n 2] et Sept-Jours[11]. Marie Claire est diffusé en zone libre. Les numéros ont 16 pages, avec une parution tous les dix jours jusqu'en , numéro 317[12]). Le passé de Jean Prouvost, éphémère directeur de l’information dans le gouvernement de Paul Reynaud, puis haut commissaire à l’Information dans le gouvernement Pétain, ne plaide pas en faveur du magazine.

Après la Seconde Guerre mondiale, bien qu'arrêté, le magazine féminin reste un « modèle de référence » pour tous les nouveaux titres apparaissant à cette époque : Marie France (1944), Claudine () ou Elle ()[4].

1954[modifier | modifier le code]

Couverture de l'édition chinoise.

Relancé par Jean Prouvost, le magazine ne réapparaît qu'en 1954, sous forme de mensuel. Il est sous la direction, durant dix ans, de Marcel Haedrich[4]. Françoise Prévost (fille de Jean) ou plus tard Marcelle Auclair, présente lors de la création en 1937, participent à la nouvelle version. La maquette s'épure et le style est renouvelé, bien que la ligne éditoriale de Jean Prouvost soit toujours respectée[13]. « Marie Claire réapparait ! Un mensuel de luxe pour tout le monde » clame la publicité de l'époque[11]. La cible de lectorat est « jolie, coquette, mariée, vingt-cinq ans, deux enfants » tel que le précise Jean Prouvost[11]. Le premier numéro, d'après guerre en , fait 140 pages et se voit tiré à un demi-million d'exemplaires[4] ; c'est un succès[13], tout est vendu en trois jours[11]. La mode reste très présente[n 3] mais le magazine traite de « tous les sujets qui touchent à la vie des femmes »[14]. Christine de Rivoyre est directrice littéraire, permettant au magazine de publier des textes de Louise de Vilmorin, François Nourissier ou Félicien Marceau[11].

Dans une société alors très conservatrice, Marie Claire se fait l'écho de l'émancipation grandissante des femmes à l'aube des années 1960 et du Youthquake[15]. Quelques années plus tard, Marie Claire reflète dans ses pages la révolution du prêt-à-porter qui envahit la France, les yéyés[n 4], mais aussi toujours la haute couture[16],[n 5]. Post mai 68, le journal est tiraillé entre l'image idéale de la femme qu'il véhicule et les forts mouvements féministes ; il laisse alors la place aux deux[17]. Dans les années 1970, le magazine évolue graphiquement, invente, de façon parfois surprenante[18]. Après le départ à la retraite de Jean Prouvost en 1976, sa petite-fille Évelyne prend la direction du titre, puis cèdera la place en 2004 à son fils Arnaud de Contades. Mais Marie Claire ne peut étendre indéfiniment ses pages « mode » et au tout début des années 1980, un hors-série intitulé Marie Claire bis, plus spécialisé et plus pointu, voit le jour ; publié deux fois par an, il dure quinze années[19]. Peu après, Marie Claire s'internationalise sous l'impulsion d'Évelyne Prouvost[20].

En 1994, Marie Claire fonde, avec de multiples partenaires de premier plan[n 6], l'association « Le cancer du sein, parlons-en ! »[21].

Contenu rédactionnel[modifier | modifier le code]

Dès le départ, le principe de Marie Claire reste « de divertir les lectrices mais plus encore de les informer[22]. » Le magazine contient différentes rubriques sur la mode, le tourisme, le cinéma, la littérature, la musique, les spectacles et les expositions, les cosmétiques, des portraits de stars et de personnes connues en France et dans le monde, des conseils pour être en forme, des conseils sur la vie en couple, des recettes de cuisine, des nouveaux produits alimentaires et des accessoires pour la cuisine, un jeu-test et un horoscope.

Le magazine a été souvent pris en exemple pour les analyses de contenu médiatiques, offrant un sujet d'étude sur la corrélation entre les pages publicitaires (cosmétiques, parapharmacie, parfums, livres, voyages…) et le contenu rédactionnel. Sa ligne éditoriale se distinguait nettement, par exemple, de celle de son concurrent Femme pratique, plus orientée sur les conseils de maison, cuisine, jardinage et loisirs actifs. Le magazine Elle conjuguait ces deux approches en y ajoutant une composante importante consacrée à la mode.

Rédaction[modifier | modifier le code]

Depuis , la directrice de la rédaction est Tina Kieffer, journaliste, ancienne animatrice de télévision (dont l'émission Frou-Frou sur France 2) et ex-rédactrice en chef du magazine féminin DS (groupe Ayache). Catherine Durand est rédactrice en chef adjointe. Marie-Noëlle Demay est rédactrice en chef du service mode. En 2006, la rédaction ne compte plus que sept journalistes salariés, l'essentiel du contenu rédactionnel étant fourni par des pigistes. Entre 1999 et 2006, six rédactrices en chef se sont succédé sous les ordres de Tina Kieffer (dont Lydia Bacrie, Dominique de Saint Pern, Béatrix de l'Aulnoit et Yseult Williams)[23].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Numéro 100 : 27 janvier 1939.
  2. Le quotidien Paris-Soir est toujours publié de Paris.
  3. 1954, fin de privations de la guerre, période d'abondance, c'est pour la mode l’ouverture de la maison Balmain ou le retour de Chanel, l'hégémonie de Dior et Balenciaga sur la mode mondiale.
  4. Françoise Hardy ou Sylvie Vartan font la couverture à cette époque.
  5. Dans les années 1960, Marie Claire laisse notablement une large place à Courrèges
  6. Journalistes, entreprises de cosmétique, cancérologue, et avec le soutien de six chaines de télévision (TF1, France 2, M6, Téva, TMC, NT1) ainsi que la RATP.

Références[modifier | modifier le code]

  1. « Marie Claire - ACPM », sur acpm.fr (consulté le ).
  2. « Marie-Claire / dir. Jean Prouvost », sur Gallica, (consulté le )
  3. Soulier 2008, p. 92.
  4. a b c d e et f Grandpierre 2012.
  5. Virgule n°111, octobre 2013, article « Les prix littéraires d'automne en quelques records, scandales et anecdotes », p. 16.
  6. Soulier 2008, p. 94.
  7. Soulier 2008, p. 92 et 94.
  8. Soulier 2008, p. 93.
  9. a et b Soulier 2008, p. 95.
  10. a b et c "Histoire politique de la presse, 1944-1949" par Jean Mottin, Bilans hebdomadaires, 1949 [1]
  11. a b c d et e Soulier 2008, p. 96.
  12. « Marie-Claire / dir. Jean Prouvost », sur Gallica, (consulté le )
  13. a et b Caille 2014, p. 13.
  14. Soulier 2008, p. 97.
  15. Caille 2014, p. 14 et 19.
  16. Caille 2014, p. 22.
  17. Caille 2014, p. 45.
  18. Caille 2014, p. 56.
  19. Caille 2014, p. 72 et 93.
  20. Soulier 2008, p. 102.
  21. Soulier 2008, p. 98 et 99.
  22. Caille et Thébaud 2014, p. 38.
  23. Caroline Constan, Les dessous pas chics de Marie Claire, L'Humanité, 13 mars 2006

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Article connexe[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Ouvrages[modifier | modifier le code]

  • Bernadette Caille, Marie Claire : 60 ans de mode, Éditions Marie Claire, , 192 p. (ISBN 978-2-84831-700-7). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
    Cet ouvrage aborde uniquement l'époque à partir de 1954, d'où son titre.
  • Vincent Soulier, Presse féminine la puissance frivole, L'Archipel, , 300 p. (ISBN 2-8098-0039-1), « Marie Claire, du keep smiling à l'engagement permanent », p. 92 à 103. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Articles[modifier | modifier le code]

  • Karine Grandpierre, « ELLE : un outil d’émancipation de la femme entre journalisme et littérature 1945-1960 ? », COnTEXTES. Revue de sociologie de la littérature, no 11,‎ , p. 3 (ISSN 1783-094X, DOI 10.4000/contextes.5399, lire en ligne, consulté le ). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Cathy Leitus, « Tina Kieffer : ainsi soit-elle », Stratégies,‎ (lire en ligne, consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]