Marco Ferreri — Wikipédia

Marco Ferreri
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Marco Ferreri au festival de Cannes 1991.
Nom de naissance Marcantonio Ferreri
Naissance
Milan (Italie)
Nationalité Drapeau de l'Italie Italienne
Décès (à 68 ans)
13e arrondissement de Paris (France)
Profession Réalisateur, scénariste
Films notables La Grande Bouffe
Touche pas à la femme blanche !
Rêve de singe
Pipicacadodo

Marcantonio Ferreri[1], dit Marco Ferreri, né le à Milan et mort le dans le 13e arrondissement de Paris, est un réalisateur, acteur et scénariste italien.

Biographie[modifier | modifier le code]

Débuts[modifier | modifier le code]

Marco Ferreri en 1953.

Marco Ferreri naît dans une famille originaire de Pavie. Son père, Michelangelo, travaillait comme comptable dans une compagnie d'assurances Generali, tandis que sa mère, Carolina, était femme au foyer. Marco Ferreri était athée[2]. Après une scolarité normale et des études de médecine vétérinaire à Milan, il commence son apprentissage dans le monde du cinéma et tente d'imposer une nouvelle approche du documentaire. Il réalise ensuite des films publicitaires pour une société de liqueur, puis il devient producteur. Porté par l’effervescence culturelle de l’après-guerre en Italie, il vient s’installer à Rome et se lance dans la production d’une série de documentaires en demandant à divers cinéastes et scénaristes (dont Luchino Visconti, Vittorio De Sica, Federico Fellini, Alberto Moravia et Cesare Zavattini) de réaliser des films qui « éviteraient toute manipulation du spectateur ».

En 1951, il fonde avec Riccardo Ghione Documento mensile, un éphémère ciné journal auquel collaborent quelques grands noms du cinéma et de la littérature. L’année suivante, il est directeur de production sur le film d’Alberto Lattuada Le Manteau (1952) puis en 1953, il produit avec Zavattini et Ghione L'Amour à la ville un film-enquête réalisé sous forme de sketches. Il apparaît pour la première fois à l’écran dans l’épisode Les Italiens se retournent, réalisé par son ami Alberto Lattuada, dont il va être l’interprète cette même année pour La Pensionnaire où il est également directeur de production.

En 1954, il tient un rôle dans Femmes et Soldats le film de Luigi Malerba et Antonio Marchi. En 1956, il se rend en Espagne où il vend des appareils de projection. Il fait la connaissance du romancier Rafael Azcona, jeune collaborateur au journal satirique La Codorniz[3]. De leurs nombreuses affinités naît une étroite collaboration qui prélude aux débuts dans la mise en scène de Marco Ferreri. Celui-ci tourne trois films en Espagne avant de regagner son pays natal :

  • L'Appartement, en 1959, une satire de la crise du logement tirée d’une nouvelle d’Azcona dont il a d’abord songé à proposer l’adaptation à Luis Berlanga ;
  • Les Enfants, en 1959, l’histoire douce amère de 4 jeunes gens qui attendent la fin de la semaine pour s’amuser un peu ;
  • La Petite Voiture, en 1960, un film savoureux dans lequel José Isbert incarne un vieillard qui va jusqu’à empoisonner sa famille pour obtenir la voiture d’infirme de ses rêves. Le film triomphe au Festival de Venise 1960, et obtient à Paris le grand prix de l’humour noir.

Maturité[modifier | modifier le code]

En 1961, en Italie, Ferreri retrouve Zavattini pour un nouveau film-enquête Les femmes accusent, en neuf épisodes. Il se charge de celui intitulé L'Adultère.

En 1962, il collabore au scénario de Mafioso, film réalisé par Alberto Lattuada, puis tourne une satire de l’institution matrimoniale en Italie, Le Lit conjugal qui lui vaut ses premiers démêlés avec la censure et le place définitivement au rang des cinéastes iconoclastes. Il est acteur dans Sortilegio de Nando Bonomi, en 1970, et dans Ciao Gulliver de Carlo Tuzii (it).

Dans les années 1970, le goût du cinéaste pour les sujets sulfureux s'intensifie. Ses films analysent les névroses qu'engendrent la productivité industrielle et l’accumulation capitaliste dans la société moderne. Il fait d’Annie Girardot un animal de cirque, doté d’un impressionnant système pileux dans Le Mari de la femme à barbe. Il demande à Ugo Tognazzi d'incarner un professeur d'éducation sexuelle dans Contre-sexe. Il montre Marcello Mastroianni obsédé par le gonflage de ballons dans Break-up, érotisme et ballons rouges et il transforme Catherine Deneuve en femme-chienne dans Liza. Le « trou des Halles » lui inspire un western-dérision Touche pas à la femme blanche ! rejouant la mort du général Custer. Dans La Grande Bouffe, il met en scène le suicide de quatre amis par hyper-alimentation. La présentation du film fait scandale au Festival de Cannes 1973[4]. Après Rêve de singe tourné à New York, il semble plus volontiers s'intéresser au monde de l’enfance, ultime espoir d’une société dont il ne cesse de filmer la décadence omme dans Pipicacadodo.

Ferreri mettait tous ses espoirs dans la jeunesse, la seule capable, à ses yeux, de changer le monde moderne. Celui qui se désignait lui-même comme un cinéaste du mauvais goût fut l’un des poètes dérangeants de la folie contemporaine et de la modernité cinématographique. Ses films sur la décadence de la société, se terminent souvent par la fuite, l'automutilation ou la mort volontaire de leur personnage principal.

Il meurt d'une crise cardiaque à Paris, à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, le vendredi . Il est enterré le à Rome, dans le grand cimetière communal. Il allait avoir 69 ans.

Filmographie[modifier | modifier le code]

Comme réalisateur et scénariste[modifier | modifier le code]

Cinéma[modifier | modifier le code]

Télévision[modifier | modifier le code]

Comme acteur[modifier | modifier le code]

Marco Ferreri (à gauche) dans Porcherie.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Gabriela Trujillo, Marco Ferreri : le cinéma ne sert à rien, Nantes, Capricci, 2021, 196 p., coll. la Première collection

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Insee, « Extrait de l'acte de décès de Marcantonio Ferreri », sur MatchID
  2. (it) Tonino Lasconi, Dieci... per amore. Una lettura cristiana dei comandamenti, Paoline Editoriale Libri, , p. 31
  3. (it) Maria Pia Fusco, « E nella Spagna franchista arrivò il ciclone Ferreri », La Repubblica,‎ (lire en ligne)
  4. Faustine Saint-Geniès, « LA GRANDE BOUFFE : mange, t’es mort ! », sur sofilm.fr, (consulté le ).

Liens externes[modifier | modifier le code]