Manuscrit trouvé à Saragosse — Wikipédia

Manuscrit trouvé à Saragosse
Image illustrative de l’article Manuscrit trouvé à Saragosse

Auteur Jan Potocki
Pays Drapeau de la Pologne Pologne
Genre Roman
Version originale
Langue français

Manuscrit trouvé à Saragosse est un roman de l'écrivain polonais francophone Jean Potocki (1761-1815), composé initialement sur le modèle du Décaméron de Boccace ou récit-cadre. Potocki en a écrit trois versions différentes : une de 1794, une autre en 1804, composée de quarante-cinq journées et abandonnée, puis une dernière en 1810, composée de soixante-et-une journées achevées se terminant par un épilogue.

Le roman[modifier | modifier le code]

Personnages[modifier | modifier le code]

  • Alphonse van Worden, le narrateur
  • Cheik Gomelez, mystérieux conspirateur
  • Émina et Zibeddé, sœurs jumelles et princesses mauresques.
  • L’ermite
  • Pascheco, domestique démoniaque de l’ermite
  • Don Pedro Uzeda, cabbaliste
  • Donna Rébecca Uzeda, sœur du cabbaliste
  • Ahasuerus, Juif errant
  • Don Pedro Velasquez, géomètre
  • Don Avadoro, chef gitan
  • Don Toledo, chevalier amoureux
  • Busqueros, méchant
  • Les frères de Zoto, bandits à la potence. Zoto lui-même se cache quelque part dans les montagnes voisines.

Sujet[modifier | modifier le code]

Pendant les Guerres napoléoniennes, lors du siège de Saragosse (1809), un officier français prisonnier fait la lecture à son geôlier d'un étrange manuscrit découvert dans une maison abandonnée.

Ce récit raconte l'arrivée du jeune Alphonse Van Worden en Espagne avec le grade de capitaine des Gardes wallonnes. Il se voit entraîné dans une étrange aventure, qui prendra l’allure d’une épreuve initiatique. Pendant les deux mois qu’il va passer dans la chaîne des Alpujarras de la Sierra Morena, plusieurs personnes vont ainsi lui raconter l’histoire de leur vie. À l'intérieur de ces récits, d'autres narrations faites par d’autres personnes qui relatent à leur tour des histoires qu’elles ont entendues, survenues des années auparavant, viendront s'intercaler, jusqu'à créer une quintuple mise en abyme.

Le texte comprend (dans sa version de 1810) soixante-et-une « journées », à la manière du Décaméron de Boccace ou de L'Heptaméron de Marguerite de Navarre, chacune d'entre elles renfermant plusieurs nouvelles qui s'emboîtent les unes dans les autres.

Cette œuvre complexe relève à la fois du roman picaresque, du roman libertin, du conte philosophique et du récit fantastique.

Sort du texte et révélation tardive[modifier | modifier le code]

Le texte du Manuscrit demeura presque inconnu au XIXe siècle. Seule une traduction en polonais, faite en 1847, donnait le texte dans son intégralité. Ce n'est qu'en 1958 que Roger Caillois fait redécouvrir ce livre et publie une première édition en français (langue originale du roman), mais qui ne représente alors qu'environ un quart du texte. Il faut attendre 1989 pour que René Radrizzani donne une version complète de ce roman baroque, une des merveilles de la littérature de langue française des années 1750-1850.

Des publications partielles, faites du vivant de l'auteur, mais longtemps attribuées à Charles Nodier, sont parues sous les titres Avadoro, histoire espagnole (1813) et Dix journées de la vie d'Alphonse Van Worden (1814). Elles sont en leur temps tellement peu remarquées que la seconde fait en outre l'objet, en 1841-1842, d'un plagiat manifeste, qui fait scandale, sous le titre Mémoires inédits de Cagliostro[1],[2].

Commentaires[modifier | modifier le code]

Dans la dixième journée de la vie d'Alphonse van Worden, le héros trouve sur la table un gros volume, écrit en caractères gothiques, dont le titre était Relations curieuses de Hapelius et ouvert au début d'un chapitre où est relatée l'Histoire de Thibaud de la Jacquière. Or, en 1822, Charles Nodier publia un récit dans Infernaliana (Éd. Sanson) sous le titre Les Aventures de Thibaud de la Jacquière. Dans ses notes accompagnant l'édition des Contes de Charles Nodier aux Éditions Garnier, Pierre-Georges Castex observe que la formulation « publié par Ch. N. » ne signifie nullement que Charles Nodier en soit, à proprement parler, l'auteur. En fait on retrouve l'origine de cette histoire dans Les Histoires tragiques de nostre temps de François de Rosset, qui avaient connu dès leur publication, en 1614, un succès exceptionnel (Histoire X : D'un démon qui apparaissait en forme de damoiselle au lieutenant du chevalier du guet de la ville de Lyon. De leur accointance charnelle, et de la fin malheureuse qui en succéda).

Éditions[modifier | modifier le code]

  • Roger Caillois (éd.), Manuscrit trouvé à Saragosse (version tronquée), Paris, Gallimard, 292 p. , 1958 (BNF 41674902) ; réédition sous le titre La Duchesse d'Avila (Manuscrit trouvé à Saragosse), avec une préface originale de Roger Caillois (Destin d'un homme et d'un livre), illustration de couverture de Jean-Pierre Sénamaud, Paris, Gallimard, coll. « Folio » no 215, 1972, 312 p. (ISBN 2-07-036215-9)
  • Compagnie des bibliophiles du livre d'art et de l'Amérique Latine (éd.), Manuscrit trouvé à Saragosse, eaux-fortes originales de Leonor Fini, 1961
  • René Radrizzani (éd.), Manuscrit trouvé à Saragosse, Paris, Corti, 1989 (ISBN 2-7143-0314-5) ; édition corrigée et augmentée en 1992 ; réédition, Paris, LGF, coll. « Le Livre de poche » no 9649, 1993, 766 p. (ISBN 2-253-06353-3)
  • François Rosset, Dominique Triaire (éd.), Manuscrit trouvé à Saragosse :

Adaptations[modifier | modifier le code]

Au cinéma[modifier | modifier le code]

À la télévision[modifier | modifier le code]

À l'opéra[modifier | modifier le code]

  • 2001 : Manuscrit trouvé à Saragosse, opéra du compositeur hispano-canadien José Evangelista, livret d'Alexis Nouss d'après Potocki.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  • Jan Herman, Le "Manuscrit trouvé à Saragosse" et ses intertextes, actes du colloque, Louvain, Peeters, 2001 (ISBN 90-429-0989-7)

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Joseph-Marie Quérard, les Supercheries littéraires dévoilées, vol. I, Hachette, 1865 (rééd. 2012), 177 p. (lire en ligne), p. 177-193
  2. "Arrêts judiciaires en matière de librairie", in Bibliographie de la France, 1842, tome 31 https://books.google.fr/books?id=vxkDAAAAYAAJ&pg=PA770#v=onepage&q&f=false
  3. La Duchesse d'Avila (Manuscrit trouvé à Saragosse), Gallimard, coll. « Folio » no 215, 1972

Lire aussi[modifier | modifier le code]

  • Marc Fumaroli, « L'édition-événement des deux versions du Manuscrit de Jean Potocki : Les mille et une nuits des Lumières », Le Monde des livres (Cahier du Monde), , nº 19651), p. 2

Liens externes[modifier | modifier le code]