Mammalodon — Wikipédia

Mammalodon
Description de cette image, également commentée ci-après
Crocquis du crâne fossile de M. colliveri.
Classification
Règne Animalia
Embranchement Chordata
Sous-embr. Vertebrata
Classe Mammalia
Ordre Cetartiodactyla
Infra-ordre Cetacea
Micro-ordre Mysticeti
Famille  Mammalodontidae

Genre

 Mammalodon
Pritchard (d), 1939

Espèces de rang inférieur

  • Mammalodon colliveri Pritchard, 1939 (type)
  • Mammalodon hakataramea Fordyce & Marx, 2016

Mammalodon est un genre éteint de mysticètes archaïques de la famille des Mammalodontidae.

Découverte[modifier | modifier le code]

Les fossiles de Mammalodon datent d'environ 25,7 à 23,9 millions d'années, soit de la fin de l'Oligocène. L'holotype de M. colliveri, catalogué NMV P199986 (anciennement MUGD 1874), est un crâne incomplet d'un individu adulte collecté en 1932 par George Baxter Pritchard (d), Alan Frostick et Frederick Stanley Colliver - à qui doit le nom de l'espèce type - à Jan Juc, Victoria en Australie. Le spécimen NMV P17535, constitué d'une molaire inférieure gauche, appartient probablement aussi à NMV P199986. Le spécimen catalogué NMV P173220 est constitué d'un os périotique gauche. NMV P199587 est un squelette partiel, composé d'une partie de la tête, de la colonne vertébrale et du bras et le spécimen NMV P198871, contient un cubitus appartenant très probablement aussi à NMV P199587[1]. La deuxième espèce, M. hakataramea, a été découverte dans le Kokoamu Greensand (en), en Nouvelle-Zélande[2]

Le nom générique Mammalodon est dérivé du terme anglais de « mammifère » et du grec ancien οδόντος / odontús « dent », l'ensemble voulant littéralement dire « dent de mammifère », car ses molaires sont similaires à celles trouvées chez les mammifères de l'ordre des carnivores[1].

Description[modifier | modifier le code]

Mammalodon, avec une longueur estimée à plus de 3 mètres, était plus petit et plus primitif que les baleines à fanons modernes[3]. Contrairement aux autres baleines à fanons, Mammalodon a un museau émoussé et arrondi. Le maxillaire gauche - mâchoire supérieure - du spécimen NMV P199986 a conservé quatre prémolaires et trois molaires, et l'espace entre les dents (diastème) a augmenté vers l'arrière dans la bouche. Les molaires ont diminué de taille dans la bouche, comme chez les archéocètes, et la mâchoire inférieure avait deux molaires de plus que la mâchoire supérieure. La mâchoire inférieure du spécimen indique qu'il avait 24 dents inférieures en tout, toutes étroitement espacées. Les dents supérieures se ressemblaient toutes (monodontie), tandis que les dents inférieures variaient en forme (polydontie), ce qui est une caractéristique ancienne des baleines. Il y avait trois incisives inférieures et une incisive supérieure avec peut-être deux ou trois incisives résiduelles. Les dents n'ont probablement jamais été remplacées et la baleine a eu le même ensemble de dents tout au long de sa vie. L'incisive supérieure unique était nettement plus petite que les autres dents et plus petite que les incisives supérieures de Janjucetus. Les dents de la joue - molaires et prémolaires - étaient toutes à double racine et les molaires inférieures étaient dentelées et triangulaires[1],[4].

Dans l'holotype de M. colliveri, seule la deuxième vertèbre du cou — l'axe — est conservée. Contrairement aux baleines à fanons modernes, mais similaire aux archéocètes et à l'ancienne baleine à fanons à dents Aetiocetus, le sternum est composé de plusieurs morceaux. Le sternum le plus haut, le manubrium, est en forme de « T » et plus large que long comme les archéocètes, mais en forme de plaque et comprimé comme les baleines à fanons modernes. Contrairement aux baleines modernes, bien que similaires aux archéocètes, l'os thyrohyoïdien de l' appareil hyoïde utilisé pour maintenir la langue est large et tubulaire par opposition à la forme d'une plaque. Il avait probablement une symphyse mandibulaire fusionnée reliant les deux moitiés de la mâchoire ensemble, contrairement aux baleines à fanons plus récentes et modernes[1].

Classification[modifier | modifier le code]

Mammalodon a d'abord été considéré comme un membre des Archaeoceti, un ancien groupe de baleines, ce qui a été mis en évidence par ses caractéristiques anciennes apparentes, telles que la variété de dents de formes différentes dans sa mâchoire (hétérodontie) qui manquent aux baleines modernes. Mammalodon sera plus tard considéré comme un mysicète dans une étude publiée en 1982 bien qu'il n'ait pas de fanons. Les chercheurs ont cité d'autres similitudes telles que des os vaguement suturés dans le museau, un toit large et plat de la bouche et une symphyse mandibulaire non articulée entre les deux moitiés de la mâchoire. Il appartient à la famille des Mammalodontidae, avec comme taxon frère Janjucetus. Ces deux baleines et avec Llanocetus peuvent former un clade de mysticètes à dents de l'hémisphère sud, un taxon frère des Aetiocetidae et des mysticètes à fanons plus récents[1].

Ci-dessous, un cladogramme montrant le positionnement de Mammalodon à la base des Mysticeti, selon Berta et al., 2016[5] :

Cetacea

Odontoceti (cétacés à dents)


Mysticeti
Mammalodontidae

Janjucetus



Mammalodon





Aetiocetidae




Eomysticetidae (en)





Neobalaenidae



Balaenidae





Thalassotherii



Cetotheriidae




Eschrichtiidae



Balaenopteridae









Paléobiologie[modifier | modifier le code]

Comme pour le genre étroitement apparenté Janjucetus, Mammalodon est dépourvu de fanons, possédant à la place des dents bien développées. En tant que tel, il n'était pas en mesure de filtrer l'alimentation de la même manière que les baleines à fanons existantes, ce qui rend son régime alimentaire et sa niche écologique énigmatique[4]. Comme les dents sont largement espacées, Mammalodon a peut-être développé une méthode d'alimentation par filtre différente de celle des autres baleines. Il s'agissait peut-être d'un filtreur de fond, son museau émoussé aidant à aspirer les organismes des fond marins[1].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Mammmalodon » (voir la liste des auteurs).

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e et f (en) Fitzgerald, « The morphology and systematics of Mammalodon colliveri (Cetacea: Mysticeti), a toothed mysticete from the Oligocene of Australia », Zoological Journal of the Linnean Society, vol. 158, no 2,‎ , p. 367–476 (DOI 10.1111/j.1096-3642.2009.00572.x Accès libre)
  2. (en) Fordyce et Marx, « Mysticetes baring their teeth: a new fossil whale, Mammalodon hakataramea, from the Southwest Pacific », Memoirs of Museum Victoria, vol. 74,‎ , p. 107–116 (DOI 10.24199/j.mmv.2016.74.11, lire en ligne [PDF])
  3. (en) Brett Israel, « Early Mini-Whale Slurped up Mud to Find Hidden Prey », Discover Magazine, (consulté le )
  4. a et b (en) Erich M. G. Fitzgerald, « A bizarre new toothed mysticete (Cetacea) from Australia and the early evolution of baleen whales », Proceedings of the Royal Society B, vol. 273, no 1604,‎ , p. 2955–2963 (PMID 17015308, PMCID 1639514, DOI 10.1098/rspb.2006.3664, S2CID 24670908, lire en ligne [PDF])
  5. (en) A. Berta, A. Lanzetti, E. G. Ekdale et T. A. Deméré, « From teeth to baleen and raptorial to bulk filter feeding in mysticete cetaceans: the role of paleontological, genetic, and geochemical data in feeding evolution and ecology », Integrative and Comparative Biology, vol. 56, no 6,‎ , p. 1271–1284 (PMID 27940618, DOI 10.1093/icb/icw128 Accès libre, S2CID 31059645)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]