Méotide — Wikipédia

L'ancienne Méotide dans l'Ukraine actuelle.

La Méotide (Меотида / Meotyda en ukrainien ; Майетида / Maïetida en russe ; Μαιώτιδα / Maiṓtida en grec) est une ancienne province historique de l’Empire russe, aujourd’hui répartie entre la steppe ukrainienne au nord de la mer d'Azov (appelée « golfe Méotide » par les anciens Grecs, d'où le nom actuel de la région) et la Russie. La capitale économique en était Marioupol, sur son littoral. La Méotide (ou Méozie, ou encore Priazovye) correspond approximativement aux oblasts ukrainiens contemporains de Dnipropetrovsk, Zaporijjia (partie est), Donetsk et Louhansk.

Histoire[modifier | modifier le code]

Dans l'Antiquité, la Méotide a été l'habitat des Scythes[1], mais dès 600 avant notre ère, les Grecs ont colonisé les rivages de la mer d'Azov, fondant les colonies de Phanagoria et de Tanaïs. L'hellénisation des Scythes donne naissance au royaume du Bosphore (ce Bosphore cimmérien était l'actuel détroit de Kertch, tandis que l'actuel Bosphore, au sud-ouest de la mer Noire, s'appelait Bosphore thrace ; bosphore signifiant « détroit » dans les langues iraniennes[réf. nécessaire]).

Après les Scythes et les Grecs, de nombreux peuples migrateurs s'établirent de manière éphémère en Méotide : Ostrogoths, Huns, Sarmates, Bulgares, Khazars, Magyars, Russiens, Petchénègues, Polovtses, Tatars… Au XVIe siècle, les Tatars du khanat de Crimée, maîtres de la région, passèrent sous la suzeraineté de l'Empire ottoman, qui recula progressivement devant l'expansion de l'Empire russe (concrétisée par l'établissement de Cosaques) entre 1654 et 1783.

La Méotide fut alors divisée entre le sud du gouvernement d'Iekaterinoslav et le sud-ouest de la province du Don dont l'administration fut confiée à des gouverneurs nommés au début par Catherine II (de 1764 à 1796) et par l'empereur Paul Ier (de 1796 à 1802). Une colonisation du territoire fut alors organisée par le prince Grigori Potemkine : aux Cosaques vinrent s'ajouter des paysans russes et ukrainiens en nombre, mais aussi des Grecs de la mer Noire, des Bulgares (surtout autour de Marioupol), des Allemands et des Juifs venus de Pologne et d'Allemagne (qui formèrent des shtetls, colonies agricoles décrites par exemple dans la fiction Un violon sur le toit).

Recensement de 1862[2][modifier | modifier le code]

Gouvernement Population Russes, % Ukrainiens, % Juifs, % Allemands, % Grecs, % Tatars, % Moldaves, % Bulgares, %
Iekaterinoslav 1 800 000 16,1 68,2 4,7 3,8 2,3 0,8 0,9 0,8

La Méotide fut ravagée durant vingt-huit ans par la Première Guerre mondiale, la guerre civile russe, la collectivisation, le Holodomor, la Seconde Guerre mondiale, la Shoah et des déportations : dès lors sa population diminua et, en 1948, certains groupes ethniques avaient presque disparu (Juifs, Allemands, Grecs et Roms). Après 1945-50, la croissance démographique reprit peu à peu (elle fut d'ailleurs supérieure à celle du reste de l'Union soviétique) et la région reçut de nombreux immigrants venus de toutes les régions de l'URSS, en lien avec le développement des industries du Donbass, bassin houillier industriel dont la dénomination (soviétique) s'est substituée à celle, jugée trop savante, de Méotide.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Cédric Gras, Anthracite, Paris, Stock, , 335 p. (ISBN 978-2-234-07978-6), « Les soirées du hameau ».
  2. Защук А., Материалы для географии и статистики России, собранные офицерами Генерального штаба, Тип. Э. Веймара, Sy-Petersbourg, 1862, sur [1].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Emmanuel de Waresquiel, Le duc de Richelieu, Paris, Perrin, 2009.