Lucien Descaves — Wikipédia

Lucien Descaves
Portrait gravé pour l'Album Mariani, tome XI, 1908.
Fonction
Président
Académie Goncourt
-
Biographie
Naissance
Décès
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ParisVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
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Père
Alphonse Descaves (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Fratrie
Enfant
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signature de Lucien Descaves
Signature

Lucien Descaves, né le à Paris 14e et mort le à Paris 16e[2], est un écrivain naturaliste et libertaire[3].

Journaliste, romancier et auteur dramatique français, il a fait partie des premiers membres de l'Académie Goncourt et en fut le président.

En 1889, il est l’auteur de Sous-offs, ouvrage antimilitariste qui lui vaut des poursuites judiciaires.

Biographie[modifier | modifier le code]

Lucien Alexandre Descaves naît au Petit-Montrouge, commune qui venait d'être intégrée à Paris. Il est le fils d'Alphonse Descaves (1830-1890), graveur en taille-douce, originaire de Chateau-Thierry, et d'Hélène Château (1839-1882), originaire de Paris.

Né chétif, ses parents l'envoient une année auprès d'une grand-tante maternelle et de son mari (l'oncle Denis) vivant à Montreuil-aux-Lions, dans l'Aisne. Il fréquente avec ses grands-parents maternels le Théâtre de Belleville, d'où il voit de « vieux mélodrames ». On en trouvera la trace dans ses œuvres.

Ses premières années sont marquées par la Commune de Paris. Il entre en apprentissage le à la banque Lehideux, rue Drouot puis, le , au Crédit lyonnais, boulevard des Italiens.

Il compose ses premiers écrits en 1877-78, tant en vers qu'en prose (Scènes et récits de la vie intime - inédit). Il se lie d'amitié avec les frères Édouard et Paul Gravollet, avec qui il entretient une importante correspondance.

En 1881, il envoie à l’éditeur Kistemaeckers, qui le refuse, Choses des Rues et Choses d’Amour ; ce gros recueil poétique demeurera inédit.

En , dans le cadre de son service militaire, il intègre le 129e régiment d'infanterie en garnison au Havre où il fait la connaissance du Général Hagron, alors commandant du deuxième bataillon. Il en sortira avec le grade de sergent-major et en tirera la matière de ses écrits antimilitaristes.

En , il publie chez Kistemaeckers Le Calvaire d'Héloïse Pajadou, recueil de cinq nouvelles, dont le titre est celui de la plus longue d'entre elles. L'ouvrage est salué par ses pairs (Paul Bonnetain, Paul Alexis). Il rencontre la même année Léon Hennique, Paul Alexis et surtout Joris-Karl Huysmans, qu'il considère comme son maître.

Descaves est libéré de l'armée en et retourne vivre chez son père à Montrouge. Il épouse Françoise Embocheur, avec qui il a deux enfants, mais qui meurt le à 26 ans. Il se remarie le avec Marie Lancelot (1876-1958), dont il aura un fils.

Il débute dans le journalisme en 1886 en entrant à La Revue moderne, qui publiera d'ailleurs un important article d’Oscar Méténier à son sujet. Il collabore à partir de 1888 au Petit Moniteur universel, et en 1892 au Journal, dont il tiendra à partir de 1916 la rubrique littéraire avant d'en devenir en 1919 le directeur littéraire, succédant à Henri de Régnier. Il entre à l'Écho de Paris en 1896. Il est rédacteur à L'Aurore au moment de l'affaire Dreyfus et apportera un vif soutien au capitaine Dreyfus.

Homme de lettres, Descaves publiera un nombre considérable d'ouvrages, romans ou pièces de théâtre, seul ou parfois en collaboration.

Le , Descaves signe avec Paul Margueritte, Paul Bonnetain, Rosny aîné et Gustave Guiches le Manifeste des cinq, dirigé contre Zola et son roman La Terre. Il regrettera ce geste et s'en expliquera le , lorsqu'il préside le Pèlerinage Littéraire de Médan : « J’attendais depuis vingt-cinq ans ce rendez-vous, et c’est parce que je l’attendais en vain que je crus devoir à mon tour, il y a trois ans, faire acte de contrition en regrettant hautement, après Paul Margueritte, Rosny et Gustave Guiches, d’avoir mis ma signature au bas du Manifeste des Cinq, en 1887, à l’époque où Émile Zola publiait La Terre. »

En 1888, il est refusé à la Société des Gens de Lettres. Gustave Toudouze publie un article à ce sujet dans L’Événement du  : Guerre aux Lettrés ! L’Affaire Lucien Descaves.

En 1889, la publication de son célèbre roman antimilitariste, Les Sous-offs (dont le titre primitif était Les Culs rouges) lui vaut d'être traduit en cour d'assises en compagnie de son éditeur, pour injures à l'armée et outrages aux bonnes mœurs. Défendu par Maîtres Tézenas et Millerand, il est acquitté le .

Fréquentant depuis 1887 le Grenier d’Edmond de Goncourt, il fait partie, en 1900 des membres fondateurs de l'Académie Goncourt, avec Huysmans, Hennique, Mirbeau, Rosny, Paul Margueritte, Élémir Bourges et Gustave Geffroy. Il s'en éloigne en 1932 après que le prix, qui semblait promis à Céline pour le Voyage au bout de la nuit, eut finalement échu aux Loups de Guy Mazeline. Il en devient cependant le président de 1945 à sa mort, succédant à Rosny Jeune.

Ses échanges épistolaires en 1903 avec Marie Kugel montrent un intérêt réciproque pour les colonies libertaires et milieux libres[4].

Il crée en 1907, après la mort de l'écrivain, la Société J.-K. Huysmans, dont il est l'exécuteur testamentaire. Il est aussi l’artisan de la première édition illustrée de Là-bas, pour laquelle il a pressenti le graveur Fernand Hertenberger. En 1927, il rassemble les études et préfaces de Huysmans dans un volume intitulé En Marge et en 1941, il publie Les Dernières années de J.-K. Huysmans, dédié « À J.-K. Huysmans, mon Maître, mon Ami et mon refuge aux jours d’épreuve. »

Descaves a écrit de nombreuses préfaces : à Gustave Lefrançais, Souvenirs d’un Révolutionnaire ; au roman posthume de Léon Cladel, I.N.R I. ; et en 1922 une postface pour l’édition définitive de Sœur Philomène des Goncourt[5].

Libertaire, il publie en 1901 La Colonne, roman sur la Commune et l’affaire Courbet (destruction de la Colonne Vendôme). En 1902, avec notamment Élisée Reclus, Jehan Rictus, Paraf-Javal, Maurice Donnay, Henri Zisly, Émile Armand, Georges Deherme, il est parmi les fondateurs de la Société pour la création et le développement d'un milieu libre en France, qui appuiera la création d'une communauté libertaire, La Clairière de Vaux (Essômes-sur-Marne, Aisne), « premier milieu libre » français non éphémère dissout en 1907[6].

En 1913 il est membre du "Comité de Défense des Soldats" et en 1925 accepte de faire partie du Comité d’Honneur de Pierre Kropotkine. En 1927, il signe en compagnie d'Alain, Louis Guilloux, Henry Poulaille, Jules Romains, Séverine... la pétition (parue le dans la revue Europe) contre la loi sur l'organisation générale de la nation pour le temps de guerre ,qui abroge toute indépendance intellectuelle et toute liberté d'opinion.

Le 2 mai 1918, aux côtés de Pablo Picasso, il est témoin de mariage du poète Guillaume Apollinaire avec l'artiste peintre Jacqueline Kolb[7].

En 1936 il vend, par contrat, sa collection de livres, journaux, brochures et documents manuscrits relatifs à la Commune, à l’Institut d’Histoire Sociale d’Amsterdam, pour 100.000 francs-or.

En , la maison de Lucien Descaves à Senonches est « non pas pillée, mais cambriolée dans toute la rigueur du terme par des professionnels »[8].

Pendant l'Occupation de la France par l'Allemagne, il s'y est retiré et y écrit ses Mémoires. Ceux-ci sont publiés en 1946 sous le titre : Souvenirs d'un ours.

Il meurt le [9], 82 rue Michel-Ange (16e arrondissement de Paris)[10]. Il est inhumé au cimetière de la Villette[11].

Lucien Descaves était le frère d'Eugène Descaves, commissaire de police et collectionneur d'art, l'oncle de la pianiste Lucette Descaves (1906-1993) et le père de l'écrivain et homme de radio Pierre Descaves.

Œuvres[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « http://hdl.handle.net/10622/ARCH00459 » (consulté le )
  2. Acte de naissance à Paris 14e, n° 1043, vue 15/31, avec mentions marginales du mariage à Paris 10e en 1898, et du décès à Paris 16e le 6 septembre 1949.
  3. Dictionnaire biographique, mouvement ouvrier, mouvement social, « Le Maitron » : notice biographique.
  4. Marianne Enckell, « KUGEL Marie [DIENER Marie dite] », dans Dictionnaire des anarchistes, Maitron/Editions de l'Atelier, (lire en ligne)
  5. « Il m’arrive assez souvent de rire dans ma barbe en entendant dire ou en lisant sous une plume novice que la jeunesse se désintéresse des Goncourt. Rien de moins exact. Ceux qui tiennent ce langage parlent de ce qu’ils ne savent pas. Les jeunes gens à qui j’ai mis un roman de Goncourt entre les mains ont toujours rendu pleine justice aux deux grands écrivains » (p. 259).
  6. Tony Legendre, Expériences de vie communautaire anarchiste en France: le milieu libre de Vaux, Aisne, 1902-1907, et la colonie naturiste et végétalienne de Bascon, Aisne, 1911-1951, Éditions libertaires, 2006, page 21.
  7. Acte de mariage du 2 mai 1918 n°305 à Paris 7e (Kostrowitzky / Kolb)
  8. Lettre à un ami [Maurice Donnay ?], 24 juillet 1940.
  9. « Lucien Descaves 1861 - 1949 », sur www.luciendescaves.fr (consulté le ).
  10. Jacques Hillairet, Dictionnaire historique des rues de Paris, Les Éditions de minuit, troisième édition, 1963, supplément, 1972, « Rue Michel-Ange », p. 92.
  11. Bertrand Beyern
  12. Lucien Descaves, « Chroniques Historiques : Gustave Courbet et la Colonne Vendôme », sur www.luciendescaves.fr, (consulté le ).

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]