Louis VI Henri de Bourbon-Condé — Wikipédia

Louis VI Henri de Bourbon-Condé
Description de cette image, également commentée ci-après
Louis Henri de Bourbon, 9e prince de Condé.
Biographie
Titulature Duc de Bourbon
Duc d'Enghien
Prince de Condé
Prince du sang
Seigneur de Chantilly
Dynastie Maison de Condé
Autres fonctions Grand maître de France
Pair de France
Gouverneur de Franche-Comté
Naissance
Paris (France)
Décès (à 74 ans)
Château de Saint-Leu (France)
Sépulture Nécropole royale de la basilique de Saint-Denis
Père Louis-Joseph de Bourbon, prince de Condé
Mère Charlotte de Rohan
Conjoint Bathilde d'Orléans
Enfants Louis Antoine de Bourbon-Condé, duc d'Enghien
Religion Catholicisme

Signature

Signature de Louis VI Henri de Bourbon-Condé
Description de l'image Blason du dernier prince de Condé.svg.

Louis VI Henri Joseph de Bourbon-Condé est un prince de sang royal français, né le à Paris et mort le au château de Saint-Leu. Il fut le 9e duc d'Enghien (1756-1772), puis duc de Bourbon (1772-1818) et enfin, à la mort de son père en 1818, 9e prince de Condé.

Biographie[modifier | modifier le code]

Fils unique de Louis V Joseph de Bourbon-Condé (1736-1818), prince de Condé, et de la princesse née Charlotte de Rohan (1737-1760), Louis Henri Joseph de Bourbon épousa en 1770, Bathilde d'Orléans (1750-1822), fille de Louis Philippe d'Orléans (1725-1785), duc d'Orléans (et donc arrière-petite-fille du Régent), et de Louise Henriette de Bourbon (1726-1759).

Âgé seulement de quinze ans au moment de cette union, le prince était jugé trop jeune pour consommer le mariage. Sa femme retourna donc dans un couvent sitôt la cérémonie terminée mais il l'enleva rapidement.

En 1779, à l'occasion d'un bal masqué, une altercation eut lieu entre la duchesse de Bourbon et le comte d'Artois, frère du Roi. Pour venger l'insulte, le duc de Bourbon se battit en duel au bois de Boulogne avec son cousin. Deux ans plus tard, en 1781, il se sépara d’avec son épouse, coupable d'avoir persiflé les Condé dans une pièce de théâtre qu'elle avait montée.

Il eut ensuite deux filles naturelles avec une chanteuse de l’Opéra, Mlle Marguerite Catherine Michelot :

En tant que Pair de France, il fut gouverneur de Franche-Comté.

La correspondance des princes de Condé avec le duc de Bourbon est conservée aux Archives nationales sous la cote 34AP[1].

La Révolution[modifier | modifier le code]

Portrait par Henri-Pierre Danloux en 1797. Musée Condé, Chantilly.

Dès le , il émigra avec son père et son fils. Lors de la campagne de 1792, il partit aux Pays-Bas pour lever sa propre armée, avance sur Namur, mais doit se replier sans avoir combattu après la bataille de Jemmapes[2]. Il combattit ensuite dans l'armée de son père. En 1795, il prépara l'expédition avortée du comte d'Artois en Vendée. En 1801, il alla s'installer à Londres avec son père.

La Restauration[modifier | modifier le code]

En 1814, il rentra en France ; durant les Cent-Jours, il chercha à organiser la résistance royaliste en Anjou avant de fuir en Espagne. Sous la Seconde Restauration, il fut nommé Grand maître de France.

Alors qu'il vivait en émigration à Londres, où il menait grand train, le duc quinquagénaire avait rencontré en 1810 dans une maison close de Piccadilly, Sophie Dawes, simple servante de 20 ans dont il fit sa maîtresse à qui il fit donner une éducation soignée.

Portrait par Pierre-Louis Delaval. Musée Condé de Chantilly.

À la Restauration, elle le suivit en France et, après avoir envisagé de s'en séparer, le prince lui fit épouser le baron de Feuchères. En 1829, il signa un testament lui léguant 2 millions de francs ainsi que ses châteaux et propriétés de Saint-Leu, Taverny (château de Boissy), Enghien, Montmorency, et Mortefontaine, un pavillon au Palais Bourbon, et le château d'Écouen à la condition d'en faire un orphelinat pour les enfants des soldats des armées de Condé et de Vendée, tandis que le reste de sa fortune colossale — dont le château de Chantilly et tous ses autres biens, représentant quelque 66 millions de francs — allait à son petit-neveu et filleul le duc d'Aumale, dernier fils de Louis-Philippe d'Orléans, futur roi des Français.

Les circonstances de sa mort : l'énigme de Saint-Leu[modifier | modifier le code]

Découverte du corps du prince. Gravure extraite de l'Histoire de Louis-Philippe Ier roi des Français, 1847.

Au matin du , peu après l'avènement de la monarchie de Juillet, le prince de Condé fut retrouvé « pendu » par le cou par un double mouchoir noué par un nœud de tisserand[3]... mais les pieds touchant le sol, à l'espagnolette de la fenêtre de sa chambre du château de Saint-Leu, qu'il avait acquis en 1816. Rien, dans la vie du prince, qui s'était couché normalement la veille, ne pouvait laisser penser à une tentative suicidaire. Aussitôt, les légitimistes firent circuler la rumeur de l'assassinat, et accusèrent Louis-Philippe et la reine Marie-Amélie d'en être les commanditaires pour permettre à leur dernier fils de capter l'immense héritage du prince. La thèse de l'assassinat affirmait sans preuve que le prince, bouleversé par les Trois Glorieuses et demeuré fidèle à la monarchie légitime, aurait décidé de révoquer son testament en faveur du jeune duc d'Aumale, de partir en exil et de léguer sa fortune au duc de Bordeaux. Averti de ces intentions, Louis-Philippe l'aurait fait étrangler par la baronne de Feuchères et le frère de celle-ci, qui auraient maquillé le crime en suicide. Face à ces accusations, les orléanistes ont cherché à démontrer que le prince s'était rallié au nouveau régime : il avait pris et fait prendre à ses gens la cocarde tricolore ; il avait envoyé 10 000 francs pour les blessés des Trois Glorieuses ; il aurait reconnu implicitement Louis-Philippe en le priant d'excuser son absence à la cérémonie d'intronisation du [4].

Mais si ces faits sont certains, la sincérité de ce ralliement n'est pas établie ; il semble que le vieux prince était inquiet et qu'une partie de son entourage le poussait à émigrer par précaution. La reine Marie-Amélie était d'ailleurs venue à Saint-Leu le 20 août pour le rassurer. Le confesseur du prince, l'abbé Pellier de Lacroix, déclara publiquement que le prince de Condé était « innocent de sa mort », c'est-à-dire qu'il ne s'était pas suicidé. À la suite de la parution de deux libelles en , Jules-Armand-Louis de Rohan demande un supplément d'enquête au tribunal qui nomme le juge d'instruction de la Huproie. Après quatre mois d'enquête, ce juge partisan des Ultras et qui instruit à charge[4] conclut à un crime maquillé en suicide et soupçonne la baronne de Feuchères avec la complicité d'un prétendu amant gendarme d'en être l'instigatrice. La baronne étant rentrée en grâce du nouveau couple royal par l'entremise de Talleyrand[5], le juge est mis à la retraite d'office le , en échange de la nomination de son gendre comme juge titulaire au tribunal de la Seine. Le 21 juin, la Cour royale de Paris qui a dessaisi le tribunal de Pontoise conclut à un suicide et qu'il n'y a donc pas lieu de poursuivre.

On tient aujourd'hui pour le plus probable que le prince avait recours à la strangulation comme stimulant sexuel. La baronne de Feuchères l'aurait tenu sous sa coupe par son habileté dans cette pratique particulière. Le prince aurait succombé à une séance plus poussée qu'à l'habitude, soit accident, soit assassinat[4]. La baronne aurait ensuite monté, avec l'aide de son frère, la mise en scène du suicide. Les milieux légitimistes, via Le Figaro, firent circuler ce bon mot : « Mme de Feuchères est une petite baronne anglaise qui ressemble fort à une espagnolette[6] ».

Titulature et décorations[modifier | modifier le code]

Titulature et prédicats[modifier | modifier le code]

  • -  : Son Altesse Sérénissime Louis-Henri de Bourbon, duc d'Enghien, prince du sang de France ;
  • -  : Son Altesse Sérénissime Louis-Henri de Bourbon, duc de Bourbon, prince du sang de France ;
  • -  : Son Altesse Sérénissime Louis-Henri de Bourbon, duc de Bourbon, prince de Condé, prince du sang de France ;
  • -  : Son Altesse Royale Louis-Henri de Bourbon, duc de Bourbon, prince de Condé, prince du sang de France.

Décorations françaises[modifier | modifier le code]

Ordre du Saint-Esprit Chevalier de l'ordre du Saint-Esprit ()
Ordre national de la Légion d'honneur Grand-croix de l’ordre royal de la Légion d'honneur ()[7]
Ordre royal et militaire de Saint-Louis Grand-croix de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis ()[8]

Décoration étrangère[modifier | modifier le code]

Drapeau de l'Espagne Espagne
Ordre de la Toison d'Or Chevalier de l'ordre de la Toison d'Or (1789)

Ascendance[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Archives nationales
  2. Jean Tulard, La Contre-Révolution, Perrin 1990, p. 443
  3. Or le prince, à la suite d'une blessure de guerre, n'a plus de doigts à la main droite et son bras gauche est invalide, les enquêteurs dépêchés sur place concluent d'ailleurs sur le caractère hautement improbable d'un suicide mais le tribunal de Pontoise rend une ordonnance de non-lieu d'après les conclusions de l'autopsie.
  4. a b et c Pierre Cornut-Gentille, « l'énigme de Saint-Leu », émission Au cœur de l'histoire, 27 mars 2012
  5. Alban Dignat, « Le crime mystérieux de Saint-Leu », sur herodote.net
  6. Paul Lombard, Par le sang d'un prince : le duc d'Enghien, Grasset, , 348 p. (ISBN 978-2-246-31109-6, lire en ligne)
  7. « Ordre de la Légion d'honneur - Textes officiels antérieurs à 1962 », sur www.france-phaleristique.com (consulté le )
  8. « Ordre royal et militaire de Saint-Louis », sur www.france-phaleristique.com (consulté le )

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]