Louis-Marie de La Révellière-Lépeaux — Wikipédia

Louis-Marie de La Révellière-Lépeaux
Louis-Marie de La Révellière-Lépeaux,
toile de François Gérard (détail), 1798, Musée des Beaux-Arts d'Angers.
Fonctions
Directeur
-
Président de la Convention nationale
-
Membre du Conseil des Cinq-Cents
Député français
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Cimetière du Père-Lachaise, Grave of Larevillière-Lepeaux (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité
Enfant
Ossian La Revellière-Lépeaux (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
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signature de Louis-Marie de La Révellière-Lépeaux
Signature
Vue de la sépulture.

Louis-Marie de La Révellière-Lépeaux, également orthographié La Revellière ou Larévellière, né le 24 août 1753 à Montaigu, mort le 27 mars 1824 à Paris dans l'ancien 11e arrondissement[2], est un homme politique de la Révolution française. Il a exercé les mandats de député à l'Assemblée nationale constituante, à la Convention nationale, au Conseil des Cinq-Cents, et a été élu directeur sous le Directoire.

Biographie[modifier | modifier le code]

Né dans une famille de propriétaires terriens du Poitou (son père est juge des traites)[3], le jeune Louis-Marie fut l'élève d'un prêtre brutal[4] qui lui administrait des coups de bâtons. Il en garda des séquelles (visibles à son dos bossu) et surtout une profonde aversion pour la religion catholique. Il fut mis alors par ses parents au collège de Beaupréau en Maine-et-Loire, où se trouvait déjà son frère aîné, et acheva ses études chez les Oratoriens d'Angers, puis à l'université d'Angers, où il acquiert une licence de droit (1775). Un moment avocat au Parlement de Paris, il retourne en Anjou, où il s'intéressa surtout à la botanique en professant à la Société des Botanophiles puis en dirigeant le Jardin des plantes d'Angers (1789); et où il épousa le 13 février 1791 Jeanne Boyleau de Chandoiseau[3].

Mandat à la Constituante[modifier | modifier le code]

La Révellière-Lépeaux est élu représentant du tiers-état, le troisième sur huit, pour la sénéchaussée d'Anjou, aux États-généraux de 1789[5]. Dès le début de son mandat, il adhère au club des Jacobins[6]. Il vote en faveur du rattachement du Comtat Venaissin à la France[7] et en faveur de l'égalité entre les hommes blancs et les hommes libres de couleur[8]. Comme Robespierre, il soutient la proposition que les députés de la Constituante ne puissent être réélus à l'Assemblée nationale législative[9]. Après son mandat, il devient administrateur du département de Maine-et-Loire et magistrat à la Haute Cour d'Orléans.

Mandat à la Convention[modifier | modifier le code]

La monarchie française s'effondre à l'issue de l'insurrection du 10 août 1792. En septembre, La Révellière-Lépeaux est élu député du Maine-et-Loire, le quatrième sur onze, à la Convention nationale[10].

La Révellière-Lépeaux siège sur les bancs de la Gironde. Lors du procès de Louis XVI, il vote la mort et rejette l'appel au peuple et le sursis à l'exécution[11]. En février 1793, il défend le ministre Jean-Marie Roland contre les accusations de Jean-Paul Marat[12]. En mars, il s'élève contre le tribunal révolutionnaire[13]. Il vote en faveur de la mise en accusation de Marat[14], qui le dénonce plus tard dans son journal comme « membre de la faction des hommes d’État »[15]. Il vote également en faveur du rétablissement de la Commission des Douze[16].

En mars 1793, La Révellière-Lépeaux est élu secrétaire aux côtés de Jean-Baptiste Boyer-Fonfrède et de Jean-Philippe Garran de Coulon sous la présidence de Jean Debry[17]. Le même mois, il est élu suppléant à la Commission de Salut public[18]. En avril, il échoue à entrer au Comité de Salut public, recueillant 146 voix et se plaçant dixième sur dix-huit, seuls les neuf premiers membres étant retenus[19].

En août 1793, La Révellière-Lépeaux donne sa démission pour des raisons de santé[20]. Dans une adresse à son département, il dénonce au terme de la journée du 2 juin l'emprisonnement des députés « dans le lieu même de leurs séances par un ramas de séditieux »[21]. Son frère aîné Jean-Baptiste La Révellière-Lépeaux, alors président du tribunal criminel du Maine-et-Loire, est condamné à mort par le tribunal révolutionnaire le 26 germinal an II (13 avril 1794) et guillotiné deux jours plus tard[22].

La Révellière-Lépeaux sort de la clandestinité après le 9 thermidor. Son collègue Jacques-Antoine Creuzé-Latouche réclame son retour à la Convention en frimaire an III (décembre 1794)[23], retour qui n'intervient qu'en ventôse (mars 1795), en même temps que les derniers députés décrétés hors-de-la-loi[24].

La Révellière-Lépeaux prend une part active à la politique thermidorienne. En floréal (avril), il est élu membre de la Commission des Onze, chargée de rédiger la Constitution de l'an III[25]. En thermidor (juillet), il est élu président de la Convention, ses secrétaires étant Claude-Nicolas Leclerc, Jean-Angélique Lemoine-Devilleneuve et Louis-Jacques Savary[26]. En fructidor (septembre), il est élu membre du Comité de Salut public aux côtés de Berlier, de Cambacérès et de Daunou[27].

Sous le Directoire[modifier | modifier le code]

Louis-Marie de La Révellière-Lépeaux en tenue de Directeur, gravure de François Bonneville, Paris, BnF, département des estampes et de la photographie, 1796.

Membre du Conseil des Cinq-Cents, il est élu Directeur le . Il raconte son installation, accompagné des autres Directeurs, au Petit Luxembourg, qui avait servi de prison, à un moment où régnait à Paris le dénuement le plus terrible : « Les dragons à cheval qui les escortaient « montaient en mauvais souliers et en bas de laine percés, au lieu de bottes ». Lorsqu’ils pénétrèrent dans le palais, « nous trouvâmes, se souvient-il, tous les appartements littéralement nus : il n’y avait pas de meubles de quelque nature que ce fût. […] Nous nous réfugiâmes dans un petit cabinet. Le concierge Dupont nous y fit placer une petite table boiteuse dont un pied était rongé de vétusté, et quatre chaises, le tout lui appartenant. Il nous prêta aussi quelques bûches car le temps était assez froid[28] ».

Louis-Marie de La Révellière-Lépeaux,
toile de François Gérard, 1798, Musée des Beaux-Arts d'Angers.
Buste de Louis-Marie de La Révellière-Lépeaux par le sculpteur David d'Angers.

Au Directoire, Louis-Marie de la Révellière-Lépeaux s'occupe surtout des questions culturelles et religieuses : corédaction de la constitution civile du clergé, création de l'Institut de France, diffusion de la théophilanthropie, religion rationnelle, et du culte décadaire. Il prépare avec Paul Barras et Jean-François Reubell le coup d'État du 18 fructidor an V () contre les deux autres Directeurs : Barthélémy et Carnot. Il est décidé d'envoyer à Cayenne plus de 330 hommes, les "Déportés de Fructidor". Ce sont des monarchistes, des journalistes et des prêtres réfractaires français et belges. Ils partiront de Rochefort, parmi eux André-Daniel Laffon de Ladebat, François Barbé-Marbois, Pichegru et Ange Pitou.

En politique extérieure, il se montre hostile à la papauté mais s'oppose à toute idée d'unification de l'Italie, où il craint la domination des Jacobins. Lors du coup d'État du 30 prairial an VII, il doit démissionner sous la pression de Barras et de Sieyès, les Conseils l'estimant responsable des défaites de la France.

Il vit encore vingt-cinq ans, sans aucune activité politique. Il meurt le et est inhumé au cimetière du Père-Lachaise (39e division).

Portrait[modifier | modifier le code]

La Révellière-Lépeaux fut jugé sévèrement par ses contemporains en raison notamment de la succession des coups d'État du Directoire dans lesquels il est impliqué. Il n'en demeure pas moins un observateur averti et lucide sur son époque. À ce titre, ses Mémoires conservent un grand intérêt, néanmoins partial, sur le Directoire et la période révolutionnaire.

Le 12 floréal an V, après avoir lu un exposé sur le culte et les cérémonies civiles à l'Académie des sciences morales et politiques, Talleyrand lui fit remarquer : « Je n'ai qu'une observation à vous faire. Jésus-Christ, pour fonder sa religion, a été crucifié et est ressuscité. Vous auriez dû tâcher d'en faire autant »[29].

L'historien Emmanuel de Waresquiel brosse un portrait peu amène de La Révellière : « [...] hypocrite, petit bossu, adepte de la théophilanthropie, une drôle de religion inventée par lui, anticlérical et vaniteux [...][30] ».

Postérité[modifier | modifier le code]

Une rue porte son nom dans la commune de Bellevigne-en-Layon et la ville de Montaigu a donné son nom à une place dans le centre-ville. Sur cette place avait été érigée en 1886 un buste en bronze rendant hommage à La Revellière-Lépeaux. Cette sculpture fut fondue entre 1941 et 1945 par le régime de Vichy, dans le cadre de la mobilisation des métaux non ferreux. En 1954, une réplique en résine d'après le buste de David d'Angers vient remplacer l'original détruit[31].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « http://hdl.handle.net/10079/fa/beinecke.larevell »
  2. Archives de Paris, état-civil reconstitué, registre des décès, 5 MI1 1208.
  3. a et b http://recherche-archives.vendee.fr/ark:/22574/vta18a375cf173144f2
  4. Adolphe Robert, Edgard Bourloton, Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français comprenant tous les membres des assemblées françaises et tous les ministres français actifs du 1er mai 1789 au 1er mai 1889, Bourloton éditeur, 1891, 5 volumes, t.3, p. 594-596
  5. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 8, p. VI.
  6. Alphonse Aulard, La Société des Jacobins tome 1, p. LVIII.
  7. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 25, séance du 4 mai 1791, p. 580.
  8. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 26, séance du 12 mai 1791, p. 26.
  9. Ibid., séance du 18 mai 1791, p. 200-201.
  10. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 52, p. 48.
  11. Jacques-François Froullé, « Liste comparative des cinq appels nominaux. Faits dans les séances des 15, 16, 17, 18 et 19 janvier 1793, sur le procès et le jugement de Louis XVI [...] » Accès libre, sur www.gallica.bnf.fr, (consulté le )
  12. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 59, séance du 26 février 1793, p. 275.
  13. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 60, séance du 10 mars 1793, p. 67.
  14. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 62, séance du 13 avril 1793, p. 63.
  15. Michel Pertué, « La liste des Girondins de Jean-Paul Marat », Annales historiques de la Révolution française n°245, 1981, p. 385.
  16. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 65, séance du 28 mai 1793, p. 533.
  17. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 60, séance du soir du 21 mars 1793, p. 420 et p. 429.
  18. Ibid, séance du 26 mars 1793, p. 581.
  19. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 61, séance du 7 avril 1793, p. 397.
  20. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 72, séance du 13 août 1793, p. 127.
  21. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 75, séance du 3 octobre 1793, Annexe n°34, p. 701-702.
  22. Archives de Paris, registres paroissiaux et d'état-civil reconstitués, décès, 5MI1 113.
  23. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 103, séance du 19 frimaire an III (9 décembre 1794), p. 246.
  24. Gazette nationale ou le Moniteur universel n°171 du 21 ventôse an III (11 mars 1795), Convention nationale, séance du 18 ventôse (8 mars), p. 3-4.
  25. Gazette nationale ou le Moniteur universel n°217 du 7 floréal an III (26 avril 1795), Convention nationale, séance du 4 floréal (23 avril), p. 3.
  26. Gazette nationale ou le Moniteur universel n°306 du 6 thermidor an III (24 juillet 1795), Convention nationale, séance du soir du 1er thermidor (19 juillet), p. 4.
  27. Alphonse Aulard, Recueil des actes du Comité de Salut public tome 27, Convention nationale, séance du 15 fructidor an III (1er septembre 1795), p. 68.
  28. Louis Vialatte, Paris, des origines à la Libération, Paris, Société universitaire d'éditions et de librairie, , 160 p., p. 65
  29. « ASMP - Une Académie sous le Directoire : la section de morale. », sur asmp.fr via Internet Archive (consulté le ).
  30. Emmanuel de Waresquiel, Talleyrand : Le prince immobile, Fayard, 2003, p. 208
  31. (en) « À nos Grands Hommes - La monumentalité en cartes postales : Monument… », sur musee-orsay.fr (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Publications[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Étienne Charavay, La Révellière-Lépeaux et ses mémoires, 1895
  • Albert Meynier, Un représentant de la bourgeoisie angevine à l'Assemblée nationale constituante et à la Convention nationale, Germain & G. Grassin, imprimeurs-libraires, Angers, 1905, 539 p.
  • Hubert Janeau, Le vendéen La Révellière-Lépeaux, membre du Directoire (1753-1824), collection études d'histoire révolutionnaire, chez l'auteur, Poitiers, 1951, 145p.
  • Adolphe Robert, Edgard Bourloton, Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français comprenant tous les membres des assemblées françaises et tous les ministres français actifs du au , Bourloton éditeur, 1891, 5 volumes, t.3, p. 594-596
  • Auguste Kuscinski, Dictionnaire des Conventionnels, Paris, Rieder, 1917, article "La Revellière-Lépeaux"

Liens externes[modifier | modifier le code]

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