Ligue de Smalkalde — Wikipédia

Traité militaire de la Ligue Smalkalde, prorogé le .

La ligue de Smalkalde (en allemand : Schmalkaldischer Bund) est une union militaire au sein du Saint-Empire romain germanique de Charles Quint, formée pour des motifs idéologiques le [1], par des princes protestants allemands du Nord dirigés par Philippe de Hesse, puis l'Électeur Jean-Frédéric de Saxe. Elle entre en guerre contre l'empereur en 1545, déclenchant la guerre de Smalkalde.

Contexte[modifier | modifier le code]

Le moine allemand Martin Luther demande à partir de 1517 une réforme de l'Église que ni les autorités ecclésiastiques, notamment le pape, ni le très catholique Charles Quint, empereur du Saint-Empire romain germanique, ne peuvent accepter. Luther est excommunié le 3 janvier 1521, et ses thèses sont condamnées devant la diète impériale de Worms le 25 mai de la même année.

Cependant, son action trouve un large écho, notamment parmi la noblesse allemande. De grands princes adhèrent à ce projet de réforme. Ils sont cependant en danger, au ban de la chrétienté et de l'Empire. En 1530, les théologiens catholiques et l'empereur réfutent un nouveau texte luthérien, la Confession d'Augsbourg, lors de la diète impériale célébrée dans cette ville. L'édit de Worms confirmé, les princes doivent se soumettre avant le , ainsi que rétablir dans leurs États la juridiction épiscopale, et restituer les biens de l'Église[2].

Formation[modifier | modifier le code]

Les princes protestants décident alors de défendre la cause luthérienne contre l'Empereur, et soutenir son action. Philippe Ier de Hesse et Jean-Frédéric Ier de Saxe, organisent une rencontre à Smalkalde, le [2]. C'est là que le [3], huit princes et onze villes se mirent d'accord pour former une alliance défensive : la Ligue de Smalkalde. La Confession d'Augsbourg fut considérée leur déclaration de foi, et une charte fut rédigée. Ses membres s'engagent également à fournir des troupes, créant ainsi une force civile et militaire. 10 000 fantassins et 2 000 cavaliers forment les rangs de la Ligue[2].

Néanmoins, aucun affrontement majeur ne survient dans les premières années de la Ligue. Confronté à un nouveau conflit avec la France et à la menace ottomane, accrue à la suite de la bataille de Mohács, Charles Quint déclare la paix de Nuremberg en 1532 et accorde le droit de culte aux membres de la Ligue[2].

Du côté de l'empereur, le vice-chancelier Matthias Held (de) forma sa propre alliance d'États catholiques, la Ligue de Nuremberg, en [4].

Guerre de Smalkalde[modifier | modifier le code]

Malgré leur prestige et leur poids militaire, ces princes ont besoin d'appuis supplémentaires. La ligue demande alors l'aide du rival de l'empereur, le roi de France François Ier. En 1542, la Ligue parvient à expulser Henri II de Brunswick-Wolfenbüttel, partisan fidèle de Charles Quint, de sa principauté de Brunswick-Wolfenbüttel, un des derniers centres catholiques au nord[2].

Cherchant des alliés parmi les princes luthériens, Charles-Quint parvient à rallier à sa cause Maurice, duc de Saxe et cousin au second degré de Jean-Frédéric Ier, ainsi qu'Albert V de Bavière. Pour le premier, l’empereur promet toutes les terres et les titres de Jean-Frédéric Ier comme récompense. Le deuxième est persuadé par une offre de mariage[2]. En 1544 les relations entre l'empire et la France se rétablissent lors de la déclaration de la trêve de Crépy-en-Laonnois[5]. Charles-Quint bénéficie également de nouvelles négociations et armistices avec l'Empire ottoman[6]. La guerre de Smalkalde éclate alors, en 1546[5].

L'armée impériale, munie des forces de Ferdinand de Tolède, duc d'Albe, et de Maurice de Saxe[7], écrase la ligue à la bataille de Mühlberg le . Mais d'un point de vue politique, les partisans de Luther sont déjà trop puissants ; la paix d'Augsbourg, signée le par l'Empereur, permet aux princes et seigneurs de choisir pour eux et leurs vassaux l'une des deux confessions chrétiennes, et autorise les sujets en désaccord avec la religion de leur suzerain à émigrer[8].

Membres fondateurs[modifier | modifier le code]

Territoires[modifier | modifier le code]

Villes impériales[modifier | modifier le code]

Villes hanséatiques[modifier | modifier le code]

Ville de Basse-Saxe[modifier | modifier le code]

Adhésions ultérieures[modifier | modifier le code]

Principautés[modifier | modifier le code]

Villes impériales[modifier | modifier le code]

Villes hanséatiques[modifier | modifier le code]

Villes de Basse-Saxe[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Philippe Mélanchthon (1497-1560) », sur www.universdelabible.net (consulté le )
  2. a b c d e et f (en) Robert Wilde, « The Schmalkaldic League: Reformation War », sur ThoughtCo (consulté le )
  3. « Smalkaldic League », dans Catholic Encyclopedia, vol. 14 (lire en ligne)
  4. Denis Crouzet, Charles Quint: Empereur d’une fin des temps, Odile Jacob, (ISBN 978-2-7381-5942-7, lire en ligne)
  5. a et b Éditions Larousse, « Encyclopédie Larousse en ligne - ligue de Smalkalde en allemand Schmalkaldischer Bund », sur www.larousse.fr (consulté le )
  6. Depuis l'avènement de Souleiman I., jusqu'à premier traité de paix de l'Autriche avec la Porte Ottomane, 1520 - 1547, Bellizard, (lire en ligne), p. 396
  7. (en) MSW, « Battle of Mühlberg (Saxony), (24 April 1547) », sur Weapons and Warfare, (consulté le )
  8. « 25 septembre 1555 - Paix d'Augsbourg entre catholiques et protestants - Herodote.net », sur www.herodote.net (consulté le )
  9. « L'organisation de l'Église (1529-1548) », sur www.crdp-strasbourg.fr (consulté le )

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Paul Kittel, George Jean : Par la grâce de Dieu, comte Palatin du Rhin, duc de Bavière, comte de Veldenz et de la Petite-Pierre, fondateur de Phalsbourg, Éditions du musée de Phalsbourg, Éditions du Griffon, 2002, 978-2913162211.
  • Hubert Guicharrousse, « Luther et la légitimité de la guerre : la Ligue de Smalkalde et le droit de résistance », dans Jean-Paul Cahn, Françoise Knopper, Anne-Marie Saint-Gilles (éditeurs), De la guerre juste à la paix juste. Aspects confessionnels de la construction de la paix dans l’espace franco-allemand (XVIe – XXe siècles), Villeneuve-d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2008, p. 35-48.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]