Ligne de partage des eaux — Wikipédia

Principales lignes de partage européennes (lignes rouges) séparant les bassins (régions grisées).

La ligne de partage des eaux est une limite géographique qui divise hydrographiquement en plusieurs bassins versants. Plus précisément, de chaque côté de cette ligne, les eaux de pluie s’écoulent vers des exutoires différents. Le plus souvent, cette ligne, longue et sinueuse, correspond à une ligne de crêtes topographiques parcourant des hauteurs composées de montagnes, de collines, voire de simples ondulations de terrain[1]. Mais, parfois, des couches géologiques profondes et imperméables redirigent l'écoulement de l’eau vers une vallée séparée par une ligne de crête de la vallée où cette pluie est tombée (il y a alors résurgence, comme au Guelh de Joèu des sources de la Garonne).

Principaux bassins versants d’Amérique du Nord. En violet, les bassins versants de cours d'eau se jetant dans l’océan Pacifique, en vert dans l’Arctique, en bleu clair dans l’Atlantique et en bleu foncé dans la mer des Caraïbes et le golfe du Mexique (en vert foncé, le Grand Bassin).
Panneau indiquant la ligne de partage des eaux en Ardèche.

La ligne topographique de partage des eaux sert souvent de base juridique à la délimitation de frontières dans les zones montagneuses, comme c’est le cas, par exemple, dans les Alpes à la frontière entre la France et l'Italie ou dans les Pyrénées avec l'Espagne, dans les Andes entre l'Argentine et le Chili ou dans l’Himalaya entre la Chine et le Népal. Cependant, cette règle comporte quelques exceptions : les communes de Vallorcine, en Haute-Savoie (vallée de l’Eau-Noire), le lac du Mont-Cenis en Savoie, de la Vallée Étroite dans les Hautes-Alpes, de Tende dans les Alpes-Maritimes avec la vallée de la Roya, le Val d'Aran espagnol (constituant la haute vallée de la Garonne) ou encore la haute-Cerdagne (haute vallée du Sègre) sont de bons exemples d’entorses dues à des considérations politiques ou historiques.

Types de lignes de partage des eaux[modifier | modifier le code]

Les lignes de partage des eaux peuvent être distinguées en trois principaux types.

Ligne continentale de partage des eaux[modifier | modifier le code]

Sur les lignes continentales, les eaux s'écoulent de chaque côté vers différents océans, telles que la ligne continentale Congo-Zambèze (entre l'océan Atlantique et l'océan Indien). Tous les continents, sauf l'Antarctique, ont plusieurs lignes continentales de partage des eaux. La principale ligne continentale d'Eurasie va du détroit de Gibraltar au détroit de Béring ; elle sépare successivement les bassins maritimes suivants[2] :

  • Atlantique et Méditerranée (du détroit de Gibraltar au plateau de Langres) ;
  • Mer du Nord (et Baltique) et Méditerranée (et Adriatique, mer Noire, etc.) ;
  • Mer du Nord (et Baltique) et bassin endoréique (Caspienne et Asie centrale) ;
  • océans Atlantique et Arctique, et bassin endoréique (Caspienne et Asie centrale) ;
  • océan Arctique et océan Pacifique.

Une autre va de l'isthme de Suez à la péninsule de Malacca en longeant par le sud le bassin endoréique. L'Afrique possède trois lignes continentales de partage des eaux, séparant les bassins versants de la Méditerranée, de l'océan Indien (mer Rouge incluse) et de l'Atlantique ; elles se rejoignent en un point situé au sud-est du lac Victoria. La principale ligne continentale des Amériques va du détroit de Béring au cap Horn ; elle suit les montagnes Rocheuses, l'isthme de Panama et les Andes.

Grande ligne[modifier | modifier le code]

Sur une grande ligne, les eaux s'écoulent de chaque côté vers un même océan mais sans jamais se rejoindre auparavant, comme la ligne de partage des eaux entre le bassin du fleuve Jaune et celui du Yang-Tsé, ou entre la Loire et la Garonne.

Petite ligne[modifier | modifier le code]

Sur une petite ligne, les eaux s'écoulent vers deux rivières distinctes, mais se rejoignent lors d'une confluence avant de rejoindre ensemble un océan ou une mer, telles que la ligne de partage des eaux entre la Loire amont et l'Allier.

Points triples[modifier | modifier le code]

Quand trois lignes de partage des eaux délimitant trois bassins versants se rencontrent, elles créent un point triple (= tripoint hydrographique).

En France[modifier | modifier le code]

Point triple Rhône-Rhin-Meuse[modifier | modifier le code]

Entre les bassins versants maritimes du Rhône (par la Saône) vers la mer Méditerranée, du Rhin (par la Moselle) vers la mer du Nord et celui de la Meuse vers la mer du Nord, ce point triple est situé dans le département des Vosges sur la commune de Monthureux-le-Sec, légèrement au nord de l'Émetteur du Haut de Dimont (48° 09′ 53″ N, 6° 00′ 42″ E, altitude cotée : 446 m).

Point triple Rhône-Seine-Meuse[modifier | modifier le code]

Entre les bassins versants maritimes du Rhône (par la Saône) vers la mer Méditerranée, de la Seine (par la Marne) vers la Manche et celui de la Meuse vers la mer du Nord, ce point triple est situé dans le département de la Haute-Marne sur le plateau de Langres, sur la commune de Val-de-Meuse (et l'ancienne commune de Récourt)[3],[4], au sud des vestiges de la voie romaine de Langres à Bourbonne-les-Bains[5], à proximité du chemin de Falouande (47° 56′ 29″ N, 5° 30′ 17″ E, altitude : 453 m)[3] sur un site localement aplani.

Point triple Rhône-Seine-Loire[modifier | modifier le code]

Ce point triple entre les bassins versants du Rhône (par la Saône) vers la Méditerranée, de la Seine vers la Manche, et de la Loire vers l'océan Atlantique se trouve dans le département de la Côte-d'Or sur la commune de Meilly-sur-Rouvres, identifié sur la carte IGN à la jonction de la route nationale 81 (D 981) et du chemin communal de la Vachère, au bout de la « Pièce du Pâtis » (47° 12′ 12″ N, 4° 32′ 54″ E, altitude : 439 m)[6].

Trois rivières prennent leur source à proximité de ce point triple :

Point triple Rhône-Loire-Garonne[modifier | modifier le code]

Monument peu éloigné du tripoint de partage des eaux entre Loire, Garonne et Rhône, sur les communes de Laubert et de Montbel en Lozère, près du col de la Pierre Plantée.

Le tripoint entre le Rhône vers la mer Méditerranée, la Loire vers l'océan Atlantique et la Garonne vers le golfe de Gascogne se trouve en Lozère, entre Mende et Langogne, sur la commune d'Allenc très proche de la limite avec celle de Belvezet, à un « sommet » du mont Planas (44° 33′ 12″ N, 3° 43′ 23″ E, altitude : 1 273 m), à quelque 600 m au Nord-Ouest du « carrefour de la Pierre Plantée », traversé par le GR7, avec un menhir à proximité qui a donné son nom au lieu.

Pour évoquer ce tripoint sur un lieu fréquenté, à 6 km de là vers le Nord-Ouest, sur la RN 88 et sur la commune de Laubert, au col de la Pierre Plantée (ne pas confondre avec le précédent carrefour), un monument en forme de prisme triangulaire a été élevé en 2001 (44° 35′ 17″ N, 3° 39′ 34″ E, altitude : 1 264 m), à distinguer d'une autre colonne voisine surmontée d'une croix.

Point triple Loire-Charente-Dordogne[modifier | modifier le code]

Le point triple entre les bassins versants de la Loire par la Gorre, de la Charente par la Tardoire et de la Dordogne par la Dronne se trouve dans le département de la Haute-Vienne sur la commune de Pageas, identifié au sud du hameau du Mazaubert, sur un sommet avec un château d'eau (45° 39′ 36,75″ N, 1° 01′ 00,75″ E, altitude : 463 m).

Point quadruple[modifier | modifier le code]

L'existence d'un quadripoint dans le département de l'Aisne entre les bassins de la Meuse, de l'Escaut, de la Somme et de la Seine est évoquée dans un document de 1809[7]. Ceci voudrait dire que les tripoints Meuse-Escaut-Seine et Escaut-Somme-Seine se trouvent en un même lieu. Or, il a été démontré que ces deux tripoints se trouvent à une distance de 9,3 km, le premier sur le territoire de la commune d'Hannapes (Aisne) (49° 59′ 37″ N, 3° 36′ 23″ E, altitude : 175 m), le deuxième sur la commune d'Aisonville-et-Bernoville (Aisne)[8] (49° 56′ 06″ N, 3° 31′ 15″ E, altitude : 163 m).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. L. Grégoire, Géographie générale illustrée : Description générale de l'Europe, vol. Livre troisième, Paris, Garnier Frères, , 1207 p. (lire en ligne), p. 15
  2. Jean Gallier (avec illustrations d'origines diverses), « Partage des eaux sur le plateau sur le plateau de Langres », sur chemindeleau, 17 septembre 2016, mis à jour le 22 août 2021 (consulté le ).
  3. a et b Jean Gallier, « Ligne de partage des eaux sur le Plateau de Langres : Point triple du plateau de Langres », sur chemindeleau.com (consulté le )
  4. « Point de partage des eaux : Manche-Atlantique-Méditerranée : Trois points de partage des eaux en France », sur geocaching.com (consulté le )
  5. « DREAL Grand-Est : Hydrographie », sur grand-est.developpement-durable.gouv.fr, (consulté le )
  6. Charles Berg, « Le point de partage bourguignon » sur une page du Projet Babel consacrée au canal de Bourgogne.
  7. Encyclopédie Méthodique - tome 3 : Géographie-Physique, p. 69. M. Desmarest. Imprimeur H. Agasse, Paris, 1809.
  8. « Association Ligne de Partage. Pierre-Louis Blaix » (consulté le )