Les Petites Dalles — Wikipédia

Les Petites Dalles
Falaise et plage des Petites-Dalles.
Géographie
Pays
Arrondissement français
Arrondissement français
Département français
Commune française
Commune française
Coordonnées
Fonctionnement
Statut
Identifiants
Code postal
76540Voir et modifier les données sur Wikidata
Carte

Les Petites-Dalles est un hameau partagé entre Sassetot-le-Mauconduit et Saint-Martin-aux-Buneaux, communes du département de Seine-Maritime, dans la région Normandie, en France. Cette situation particulière fait qu'il est également partagé entre deux cantons (Valmont et Cany-Barville), deux arrondissements (Le Havre et Dieppe) et aussi deux diocèses.

Station balnéaire au sud de Dieppe en Normandie, sur le littoral de la Manche et du pays de Caux, les Petites-Dalles tirent leur réputation des falaises qui encadrent le village et la plage et qui ont inspiré les peintres impressionnistes, dont Claude Monet et Berthe Morisot, et de ses nombreuses villas balnéaires de la fin du XIXe siècle, parfaitement conservées (Les Catelets, Les Lampottes, Les Mouettes, Les Lierres, Les Chrysanthèmes, etc.).

Administratif[modifier | modifier le code]

  • code postal : 76540 - Valmont.

Quoique sur deux communes, n'est attribué qu'un seul code postal au hameau des Petites-Dalles, celui de Valmont duquel dépend la commune de Sassetot-le-Mauconduit.

Toponymie[modifier | modifier le code]

Le nom ancien pour les Petites-Dalles apparait sous la forme latinisée Daletis dans une charte de 1252[1] (abbé Cochet).

Il s'agit d'un dérivé de Dalis qui figure dans la même charte, de même on y trouve Weletis (Veulettes, autrement Welletes 1219[2]), diminutif de Veules (Wellas 1025)[3]. Contrairement au second exemple cité, *Dales est devenu les Grandes-Dalles et *Dalettes, les Petites-Dalles.

Dalle(s) est un appellatif d'origine norroise dalr « vallée »[4], ce qui correspond bien à la nature du site. On trouve également en pays de Caux : les Rouges Dalles (Crasville-la-Mallet), les Basses Dalles (Néville) et en Cotentin : les Longues Dalles (La Pernelle), etc.[5].

Ces formations toponymiques avec l'article défini sont postérieures aux formations sans l'article que l'on rencontre à maintes reprises en Normandie : Briquedalles (un manoir et gîte, qui est à Sassetot-le-Mauconduit), Oudalle (Hulvedala 1025, ulfr « loup » cf. Nom de famille Ouf), Bruquedalle (Brokedale 1189, vieil anglais brōc « ruisseau », cf. Brookdale), Dieppedalle (Diepedale 1225 cf. Deepdale, GB), etc. Il a été utilisé avec la plupart des appellatifs d'origine anglo-scandinave : le Tot, le Bec, le Thuit, la Crique, etc.

Il existe aussi un hameau des Grandes-Dalles à quelques kilomètres à l'ouest[6].

En ce qui concerne le vocable dalle employé avec l'article, il y a pu avoir confusion avec un autre terme norrois dœla « rigole pour l'écoulement des eaux à bord d'un navire » qui a donné dalot, terme de marine désignant une « ouverture pratiquée dans le bordage et permettant l'écoulement des eaux embarquées » et dalle en dialecte normand, qui signifie « évier » et origine probable du français dalle[7]. Le mot norrois dœla se perpétue dans l'islandais dæla « pompe ».

Dans ce cas, les Petites-Dalles pourraient se référer à « des écoulements d'eaux dans des canaux d'évacuation ».

Histoire[modifier | modifier le code]

La plage vers 1875, au centre avant la falaise, la villa Brise Lames de Henri Wallon).

En 1875, Élisabeth de Wittelsbach dite Sissi vient passer les mois d'août et septembre au château de Sassetot-le-Mauconduit et se baigne régulièrement sur la plage des Petites-Dalles[8]. Le peintre Paul Valantin réalise un tableau de la scène. En son honneur, une allée des Petites-Dalles s'appelle "allée de l'Impératrice". Le château existe toujours, c'est un hôtel-restaurant.

En 1876, l'homme politique Henri Wallon achète la propriété Saillot qui deviendra la villa Brise-Lames au bord de la plage[9]. L'esplanade de la plage porte son nom de nos jours.

Pendant la Première Guerre mondiale, une colonie serbe était réfugiée aux Petites-Dalles et logeait à l'hôtel des Pavillons et à la villa Kermor. Les premiers réfugiés serbes sont arrivés aux Grandes-Dalles le 27 janvier 1916. Ils ont été 133. La colonie a déménagé des Grandes-Dalles aux Petites-Dalles le 23 mai 1916. Au mois d'août 1916, elle comptait 83 personnes, 23 femmes et 60 hommes. La directrice était Mme Marguerite Pavlović, née Brulé, et le directeur M. Dimitrije Pavlović, avocat, président du Club français de Niš (Serbie). Il ne s'agissait pas de soldats blessés ou convalescents, mais essentiellement des représentants de professions libérales — avocats, médecins, ingénieurs — qui avaient fui leur pays envahi. Parmi ces réfugiés se trouvait Vladislav Petković Dis, célèbre poète serbe. Le 26 août 1916, il participa avec Ernest Daudet à un concert organisé aux Petites-Dalles par la Croix-Rouge française et serbe[10].

Le vers 11 h 30, le général allemand Rommel, à la tête de la 7e division de panzers, atteignit la Manche aux Petites-Dalles, fermant ainsi aux troupes françaises et anglaises la route vers Le Havre et Fécamp.

Le capitaine de marine marchande Joseph Heuzé, habitant des Petites-Dalles, résistant participant à un réseau d'évacuation de juifs vers l'Angleterre fut arrêté par l'armée allemande qui ne put obtenir d'informations de sa part malgré l'arrestation de son frère, quelques mois plus tôt. Le peu d'informations sensibles resteront inaccessibles à l'armée allemande, notées sous forme codée dans son missel qu'il eut la présence d'esprit d'abandonner au moment de son arrestation. Il fut déporté à Mathausen dans le convoi du et mourut quelques mois plus tard, le à Hartheim, gazé dans le cadre du programme d'inaptitude aux travaux forcés à la suite d'une infection. Son nom sera donné à la rue principale des Petites-Dalles afin de rendre hommage à son courage et sa détermination.

Jules Verne et les Petites-Dalles[modifier | modifier le code]

Michel Verne, fils de Jules, avait pour habitude de passer ses vacances aux Petites-Dalles[11] avec sa femme et ses enfants. Il y reçoit son père et sa mère en , ce qui fut l'occasion de leur réconciliation, Jules ayant toujours jusqu'alors refusé de faire connaissance avec la nouvelle femme de son fils. Jules Verne y séjourne de nouveau du au . Il s'agit de l'avant dernier voyage fait par l'écrivain avant le déplacement à Rouen du 6 au .

Deux cartes postales existent de cet événement. Longtemps, les biographes ont cru qu'il s'agissait de photographies représentant Jules Verne et sa famille devant les falaises de Mers-les-Bains. La liste des déplacements effectués par Verne disponible dans les collections de la bibliothèque Louis-Aragon d'Amiens, nous révèle le lieu exact des clichés ainsi qu'une lettre de Jules à Michel disant : « Nous comptons partir lundi 28, à 8 h du matin, pour arriver à Cany à 12 h 33 où nous comptons trouver un moyen de transport pour les Petites Dalles. »

Jules Verne, en outre, y termine son roman Bourses de voyage qui sera publié en 1903[réf. nécessaire].

Éboulement[modifier | modifier le code]

Le , un éboulement, sur une longueur d'une centaine de mètres de la falaise, a eu lieu, sans faire de victime. Près de 50 000 m3 de roches se sont écroulés sur une plage de la commune de Saint-Martin-aux-Buneaux au lieu-dit Petites-Dalles, selon le Service d'incendie et de secours (SDIS) de Seine-Maritime[12].

Patrimoine[modifier | modifier le code]

Personnes célèbres[modifier | modifier le code]

Personnes en lien avec les Petites-Dalles (y étant venu ou y habitant)[modifier | modifier le code]

Les peintres qui ont illustré les Petites-Dalles[modifier | modifier le code]

De très nombreux peintres ont été inspirés par le site[18] entre autres :

Galerie photo[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Jean Renaud, Vikings et noms de lieux de Normandie. Dictionnaire des toponymes d'origine scandinave en Normandie, éditions OREP, 2009, p. 48. (ISBN 978-2-915762-89-1)
  2. François de Beaurepaire (préf. Marianne Mulon), Les Noms des communes et anciennes paroisses de la Seine-Maritime, Paris, A. et J. Picard, , 180 p. (ISBN 2-7084-0040-1, OCLC 6403150), p. 162
  3. François de Beaurepaire, op. cit.
  4. Jean Renaud, Les Vikings et la Normandie, Éditions Ouest-France Université 1989. p. 161.
  5. Jean Renaud, op. cit.
  6. Paradoxalement le hameau des Grandes-Dalles est plus petit que celui des Petites-Dalles.
  7. Site du CNRTL : étymologie de dalle Étymologie de dalle
  8. Sissi à Sassetot en 1875 sur le site Les-petites-dalles.org.
  9. Henri Wallon et les Petites-Dalles sur le site Henriwallon.com
  10. « Vladislav Petkovic Dis », sur www.les-petites-dalles.org (consulté le )
  11. Voir Volker Dehs, La famille Verne à la plage, Bulletin de la Société Jules-Verne no 187, 2014, p. 16-19
  12. Lefigaro.fr avec AFP, « Éboulement de falaise en Seine-Maritime », sur lefigaro.fr, Le Figaro, (consulté le ).
  13. A la découverte de la grotte des Petites Dales (Saint-Martin-aux-Buneaux, Seine Maritime, France)
  14. Albert Einstein avait lu un ouvrage d'Henri Poincaré. Ils se posaient la même question ainsi que beaucoup de physiciens de l'époque sur une expérience tentée à plusieurs fois contredisant le théorème d'addition des vitesses en mécanique classique. Ils ont à plusieurs semaines près publié un article sur une possible explication, l'idée était dans l'air dans le milieu des physiciens s'intéressant à cette énigme, il est peu probable qu'il y ait eu un plagiat.
  15. Il est connu pour son amendement introduisant le mot "République" dans les lois constitutionnels de 1875. Permettant de définir le régime, existant depuis septembre 1870 à la suite de la brutale et rapide chute inattendue du Second Empire, mais sans aucun cadre légal clair jusque là, sans même une définition vague du régime.
  16. La place de la plage est nommée en son honneur
  17. Anne-Frédérique Oudin, Les oubliées, Paris, Les éditions La Grisette, , 32 pages (ISBN 978-2-9557039-1-5)
  18. Liste de peintres sur le site Les-petites-dalles.org]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Pierre Wallon, Les Petites-Dalles, du village de pêcheurs à la station balnéaire, éditions du Mauconduit, deuxième édition .

Liens externes[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :