Les Deux Coqs — Wikipédia

Les Deux Coqs
Image illustrative de l’article Les Deux Coqs

Auteur Jean de La Fontaine
Pays Drapeau de la France France
Genre Fable
Éditeur Claude Barbin
Lieu de parution Paris
Date de parution 1678
Chronologie

Les Deux Coqs est la douzième fable du livre VII de Jean de La Fontaine situé dans le second recueil des Fables de La Fontaine, édité pour la première fois en 1678. Cette fable est composée de 32 vers relativement courts ; structure traditionnelle de l’apologue : récit (v. 1-28) suivi d’une morale (v. 29-32).

Cette fable a pour source l'apologue d'Ésope "Les deux coqs et l'aigle".

Texte[modifier | modifier le code]

LES DEUX COQS

[Ésope[1]]

Dessin de Grandville (1838-1840)
Bande dessinée de Benjamin Rabier (1906)
Gravure de François Chauveau (1688)
Peinture murale du groupe scolaire Jules Ferry à Conflans-Sainte-Honorine réalisée en 1936 par un peintre inconnu
Gravure de Martin Marvie d'après un dessin de Jean-Baptiste Oudry, édition Desaint & Saillant imprimée en 1755-1759

Deux Coqs vivaient en paix ; une Poule survint,
Et voilà la guerre allumée.
Amour, tu perdis Troie[N 1] ; et c'est de toi que vint
Cette querelle envenimée,
Où du sang des Dieux même on vit le Xanthe[N 2] teint !
Longtemps entre nos Coqs le combat se maintint.
Le bruit s'en répandit par tout le voisinage.
La gent qui porte crête au spectacle accourut.
Plus d'une Hélène[N 3] au beau plumage
Fut le prix du vainqueur ; le vaincu disparut.
Il alla se cacher au fond de sa retraite,
Pleura sa gloire et ses amours,
Ses amours qu'un rival tout fier de sa défaite
Possédait à ses yeux. Il voyait tous les jours
Cet objet rallumer sa haine et son courage ;
Il aiguisait son bec, battait l'air et ses flancs,
Et s'exerçant contre les vents
S'armait d'une jalouse rage.
Il n'en eut pas besoin. Son vainqueur sur les toits
S'alla percher, et chanter sa victoire.
Un Vautour entendit sa voix :
Adieu les amours et la gloire ;
Tout cet orgueil périt sous l'ongle du Vautour.
Enfin, par un fatal retour,
Son rival autour de la Poule
S'en revint faire le coquet[N 4] :
Je laisse à penser quel caquet,
Car il eut des femmes en foule.
La Fortune se plaît à faire de ces coups ;
Tout vainqueur insolent à sa perte travaille.
Défions-nous du sort, et prenons garde à nous
Après le gain d'une bataille.

— Jean de La Fontaine, Fables de La Fontaine, Les Deux Coqs, texte établi par Jean-Pierre Collinet, Fables, contes et nouvelles, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1991, p. 273

Notes[modifier | modifier le code]

  1. L'amour de Pâris, prince de Troie, pour Hélène, épouse de Ménélas (roi de Sparte) entraîne la Guerre de Troie entre les grecs et les troyens, guerre qu'Homère raconte dans son Iliade et qui se termine par la chute de Troie après dix ans de siège
  2. Le Xanthe (ou le Scamandre) est un fleuve d'Asie Mineure, près de Troie et auprès duquel ont lieu les combats des grecs et des troyens (Iliade, Chant XXI). Les dieux Arès (Mars) et Aphrodite (Vénus) furent eux-mêmes blessés (donc leur sang coula) par Diomède (Iliade, Chant V).
  3. Hélène, personnage de l'Iliade d'Homère, est la fille de Zeus (Jupiter) et de Léda. Elle est considérée comme la plus belle femme au monde. C'est l'épouse du grec Ménélas, roi de Sparte ; et elle est enlevée par Pâris, prince de Troie : ce qui cause la guerre entre grecs et troyens.
  4. Jeux de mot sur l'étymologie de coquet : petit coq ; et le sens galant, élégant... (coquet donne les mots coquette, coquetterie etc)


Références[modifier | modifier le code]

  1. (fr + grk) Ésope (trad. Émile Chambry), « LES DEUX COQS ET L'AIGLE », sur archive.org,

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