Les Deux Canards — Wikipédia

Les Deux Canards
Illustration d'Yves Marevéry représentant quatre personnages du vaudeville Les Deux Canards à sa création (1913) : de gauche à droite l'imprimeur Béjun (Germain), sa femme Léontine (Armande Cassive), le journaliste Lucien Gélidon (Adrien Le Gallo) et la jeune Madeleine de Saint-Amour (Marthe Debienne).
Illustration d'Yves Marevéry représentant quatre personnages du vaudeville Les Deux Canards à sa création (1913) : de gauche à droite l'imprimeur Béjun (Germain), sa femme Léontine (Armande Cassive), le journaliste Lucien Gélidon (Adrien Le Gallo) et la jeune Madeleine de Saint-Amour (Marthe Debienne).

Auteur Tristan Bernard et Alfred Athis
Genre Comédie en prose
Nb. d'actes 3 actes
Date de création en français
Lieu de création en français Théâtre du Palais-Royal
Représentations notables
Personnages principaux
  • Lucien Gélidon
  • Baron de Saint-Amour
  • Madeleine de Saint-Amour
  • Mme Léontine Béjun
  • M. Béjun
  • Larnois
  • La Chevillette
  • Commandant Mouflon
  • M. Flache
  • Mme Amélie Flache

Les Deux Canards est une pièce de théâtre en trois actes de Tristan Bernard et Alfred Athis créée en 1913.

Résumé[modifier | modifier le code]

Dans la bourgade provinciale de Valmoutiers, la campagne pour l'élection municipale est orchestrée par deux organes de presse (deux canards, terme familier pour désigner les « feuilles de choux» régionales à faible lectorat) idéologiquement opposés, La Torche, un journal passé au parti réactionnaire après son rachat à l'imprimeur Béjun par un notable local, le baron de Saint-Amour et Le Phare, un nouveau journal radical fondé pour l'occasion tout en restant édité par l'imprimerie Béjun. Le même auteur, sous deux noms différents, assure tour à tour la rédaction des articles dans les deux journaux ennemis, et se débat simultanément dans des affaires sentimentales embrouillées d'une part avec l'épouse de l'un et d'autre part avec la fille de l'autre des adversaires en lice.

Façade d'un élégant édifice de la Belle Époque avec escaliers extérieurs, photographiée de nuit
Le théâtre du Palais-Royal où fut donnée, en 1913, la première représentation des Deux Canards.

Au troisième acte, la querelle journalistique envenimée des deux côtés par ceux qui croient y voir leur intérêt, débouche sur la situation absurde d'un duel qui devrait opposer un personnage à lui-même, ici le journaliste sous son nom réel et son double virtuel sous son pseudonyme littéraire, en présence de témoins qui ne le connaissent de vue que sous l'une ou l'autre de ces deux identités. Seule l'intervention de deux complices masqués par des lunettes d'automobilistes parvient à faire illusion un moment, jusqu'au dénouement comique qui voit arriver sur scène un troisième protagoniste en la personne du journaliste lui-même, masqué de la même manière[1].

Personnages[modifier | modifier le code]

  • Lucien Gélidon, écrivain parisien connu sous le nom de plume de Montillac et dont la double identité sera la source du quiproquo qui constitue l'argument de la pièce
  • Baron de Saint-Amour, candidat réactionnaire à la mairie de Valmoutiers
  • Madeleine de Saint-Amour, sa fille
  • Mme Léontine Béjun
  • M. Béjun, imprimeur du journal La Torche, puis de son rival Le Phare, poussé par sa femme à briguer la mairie de Valmoutiers comme candidat radical
  • Commandant Mouflon, militaire partisan de Saint-Amour et témoin de Montillac lors de son duel avec Gélidon
  • La Chevillette, chroniqueur mondain et modiste distingué au service du baron, appelé par Le Commandant à se substituer au pseudo-Montillac pour la mise en scène de son duel avec Gélidon
  • Larnois : ami parisien de l'écrivain Montillac qu'il redécouvre sous l'identité de Gélidon. Ce dernier lui demandera au 3ème acte de le remplacer pour jouer le rôle de Gélidon dans son duel face à Montillac
  • Flache : journaliste de la Torche, resté fidèle à ce journal malgré les idées de droite qu'entend propager son nouveau propriétaire, le baron de Saint-Amour
  • Amélie Flache, sa femme restée fidèle à l'idéologie de gauche reprise par Le Phare

Représentations[modifier | modifier le code]

photographie en noir et blanc d'une femme en buste, au port de tête altier, ayant la chevelure ornée de rubans, vue de profil gauche
L'actrice Armande Cassive, interprète du rôle de Léontine Béjun à la première représentation des Deux Canards. Extrait de : Album Reutlinger de portraits divers, vol. 50, photographie n° 10419 A.
photographie en noir et blanc du visage d'une jeune femme aux cheveux courts vue de face, une mouche sur le joue gauche
L'actrice et danseuse Marthe Debienne, interprète du rôle de Madeleine de Saint-Amour à la première représentation des Deux Canards. Extrait de : Album Reutlinger de portraits divers, vol. 63, photographie n° 26138 M (détail).

La création a lieu le au théâtre du Palais-Royal avec la distribution suivante :

En 2008, la pièce est à nouveau montée, et jouée au théâtre Antoine-Simone-Berriau dans une mise en scène d'Alain Sachs, avec Yvan Le Bolloc'h (Lucien Gélidon), Isabelle Nanty (Léontine Béjun) et Gérard Chaillou (Baron de Saint-Amour)[2],[3]. Elle obtient le Raimu de la pièce de comédie, Alain Sachs celui de la mise en scène et Isabelle Nanty celui de la comédienne.

Citations[modifier | modifier le code]

« - Léontine : [...] Pourtant, monsieur, je vous assure que je suis une honnête femme, je vous en fais le serment. Je n'ai trompé mon mari que trois fois... Trois aventures bien insignifiantes, éphémères comme on dit, ça ne vaut pas la peine d'en parler. Vous savez, monsieur Larnois, si je vous en parle, c'est parce que je tiens à tout vous dire ; mais moi, voyez-vous, je suis très réservée, plutôt renfermée. - Larnois : je vois, madame, je vois ... »

« - Léontine : [...] Je tiens à ce que l'homme que M. Gélidon trompe ait une situation considérable. Il faut que mon mari soit digne de mon amant. - Larnois : c'est un sentiment très délicat ... »

Adaptations[modifier | modifier le code]

Cette pièce a fait l'objet en 1933 d'une adaptation au cinéma, par le réalisateur Erich Schmidt, avec Saturnin Fabre dans le rôle du baron de Saint-Amour[4]. Plus récemment deux troupes théâtrales ont réalisé et représenté des adaptations des Deux Canards : celle de la Comédie des Ternes à Paris en 2016[5] et celle des Potimarrants à Lyon (dans une mise en scène de Guillaume Verny) en 2018[6].

Réception et critiques[modifier | modifier le code]

dessin à la plume d'une jeune femme en buste coiffée d'un chapeau à plumes
Dessin de Renée Bonheur, représentant la coiffure d'Armande Cassive lors de la première représentation des Deux Canards (Gil Blas, 4 décembre 1913).
Caricature de la silhouette - imposante - de Gaston 'W' de Pawlowski, par Jacquet.

Cette comédie remporte un « très gros succès » immédiat dès ses premières représentations au Palais-Royal à la fin de l'année 1913[7],[8]. Le critique Gaston de Pawlowski, lié avec Tristan Bernard en fait un compte rendu détaillé dans le journal Comœdia dont il est rédacteur en chef depuis 1907 en ouvrant son article sur ces mots : « Les auteurs qui se plaignent à tout propos de la critique, ont le tort de ne pas comprendre que si leurs pièces étaient réellement bonnes, les critiques, désarmés n'existeraient plus et se transformeraient en simples spectateurs émerveillés »[1].

Gaston de Pawlowski avait lui-même expérimenté en 1902 le pseudo-journalisme humoristique à double face en se faisant tour à tour rédacteur, sous divers pseudonymes, de deux journaux fictifs publiés dans Le Rire : La Veilleuse Nationale et La Torche. Il signait dans le premier ses pseudo-articles notamment des noms de Robert Quiberon (Profession de foi, Le Doigt de Dieu !, Les Grands patriotes chrétiens : Baron Lombart de la Villotière, Hypocrite refuse les présents d’Artaxercès, Nos Adversaires : M. Leterne-Vaumorné ... ) et de Baron Lombart de la Villotière (Paris, le , Les Grands patriotes chrétiens : Robert Quiberon) et dans le second de ceux d'Hippocrate Lagneau (Manifeste, Croa... Croa !, Chie-en-lit) et de Jacques Vueil (Justice militaire, Dernière heure). Tous les numéros, accompagnés d'inédits, ont été rassemblés en 1906 sous la forme d’une plaquette et réédités en 2017 sous le titre : La Bêtise universelle[9].

Le soin accordé aux costumes de scène n'échappe pas non plus à la critique, et la chroniqueuse de mode Renée Bonheur écrit à ce sujet, au lendemain de la première : « Avouons que lorsqu'on a le très vif plaisir d'entendre une pièce de M. Tristan Bernard, on oublie mode et chiffons pour n'être plus qu'à la joie d'écouter. Les étincelants mots d'esprit, les situations d'un comique achevé nous laissent à peine la possibilité d'entrevoir la séduction qu'ont toilettes et chapeaux. Ceux-ci surpassent celles-là. Rien ne peut égaler certainement le chic, le parisianisme, l'allure de ceux portés par Mlle Cassive. »[10].

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Gaston de Pawlowski, « Les Deux Canards - Comédie en trois actes de MM Tristan Bernard et Alfred Athis », Comœdia,‎ (lire en ligne)
  2. Marie-Laure Atinault, « Les Deux Canards de Tristan Bernard et Alfred Athis », sur webtheatre.fr, (consulté le )
  3. Laurence Liban, « Les Deux Canards », sur lexpress.fr, (consulté le )
  4. « Les Deux Canards », sur cinememorial.com (consulté le )
  5. [vidéo] La Comédie des Ternes, Les deux Canards - Comédie de Tristan Bernard sur YouTube
  6. [vidéo] PotiLyonnais, Les deux Canards - La Bande-Annonce sur YouTube
  7. Gabriel Reuillard, « Les deux canards », Les Hommes du Jour,‎ (lire en ligne)
  8. Edmond Sée, « Au Palais-Royal, gros, très gros succès pour les « Deux Canards » de MM. Tristan Bernard et Alfred Athis », Gil Blas,‎ (lire en ligne)
  9. Gaston de Pawlowski, La Bêtise universelle : Édition établie et préfacée par Fabrice Mundzik, Saint-Xandre, Bibliogs, coll. « Sérendipités », , 122 p. (ISBN 979-10-94282-34-2, lire en ligne)
  10. Renée Bonheur, « La Mode au Théâtre : Au Palais-Royal : les « Deux Canards » par M. Tristan Bernard », Gil Blas,‎ (lire en ligne)