Legio VI Herculia — Wikipédia

Carte montrant la division de l’Empire romain entre les quatre tétraques.

La Legio VI Herculia (litt : légion VI consacrée à Hercule)[N 1] fut une légion de l’armée romaine, créée par Dioclétien (r. 284-305) pour la protection de la province de Pannonie seconde.

Histoire de la légion[modifier | modifier le code]

Les deux provinces de Pannonie au IIe siècle.
Les quatre provinces de Pannonie après la réforme de Dioclétien.

Au début de son règne en 293, Dioclétien procéda à des réformes en profondeur de l’administration et de la défense de l’empire. Après avoir créé la tétrarchie, système de gouvernement où chacun des deux Augustes (Dioclétien et Maximien) était secondé par deux Césars (Galère et Constance), il subdivisa les provinces devenues trop vastes pour être administrées adéquatement, faisant passer leur nombre à plus de cent et créa une structure régionale regroupant celles-ci en douze diocèses [1],[2].

Il réorganisa également l’armée, créant pour chaque tétrarque une armée mobile (comitatenses), alors qu’un système de fortifications (limes) établi le long de la frontière était gardé par des unités permanentes (limitanei). Tout en conservant les 39 légions déjà existantes, mais dont nombre n’étaient pratiquement plus que l’ombre d’elles-mêmes, il leva au moins 14 nouvelles légions dont celle-ci[3]. On vit également apparaitre de nouvelles unités auxiliaires regroupant sous de nouvelles dénominations, diverses unités à vocation spécialisée. Ainsi, au fort dit Castra ad Herculem, dans le coude du Danube, fut cantonné l’unité Auxilia Herculensia regroupant des troupes de choc et des cavaliers dalmates[4].

C’est dans le cadre de cette réorganisation et à la veille de la nomination de leurs successeurs que se déroula une conférence sous la présidence des deux Augustes, le Dalmate Dioclétien et le Pannonien Maximien à Carnutum (aujourd’hui Petronell-Bad Deutsch-Altenburg) qui vit la division des provinces de Pannonie supérieure et Pannonie inférieure en quatre :

  • Pannonia prima, au nord-ouest, capitale : Savaria ou Sabaria (aujourd’hui Szombathely en Hongrie)[5], [6];
  • Pannonia Valeria, au centre, capitale : Soipianae (aujourd’hui Pécs en Hongrie);
  • Pannonia Sava, au sud-ouest, capitale : Siscia (aujourd’hui Sisak en Croatie);
  • Pannonia secunda au sud-est, capitale : Sirmium (aujourd’hui Srmeska Mitrovica en Serbie).

Deux légions furent alors[7] créées pour la protection de la province de Pannonia secunda : la Legio V Iovia et la Legio VI Herculia. Le cognomen (surnom) de la légion VI faisait référence à Hercule, dieu de la mythologie auquel Maximien aimait se comparer et qui assistait Jupiter, divinité en l’honneur de laquelle la légion V avait été surnommée, divinité tutélaire de Dioclétien. Les surnoms des deux légions montraient ainsi qu’elles avaient été créées de concert à l’image des deux Augustes.

À titre de limitanei (garde-frontière), la légion fut stationnée à Teutoburgium (aujourd’hui Vukovar en Croatie ) où, avec la Legio III Flavia (à Singidunum) et la V Iovia (à Castellum Bononia), elle avait pour tâche de protéger la capitale, Sirmium [8]. La présence de la légion est attestée dans la région par de nombreuses inscriptions, entre autres à Mursa (Osijek en Croatie)[9], Bononia (Banostor en Serbie), Cerevic et Ad Militare (Batina, extrême nord-ouest de la Croatie)[10]. Cette dernière inscription permet de dater son passage de 307[11]. En fonction de cette date, l’historien hongrois Péter Kovác a émis l’hypothèse que la forteresse Ad Militare ait pu être le premier endroit où la légion fut stationnée[12].

Selon la Notitia Dignitatum, recension rédigée vers 400[N 2], la Sexta Herculea faisait alors partie des forces du Dux Pannoniae II. Cinq cohortes, le gros de la légion, étaient stationnées sous les ordres d’un préfet à Aureo monte (« La Montagne d’or », aujourd’hui Smederevo en Serbie). Un autre préfet commandait une unité à Teutiburgium, alors qu’à Castellum Onagrinum un troisième préfet commandait un détachement conjoint de la Legio VI Herculia et de la Legio V Iovia[13].

Ni l’emblème de la légion, ni l’insigne distinctif de son bouclier ne sont parvenus jusqu’à nous.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

(de) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en allemand intitulé « Legio VI Herculia » (voir la liste des auteurs).
  1. Le nombre (indiqué par un chiffre romain) porté par une légion peut porter à confusion. Sous la république, les légions étaient formées en hiver pour la campagne d’été et dissoutes à la fin de celle-ci; leur numérotation correspondait à leur ordre de formation. Une même légion pouvait ainsi porter un numéro d’ordre différent d’une année à l’autre. Les nombres de I à IV étaient réservés aux légions commandées par les consuls. Sous l’empire, les empereurs numérotèrent à partir de « I » les légions qu’ils levèrent. Toutefois, cet usage souffrit de nombreuses exceptions. Ainsi Auguste lui-même hérita de légions portant déjà un numéro d’ordre qu’elles conservèrent. Vespasien donna aux légions qu’il créa des numéros d’ordre de légions déjà dissoutes. La première légion de Trajan porta le numéro XXX, car 29 légions étaient déjà en existence. Il pouvait donc arriver, à l’époque républicaine, qu’existent simultanément deux légions portant le même numéro d’ordre. C’est pourquoi s’y ajouta un cognomen ou qualificatif indiquant (1) ou bien l’origine des légionnaires (Italica = originaires d’Italie), (2) un peuple vaincu par cette légion (Parthica = victoire sur les Parthes), (3) le nom de l’empereur ou de sa gens (famille ancestrale), soit qu’elle ait été recrutée par cet empereur, soit comme marque de faveur (Galliena, Flavia), (3) une qualité particulière de cette légion (Pia fidelis = loyale et fidèle). Le qualificatif de « Gemina » désignait une légion reconstituée à partir de deux légions ou plus dont les effectifs avaient été réduits au combat. (Adkins (1994) pp. 55 et 61)
  2. On doit toutefois consulter la Notitia Dignitatum avec prudence, car diverses mises à jour, surtout en ce qui concerne l’armée de l’empire d’Occident, ont été faites de façon partielle et conduisent à des invraisemblance.

Références[modifier | modifier le code]

Pour les références CIL, se référer à Clauss/Slaby dans la bibliographie.

  1. Williams (1997) p. 221.
  2. Bunson (1994) « Diocese » p. 132, « Tetrarchy » p. 408.
  3. Bunson (1994) « Diocletian » p. 132.
  4. Toth (2009) p. 42, note.
  5. Wolfram (2005) p. 120.
  6. Notitia dignitatum, occ. XI, 23–25.
  7. La date précise de leur création est inconnue.
  8. Ritterling (1925) p. 1572.
  9. CIL 3, 3754.
  10. CIL 3, 10665.
  11. CIL 1964, 226.
  12. Kovác (2004) p. 116.
  13. Notitia Dignitatum Occ. XXXII.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Sources primaires
  • Auteur inconnu. Notitia dignitatum. Accedunt notitia urbis Constantinopolitanae et laterculi provinciarum. Compilée par Otto Seeck, Berlin, Weidmann, 1876, réédité sans altération chez Minerva, Frankfurt am Main, 1962
Sources secondaire
  • (en) Bunson, Matthew. Encyclopedia of the Roman Empire. New York, FactsOnFile, 1994. (ISBN 0-8160-2135-X).
  • Carrié, Jean-Michel et Aline Rousselle, L'Empire romain en mutation : des Sévères à Constantin, 192-337, Paris, Éditions du Seuil, 1999. (ISBN 978-2-02-025819-7).
  • André Chastagnol, L'évolution politique, sociale et économique du monde romain de Dioclétien à Julien: la mise en place du régime du Bas-Empire (284-363), Paris, Société d'édition d'enseignement supérieur, coll. « Regards sur l'histoire » (no 47), , 2e éd., 394 p. (ISBN 978-2-718-13106-1, OCLC 1184621468).
  • (de) Clauss/Slaby. Epigraphik-Datenbank Clauss / Slaby (EDCS) [en ligne] http://db.edcs.eu/epigr/epi_einzel.php?s_sprache=de&p_bellegstelle=CIL+03%2C+12394&r_sortierung=Belegstelle [archive].
  • (en) Kovác, Péter. “The Late Roman Army in Pannonia” (dans) Acta antiqua Academiae Scientiarum Hungaricae 44/I, Budapest, 2004, pp. 115-122.
  • (de) Emil Ritterling, “Legio (V Iovia)” (dans) Paulys Realencyclopädie der classischen Altertumswissenschaft (RE). Band XII,2, Stuttgart 1925.
  • (de) Tóth, Endre. « Die spätrömische Militärarchitektur in Transdanubien » (dans) Archaeologiai Értesitő. 134, Budapest 2009.
  • (de) Wolfram, Herwig. Salzburg – Bayern – Österreich. Die Conversio Bagoariorum et Carantanorum und die Quellen ihrer Zeit. Oldenbourg Verlag, Wien 1995, (ISBN 3-7029-0404-2).

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]