Le Dernier Empereur — Wikipédia

Le Dernier Empereur
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Le véritable Puyi, âgé de 16 ans.
Titre original L'ultimo imperatore
The Last Emperor
Réalisation Bernardo Bertolucci
Scénario Mark Peploe et Bernardo Bertolucci
Acteurs principaux
Pays de production Drapeau de l'Italie Italie
Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni
Drapeau de la France France
Drapeau de la République populaire de Chine Chine
Genre Drame historique
Durée 163 minutes
219 minutes (version longue)
Sortie 1987

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Le Dernier Empereur (L'ultimo imperatore en italien et The Last Emperor en anglais) est un film biographique italo-sino-franco-britannique[1] réalisé par Bernardo Bertolucci et sorti en 1987.

Synopsis[modifier | modifier le code]

Tour nord-est de la Cité interdite.

La vie de Puyi, dernier empereur de Chine, puis du Mandchoukouo. La période suivie va de 1908, année de son accession au trône à 2 ans, à 1967, année de sa mort à 61 ans.

En 1950, un train en provenance d'URSS arrive dans une gare chinoise. Les passagers qui en descendent, traités comme des prisonniers, sont rapidement escortés par des militaires jusque dans le hall. L'un de ces passagers, triste et abattu, retient aussitôt l'attention des autres voyageurs qui le reconnaissent en la personne de leur ancien empereur déchu, Puyi. Celui-ci se dirige bientôt vers les toilettes, et tente de se suicider en se taillant les veines. Il se remémore alors sa jeunesse...

En 1908, sur l'ordre de l'impératrice douairière Cixi sur le point de mourir, Puyi, son neveu, un enfant mandchou de 2 ans, est enlevé à sa mère afin de devenir le nouvel Empereur de la Dynastie Qing. Mais 4 ans après son accession au trône, la République de Chine est proclamée en 1912 par Sun Yat-Sen. L'ex-empereur est autorisé à conserver son titre qui n'est désormais plus qu'un symbole, uniquement dans la Cité interdite, immense cité impériale au cœur de Pékin, dans laquelle il est assigné à résidence. Il grandit dans son ancien palais, ignorant tout du monde extérieur « de l'autre côté des murs », entouré de ses courtisans. Rejoint par son jeune frère Pujie, l'enfant puis adolescent reçoit une éducation occidentale par un précepteur écossais, Reginald Johnston (interprété par Peter O'Toole), grand littéraire qui deviendra plus tard historien de la dernière dynastie chinoise par un célèbre ouvrage Twilight in The Forbidden City[2]. En 1915, il voit passer Yuan Shikai, qui tente de rétablir la monarchie impériale à son profit. Néanmoins les conditions de vie de Puyi restent les mêmes pour quelque temps.

Dans la Cité, les eunuques sont chargés de la gestion des denrées et des biens, ce qui leur permet de s'enrichir fortement. Tout changement que veut apporter l'empereur à cet état de fait se heurte à l'immobilisme de ses derniers sujets. Petit à petit, Puyi reprend du pouvoir : il obtient une paire de lunettes pour lui éviter la perte de la vue, nomme un nouveau chambellan recommandé par Johnston, se marie deux fois (sa première épouse est l'impératrice Wan Rong, l'autre une épouse secondaire, Wen Xiu). Mais lorsqu'il souhaite enquêter sur le trafic organisé par les eunuques à l'intérieur de sa résidence, les magasins sont brûlés : l'empereur fait alors appel à l'armée républicaine pour chasser tous les eunuques de la Cité.

En 1924, le Guominjun de Feng Yuxiang expulse Puyi et la famille impériale de la cité interdite, tout en prenant le contrôle de la ville lors du coup de Pékin. L'année suivante Tchang Kaï-chek prend le pouvoir à la suite de la mort de Sun Yat-Sen. Nankin devient provisoirement la capitale de la Chine en 1927. Puyi, qui n'avait jamais connu le monde hors des murs de la Cité Interdite, mène pendant plusieurs années une vie mondaine dans l'enclave japonaise de Tianjin, accompagné de l'impératrice et de son épouse secondaire, en fréquentant les salons de la jet-set américaine et britannique. Lui et sa première femme souhaitent partir en Occident. Mais son épouse secondaire souhaite divorcer, et finit par s'enfuir, tandis qu'une cousine de l'empereur (Yoshiko Kawashima) parvient à le convaincre de se lier plutôt aux Japonais.

En 1932, les Japonais placent Puyi sur le trône du Mandchoukouo, dans une situation politique d'empereur « fantoche ». Le Japon d'Hiro Hito ne rêvant que de conquérir le pays pour en extraire toutes les richesses minières et également dans le but d'en faire le point de départ d'une conquête de toute l'Asie jusqu'aux Indes, au grand dam de Tchang Kaï-chek. Naïf, Puyi constate trop tard, lors du retour d'un voyage au Japon, qu'il n'est plus qu'un pantin dans les plans de conquête japonais, et est sous la surveillance constante de Masahiko Amakasu. Son épouse Wan Rong sombre dans la drogue, et se détache progressivement de lui. Elle finit par enfanter, mais Puyi n'est pas le père biologique puisque l'impératrice avait une liaison extraconjugale avec le chauffeur du couple, qui sera assassiné plus tard. L'enfant est « mort-né », selon les termes du médecin japonais qui accouche l'impératrice, alors qu'apparemment il était vivant. La mère est emmenée hors du palais mandchou, sous prétexte de repos : Puyi est ainsi coupé de toute sa famille par des alliés qui sont désormais plus des geôliers. Son frère a été envoyé au Japon dans une école militaire, et s'est marié avec une Japonaise (Hiro Saga).

Puyi est arrêté par les Soviétiques en 1945 lors de sa tentative de fuite vers le Japon (durant l'évacuation du Mandchoukouo), alors qu'il espérait pouvoir se rendre aux Américains, et après avoir revu une dernière fois sa femme. En 1950, il est remis aux autorités chinoises, puis interné en « prison de rééducation » par le gouvernement communiste, dans laquelle il devra confesser ses fautes et faire son autocritique, surveillé de près par le chef de la prison, dans laquelle il retrouvera également son frère et ses anciens ministres. Après près de dix ans d'internement il est finalement libéré en 1959, et devient jardinier. Durant la révolution culturelle, il voit l'ancien chef de la prison subissant une séance de lutte par les gardes rouges ; il tente de le défendre mais sera repoussé par les gardes.

Dans une visite à la Cité interdite devenu un musée, il retrouve la boite à grillon qu'un mandarin lui avait offerte lors de son couronnement : il l'offre à son tour au jeune fils du gardien des lieux, désormais un des rares habitants de la cité. À la fin du film, une guide menant son groupe de touristes au sein de la cité interdite rappelle que l'ancien empereur est décédé en 1967 à 61 ans.

Fiche technique[modifier | modifier le code]

Distribution[modifier | modifier le code]

Scène de tournage du film dans un décor au Tobu World Square reproduisant la cité interdite.

Autour du film[modifier | modifier le code]

C'est la première œuvre occidentale à avoir reçu la pleine et entière collaboration des autorités chinoises depuis 1949, et aussi le premier film occidental à avoir été tourné dans la Cité interdite[3]. Une partie du film a également été tourné dans les mythiques studios de Cinecittà à Rome.

Couronné par 9 Oscars, dont ceux des Meilleur film et Meilleur réalisateur, du César du Meilleur film étranger avec 19 000 figurants, 9 000 costumes et 300 techniciens italiens, britanniques et chinois, le film a nécessité plus de 6 mois de tournage. Le Dernier Empereur reste à ce jour l'une des plus grandes fresques jamais réalisées au cinéma.

Version longue[modifier | modifier le code]

Le film est surtout connu dans sa version d'exploitation de 163 minutes, celle qui fut couronnée de 9 Oscars. Pourtant le projet devait au départ aboutir à un téléfilm en plusieurs épisodes. En effet, le cinéaste avait été requis pour fournir une version télévisée de quatre heures dans le cadre de son accord initial[4]. Cette version comprenant 4 épisodes de 50 minutes fut diffusée à la télévision avant de sortir en DVD en France en 2003 au format 4/3 pour une durée de 219 minutes. Parmi les nouveaux éléments, on retrouve notamment :

  • plusieurs prolongements de scènes et nouvelles scènes lorsque Pu Yi gouverne le Manchukuo en tant que souverain fantoche ;
  • la réintégration des scènes d'un personnage totalement coupé dans la première version d'exploitation : le fournisseur d'opium nommé Ministre de la Défense à la demande des Japonais ;
  • de nouvelles scènes dans la prison soulignant combien Pu Yi est incapable de s'occuper seul de lui sans ses serviteurs.

Le distributeur japonais demanda à Bernardo Bertolucci de supprimer un segment qui faisait référence au massacre de Nankin: un des pires massacres commis par l'armée impériale japonaise dans la capitale provisoire chinoise de Nankin. Massacre toujours non-reconnu par le Japon (faisant l'objet d'un grave litige entre la Chine et le Japon). Ce segment fut réinséré ultérieurement après les vives plaintes du réalisateur[5].

Différences avec l'histoire authentique[modifier | modifier le code]

Si le film se calque au maximum sur l'histoire réelle de Puyi, il contient quelques libertés par rapport à celle-ci :

  • Puyi a été couronné à l'âge de 2 ans, et non à 3 ans ;
  • c'est en 1912 (fin de l'Empire) que les fonctions des eunuques à la Cité interdite ont été abolies - le film présente ce fait comme postérieur à la fin de l'Empire ;
  • Yoshiko Kawashima ne fut pas la maitresse de Masahiko Amakasu, comme suggéré dans le film, mais celle de Hayao Tada, général conseiller en chef des questions militaires auprès de Puyi ;
  • Masahiko Amakasu ne se suicida pas par balle, mais avec du poison ;
  • le film n'aborde ni la restauration mandchoue de 1917, ni le rôle de Zaifeng (père de Puyi), qui fut beaucoup plus important.

Distinctions[modifier | modifier le code]

Récompenses[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. IMDb
  2. Reginald Fleming Johnston (1934-2008), Twilight in The Forbidden City, Soul Care Publishing (ISBN 978-0-9680459-5-4).
  3. Jürgen Müller (trad. de l'allemand), 100 films des années 1980, Cologne, Taschen, , 819 p. (ISBN 978-3-8365-8730-3), p. 505
  4. (en) « Final Cut », sur The Criterion Collection (consulté le ).
  5. « Silence, on coupe ! », sur Allociné (consulté le ).
  6. Comme avant lui, Gigi de Vincente Minnelli (1958).

Liens externes[modifier | modifier le code]