Le Coche et la Mouche — Wikipédia

Le Coche et la Mouche
Image illustrative de l’article Le Coche et la Mouche
Gravure de René Gaillard d'après Jean-Baptiste Oudry, édition Desaint & Saillant, 1755-1759.

Auteur Jean de La Fontaine
Pays Drapeau de la France France
Genre Fable
Éditeur Claude Barbin
Lieu de parution Paris
Date de parution 1678
Chronologie

Le Coche et la Mouche est la neuvième fable du livre VII de Jean de La Fontaine situé dans le second recueil des Fables de La Fontaine, édité pour la première fois en 1678[1].

La fable fut écrite en 1663 à Bellac pendant que Jean de la Fontaine y séjournait quelques jours.

Pour écrire cette fable, La Fontaine a mêlé des éléments empruntés à Phèdre (« La mouche et la mule ») et à Abstémius (I, 16, « La mouche qui, perchée sur un quadrige, disait qu'elle soulevait la poussière »). La morale est tirée de la fable de Phèdre « Tibère et l'esclave trop zélé » (ou « Tibère et l'intendant »).

Analyse[modifier | modifier le code]

La fable met en scène des chevaux qui ont de grandes difficultés à tirer un coche ensablé dans une montée. La pente est telle que même les passagers descendent du véhicule pour pousser et aider ainsi les bêtes de trait. Ils y parviennent, malgré la présence d'une « mouche » (un insecte piqueur) qui les importune en les piquant et qui, à la fin, s'attribue la réussite de l'entreprise.

La fable a donné l'expression « mouche du coche ». Une mouche du coche est une personne qui a un comportement inutile, voire nuisible ou désagréable, et qui s'attribue la réussite d'autrui.

Texte de la fable[modifier | modifier le code]

[Phèdre[2],[3],[4] + Abstemius]

Illustration d'Auguste Vimar (1897).
Illustration de Benjamin Rabier (1906).
Dessin de Grandville (1838-1840).

Dans un chemin montant, sablonneux, malaisé,
Et de tous les côtés au soleil exposé,
Six forts chevaux tiraient un coche[N 1].
Femmes, Moine, Vieillards, tout était descendu.
L'attelage suait, soufflait, était rendu[N 2].
Une mouche survient, et des chevaux s'approche ;
Prétend les animer par son bourdonnement ;
Pique l'un, pique l'autre, et pense à tout moment
Qu'elle fait aller la machine,
S'assied sur le timon, sur le nez du cocher ;
Aussitôt que[N 3] le char chemine,
Et qu'elle voit les gens marcher,
Elle s'en attribue uniquement la gloire ;
Va, vient, fait l'empressée ; il semble que ce soit
Un sergent de bataille[N 4] allant en chaque endroit
Faire avancer ses gens, et hâter la victoire.
La mouche en ce commun besoin
Se plaint qu'elle agit seule, et qu'elle a tout le soin[N 5] ;
Qu'aucun n'aide aux chevaux à se tirer d'affaire.
Le moine disait son bréviaire ;
Il prenait bien son temps ! une femme chantait ;
C'était bien de chansons qu'alors il s'agissait !
Dame Mouche s'en va chanter à leurs oreilles,
Et fait cent sottises pareilles.
Après bien du travail le Coche arrive au haut.
Respirons maintenant, dit la Mouche aussitôt :
J'ai tant fait que nos gens sont enfin dans la plaine.
Ça, Messieurs les Chevaux, payez-moi de ma peine.
Ainsi certaines gens, faisant les empressés,
S'introduisent dans les affaires :
Ils font partout les nécessaires,
Et, partout importuns, devraient être chassés.

— Jean de La Fontaine, « Le Coche et la Mouche », dans Fables, contes et nouvelles, Jean-Pierre Collinet (dir.), Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1991, p. 262

Postérité[modifier | modifier le code]

Mise en musique[modifier | modifier le code]

Lecture[modifier | modifier le code]

  • Louis De Funès, « Le Coche et la Mouche » dans Fables de la Fontaine pour les petits et les grands, 1970, vinyle LP.

Adaptation[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. « voiture posée sur quatre roues, qui est en forme de carrosse, à la réserve qu'il est plus grand et qu'il n'est point suspendu [...] On s'en sert pour aller de ville en ville. » (dictionnaire de Furetière, 1690)
  2. épuisé
  3. Lors de sa publication en 1671, le vers commence par « Fait à fait que le char », c'est-à-dire « à mesure que» (dictionnaire de Furetière)
  4. Officier considérable qui, dans un jour de combat, reçoit du général le plan et la forme qu'il veut donner à son armée...(dictionnaire de Richelet)
  5. les efforts
  6. Cette adaptation est analysée dans l'article de Jean-François Jeandillou, « Poétique du “paralloidre” ou les défis linguistiques d'André Martel », Littérature, Armand Colin, no 116,‎ , p. 3-16 (lire en ligne [PDF])

Références[modifier | modifier le code]

  1. « Le coche et la mouche (La Fontaine) Gisèle Casadesus », sur Bibliothèques spécialisées de la Ville de Paris (consulté le )
  2. (la) Phèdre, « MUSCA ET MULA », sur gallica.bnf.fr,
  3. Phèdre (trad. Ernest Panckoucke), « LA MOUCHE ET LA MULE », sur gallica.bnf.fr,
  4. (fr + la) Phèdre (trad. Ernest Panckoucke), « Tibère et l'intendant », sur fables-de-phedre.blogspot.com,

Liens externes[modifier | modifier le code]

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