Laurent de Normandie — Wikipédia

Laurent de Normandie
Portrait de Laurent de Normandie, attribué à Corneille de Lyon, 1552, 12.6 x 9.3 cm, huile sur bois, MAH Musée d'Art et d'Histoire de Genève.
Fonctions
Maire de Noyon
à partir de
Maître des requêtes
Biographie
Naissance
Vers Voir et modifier les données sur Wikidata
NoyonVoir et modifier les données sur Wikidata
Décès
Formation
Activités
Avocat (à partir de ), éditeurVoir et modifier les données sur Wikidata
Enfant
Parentèle
Germain Colladon (beau-frère)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Membre de

Honoré-Laurent de Normandie, né vers à Noyon et mort le à Genève, est un juriste français devenu citoyen de la République de Genève.

Biographie[modifier | modifier le code]

Il est reçu docteur en droit à Orléans. Avocat à Noyon, il est nommé lieutenant civil au bailliage de Vermandois pour le roi de France François Ier. En 1545 il devient secrétaire du roi de Navarre Henri II puis lieutenant à La Fère pour Antoine de Bourbon et maître des requêtes pour Jeanne d'Albret.

Il est élu maire de Noyon en 1546 et sera réélu en 1547. De nombreuses profanations intervenues provoquent des manifestations contre les hérétiques qui l'obligent à fuir avec sa femme et ses enfants pour Genève où ils s'installent en . Il en devient bourgeois en 1555 et membre du Conseil des Deux-Cents de 1559 à 1569.

Le , le Parlement de Paris condamne Laurent de Normandie avec huit autres protestants de Noyon retirés à Genève, à être traîné sur la claie et brûlé sur la place du marché de Noyon, arrêt exécuté en effigie, et à la confiscation de ses biens « religionis causa ».

L'ami de Calvin[modifier | modifier le code]

C'est probablement lors de ses études à Orléans qu'il se lie avec Calvin. À Genève, Laurent fait partie rapidement du cercle des intimes de Calvin. En 1550, Calvin dédie à Laurent le Traité des scandales. Il écrit dans la préface : « À Maître Laurent de Normandie, Monsieur et bien aimé frère…».

Calvin désigne dans son testament comme exécuteurs son frère Antoine et Laurent de Normandie.

L'avocat[modifier | modifier le code]

À Genève, il rédige des consultations dans différents procès d’opposants à Calvin : procès d'Antoine Darbey (-), procès de Claude de Genève dit le Bâtard (-), procès de 20 des complices de Perrin, dits les Libertins (- ) les deux dernières concluant à la peine de mort.

Il est admis comme avocat le par le Petit Conseil, mais ne semble pas avoir exercé cette profession après cette date.

L'éditeur, diffuseur du calvinisme[modifier | modifier le code]

Laurent peut grâce à de puissantes protections à diverses reprises rentrer en France et y obtenir la restitution de ses biens. Il a pu organiser le transfert d’une partie de sa fortune à Genève. Grâce à cet argent, dès son arrivée à Genève, il se lance dans la librairie[1].

À partir de 1554, Laurent se lance aussi dans l’édition et fonde une compagnie avec deux associés. Bien qu’il ne dirige pas personnellement une imprimerie, Laurent possède des presses et des fontes de caractères qu’il confie à des maîtres imprimeurs comme Conrad Bade, François Perrin et Robert Estienne.

Il édite entre autres les commentaires de Calvin sur les Évangélistes, sur les épîtres de Saint-Paul ainsi que les sermons de Calvin sur la nativité de Jésus-Christ et sur les épîtres de Timothée et de Tite.

Entre 1549 et 1569, Laurent de Normandie organisa tout un réseau de colporteurs clandestins qui risquent leur vie, dans toute la France en leur consentant des avances. À sa mort, l'inventaire de ses biens comprenait une partie importante investie dans la librairie.

Famille[modifier | modifier le code]

Il est le fils de Jean de Normandie, seigneur de la Motte, et de Jaqueline Moreau. Il épouse en 1540 Anne de La Vacquerie (parente de Jean de la Vacquerie, premier président du parlement de Paris[2],[3]) fille d’Éloi et de Marie Blatur. Elle meurt le à Genève et c’est Calvin lui-même qui en informera son père. Laurent se remarie le avec Anne, sœur de Germain Colladon[4]. Le mariage est célébré par Calvin lui-même à la cathédrale Saint-Pierre de Genève. Il est le père de Jean de Normandie.

Le dictionnaire historique de la Suisse indique que Laurent est la souche de la branche genevoise de la famille de Normandie. La descendance masculine de Laurent de Normandie, encore florissante aux États-Unis, s'est éteinte à Genève au XVIIIe siècle[5].

Gustave Chaix d'Est-Ange ne fait pas de liens entre Laurent de Normandie et l'actuelle famille française Denormandie[6] (toutefois, ce lien est directement établi dans la base généalogique de la Banque de France : Laurent de Normandie est le frère de Martin de Normandie, ascendant de la branche française de la famille Denormandie[7]).

Armoiries[modifier | modifier le code]

Armes de la famille Denormandie

Les armes de la famille de Normandie (puis Denormandie) se blasonnent ainsi :

D’argent à la fasce de gueules chargée de trois besans accompagnée de six merlettes de sable, dont trois en chef et trois en pointe, ces dernières rangées 2 et 1.

Ces armes auraient existé telles quelles dans la chapelle de Notre-Dame fondée dans l’église Saint-Martin de Noyon, par Guillaume de Normandie.

Portrait[modifier | modifier le code]

Le musée de Genève détient le portrait[8] de Laurent peint par Corneille de Lyon en 1552. C'est à cette époque que Laurent se rendit à Lyon pour intervenir en faveur de cinq jeunes Français formés à l’École de théologie de Lausanne, arrêtés et condamnés à être brûlés vifs. Malgré de nombreuses interventions, la sentence fut exécutée le sur la place des Terreaux à Lyon.

Sources[modifier | modifier le code]

  • Sandra Coram-Mekkey, « Normandie, Laurent de » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du .
  • Jacques Augustin Galiffe, John-Barthélemy-Gaifre Galiffe, Eugène Ritter, Louis Dufour-Vernes, Notices généalogiques sur les familles genevoises, depuis les premiers temps jusqu’à nos jours, Genève, J. Barbezat, 1831.
  • Théophile Heyer, « Notice sur Laurent de Normandie », Mémoires et documents publiés par la Société d’histoire et d’archéologie de Genève, 16/399, 1867 (OCLC 716296948).
  • Paul-Edmond Martin, « Le Portrait de Laurent de Normandie », Genève, Bulletin du Musée d’art et d’histoire, 1929/220, 1929, (OCLC 717366424).

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Bulletin du Bibliophile 1195-2 L’imprimerie réformée à Genève au temps de Laurent de Normandie.
  2. Galiffe, Jacques Augustin, 1776-1853; Galiffe, John-Barthélemy-Gaifre, 1818-1890; Ritter, Eugène, 1836-1928; Dufour-Vernes, Louis, Notices généalogiques sur les familles genevoises, depuis les premiers temps, jusqu'à nos jours, Genève, J. Barbezat, (lire en ligne), p. 685
    "Eloy de la Vacquerie, d'une ancienne et noble maison picarde, éteinte dans celle des ducs de Saint-Simon, et de Marie Blatur".
  3. 1500, 4 juin. Transaction entre noble Guillaume de Saint-Simon, seigneur de Rasse et de Précy, et Marie de La Vacquerie, sa femme, d'une part et Jean de Baunas, chevalier, seigneur du lieu, d'autre part, aux termes de laquelle ils annulent l'échange fait le 15 janvier 1497 (n. st.) entre Jean de la Vacquerie, père de Marie, premier président du parlement de Paris, à présent décédé, et Jean de Baunas, de la seigneurie de Noyelles-lès-Vermelles et de celle du Bois-Morel près d'Ully-Saint-Georges ; en outre, Jean de Baunas s'engage à payer les frais de justice du procès intenté au requêtes du Palais par Jean de La Vacquerie au seigneur de Fercourt. (Parchemin). - Identifiant de l'unité documentaire : MC/ET/VIII/6 - MC/ET/VIII/128 - MC/ET/VIII/23 - Inventaire d'archives : Minutes et répertoires du notaire Simon BAUDEQUIN, 1er avril 1483 - 1528 (étude VIII) - Archives Nationales.
  4. Jules Bonnet, "Laurent de Normandie", dans Bulletin historique et littéraire, Société de l'histoire du protestantisme français, Vol. 32, No. 3 (1883), pp. 97-106
  5. de Normandie, dans le Dictionnaire historique de la Suisse
  6. Gustave Chaix d'Est-Ange, Dictionnaire des familles françaises anciennes ou notables à la fin du XIXe siècle, tome 13, page 303 Denormandie.
  7. « [http://www.genea-bdf.org/BasesDonnees/genealogies/denormandie.html G�n�alogies Denormandie] », sur www.genea-bdf.org (consulté le )
  8. [1]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]