Laghouat — Wikipédia

Laghouat
Laghouat
Vue de Laghouat
Noms
Nom arabe algérien الأغواط
Administration
Pays Drapeau de l'Algérie Algérie
Wilaya Laghouat
Daïra Laghouat
Président de l'APC
Mandat
Bachir Benbehaz (FLN)
2012-2017
Code postal 03000
Code ONS 0301
Indicatif 029
Démographie
Population 144 747 hab. (2008[1])
Densité 362 hab./km2
Géographie
Coordonnées 33° 48′ 24″ nord, 2° 52′ 56″ est
Superficie 400 km2
Localisation
Localisation de Laghouat
Localisation de la commune dans la wilaya de Laghouat.
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Laghouat
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Laghouat
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Laghouat
Liens
Site de la commune http://www.laghouat-dz.org

Laghouat (en arabe : الأغواط, en berbère : ⵍⴰⵖⵡⴰⵟ), est une commune et une ville d'Algérie, chef-lieu de la wilaya du même nom.

Laghouat, El-Aghouat ou El-Arouat selon les transcriptions latines utilisées à différentes époques de l’histoire de la ville, est une appellation poétique qui tire son origine de la nature et de la configuration même de la région.

Toponymie[modifier | modifier le code]

Il y a plusieurs hypothèses à propos du nom de cette ville, mais la plus juste et la plus appropriée serait que son nom provient du mot "agwath" qui veut dire montagne en dent de scie en tamazight, et cela en référence aux montagnes qui entourent cette petite ville des Beni Lekwat, tribu amazighe zènète. Il y a aussi une autre hypothèse qui dit que son nom vient du pluriel de "ghouta" qui veut dire jardins en arabe, sauf que la ville porte son nom bien avant l'arrivée des arabes d'après les historiens.

Étymologie[modifier | modifier le code]

Laghouat est une tribu zénète[2].

Géographie[modifier | modifier le code]

Laghouat est une ville où la réunion des monts de l’Atlas saharien, le désert, les arêtes rocheuses et la palmeraie forment un paysage d’une beauté sublime. Elle porte fièrement le surnom de la « porte du désert ».

Situation[modifier | modifier le code]

Laghouat est une ville d'Algérie située dans le Nord du Sahara, au pied de l'Atlas saharien. Elle se trouve à 329 km au sud d'Alger et à 750 m d'altitude. La distance par route entre ces deux villes est estimée à 403 km.

Communes limitrophes de Laghouat
Sidi Makhlouf
Tadjemout Laghouat El Assafia
Kheneg Bennasser Benchohra

Climat[modifier | modifier le code]

Le climat est continental aride avec des moyennes de 8 °C l'hiver et de plus de 40 °C l'été.

Données climatiques de Laghouat - Algérie
Mois jan. fév. mars avril mai juin jui. août sep. oct. nov. déc. année
Température minimale moyenne (°C) 2 4 7 9 13 18 21 20 17 12 6 3 10,9
Température moyenne (°C) 7,5 9,5 12,5 16 19,5 25 28,5 27,5 23,5 18 11,5 8 17,2
Température maximale moyenne (°C) 13 15 18 23 26 32 36 35 30 24 17 13 23,4
Précipitations (mm) 7 14 12 16 15 10 1 17 18 18 15 5 238
Source : Le Voyageur et Climatedata, statistiques sur la ville de Laghouat[3],[4].
Diagramme climatique
JFMAMJJASOND
 
 
 
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6
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3
5
Moyennes : • Temp. maxi et mini °C • Précipitation mm

Transport[modifier | modifier le code]

Laghouat est desservie par un aéroport. Quatre vols par semaine vers Alger (Dimanche, Mardi, Jeudi et Samedi), un vol par semaine vers Constantine (samedi) et un vol par semaine vers Oran (mardi). Les vols sont assurés par Air Algérie.

La ville de Laghouat est bien desservie par bus et taxis vers les principales villes du pays au départ de Laghouat (Alger - Oran - Constantine - Sétif - Tizi Ouzou - Tebessa - Adrar - Ouargla - Ghardaia - Tiaret - Djelfa - Bechar - Tamanrasset...). Le siège de la Nationale des transports des voyageurs (NTV) se trouve à Laghouat.

Une voie ferrée entre Hassi Messaoud-Laghouat et Laghouat-Djelfa[5],[6] est commencée à la fin des années 2010.

Histoire[modifier | modifier le code]

La fondation de la ville moderne de Laghouat remonte au début du XVIIIe siècle.Ibn Khaldoun a signalé l'existence vers le XIVe siècle d'un ksar (ville ou village entouré d'un mur en pierre pour la protection contre les invasions) dans un site qui semble être celui de la ville actuelle, abritant une faction de la tribu de "laghouat", branche de la célèbre tribu berbère des Maghraouas.

De cette tribu connue sous le nom de Laghouat-ksel, il ne reste que deux fractions (Ouled Serghine et Ahlaf) habitant la ville. La majorité des Laghouat-ksel a migré vers l'ouest dans les environs de djbel Ksel (wilaya de Bayadh).

D'autres tribus peuplent la cité telles que les tribus arabes hilaliennes Al-Arbaâ et Ar-Rahman qui s'y sont implantées aux environs du XVIIe siècle ou les M'khalif (d'origines Idrissides) et dont la présence est antérieure à la venue des hilaliens.

"Pour ce qui est des nomades, les Al-Arbaâ, arrivés au Sud avec l'invasion hilalienne quittèrent cette région au XVIIe siècle. Ils étaient à l'origine quatre tribus, les Al-Mâamra, Al-Hajaj, Awlad Zayyd et Awlad Salah d'où leur nom des quatre, al-Arbaa. Chassés du M'Zab par les Berbères zénètes Ouled Djellal, ils passèrent par le Djebel Boukahil, s'allièrent aux Rahman, refoulèrent dans l'Ouest, dans le Djebel Amour, les Ouled Ya'goub Zerara et s'installèrent dans l'annexe de Laghouat."[7].

  • 1368 : Le sultan Abou Hammou, de la dynastie Zianide, chassé par le sultan Mérinide de Fez, rallia ses partisans à Laghouat avant de se retirer dans le Mzab.
  • 1698 : Le marabout Sidi Hadj Aissa (mort en 1737), patron de la ville, s’établit à Laghouat.
  • 1708 : Le sultan de Marrakech Moulay Abdelmalek, établit son camp à l’Ouest de la « cité rebelle » et lui imposa un tribut qu’elle refusa tout le temps de payer.
  • 1727 : Laghouat passe officiellement sous la domination de la Régence d'Alger.
  • 1741 : Le bey du Titteri, à la tête d’une imposante armée, assiégea la ville. Défait, il reprit la route de Médéa.
  • 1785 : Le bey d’Oran sur l’ordre du dey d’Alger, mena une expédition punitive contre Laghouat qui refusait toujours de payer l’impôt annuel de 700 réaux.
  • 1829 : Le Cheikh Moussa Ibn Hassan El-Misri, né en Égypte, à Damiette, en 1787, s’établit à Laghouat et fonde l’ordre Chadhiliyya.

Période coloniale[modifier | modifier le code]

Vue de la ville de Laghouat au XIXe siècle
La mosquée de Laghouat (1929)
  • 1831 : le cheikh Moussa Ibn Hassen El Misri proclame la guerre sainte contre l’Armée française, lève une armée et entame une résistance armée qui ne devait prendre fin qu’avec sa mort, en 1848, lors de la bataille de Zaatcha, sous l’étendard du Cheikh Bouziane, un autre prédicateur et marabout éminent de Laghouat.
  • 1852 : une armée forte de 6 000 hommes et sous le commandement de trois généraux – Aimable Pélissier, Youssouf et Gabriel Bouscarenassiège la ville de Laghouat. La bataille s’engage le  ; le de la même année, Laghouat est prise d’assaut. Les morts sont nombreux, y compris dans la population civile, encore présente.

Voici comment le colonel Théodore Pein, officier de l'Armée d'Afrique issu du rang qui resta vingt-trois ans en Algérie (de 1840 à 1863) décrit la prise de Laghouat, à laquelle il assista : Le carnage fut affreux, les habitations, les tentes des étrangers dressées sur les places ; les rues, les cours furent jonchées de cadavres. Une statistique faite à tête reposée et d’après les meilleurs renseignements à El Ar'ouath, après la prise, constate le chiffre de 2 300 hommes, femmes ou enfants tués ; mais le chiffre de blessés fut insignifiant, cela se conçoit : les soldats, furieux d’être canardés par une lucarne, une porte entrebâillée, un trou de la terrasse, se ruaient dans l’intérieur et y lardaient impitoyablement tout ce qui s’y trouvait ; vous comprenez que, dans le désordre, souvent dans l’ombre, ils ne s’attardaient pas à établir de distinction d’âge ni de sexe : ils frappaient partout et sans crier « gare ! »[8].

Le général Pélissier rend compte de la prise du village au Gouverneur général : «Je fais occuper régulièrement la ville, la lutte se continue encore dans les jardins; l'infanterie y massacre les derniers défenseurs; la cavalerie sabre tout ce qui tente de s'échapper de l'enceinte des palmiers; pas un de ces fanatiques n'échappera. Je ne sais pas encore le sort du chérif; il faudra le chercher sans doute parmi les cadavres. Les femmes, les enfants ont été respectés, et les soldats auxquels j'avais recommandé la générosité ont montré autant d'humanité que de bravoure. Je ne puis encore vous parler de nos pertes; les précautions prises et l'impétuosité de l'attaque me font espérer qu'il ne se mêlera pas trop de regrets à la joie de la victoire»[9].

Une grande partie de la population s'est réfugiée dans les jardins, où elle sera faite prisonnière en fin de journée. Comme l'indique le général Jean Joseph Gustave Cler, également officier sur place : «Intimidés par la marche rapide des colonnes d'assaut, les Laghouats abandonnent les défenses de la haute ville et se jettent, par les pentes de droite et de gauche, sur les bas quartiers. Les Arabes postés dans les jardins, craignant de voir leur retraite coupée, abandonnent également leurs positions de combat et se replient des bords extérieurs de l'oasis jusque dans le dédale inextricable des plantations de palmiers. La haute ville ne tarde pas, à la suite de ces circonstances et de la vigueur de l'attaque, à rester en notre pouvoir» [10],[11].

Laghouat en1890

Le général François Charles du Barail gouverne et surtout reconstruit activement la ville. Le général Jean-Auguste Margueritte lui succède, aérant la ville et traçant les voies urbaines[12]. Ces deux officiers avaient participé à la prise de la ville.

Le célèbre Bennacer Benchohra est alors de toutes le batailles[évasif]. En 1875, il gagne la Syrie, âgé de plus de 70 ans, pour y vivre ses derniers jours.

  • 1921 : mort du grand poète et alchimiste le cadi Abdallah Ben Keriou.
  • 1922 : fondation à Laghouat, sur l’initiative du cheikh Zahiri, des notables et des lettrés de la ville, de la première école privée en Algérie.

Les mouvements nationalistes s’implantent à Laghouat.

  • 1927 : le cheikh Moubarek El Mili s’établit à Laghouat pour y donner son enseignement. Une première promotion d’étudiants rejoint l’université d’El Zeïtouna (mosquée Zitouna), à Tunis.
  • 1946 : le bey de Tunis, Moncef, est placé en résidence surveillée à Laghouat.
  • 1955 : deux mois après le , Laghouat s’engage dans la lutte armée. La liste de ses martyrs ne cesse alors de s’allonger.
  • 1957 : le ministre français Jacques Soustelle, accueilli froidement par les Laghouatis, décide de transférer à Ouargla le chef-lieu de la préfecture des Oasis.

Époque contemporaine[modifier | modifier le code]

  • 1974: Laghouat est érigée en wilaya lors du découpage administratif de 1974.

Démographie[modifier | modifier le code]

Année 1977 1987 1998 2008 2012
Population 42 186 69 435 106 665 144 747 170 693

Traditions[modifier | modifier le code]

Jeune Juive de Laghouat 1884

La gastronomie occupe une bonne place dans la tradition laghouati. Comme partout en Algérie, le couscous reste le plat traditionnel par excellence[13].

La shakshouka (salade de poivrons aux œufs)

Le Mardoud est également très prisé comme dans la plupart des régions sahariennes.

Art[modifier | modifier le code]

Laghouat est connue pour ses tableaux de sables, avec son premier salon de l'art du sable en 2011[14]. Elle a également été la capitale algérienne de l'art le temps d'une semaine en , lors du festival national culturel des arts plastiques où se sont réunis plus de 60 artistes peintres[15].

Personnalités originaires de Laghouat[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Wilaya de Laghouat : répartition de la population résidente des ménages ordinaires et collectifs, selon la commune de résidence et la dispersion ». Données du recensement général de la population et de l'habitat de 2008 sur le site de l'ONS.
  2. « Images de Laghouat - Algérie », sur Algeriaspace, (consulté le ).
  3. ALGERIE - LAGHOUAT : Climat, températures, précipitations, ensoleillement, Le Voyageur, consulté le
  4. « Climat Laghouat Algerie », sur climatedata.eu (consulté le )
  5. « Projet de voie ferrée : Laghouat-Djelfa. Entrée en phase de réalisation », sur Sidi El Hadj Aissa, (consulté le ).
  6. « Transport ferroviaire : renforcement du réseau à Laghouat », sur Radio Algérie, (consulté le ).
  7. Emile Dermenghem, Le Pays d'Abel, Paris, Gallimard, , p120
  8. Théodore Pein, Lettres familières sur l'Algérie, un petit royaume arabe, Paris, Ch. Tanera, , 482 p. (lire en ligne), page 371.
  9. « la prise de Laghouat », sur www.military-photos.com (consulté le )
  10. Jean Joseph Gustave Cler, Souvenirs d'un officier du 2me de Zouaves, Paris, Micjel Lévy Frères, , 284 p. (lire en ligne), page 39.
  11. Charles d'Héricault et Louis Moland, La France guerrière. Époque contemporaine : Récits historiques d'après Les chroniques et les mémoires de chaque siècle, vol. 4, Paris, Garnier Frères, , 386 p. (lire en ligne), p. 297 à 314.
  12. « LAGHOUAT Porte du Désert », sur afn.collections.free.fr (consulté le )
  13. Couscous de Laghouat, sur wafia-cuisine, consulté le 9 décembre 2017.
  14. LAGHOUATI, « 1er salon de l'art du sable de Laghouat : Quelques œuvres de nos artistes - المدينة التي تسكنني ولا أسكنها », المدينة التي تسكنني ولا أسكنها,‎ (lire en ligne, consulté le )
  15. « Laghouat, capitale de l'art », sur Al Huffington Post (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Histoire des Berbères, Ibn Khaldoun p. 902 : Édition Berti, version intégrale, Alger 2003.
  • Eugène Fromentin "Un été dans le Sahara" 1857;

Filmographie[modifier | modifier le code]

Serge Lalou, Au commencement, il était une fois des juifs arabes, 1997. Ce film raconte l'histoire des juifs de Laghouat à travers celle de la famille du réalisateur, petit-fils de Yaacoub Lalou, premier maire de Laghouat, qui administra la commune pendant vingt ans. Le film peut être vu en ligne sur YouTube : https://www.youtube.com/watch?v=0TlBlHF6L7s.