La Marseillaise des cotillons — Wikipédia

La Marseillaise des cotillons en l'an 1848 est un hymne féministe, écrit par Louise de Chaumont.

Le texte parut en juin 1848 dans le numéro 1 de La République des femmes, journal des cotillons, édité à Paris par les Vésuviennes, un groupe de jeunes femmes dans la tradition saint-simonienne[1].

Comme quantité d'autres chansons militantes[2], cet hymne se chante sur l'air de La Marseillaise[3].

Paroles[modifier | modifier le code]

1

Tremblez, tyrans portant culotte !
Femmes, notre jour est venu :
Point de pitié, mettons en note
Tous les torts du sexe barbu ; (bis)
Voilà trop longtemps que ça dure,
Notre patience est à bout.
Debout, Vésuviennes, debout,
Et lavons notre vieille injure.

Refrain

Liberté, sur nos fronts verse tes chauds rayons ;
Tremblez, tremblez, maris jaloux,
Respect aux cotillons !
Tremblez, tremblez, maris jaloux,
Respect aux cotillons !

2

L'homme, ce despote sauvage,
Eut soin de proclamer ses droits ;
Créons des droits à notre usage,
À notre usage, ayons des lois ! (bis)
Si l'homme en l'an quatre-vingt-treize
Eut soin de ne songer qu'à lui,
Travaillons pour nous aujourd'hui,
Faisons-nous une Marseillaise !

3

Jusqu'à ce jour, dans ce triste monde,
Tout était borgne ou de travers ;
Partout, sur la machine ronde,
La femme essuyait des revers.
Qu'un pareil chaos se débrouille,
À nous de battre le tambour !
Et vous, messieurs, à votre tour,
Filez, filez votre quenouille.

4

Combien de nous furent vexées,
Depuis le matin jusqu'au soir !
Nos pauvres paupières lassées
De pleurs étaient un réservoir. (bis)
Prenons, prenons notre revanche ;
Que le sexe battu jadis
Aujourd'hui batte ses maris.
Ainsi nous serons manche à manche.

5

On dit qu'Ève, notre grand'mère,
N'avait chemise ni maillot ;
Supprimons notre couturière,
Oui, la couturière est de trop.
La liberté, chaste amazone,
N'admet ni voiles ni verroux ;
À la barbe de nos époux
Luttons comme à Lacédémone[4].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Précision donnée par Robert Brécy, Florilège de la chanson révolutionnaire de 1789 au Front populaire, Les Éditions Ouvrières, Paris 1990, page 57.
  2. Ainsi, par exemple, L'Internationale à l'origine se chantait sur l'air de La Marseillaise, Léo Taxil a écrit La Marseillaise anticléricale, Séraphin Cordier a écrit La Nouvelle Marseillaise des mineurs, et, dans le genre militant pour la joie et la bonne humeur, au Carnaval de Paris on chanta jadis La Marseillaise de la Courtille.
  3. Écouter la chanson
  4. On sait qu'à Lacédémone les femmes, dans les jeux publics, se montraient toutes nues. (note de l'édition originale de 1848)