Kolinda Grabar-Kitarović — Wikipédia

Kolinda Grabar-Kitarović
Illustration.
Kolinda Grabar-Kitarović en 2015.
Fonctions
Membre du Comité international olympique
En fonction depuis
(3 ans et 9 mois)
Présidente de la république de Croatie

(5 ans)
Élection 11 janvier 2015
Premier ministre Zoran Milanović
Tihomir Orešković
Andrej Plenković
Prédécesseur Ivo Josipović
Successeur Zoran Milanović
Secrétaire générale adjointe de l'OTAN
chargée des informations publiques

(3 ans, 2 mois et 28 jours)
Prédécesseur Stefanie Babst (intérim)
Successeur Ted Whiteside (intérim)
Ambassadrice de Croatie aux États-Unis

(3 ans, 3 mois et 26 jours)
Prédécesseur Neven Jurica
Successeur Skračić Vice (intérim)
Ministre croate des Affaires étrangères et de l'Intégration européenne

(2 ans, 10 mois et 26 jours)
Premier ministre Ivo Sanader
Gouvernement IXe
Prédécesseur Miomir Žužul (Aff. étrangères)
Elle-même (Europe)
Successeur Gordan Jandroković
Ministre de l'Intégration européenne

(1 an, 1 mois et 25 jours)
Premier ministre Ivo Sanader
Gouvernement IXe
Prédécesseur Neven Mimica
Successeur Elle-même
Biographie
Nom de naissance Kolinda Grabar
Date de naissance (55 ans)
Lieu de naissance Rijeka (Yougoslavie)
Nationalité Croate
Parti politique HDZ
Diplômée de Université de Zagreb
Profession Diplomate
Religion Catholique

Kolinda Grabar-Kitarović
Présidents de la république de Croatie

Kolinda Grabar-Kitarović [ɡrǎbar kitǎːroʋit͡ɕ][1], née le à Rijeka, est une femme d'État croate. Elle est présidente de la république de Croatie de 2015 à 2020.

Diplômée de langues étrangères et relations internationales, elle travaille au début des années 1990 comme haut fonctionnaire ministériel. En 1997, elle intègre le corps diplomatique croate.

Membre de l'Union démocratique croate (HDZ), elle est élue députée à la Diète en 2003, puis devient ministre de l'Intégration européenne du premier gouvernement d'Ivo Sanader. Le remaniement de 2005 en fait la première femme à accéder au poste de ministre des Affaires étrangères. Elle n'est pas reconduite en 2008, mais obtient le poste d'ambassadrice aux États-Unis, avant d'être nommée en 2011 secrétaire générale adjointe pour la diplomatie publique de l'OTAN.

À l'issue de son mandat de trois ans, elle se présente pour la HDZ à l'élection présidentielle croate de 2014-2015. Elle l'emporte de justesse au second tour sur le chef de l'État sortant, Ivo Josipović, devenant la première femme élue à la présidence de la Croatie et également la plus jeune personnalité élue à cette fonction.

Longtemps donnée favorite pour un nouveau mandat, elle échoue finalement à se faire réélire en 2020, étant battue au second tour par l’ancien Premier ministre social-démocrate Zoran Milanović.

Situation personnelle[modifier | modifier le code]

Jeunesse et formation[modifier | modifier le code]

Bien que née en Yougoslavie socialiste, elle passe son enfance et son adolescence aux États-Unis, à Los Alamos[2]. Diplômée de l'école secondaire (en), elle intègre ensuite l'université de Zagreb où elle obtient en 1992 une maîtrise d'anglais et espagnol, puis une maîtrise en relations internationales à l'académie diplomatique de Vienne.

Vie privée[modifier | modifier le code]

Kolinda Grabar-Kitarović est mariée à Jakov Kitarović, ingénieur et consultant en sécurité d'entreprise au sein du groupe AD Plastik. Le couple a deux enfants.

En plus du croate, elle parle couramment anglais, espagnol et portugais. Elle possède également des notions d'allemand, de français et d'italien[3].

Carrière diplomatique[modifier | modifier le code]

Kolinda Grabar-Kitarović en 2006.

En 1992, elle devient conseillère au département de la Coopération internationale du ministère croate de la Science et de la Technologie. Elle est mutée en 1993 au ministère des Affaires étrangères.

Elle est placée deux ans plus tard à la direction du département nord-américain du ministère des Affaires étrangères jusqu'en 1997. Cette année-là, elle commence à travailler au sein de l'ambassade de Croatie au Canada en tant que conseillère diplomatique jusqu'en , quand elle devient ministre-conseiller. Elle reste au Canada jusqu'en 2000.

Elle est promue en 2001 ministre-conseiller au ministère des Affaires étrangères.

Parcours politique[modifier | modifier le code]

Débuts[modifier | modifier le code]

Elle abandonne la diplomatie en 2003 pour se faire élire députée de la septième circonscription à la Diète.

Fonctions ministérielles[modifier | modifier le code]

Le 23 décembre suivant, à 35 ans, elle est nommée au poste de ministre de l'Intégration européenne dans le premier gouvernement d'Ivo Sanader[2]. Elle entame en 2004 les négociations d'adhésion de la Croatie à l'Union européenne.

À l'occasion du remaniement ministériel du 17 février 2005, elle devient ministre des Affaires étrangères et de l'Intégration européenne[2], remplaçant Miomir Žužul contraint à la démission. À cette occasion, le ministère de l'Intégration européenne disparaît après cinq ans d'existence. C'est la première fois que la diplomatie croate est dirigée par une femme. Elle poursuit alors sa principale mission, faire adhérer son pays à l'UE.

À son poste de ministre, elle privilégie une « ligne commerciale classique » pour ses déplacements, plutôt qu'un vol privé ou une place en première classe[4].

Après le gouvernement[modifier | modifier le code]

Elle quitte le gouvernement après les élections législatives de 2007. Elle est remplacée par Gordan Jandroković le , qui la nomme deux mois plus tard ambassadrice aux États-Unis. Le , elle est choisie comme secrétaire générale adjointe pour la diplomatie publique de l'OTAN, étant la première femme à exercer cette responsabilité[5]. En 2013, elle devient membre de la Commission Trilatérale[2].

Présidente de la République[modifier | modifier le code]

Élection[modifier | modifier le code]

Elle quitte ses fonctions à l'OTAN en et se porte candidate à l'élection présidentielle dont le premier tour se déroule le suivant. Au début de la campagne, le président sortant, Ivo Josipović, est donné réélu avec une très large avance[6]. Kolinda Grabar-Kitarović refait son retard et arrive en deuxième position, avec 37,2 % des voix, mettant en ballotage le président sortant, qui obtient 38,5 %[7].

Lors du second tour, elle l'emporte avec une courte avance (50,74 % des voix)[8],[9],[2]. C'est la première fois depuis l'indépendance de la Croatie qu'un chef de l'État sortant rate sa réélection et qu'une femme est élue à ce poste au suffrage universel direct. Kolinda Grabar-Kitarović est également la plus jeune à être élue à cette fonction.

Exercice du mandat[modifier | modifier le code]

Kolinda Grabar-Kitarović en 2017.

Kolinda Grabar-Kitarović prend ses fonctions le [10].

En 2017, elle figure dans le classement du magazine Forbes des 40 femmes les plus puissantes du monde[11].

Kolinda Grabar-Kitarović et Emmanuel Macron lors de la finale de la Coupe du monde de football de 2018 opposant la France à la Croatie.

Elle s'implique activement dans la Coupe du monde de football de 2018, qui voit la Croatie finir deuxième de la compétition – un niveau jamais atteint dans son histoire – et Luka Modrić être élu meilleur joueur de la compétition[12],[13],[14].

Défaite en 2020[modifier | modifier le code]

Candidate à un second mandat, Kolinda Grabar-Kitarović est longtemps donnée favorite, bénéficiant d'une cote de popularité plus importante que celle de l’HDZ : elle dépasse ainsi les 40 % d'intentions de vote au premier tour durant l’année 2018[15],[16],[17]. Mais elle baisse ensuite de façon continue dans les sondages, notamment en raison d'une campagne semblant improvisée et de la concurrence du chanteur ultra-nationaliste Miroslav Škoro[18],[19]. Pour contrer celui-ci, la présidente sortante « droitise » un peu plus son discours, rendant notamment hommage à Slobodan Praljak[20].

Arrivée en deuxième position du premier tour (27 %), talonnée par Miroslav Škoro (24 %), elle ne parvient pas à rallier les suffrages s’étant portés sur ce dernier, principalement dans l’Est du pays. Le , dans un contexte de participation en baisse par rapport à 2015, elle échoue à obtenir un second mandat face à Zoran Milanović, ancien Premier ministre soutenu par le Parti social-démocrate de Croatie, recueillant 47,34 % contre 52,66 % pour son adversaire.

Après la présidence[modifier | modifier le code]

En juillet 2020, elle est élue membre du Comité international olympique (CIO) lors de la 136e session[21]. Elle est nommée présidente de la commission de futur hôte en octobre 2021[22].

Prises de position[modifier | modifier le code]

Dans la lignée de l’HDZ, Kolinda Grabar-Kitarović adopte des prises de position considérées comme conservatrices, nationalistes ou populistes de droite[23],[24],[25],[26],[27].

En , elle refuse d’assister à la cérémonie commémorant le 70e anniversaire de la libération du camp de concentration de Jasenovac, créé par l'État indépendant de Croatie, et suscite la controverse en se rendant en Autriche sur le site du massacre de Bleiburg[28]. Le , elle célèbre le 20e anniversaire de l'opération Tempête, qu'elle qualifie d'« opération brillante, justifiée et légitime » ; celle-ci, intervenue à la fin de la guerre de Croatie avec l’aide officieuse de conseillers américains, avait conduit à la reconquête par la Croatie de la République serbe autoproclamée de Krajina et par là même à un nettoyage ethnique des Serbes occupant cette région[29].

Elle se prononce pour une réforme de la loi électorale visant à limiter les droits des minorités, notamment des Serbes de Croatie[30].

Sur le plan sociétal, elle tempère les positions de son parti, traditionnellement réticent envers l’homosexualité et l’avortement[28].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Prononciation en croate retranscrite selon la norme API.
  2. a b c d et e Jean-Arnault Dérens, « Kolinda Grabar-Kitarovic : une dame de fer à la tête de la Croatie ? », Radio France internationale, (consulté le ).
  3. (en) Nina Godlewski, « Who Is President of Croatia? Kolinda Grabar-Kitarović Is a World Cup Super Fan » Accès payant, sur newsweek.com, (consulté le ).
  4. Arièle Bonte, « Coupe du Monde 2018 : qui est Kolinda Grabar-Kitarovic, la présidente qui aime tant le football ? », rtl.fr, 16 juillet 2018.
  5. « Kolinda Grabar-Kitarović, Secrétaire générale adjointe pour la diplomatie publique », sur nato.int, OTAN, (consulté le ).
  6. « Vijesti, najnovije vijesti iz Hrvatske i svijeta / Hrvatska radiotelevizija », sur Hrvatska radiotelevizija (consulté le ).
  7. « « Présidentielle : Kolinda Grabar-Kitarovic ébranle Ivo Josipovic », Courrier international, 29 décembre 2014.
  8. « Grabar Kitarovic élue présidente de la Croatie », sur lefigaro.fr, Le Figaro, (consulté le ).
  9. (hr) « Kolinda je pobjednica izbora: Osvojila 50,74 posto glasova », 24sata, le 12 janvier 2015.
  10. (hr) « Sa suzom u očima Grabar Kitarović prisegnula za Predsjednicu Republike Hrvatske (Grabar Kitarovic a prêté serment comme présidente de la République de Croatie) », sur vecernji.hr, (consulté le ).
  11. Fabien Magnenou, « Coupe du monde 2018 : la présidente croate est la première fan de son équipe (mais ce n'est pas que par amour du foot) », francetvinfo.fr, 11 juillet 2018.
  12. Yohan ROBLIN, « France-Croatie : Kolinda Grabar-Kitarović, présidente... et fan numéro 1 des Vatreni », sur lci.fr, (consulté le ).
  13. Paul Parant, « Coupe du monde: la présidente croate prend un vol de ligne pour Moscou », Le Parisien,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  14. « Coupe du monde 2018 : la présidente croate, ambassadrice d’une équipe nationale très politisée », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  15. (hr) « Ekskluzivna anketa : Kako stoji aktualna predsjednica, tko joj može najviše otežati i tko ide u drugi krug? », sur Vijesti.hr (consulté le ).
  16. (hr) « Ekskluzivno istraživanje RTL-a : koga birači žele vidjeti na Pantovčaku i od kuda vuku najveću podršku? », sur Vijesti.hr (consulté le ).
  17. (hr) B.V., « Istraživanje Dnevnika Nove TV : Da su danas predsjednički izbori, kako bi glasovala Hrvatska?... », sur dnevnik.hr, (consulté le ).
  18. « Présidentielle en Croatie : l’ancien premier ministre arrive en tête du premier tour », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  19. « Présidentielle en Croatie : Duel au second tour entre la conservatrice sortante et le centre gauche », 20 minutes,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  20. (en) « Gaffes blight Croatia president’s fight for new term », sur ft.com, (consulté le ).
  21. (en) « Kolinda Grabar-Kitarović elected IOC member as the fourth person and the first woman from Croatia », sur Croatian Olympic Committee,
  22. « Kolinda Grabar-Kitarović monte d’un cran », sur Francs Jeux,
  23. (en) Aleksandar Holiga, « Croatia’s World Cup run divides nation where football is never just sport », The Guardian,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  24. (en) « Croatia’s Serbs : Pawns in a Right-Wing Game / Balkan Insight », sur Balkan Insight, (consulté le ).
  25. (en) Joanna Berendt et Joseph Orovic, « Croatians Elect Kolinda Grabar-Kitarovic as Their First Female President », The New York Times,‎ (lire en ligne Accès payant, consulté le ).
  26. (de) « Schatten über Kroatien », sur derstandard.de, (consulté le ).
  27. (en) « Kolinda Grabar-Kitarovic is the new president of Croatia », sur robert-schuman.eu (consulté le ).
  28. a et b Loïc Trégourès, « « KGK », supportrice enjouée à Moscou et présidente nationaliste en Croatie », La Conversation,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  29. « Opération Tempête : quand la Croatie célèbre le nettoyage ethnique des Serbes de Krajina », Le Figaro,‎ (lire en ligne, consulté le )
  30. « Croatie : le candidat social-démocrate devance la droite dure », sur Libération.fr,

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]