Kimméridgien — Wikipédia

Kimméridgien
Notation chronostratigraphique j6
Notation française j6
Notation RGF j6
Stratotype initial Argiles gris-foncé de Kimmeridge.
Stratotype courant 57° 36′ 00″ N, 6° 12′ 00″ O
Niveau Étage / Âge
Époque / Série
- Période / Système
-- Érathème / Ère
Jurassique supérieur
Jurassique
Mésozoïque

Stratigraphie

DébutFin
154,8 ± 0,8 Ma 149,2 ± 0,7 Ma

Paléogéographie et climat

Description de cette image, également commentée ci-après
Formation des argiles de Kimmeridge, exposées en falaises à Kimmeridge Bay (comté de Dorset). Argiles grises à noires alternant avec des calcaires ou dolomies beiges à bruns. Stratotype historique du Kimméridgien.

Faune et flore

Description de cette image, également commentée ci-après

Le Kimméridgien est le deuxième étage stratigraphique du Jurassique supérieur (Malm). Il s'étend de 154,8 ± 0,8 Ma à 149,2 ± 0,7 Ma[1]. Sa durée est d'environ 5,5 millions d'années.

Historique et étymologie[modifier | modifier le code]

L'étage Kimméridgien a été défini près du village de Kimmeridge situé près de Bournemouth sur la côte du Dorset en Angleterre. Le terme de Kimméridgien a été introduit par le naturaliste et paléontologue français Alcide d'Orbigny à partir de 1842[2],[3]. En 1856-1858 Carl Albert Oppel agrandit le Kimméridgien en y incluant l’étage Corallien sous-jacent que d’Orbigny avait défini quelques années auparavant [4]. L’acception très large du terme Kimméridgien d’Oppel lui faisait inclure également tout le Jurassique terminal jusqu’à la base du Crétacé. En 1865 il amputera la partie supérieure de « son » Kimméridgien pour créer l’étage Tithonique[5]. Ces limites et la biozonation de l’étage ont ensuite été amplement discutées.

Le Colloque du Jurassique à Luxembourg en 1962 place la biozone d’ammonites à Pictonia baylei à la base du Kimméridgien pour la province paléogéographique dite sub-boréale[6].

Stratotype[modifier | modifier le code]

Stratotype historique[modifier | modifier le code]

La formation des argiles de Kimmeridge qui affleurent sur les falaises côtières du Dorset dans le sud de l’Angleterre constituent le stratotype historique de l'étage Kimméridgien. Il s’agit d'argiles laminées grises à noires avec des intercalations de marnes, de calcaires à coccolithes et de dolomies[7].

Stratotype, PSM[modifier | modifier le code]

Un Point Stratotypique Mondial (PSM) a été pré-sélectionné pour la base du Kimméridgien. Il se situe près du lieu-dit Flodigarry , dans la formation géologique de Staffin Bay, au nord de l’île de Skye sur la côte nord-ouest de l’Écosse. Il s’agit d’argiles gris-foncé livrant des ammonites appartenant aux provinces faunistiques sub-boréale et boréale[8],[9]. Ce PSM n’est pas encore formellement entériné par la communauté des stratigraphes. Il faut chercher les raisons de ces difficultés historiques et actuelles de définition des limites du Kimméridgien et de sa biozonation dans le provincialisme marqué qui intervient à compter de l’Oxfordien moyen[8]. Des entités paléobiogéographiques se singularisent en Europe avec, du nord au sud :

  • un domaine boréal avec :
    • au nord une province boréale (Groenland, Écosse),
    • au sud une province sub-boréale (Angleterre, Normandie) ;
  • un biome franco-germanique (Bassins parisien et aquitain, Allemagne septentrionale), séparant les domaines boréal et téthysien ;
  • un domaine téthysien avec :
    • au nord une province subméditerranéenne (Jura souabe, sud-est de la France, nord de l’Espagne),
    • au sud une province méditerranéenne (Italie du nord-est, sud de l’Espagne).

Ces particularités biogéographiques ont conduit à l’établissement d’échelles biostratigraphiques (basées sur les ammonites) différentes pour chacune de ces provinces. La réconciliation de ces biozonations est délicate et ralentit le processus de désignation d’un PSM de référence pour la base du Kimméridgien à l’échelle mondiale.

De même le PSM de la base du Tithonien, qui marquerait le sommet du Kimméridgien, n’a pas encore été choisi[8].

Formation kimméridgienne calcaire du Creux-du-Van dans le Jura suisse (150 m de hauteur) : des rapaces y nichent.

Subdivisions[modifier | modifier le code]

Au vu du provincialisme biogéographique évoqué ci-dessus, les subdivisions de l’étage ne sont pas encore définitives. Pour le Biome franco-germanique, intermédiaire entre les deux grands domaines paléogéographiques (boréal et téthysien) d’Europe, les principales subdivisions sont les suivantes :

Échelle stratigraphique du Kimméridgien biome franco-germanique (Bassins parisien et aquitain, Allemagne septentrionale). Sous-étages et zones et sous-zones d’ammonites[10],[11].
Étage Sous-étage Zone Sous-zone
Kimméridgien supérieur Autissiodorensis Irius
Autissiodorensis
Eudoxus Contejeani
Caletanum
Orthocera
Mutabilis Lallierianum
Mutabilis
inférieur Cymodoce Chatellaillonensis
Cymodoce
Rupellense Rupellense

La zone à Planula et une partie de la zone à Bimammatum de l’Oxfordien supérieur de la Téthys serait à inclure dans la partie basale du Kimméridgien[8].

Paléogéographie et faciès[modifier | modifier le code]

On retrouve les faciès argileux du Kimméridgien du Dorset de l'autre côté de la Manche en Normandie (falaises d’Octeville-sur-Mer, etc.).

Par sa richesse en matière organique, la formation des argiles de Kimmeridge constitue une roche-mère d'excellente qualité à l'origine, en particulier, d'une grande partie des champs d'hydrocarbures de la province pétrolière de la mer du Nord, à cheval sur la frontière entre la Grande-Bretagne et la Norvège[12].

Anecdote[modifier | modifier le code]

Chablis semble être le seul vignoble d'AOC avec Sancerre et Château Chalon (vin jaune) à faire expressément référence à la géologie pour la qualité de son vin. En effet, un jugement de 1923 indique le Kimméridgien comme élément essentiel des meilleurs chablis avec en sous-sol une formation marno-calcaire renfermant de grandes quantités de minuscules huîtres fossiles : les Exogyra virgula.

Paléontologie[modifier | modifier le code]

Les différentes provinces biogéographiques abritent des faunes marines différentes. Par exemple, pour les ammonites, la famille des Ataxioceratidae prédominante en province subméditerranéenne est remplacée par les sous-familles de Taramelliceratinae, Aspidoceratinae, Idoceratinae en province méditerranéenne. Le biome franco-germanique est « rythmé par l’alternance d’influences téthysiennes ou boréales et par le développement de populations endémiques d’origine soit téthysienne (Lithacosphinctes, Tolvericeras, Aspidoceras, Orthaspidoceras,...), soit boréale (Eurasenia, Pararasenia) »[10].

Les argiles de Kimmeridge sont réputées pour leur faune de vertébrés marins fossiles : « crocodiles », plésiosaures, pliosaures, ichthyosaures[13].

Références[modifier | modifier le code]

  1. « Charte stratigraphique internationale (2023) » [PDF], sur stratigraphy.org (consulté le ).
  2. Alcide d'Orbigny, Paléontologie française. Terrains jurassiques. 1, Céphalopodes, Masson éditeurs, Paris, 1842-1851, 2 volumes
  3. Alcide d'Orbigny, Cours élémentaire de paléontologie et de géologie stratigraphique, Masson éditeur, Paris, 1849-1852, 2 volumes
  4. (de)Carl Albert Oppel, Die Juraformation Englands, Frankreichs und des südwestlichen Deutschlands, nach ihren einzelnen Gliedern eingeteilt und verglichen, Stuttgart, Ebner & Seubert, 1856–1858, 857 p.
  5. (de)Carl Albert Oppel, Die Tithonische Etage. Zeitschrift der Deutschen Geologischen Gesellschaft, volume 17, 1865, p. 535-558
  6. Pierre-Louis Maubeuge, Colloque du Jurassique à Luxembourg 1962, Publication de l’Institut Grand-Ducal, Section des Sciences Naturelles, Physiques et Mathématiques, Luxembourg, 1964, 948 p.
  7. (en) « Astrochronology of the late Jurassic Kimmeridge Clay (Dorset, England) and implications for Earth system processes », Earth and Planetary Science Letters, vol. 289, nos 1-2,‎ , p. 242–255 (ISSN 0012-821X, DOI 10.1016/j.epsl.2009.11.013, lire en ligne, consulté le ).
  8. a b c et d (en) F.M. Gradstein, J.G Ogg, M. Schmitz et G. Ogg, The Geologic Time Scale 2012, Elsevier, , 1176 p. (ISBN 978-0-444-59448-8, lire en ligne)
  9. Andrzej Wierzbowski et al., « A potential stratotype for the Oxfordian/Kimmeridgian boundary: Staffin Bay, Isle of Skye, UK », Volumina Jurassica, vol. 4, no 4,‎ , p. 17-33 (ISSN 1731-3708, résumé).
  10. a et b Groupe français d'étude du Jurassique, Biostratigraphie du Jurassique ouest-européen et méditerranéen : zonations parallèles et distribution des invertébrés et microfossiles, Élie Cariou et Pierre Hantzpergue (coordonnateurs), Bulletin Centre recherches Elf Exploration-Production, Mémoire 17, 1997, 440 p., 6 figures, 79 tableaux, 42 planches
  11. Pierre Hantzpergue, Les ammonites kimméridgiennes du haut-fond d'Europe occidentale. Biochronologie, systématique, évolution, paléogéographie, Cahiers de paléontologie, éditions du CNRS, 1989, 428 p.
  12. « Les champs pétrolifères de la Mer du Nord », sur www2.ac-lyon.fr (consulté le ).
  13. (en) David B. Weishampel, Peter Dodson, Halszka Osmólska, « Dinosaur distribution (Late Jurassic, Europe) », dans : The Dinosauria, 2nd, Berkeley : University of California Press, 2004, p. 545–549, (ISBN 0-520-24209-2)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]