Karim Aga Khan IV — Wikipédia

Karim Aga Khan IV
(fa) کریم آقاخان چهارم
Karim Aga Khan IV en décembre 2014.
Fonction
Imam des ismaéliens (d)
depuis
Titre de noblesse
Aga Khan
depuis
Biographie
Naissance
Nom de naissance
Karim al-Hussaini
Nationalités
Formation
Activités
Famille
Père
Mère
Fratrie
Amyn Aga Khan (en)
Yasmin Aga KhanVoir et modifier les données sur Wikidata
Conjoint
Sarah Croker Poole
Gabriele Thyssen
Enfants
Zahra Aga Khan (en)
Rahim Aga Khan
Hussain Aga Khan (en)
Prince Ali Muhammad Aga Khan (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Propriétaire de
Religion
Membre de
Sport
Distinctions
Liste détaillée
Chevalier grand-croix de l'ordre du Mérite de la République italienne ()
Docteur honoris causa de l'Université McGill ()
Docteur honoris causa de l'université McMaster ()
Ordre du Mérite du travail ()
Docteur honoris causa de l'université Brown ()
Docteur honoris causa de l'Université de Toronto ()
Docteur honoris causa de l'université américaine de Beyrouth ()
Docteur honoris causa de l'université Harvard‎ ()
Docteur honoris causa de l'université de Cambridge ()
Docteur honoris causa de l'université de l'Alberta ()
Citoyenneté canadienne honoraire ()
Docteur honoris causa de l'Université d'Ottawa ()
Prix Nord-Sud ()
Docteur honoris causa de l'université nouvelle de Lisbonne ()
Docteur honoris causa de l'Université Simon Fraser ()
Docteur honoris causa de l'Université de la Colombie-Britannique ()
Grand-croix de l'ordre du Mérite (Portugal)‎
Commandeur de la Légion d'honneur‎
Grand-croix de l'ordre de la Liberté
Grand-croix de l'ordre militaire du Christ (d)
Membre de l'Académie américaine des arts et des sciences
Ordre du Trône
Ordre national de Haute-Volta (d)
Ordre de l'Amitié
Grand-croix de l'ordre du Mérite civil d'Espagne
Padma Vibhushan in trade & industry
Grand officier de l'ordre national du Lion du Sénégal
Chevalier commandeur de l'ordre de l'Empire britannique
Compagnon de l'Ordre du Canada
Fellow of the Royal Institute of British Architects
Commandeur des Arts et des Lettres‎
Ordre de la Couronne
Sitara-i-Imtiaz
Grand-croix de l'ordre national du Mali
Ordre du Cœur d'or du Kenya (en)
Ordre national de Madagascar
Nishan-e-Pakistan (en)
Ordre Danaker (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Titre honorifique
Altesse
Blason

Le prince Karim al-Hussaini dit Karim Aga Khan IV (en persan : كريم الحسين شاه), né le à Genève, est le chef spirituel des ismaéliens nizârites.

Fils du prince Ali Khan et de Joan Yarde-Buller, aristocrate et socialite britannique, le prince Karim, alors âgé de 20 ans et étudiant à l'université Harvard, succède à son grand-père, l'Aga Khan III, mort le , et prend le commandement spirituel de dix millions de musulmans à travers le monde, en tant que 49e imam de la communauté ismaélienne nizârite[1].

Biographie[modifier | modifier le code]

Succession[modifier | modifier le code]

Le prince Karim passe son enfance au Kenya[2], puis étudie au collège Le Rosey en Suisse[3]. À la mort de son grand-père, l'Aga Khan III, en 1957, il est désigné pour lui succéder, malgré la tradition qui aurait voulu que ce soit son père, le prince Ali, qui reprenne la succession de l'imamat, refusé à celui-ci en raison d'une vie trop sulfureuse, étalée dans la presse, et jugée incompatible avec l'exercice d'une fonction sacerdotale suprême. Le prince Karim est ainsi intronisé 49e imam héréditaire des Ismaéliens en 1957, sous le titre d'Aga Khan IV, à Dar es-Salaam en Tanzanie[4].

Dans le cadre de son autorité religieuse, il plaide durant son mandat spirituel pour un islam modéré, adapté au monde moderne[5].

Actions philanthropiques[modifier | modifier le code]

Entré à l'université américaine Harvard, où il a pour camarade de chambre le fils du gouverneur Adlai Stevenson[6], Karim Aga Khan en sort diplômé en histoire islamique en 1959[7], puis rachète la même année un journal kényan et fonde le « East African Newspaper Ltd », renommé Nation Media Group (NMG), un groupe de presse qui devient influent en Afrique de l'Est.

Karim Aga Khan crée en 1967 la Fondation Aga Khan (en) (Aga Khan Foundation, AKF), un organisme sans but lucratif destiné à trouver des solutions de long terme aux problèmes de pauvreté, de famine, de maladie et d'illettrisme en Asie centrale et en Asie du Sud, en Afrique de l'Ouest et en Afrique de l'Est, ainsi qu'au Moyen-Orient.

En 1977, il met en place le prix Aga Khan d'architecture pour récompenser l'excellence en architecture dans les sociétés musulmanes. L'architecte français Jean Nouvel, en collaboration avec l'agence parisienne AS (Architecture-Studio), obtient ce prix en 1987 pour la réalisation de l'Institut du monde arabe à Paris.

L'Aga Khan étend sa fondation humanitaire, l'AKF, et crée l'AKDN (Aga Khan Development Network), l'un des plus importants réseaux de développement privés au monde, qu'il dirige, et dont la mission est d'améliorer les conditions de vie et contribuer au développement économique des pays les plus pauvres. Ces institutions couvrent divers domaines comme l'agriculture, l'industrie, l'architecture, l'éducation et la santé[3].

Il est en 2005 à l'initiative de la Fondation pour la sauvegarde et le développement du domaine de Chantilly[8]. Il est en outre le président de l'Académie diplomatique internationale[9].

En 2007, tous les Ismaéliens du monde fêtèrent les 50 ans d'imamat (Jubilé d'or) de l'Aga Khan IV.

Depuis 2007, Karim Aga Khan est membre associé étranger de l'Académie des beaux-arts ; il a été élu au fauteuil de l'architecte Kenzo Tange, décédé en 2005[10]. Sa réception au sein de l'institution, par le secrétaire perpétuel Arnaud d'Hauterives, a lieu le 18 juin 2008[11].

À l'occasion de son jubilé d'or à la fin des années 2000, il lance le barrage hydraulique de Bujagali, sur le Nil blanc et au bord du lac Victoria, en Ouganda, inauguré en 2012[2].

En 2014, il fonde un musée d'art islamique, le Musée Aga Khan, à Toronto, au Canada[3].

Courses hippiques[modifier | modifier le code]

Poursuivant le travail accompli par son grand-père, il dirige l'élevage et l'écurie familiale dont les jockeys portent une casaque verte et des épaulettes rouges. Ses chevaux figurent parmi les plus célèbres du monde et se distinguent régulièrement dans les plus grandes courses de plat. Il a été propriétaire du fameux champion Shergar (enlevé et peut-être abattu par l'IRA en 1983) et a remporté notamment le prix de l'Arc de Triomphe à quatre reprises (Akiyda en 1982, Sinndar en 2000, Dalakhani en 2003 et Zarkava en 2008)[5].

Vie privée[modifier | modifier le code]

En , il épouse le mannequin britannique Sarah Croker Poole (Salimah Begum Aga Khan, ex-épouse de lord James Charles Crichton-Stuart), avec qui il a une fille et deux fils :

  • la princesse Zahra (née le 18 septembre 1970) ;
  • le prince Rahim (né le 12 octobre 1971) ;
  • le prince Hussain (né le 10 avril 1974).

L'Aga Khan et la bégum Salimah divorcent en 1995.

En , il épouse la juriste allemande Gabriele Homey dite Gabriele Thyssen (Inaara Begum Aga Khan, ex-épouse du prince Charles Emich de Leiningen et fille de la femme d'affaires Renate Thyssen-Henne), avec qui il a un fils :

  • le prince Aly Muhammad (né le 7 mars 2000).

Le , l'Aga Khan et la bégum Inaara annoncent officiellement leur séparation[12]. Ils divorcent finalement en septembre 2011[12] et l'Aga Khan est condamné par la Cour d'appel de Paris à verser 12 millions d'euros (16,7 millions de dollars) à son ex-épouse, mais une juridiction supérieure française porte ce montant à 60 millions d'euros[12],[13]. En mars 2014, après une longue bataille juridique, la Haute Cour de justice de Londres statue sur un accord définitif entre les deux parties évalué à 50 millions de livres sterling à l'avantage de l'ex-bégum et à des conditions gardées secrètes[14].

Préjudices[modifier | modifier le code]

Il est victime, entre 2015 et 2017[15], de l'arnaque dite au "faux Le Drian"[16],[17] et se fait soutirer plusieurs dizaines de millions d'euros[18], par deux escrocs, Gilbert Chikli et Anthony Lasarevitsch[17], se faisant passer pour le ministre Jean-Yves Le Drian[17] et condamnés respectivement à 10 et 7 ans de prison[17],[18].

Décorations[modifier | modifier le code]

Le prince Karim Aga Khan IV reçoit un morceau de trinitite, en 1959.
  • Membre de première classe de l'ordre du Courage (Bahreïn, 2003)

Distinctions[modifier | modifier le code]

Doctorats Honoris causa[modifier | modifier le code]

Prix et récompenses[modifier | modifier le code]

Reconnaissances[modifier | modifier le code]

  • Le , le gouvernement tanzanien baptise une rue « Aga Khan Street » à l'occasion du 86e anniversaire de l'Aga Khan IV[23], en reconnaissance des services rendus par le Réseau Aga Khan de développement, l'AKDN[23].
  • En juin 2023, la ville de Chantilly lui rend hommage et baptise une de ses rues pavées principales, la « Route de Son Altesse l’Aga Khan »[24].

Titulature[modifier | modifier le code]

  • -  : prince Karim Aga Khan ;
  • depuis le  : Son Altesse l'Aga Khan IV ;
  • depuis 1959 : Son Altesse Royale l'Aga Khan IV (prédicat d'altesse royale accordé par le chah d'Iran, mais non utilisé par l'Aga Khan).

En 1957, la reine Élisabeth II lui confère le prédicat officiel d'altesse (prédicat qui était officieux depuis l'abolition de la monarchie au Pakistan[25] en 1956).

En 1959, Mohammad Reza Pahlavi, chah d'Iran, lui confère le prédicat d'altesse royale[26].

Le huitième chapitre de la Constitution ismaélienne nizârite s'ouvre par la liste protocolaire des noms sous lesquels l'âgâ khân est désigné[27] :

« Son Altesse [...] est identifié parmi les murîdes shiites imamites ismailites » par les noms suivants[27] : “Hazrat Maulana, Dhani Salamat Datar, Pir Salamat, Sarkar Saheb, Huzur-Pur-Noor, Dhani Salamat, Hazar Imam, Dhani Pir, Pir Shâh, Aga Khan, etc.”[27].

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Mais qui sont les Agha Khan ? », sur leparisien.fr, .
  2. a et b Marion Douet, « Aga Khan, « Prince » du développement », sur Jeune Afrique, (consulté le )
  3. a b et c Charles Jaigu, « Son Altesse l'Aga Khan », Le Figaro Magazine, semaine du 16 février 2018, pages 56-62.
  4. « L’Aga Khan IV, soixante années de règne », sur pointdevue.fr, .
  5. a et b « Présentation du Son Altesse l'Aga Khan », sur iis.ac.u.
  6. (en) Malik Merchant, « Prince Karim Aga Khan at Harvard: “My College Room Mate Rules 10 Million” by John Fell Stevenson (10 November 1957) », sur barakah.com, (consulté le )
  7. (en) « Aga Khan Program for Islamic Architecture and Professorship of Islamic Art Established (1979) », sur islamicstudies.harvard.edu (consulté le )
  8. Fred Normand, « A Chantilly, une route pavée portera désormais le nom de son Altesse l’Aga Khan - Oise Hebdo », sur www.oisehebdo.fr, (consulté le )
  9. « L'Aga Khan, le milliardaire des pauvres », sur lalibre.be, .
  10. « Aga Khan à l'Académie des Beaux-Arts », Le Figaro, 6 juin 2008.
  11. Arnaud d'Hauterives, Discours de réception de S.A. le Prince Karim Aga Khan en tant que membre associé étranger à l'Académie des beaux-arts, AKDN, 18 juin 2008.
  12. a b et c Christophe Labbé, « Divorce de l'Aga Khan : le prince condamné à verser 60 millions d'euros à son ex-épouse », sur lepoint.fr, .
  13. (en) « Aga Khan divorces German princess after dispute », sur Associated Press, .
  14. (en) Raf Sanchez, « The Aga Khan, his 10-year divorce battle with German princess, and a 'deal for £50 million’ », sur The Telegraph, .
  15. « Escroquerie au "faux Le Drian": deux hommes condamnés à 7 et 10 ans en appel », sur Le Point, (consulté le )
  16. « A nos millions ! J’emmerde la justice française ! », sur Épris de justice, (consulté le )
  17. a b c et d « Les deux escrocs s’étant fait passer pour Le Drian condamnés en appel », sur fr.timesofisrael.com (consulté le )
  18. a et b « Affaire du «faux Le Drian» : deux hommes jugés en appel pour une monumentale escroquerie », sur lefigaro.fr, (consulté le )
  19. (en) « Aga Khan Conferred Companion of the Order of Canada », sur akdn.org, .
  20. « L’Aga Khan, chef des chiites ismaéliens, Grand Croix de la Légion d’honneur », sur La Croix, .
  21. (en) no 57155, p. 24, London Gazette, 31 décembre 2003.
  22. « Aga Khan receives presidential honour in recognition of his service to humanity », sur akdn.org, .
  23. a et b (en) « Aga Khan Street unveiled in honour of Mawlana Hazar Imam’s birthday », sur The Ismaili, .
  24. Régine Salens, « La « route de Son Altesse l’Aga Khan » à Chantilly – Noblesse & Royautés », (consulté le )
  25. Le Pakistan, né du partage des Indes britanniques en 1947, demeure une monarchie (avec le souverain britannique comme chef d'État) jusqu'en 1956. L'Inde, quant à elle, passe du statut de monarchie à celui de république en 1950, par l'adoption de sa Constitution.
  26. Charles Jaigu, « Son Altesse l'Aga Khan », sur lefigaro.fr, .
  27. a b et c Michel Boivin, « L’âghâ khân et les Khojah: Islam chiite et dynamiques sociales dans le sous-continent indien (1843-1954) », Karthala Editions, (ISBN 9782811123215), p. 201-202