Kangxi — Wikipédia

Kangxi
康熙帝
Illustration.
Portrait officiel de Kangxi.
Titre
Empereur de Chine

(61 ans, 10 mois et 15 jours)
Prédécesseur Shunzhi
Successeur Yongzheng
Biographie
Titre complet Empereur de Chine
Dynastie Qing
Nom de naissance Aixin-Jueluo Xuanye 愛新覺羅玄燁
Aïsine Gioro hala i Hio'ouanne Yéï
Date de naissance
Lieu de naissance Pékin
Date de décès (à 68 ans)
Lieu de décès Pékin
Père Shunzhi
Enfants Yongzheng Roi de France et de Navarre
Religion Bouddhisme

Kangxi
Kangxi

Nom chinois
Chinois 康熙帝
Traduction littérale Empereur de l'ère de la Santé et de la Gloire
Nom mandchou
Mandchou Mandchou : ᡝᠯᡥᡝ
ᡨᠠᡳᡶᡳᠨ
ᡥᡡᠸᠠᠩᡩᡳ
 ; MöllendorffElhe Taifin Hūwangdi

Nom mongol
Mongol (khalkha) ᠡᠩᠭᠡ ᠠᠮᠤᠭᠤᠯᠠᠩ ᠬᠠᠭᠠᠨ

L'empereur Kangxi (chinois : 康熙 ; pinyin : Kāngxī ; EFEO : K'ang-Hi ; API : /kʰáŋɕí/), dont le nom personnel est Xuanye (chinois : 玄晔 ; pinyin : Xuányè), est né le à Pékin dans la Cité interdite et mort le , est le troisième empereur de la dynastie Qing. Il fut l'empereur qui eut le règne le plus long de l'histoire de la Chine, de 1661 à 1722, soit soixante-et-un ans.

Origines familiales[modifier | modifier le code]

L'empereur Kangxi

Kangxi[1] était le fils d'une concubine issue d'une famille Jurchen (ethnie à laquelle appartiennent les Mandchous). Sinisée de longue date, elle portait le nom chinois de Tong (佟), mais avait repris un nom mandchou (Tunggiya) à l'avènement des Qing. La mère de Kangxi était donc certainement en partie une Han. Une légende fait de Kangxi le fils secret d'une autre concubine, Dong Guifei, dont son père était très épris, et à la mort de laquelle il aurait pris l'habit de moine en feignant sa mort. On peut encore en entendre les échos de nos jours.

Accession au pouvoir[modifier | modifier le code]

Règne personnel[modifier | modifier le code]

Portrait de l’empereur Kangxi

Kangxi pensait déjà pouvoir régner à l'âge de 15 ans. Cependant, son père lui avait choisi comme régent un ministre du nom d'Oboi (Aobai, 鳌拜) qui ne lui a pas laissé le pouvoir comme convenu. On peut se plaire à penser que Kangxi était un enfant très brillant, car grâce à son habileté et l’assistance de sa grand-mère l’impératrice douairière Xiaozhuang, il réussit à piéger Oboi et à l'emprisonner en 1669. Kangxi avait voulu d'abord l'exécuter, mais changea d'idée. Il le laissa néanmoins en prison pour avoir voulu usurper le pouvoir impérial.

Dernières résistances et ennemis extérieurs[modifier | modifier le code]

L'empereur Kangxi en armure, monté sur un cheval.

Sud et Sud-Ouest[modifier | modifier le code]

Il dut encore faire face en 1673 à la grande « Rébellion des trois feudataires », les provinces de Yunnan, Sichuan et Guangdong ayant fait sécession simultanément. Les armées impériales réussirent à rétablir la paix durablement, même si certaines révoltes éclatèrent dans les marches montagneuses du Sud-Ouest.

Au Tibet, le régent Sangyé Gyatso cacha la mort du cinquième dalaï-lama Lobsang Gyatso pendant douze ans pour terminer la construction du palais du Potala. En 1697, le régent Sangyé Gyatso envoya son ministre Shabdrung Ngawang Shonu à la cour mandchoue pour informer l'empereur Kangxi de la mort du cinquième et de la découverte du sixième dalaï-lama, Tsangyang Gyatso, qui fut intronisé en présence des fonctionnaires du gouvernement tibétain du Ganden Phodrang, la population de Lhassa, les princes mongols et les représentants de l'empereur Kangxi. En 1701, Sangyé Gyatso tente d'empoisonner Lhazang Khan, roi de la tribu mongole des Qoshots du Qinghai. En 1705, Lhazang Khan, s'assura que Kangxi ne s'opposerait pas à ce que Lhazang Khan envahisse le Tibet central. Lhazang Khan prit Lhassa et tua le régent Sangyé Gyatso. Il détrône Tsangyang Gyatso, et place Yeshe Gyatso comme 7e dalaï-lama, plus en accord avec Lhazang Khan et Kangxi. Des Tibétains opposés à Lhazang demandent de l'aide des Dzoungars du Khanat dzoungar gouvernés par Tsewang Rabtan. Celui-ci envoie son frère Tsewang Dondub accompagné de 6 000 hommes qui conquièrent Lhassa et tuent Lhazang. Le jeune dalaï-lama est alors protégé au monastère de Kumbum, près de Xining, dans la province de Qinghai, toujours contrôlée par les Qoshots et aidés par l'armée Qing. Les Dzoungars continuent leur conquêtes vers les territoires khakhas de Mongolie-Intérieure. Kangxi envoie alors une armée comprenant des Khalkhas dans la région qui reprendra Lhassa en 1720 et contrôlera désormais le Tibet. Kelzang Gyatso est placé sur le trône à Lhassa, Les guerres continuerons avec les Dzoungars En Mongolie-Intérieure et dans l'actuelle province du Xinjiang.

L'historien japonais Yumiko Ishihama démontra sur des éléments de source mandchoue que le premier principe de l'intervention de l'empereur Kangxi au Tibet au début du XVIIIe siècle était de protéger les enseignements bouddhistes[2].

Sud-Est[modifier | modifier le code]

Il avait ordonné en 1662, pour libérer l'empire des mouvements anti-Qing, le « Grand dégagement », déplacement forcé vers l’intérieur des terres des populations des côtes du Sud-Est où le parti des Ming était encore puissant. Le pirate Koxinga, qui se battait aux côtés des princes du Sud de la Chine restés fidèles à la dynastie précédente, avait cette même année pris l'île de Taïwan aux Hollandais pour s’y réfugier ; il y fonda l'éphémère dynastie Zheng que les armées impériales combattirent avec détermination. Elles finiront par reprendre l'île à son petit-fils en 1683. À partir de 1684 fut organisé le repeuplement des régions côtières dépeuplées par le Grand dégagement, assorti d’encouragements financiers.

Nord et Nord-Ouest[modifier | modifier le code]

La rébellion des Mongols Chakhars commencée en 1675 fut matée en deux mois, et ils furent incorporés aux bannières. L’empire Qing se retrouva ultérieurement entraîné dans des luttes intra-mongoles, les Khalkhas qui se déclaraient vassaux de la Chine ayant requis son aide contre leurs assaillants les Dzoungars. L'objet de ces luttes était la possession du Tibet, que les Mongols contrôlaient en grande partie depuis le XIIe siècle. Les Dzoungars furent repoussés mais non anéantis, et occupèrent même le Tibet en 1717, en représailles de l’éviction du dalaï-lama en 1706. Le protectorat Qing sur le Tibet ne fut rétabli qu’en 1720.

L’empire mandchou entra également en conflit avec l’Empire russe le long de l’Amour, en 1650 (victoire chinoise) et à partir de 1680. Le traité de Nertchinsk, signé en 1689 avec la régente Sophia Alexeïevna, demi-sœur du futur Pierre le Grand, attribua la vallée de l’Amour à la Chine et fixa le tracé de la frontière russo-chinoise.

Aménagement de l'Empire[modifier | modifier le code]

Kangxi ordonna la réparation du Grand Canal construit par les Suis, plus de mille ans auparavant. Il montra une attention particulière pour les travaux d'hydraulique en particulier en Chine du Nord, ayant acquis personnellement une certaine expertise technique en la matière.

Économie et société[modifier | modifier le code]

En 1664, il tenta, sans succès, d'interdire la coutume des pieds bandés.

L'économie agraire[modifier | modifier le code]

En 1669, dès qu'il mit fin à la régence d'Oboi, il promulgua un décret stipulant que les paysans pouvaient reprendre possession de leurs terres, qui avaient été arbitrairement confisquées. Puis plus tard, en 1685, l'empereur interdit toute nouvelle confiscation. L'empereur savait que l'agriculture était la base de l'État ; il organisa donc des exonérations fiscales spéciales pour les campagnes. Le niveau de vie fut considérablement amélioré pour les simples villageois.

Administration et Justice[modifier | modifier le code]

Dans l'administration, les fonctionnaires, mieux rémunérés, furent moins corrompus, la corruption des fonctionnaires étant une plaie endémique de l'administration chinoise.

En matière de Justice, il édicta le décret suivant : « Considérant l’immensité de la population de l’empire, l’extrême division de la propriété et le caractère notoirement procédurier des Chinois, l’empereur est d’avis que les procès se multiplieraient dans des proportions terrifiantes si les gens ne craignaient pas les tribunaux, et s’ils étaient sûrs d’y trouver une justice parfaite. les hommes se berçant volontiers d’illusions sur leurs intérêts personnels, les procès seraient interminables et la moitié de l’empire ne suffirait pas à trancher les affaires de l’autre moitié. Je désire donc que ceux qui ont recours aux tribunaux soient traités sans pitié, et de façon à la dégoûter de la loi et à ce qu’ils tremblent à l’idée de comparaître devant un juge »[3].

Eunuques[modifier | modifier le code]

En 1675 naquit son successeur Yinzhen (futur Yongzheng) ; à cette occasion six eunuques furent élevés à des dignités de fonctionnaires civils.

Le Gardien des Traditions[modifier | modifier le code]

Paravent de l'époque Kangxi, dit à tort de la Côte de Coromandel, représentant la chasse de l'empereur Kangxi dans la forêt de Mulan (Musée de la Compagnie des Indes).

Kangxi et Confucius[modifier | modifier le code]

L'empereur se rendit à plusieurs reprises durant son règne, au temple de Confucius à Qufu, pour rendre hommage au philosophe. Il lui rendit même les honneurs des Neuf génuflexions protocolaires à la cour impériale. Pendant son règne, les confucéens se rangèrent à ses côtés et appelèrent la population à obéir au fils du ciel. Ce fut un geste politique lourd de sens et qui permit de stabiliser son pouvoir dans tout l'Empire.

Ouvrages de compilation, dictionnaires et autres ouvrages[modifier | modifier le code]

Le dictionnaire Kangxi[modifier | modifier le code]

Édition du Dictionnaire Kangxi publiée en 1827.

Il commanda la composition du plus grand ouvrage sur les caractères chinois et le plus exhaustif jamais créé. On l'appela le Dictionnaire Kangxi. Depuis, ce dictionnaire de caractères a été largement dépassé en taille. Il introduisit les 214 clefs de classement des caractères chinois qui sont toujours largement utilisées (214 clefs de Kangxi).

La Grande Histoire des Ming[modifier | modifier le code]

L'empereur commandita aussi un ouvrage historique monumental sur la dynastie précédente et qui allait s'intituler la Grande histoire des Ming.

L'atlas Kangxi[modifier | modifier le code]

Il commanda également un atlas mentionnant les différents « gouvernements » de la Tartarie chinoise jusqu'au fleuve Saghalien-Oula (aujourd'hui dénommé Amour), aux pères jésuites Bouvet, Régis et Jartoux[4].

Crise de succession[modifier | modifier le code]

Premier héritier[modifier | modifier le code]

Kangxi avait eu de nombreux fils et choisit son héritier avec beaucoup de soin. Il dut abandonner son premier choix, son deuxième fils le prince Yinreng (胤礽), nommé prince héritier à 2 ans, mais qui s'était avéré extrêmement décevant malgré la précaution que l’empereur avait prise de surveiller lui-même son éducation. Yinreng perdit définitivement son titre en 1712.

Tentative de coup d'État[modifier | modifier le code]

Choix définitif[modifier | modifier le code]

Le choix finit par tourner autour de deux candidats nés de la même mère, dont les noms personnels étaient homonymes (Yinzhen), la graphie ne différant que par la clé du second caractère : 胤禛 et 胤禎. Kangxi avait tenu à garder secrètes ses dernières volontés concernant sa succession, qu’il avait placées dans une boîte. L'un des héritiers présomptifs, quatorzième fils de l'empereur, était en campagne dans le Xinjiang au moment de la mort de son père. Lorsqu’il fut proclamé que le nom inscrit était celui du seul présent, le quatrième fils, une rumeur naquit prétendant qu’il avait modifié le testament en changeant 14 (十四) en 4 (四), mais cette hypothèse n'est pas cohérente avec le fait que ce testament était également rédigé en mandchou et en mongol, langues dans lesquelles la modification n'aurait pas été aussi aisée. Quoi qu'il en soit, son quatrième fils devint l’empereur Yongzheng, et le nom de son frère évincé fut changé en Yinti, pour respecter la règle qui veut que personne ne porte un nom similaire à celui de l'empereur.

Le véritable choix de Kangxi est le deuxième des « quatre mystères de la dynastie Qing », le premier étant le destin final de son père, l'empereur Shunzhi.

Kangxi est enterré dans la nécropole est des Qing.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Kangxi sur l’Encyclopædia Britannica.
  2. Patrick French, Tibet, Tibet : une histoire personnelle d'un pays perdu, p. 117.
  3. National Geographic, [1]
  4. Cédric Gras, L'hiver aux trousses : Voyage en Russie d'Extrême-Orient, Paris, Gallimard, , 267 p. (ISBN 978-2-07-046794-5), « Le liman »

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Kangxi, empereur de Chine, 1662-1722 : la Cité interdite à Versailles, Paris : réunion des musées nationaux-château de Versailles, 2004.
  • Frédéric Louis, Kangxi, grand khan de Chine et fils du Ciel, Paris : Arthaud, 1985.
  • (en) Peter C. Perdue, China marches West: The Qing Conquest of Central Eurasia, Cambridge : Harvard University Press, 2005.
  • (en) Willard Peterson (dir.), The Cambridge History of China. Volume 9: The Ch’ing Empire to 1800, Cambridge : Cambridge University Press, 2003.
  • (en) Jonathan Spence, Emperor of China: Self-Portrait of K’ang-hsi, Londres : Jonathan Cape, 1974. 
  • Jean Querzola, Le Quadraturiste : Giovanni Gherardini en Chine sous le règne de Kangxi, GH Research, Paris, 2023, 578 p. (ISBN 978-2-9587154-0-3)
  • Charles Commeaux, La vie quotidienne en Chine sous les Mandchous, Paris, Hachette, 1970.
  • Bernard Brizay, Le roman de Pèkin, Éditions du Rocher, Paris, 2008. (ISBN 9782268065380).
  • Damien Chaussendre, La Chine au XVIIIe siècle, Paris, Les Belles Lettres, 2013. (ISBN 9782251410517).

Liens externes[modifier | modifier le code]