Kachta — Wikipédia

Kachta
Image illustrative de l’article Kachta
Situle portant les cartouches de Kachta et de sa fille Amenardis Ire (Walters Art Museum).
Nom en hiéroglyphe
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kAS
tA
>
Transcription kȝš-tȝ
Période Troisième Période intermédiaire
Dynastie XXVe dynastie
Fonction roi de Napata
Prédécesseur Alara
Dates de fonction 755 à 743 AEC
Successeur Piânkhy
Famille
Conjoint Pabatjma
Enfant(s) Piânkhy
Chabaka
Amenardis Ire
Abar ?
Peksater ?
Khensa ?
♂ Pekatror
♀ Néferoukakachta ?
♀ Méritamon ?
♂ Ptahmaakhérou ?
Fratrie Alara ?
Pabatjma
Sépulture
Nom Pyramide de Kachta
Type Pyramide nubienne
Emplacement KU 8 à El-Kourrou (Napata)

De nom de Sa-Rê Kachta (kȝš-tȝ) et de nom de Nesout-bity Maâtrê (Mȝˁ-Rˁ « Rê est juste »), Manéthon l’appelle Kachta ; il est roi de Napata de 755 à 743 AEC[1],[note 1]. Il succède à Alara, qui est peut-être son frère, et précède Piânkhy, qui est peut-être son fils. Il est le premier roi koushite à être reconnu en Égypte, a minima à Éléphantine, voire peut-être à Thèbes[2].

Attestations[modifier | modifier le code]

Le roi est attesté par plusieurs documents contemporains de son règne, à savoir entre autres des objets funéraires portant son noms trouvés dans la nécropole d'El-Kourrou et une stèle d'Éléphantine sur laquelle apparaît son nom de Nesout-bity Maâtrê[2]. Son nom a également été retrouvé dans une inscription à Karnak parlant d'un château de Maâtrê (l'inscription étant hors contexte, son interprétation est délicate)[2].

Généalogie[modifier | modifier le code]

Kachta a deux épouses dont Pabatjma, qui pourrait être sa sœur. Il a également plusieurs enfants, dont certains ne sont pas assurés :

  • la divine adoratrice d'Amon Amenardis Ire : une statue d'Amenardis Ire mentionne qu'elle est la fille de Kachta et de Pabatjma[3] ;
  • la reine Peksater : elle était la fille de Kachta et Pabatjma, elle était mariée à Piânkhy et a été enterrée à Abydos[3], elle est peut-être morte alors qu'elle accompagnait Piânkhy dans une campagne en Égypte[4] ; Laming et Macadam suggèrent qu'elle était une fille adoptive de Pabatjma[5] ;
  • le roi Piânkhy : il s'agit probablement d'un fils de Kachta car son épouse Peksater est décrite comme sœur royale sous son règne ; il est peut-être un fils de Pabatjma[6] ;
  • le roi Chabaka : mentionné comme un frère d'Amenardis Ire, il est donc un fils de Kachta et Pabatjma[7],[4],[8] ;
  • la reine Abar : épouse de Piânkhy, son titre de sœur du roi pourrait indiquer qu'elle est également fille royale, donc de Kachta et Pabatjma[7] ;
  • la reine Khensa : épouse de Piânkhy, elle est considérée comme une fille de Kachta[4] et peut-être de Pabatjma[7] ;
  • le général Pekatror : enterré à Abydos, il est indiqué sur sa stèle qu'il est le fils de la reine Pabtaméry, identifiée par certains à la reine Pabatjma ; si l'identification est correcte, alors il est également le fils de Kachta[3] ;
  • la princesse Néferoukakachta : elle est peut-être une fille de Kachta[4] et de Pabatjma[7] ;
  • la princesse Méritamon : elle est enterrée à Abydos, il s'agit peut-être de la fille de Kachta[3] ;
  • le prince Ptahmaakhérou : il est enterré à Abydos, il s'agit peut-être du fils de Kachta[3].

Règne koushite de la Haute-Égypte sous Kachta[modifier | modifier le code]

Alors que Kachta dirige la Nubie depuis Napata, qui se trouve à quatre-cents kilomètres au nord de Khartoum, la capitale moderne du Soudan, il exerce également un fort degré de contrôle sur la Haute-Égypte en réussissant à installer sa fille, Amenardis Ire, comme épouse divine présumée d'Amon à Thèbes pour succéder à la Divine adoratrice d'Amon en exercice, Chepenoupet Ire, la fille d'Osorkon III. Ce développement a été « le moment clé dans le processus d'extension du pouvoir koushite sur les territoires égyptiens » sous le règne de Kachta puisqu'il a officiellement légitimé la prise de contrôle koushite de la région de la Thébaïde[9],[2].

Le chercheur hongrois László Török note qu'il y avait probablement déjà des garnisons koushites stationnées à Thèbes même pendant le règne de Kachta, à la fois pour protéger l'autorité de ce roi sur la Haute-Égypte et pour contrecarrer une éventuelle invasion future de cette région à partir de la Basse-Égypte[10].

Török observe que l'apparition de Kachta comme roi de Haute et Basse-Égypte et la prise de contrôle pacifique de la Haute-Égypte sont suggérées à la fois « par le fait que les descendants d'Osorkon III, Takélot III et Roudamon continuent à jouir d'un statut social élevé à Thèbes dans la seconde moitié du VIIIe siècle et dans la première moitié du VIIe siècle » comme le montrent leurs sépultures dans cette ville ainsi que l'activité conjointe entre la divine adoratrice d'Amon Chepenoupet Ire et l'épouse du dieu Amon Amenardis Ire, la fille de Kachta[11]. Une stèle du règne de Kachta a été retrouvée à Éléphantine (aujourd'hui Assouan) au temple local dédié au dieu Khnoum qui atteste son contrôle sur cette région[12]. Elle porte son nom royal Maâtrê.

Les égyptologues pensent aujourd'hui que lui ou plus probablement Piânkhy était le roi nubien de l'an 12 mentionné dans une inscription bien connue à Ouadi Gasus qui associe la divine adoratrice d'Amon, Amenardis Ire, la fille de Kachta, ainsi que l'an 19 de la divine adoratrice d'Amon, Chepenoupet Ire[13]. La durée du règne de Kachta est inconnue[3]. Certaines sources créditent Kachta comme le fondateur de la XXVe dynastie car il est le premier roi koushite connu pour avoir étendu l'influence de son royaume en Haute-Égypte[14]. Sous le règne de Kachta, la population koushite native de son royaume, situé entre la troisième et la quatrième cataracte du Nil, s'est rapidement « égyptianisée » et a adopté les traditions, la religion et la culture égyptiennes[14].

Sépulture[modifier | modifier le code]

Kachta est enterré à Napata sous une pyramide qui fut édifiée pour lui et qui est référencée KU 8 dans la nécropole royale d'El-Kourrou.

Titulature[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. La durée de son règne en général évaluée à une dizaine ou une douzaine d'année n'est pas connue, ces durées ne sont que des hypothèses, voir Payraudeau 2020, p. 174.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Payraudeau 2020, p. 557.
  2. a b c et d Payraudeau 2020, p. 172-173.
  3. a b c d e et f Payraudeau 2020, p. 174.
  4. a b c et d Morkot 2000.
  5. Dunham et Macadam 1949, p. 139-149.
  6. Payraudeau 2020, p. 175.
  7. a b c et d Dodson et Hilton 2004, p. 234-240.
  8. Payraudeau 2020, p. 191.
  9. Török 1997, p. 148-149.
  10. Török 1997, p. 150.
  11. Török 1997, p. 149.
  12. Grimal 1992, p. 335.
  13. Boardman 1982, p. 570.
  14. a et b Collectif 2003, p. 817.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Aidan Mark Dodson et Dyan Hilton, The Complete Royal Families of Ancient Egypt, Thames & Hudson, [détail des éditions] (ISBN 0-500-05128-3)
  • Robert G. Morkot, The Black Pharaohs: Egypt's Nubian Rulers, The Rubicon Press, (ISBN 0-948695-24-2)
  • Dows Dunham et M. F. Laming Macadam, Names and Relationships of the Royal Family of Napata, vol. 35, The Journal of Egyptian Archaeology, (lire en ligne)
  • László Török, « The Kingdom of Kush : Handbook of the Napatan-Meroitic Civilization », Handbuch der Orientalistik, Brill, no 31,‎
  • Nicolas Grimal, A History of Ancient Egypt, Oxford, Blackwell Books,
  • John Boardman, The Cambridge Ancient History : The Prehistory of the Balkans, the Middle East and the Aegean World, Tenth to Eighth Centuries BC, vol. 3, Cambridge University Press, 2nd edition, (ISBN 978-0-521-22496-3, lire en ligne)
  • Collectif, La Nouvelle Encyclopædia Britannica, vol. 8, 15e édition, Micropædia, .
  • Frédéric Payraudeau, L'Égypte et la Vallée du Nil : Les époques tardives, t. 3, Paris, PUF, coll. « Nouvelle Clio », , 624 p. (ISBN 978-2130591368)