Julien l'Hospitalier — Wikipédia

Julien l'Hospitalier
Saint Julien l'Hospitalier, détail de la Vierge en majesté entre saint Sébastien et saint Julien, fresque de Domenico Ghirlandaio, église Sant'Andrea à San Donnino (Campi Bisenzio) près de Florence.
Biographie
Naissance
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Étape de canonisation
Fête

Saint Julien l'Hospitalier et sainte Basilisse sont des saints[1] dont l'histoire est largement légendaire, et dont on ignore quels sont les éléments réellement historiques. Saint Julien l'Hospitalier est notamment le patron des charpentiers, des hôteliers et des passeurs. Ses attributs sont le faucon ou l'épée. Au cours du Moyen Âge, il a supplanté le martyr saint Julien de Brioude en notoriété et dans la titulature de quelques églises comme l'église Saint-Julien-le-Pauvre à Paris.

Récit légendaire[modifier | modifier le code]

La légende de saint Julien l'Hospitalier a été largement diffusée au Moyen Âge par la populaire Légende dorée de Jacques de Voragine (chap. 30).

Julien était un jeune noble. Un jour qu'il poursuivait un cerf, celui-ci se retourna et lui dit : « Tu me suis, alors que tu tueras ton père et ta mère ? ». Pour éviter que cela n'advienne, il s'enfuit jusqu'à une terre lointaine où il se mit au service d'un prince.

Vaillant combattant, il fut fait chevalier et le prince lui donna pour épouse une jeune veuve, Basilisse, et un château en dot.

Entre-temps, ses parents étaient partis à sa recherche, et finirent par arriver à son château. Julien était alors parti à la chasse. Ses parents se firent connaître à son épouse, qui les accueillit, les restaura et les coucha dans le lit conjugal. Julien rentra le lendemain matin, alors que sa femme était à la chapelle, et trouva dans son lit un homme et une femme qu'il prit pour son épouse et un amant. Il les tua tous les deux.

En voyant sa femme revenir, il prit conscience de sa terrible méprise, et accablé de chagrin résolut de partir accomplir sa pénitence. Mais son épouse, arguant des liens du mariage et de sa part de responsabilité, insista pour l'accompagner.

Ils s'installèrent alors au bord de la rivière Potenza, près de la ville italienne de Macerata, dans la région des Marches, où Julien se fit passeur et où ils accueillaient les pauvres dans un petit hospice (en ancien français hospital).

Une nuit d'hiver, Julien entend une voix qui l'appelle : il recueille un misérable lépreux mourant de froid, qu'il tente en vain de réchauffer par un bon feu, puis qu'il couche dans son propre lit et couvre amoureusement. Alors le lépreux se lève, soudain resplendissant, et montant au ciel déclare à Julien et à son épouse, Basilisse, que Dieu leur a pardonné leur crime, et qu'ils ne tarderaient pas à mourir dans la paix du Seigneur.

Vue critique[modifier | modifier le code]

Il s'agit d'un court récit qui reprend en fait une tradition littéraire représentée par deux Vies : l'une, en prose, largement diffusée (elle se retrouve dans pas moins de 25 légendiers français du milieu du XIIIe au XVe siècle) ; l'autre, en vers, est connue par une unique copie complète[2], daté de 1267-1268, et un fragment manuscrit détenu par les archives communales de Chieri (Italie). En fait, ces deux versions sont dérivées d'une Vie en vers aujourd'hui disparue, écrite aux environs de 1200, dont celle en prose est une version restée fidèle à l'originale, alors que la Vie en vers est une version plus romanesque et augmentée de nombreux épisodes.

Les deux versions ont en commun de présenter Julien comme le fils du comte et de la comtesse d'Anjou, Geoffroy et Emma, de le faire s'engager dans l'ordre des Hospitaliers, et de faire s'établir le couple au bord du Gardon, près de Saint-Gilles du Gard, au débouché du chemin de Régordane et au carrefour des trois chemins de Pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle, de Rome et de Jérusalem. La prédiction est faite non par un cerf, mais par une bête à tête humaine, et le malheureux accueilli par le couple est un lépreux. La version en vers donne à son épouse le nom de Clarisse, et introduit le personnage de Gervais, bon bourgeois de Nantes. Ces deux textes ont fait l'objet d'une édition critique et d'une étude comparée dans le cadre d'une thèse non publiée[3].

Hagiographie[modifier | modifier le code]

  • À Thieffrain, la tradition de Saint-Mammès évoque Julien l'Hospitalier sous le nom de saint Julien de Magnant, lequel est particulièrement honoré dans l'Aube à Magnant (église Saint-Julien-l'Hospitalier).

Lieux de culte dédiés à saint Julien l'Hospitalier[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Saint Julien l'Hospitalier et Sainte Basilisse sur viechretienne.catholique.org.
  2. Manuscrit Paris, Bibliothèque de l'Arsenal 3516, f° 84r°-96r°.
  3. C'est d'une copie tardive et remaniée de la version en prose dont s'est inspiré Flaubert pour sa légende.
  4. Jacques Hillairet, Dictionnaire historique des rues de Paris, t.1, p. 565, Édition 1997.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Jacques de Voragine, La Légende dorée, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 2004, publication sous la direction d'Alain Boureau
  • Gustave Flaubert, la Légende de Saint Julien l'Hospitalier constitue l'un des Trois Contes
  • La Vie de saint Julien l'Hospitalier, édition critique et étude comparée des deux versions médiévales françaises en prose et en vers, thèse pour l'obtention du doctorat présentée par Sandra Ducruet, université de Savoie, 2006
  • Jean-Pierre Perrot, Moi, Julien, dit l'Hospitalier, pèlerin de Saint-Gilles, établi passeur au bord du Gardon, sur le chemin de Regordane…, roman historique, éd. Lacour-Ollé, Nîmes, 2015

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens[modifier | modifier le code]