Journal des savants — Wikipédia

Journal des savants
Image illustrative de l’article Journal des savants

Pays Drapeau de la France France
Langue français
Périodicité mensuel puis bi-annuel
Genre Littéraire et scientifique
Date de fondation 1665
Ville d’édition Paris

Directeur de publication Denis de Sallo
Directeur de la rédaction Julien Pouchard
ISSN 0021-8103
Site web AIBL

Le Journal des sçavans (de 1665 à 1790), devenu Le Journal des savans (de 1791 à 1830), puis Le Journal des savants, est le plus ancien périodique littéraire et scientifique d'Europe[1].

Le premier numéro parut à Paris le sous forme d’un bulletin de douze pages[2] annonçant son objectif de faire connaître « ce qui se passe de nouveau dans la République des lettres[3] ». En 1665, le siège du Journal des savants se trouvait dans rue Montorgueil dans une maison à l'enseigne du Cheval Blanc[4]. Supprimée en 1792, sa publication reprend en 1816, sous son nouveau nom, et perdure depuis.

Contenu[modifier | modifier le code]

Dans l'avertissement du premier numéro, il était précisé qu'il s'agissait de rendre compte des principaux ouvrages paraissant en Europe, de publier des notices nécrologiques sur les hommes célèbres, de faire connaître les nouvelles découvertes dans les arts et les sciences, y compris la physique et la chimie, les inventions mécaniques et mathématiques, les observations célestes et météorologiques et les découvertes anatomiques, d'examiner les décisions juridiques des tribunaux laïcs, ecclésiastiques et universitaires, et enfin de rapporter tout ce qui était susceptible d'intéresser les gens de lettres ou les « sçavans », autrement dit toutes les personnes cultivées.

Parmi les dix articles publiés dans ce même numéro, on pouvait lire un rapport sur la naissance d'un monstre à Oxford, une note sur les nouveaux télescopes de Giuseppe Campani[5], un commentaire sur la nouvelle édition du traité de Descartes, De l'homme, et un compte rendu des dernières parutions sur l'histoire de l'Église d'Afrique.

Si son contenu relevait pour une large part de la gazette littéraire plutôt que du journal scientifique, le Journal des sçavans n'en joua pas moins un rôle considérable dans la diffusion des connaissances scientifiques en permettant la communication entre savants. Le nombre d'articles consacrés aux sciences, souvent illustrés de gravures sur bois, s'accrut au fil des années. Aussi les lecteurs du Journal furent-ils les premiers à être informés de la parution du Micrographie de Robert Hooke, de la mise au point du premier navire à double coque par William Petty, de l'invention de la balance arithmétique par Cassini, de l'utilisation que fit Robert Holmes des horloges de Huygens à bord de la Reserve, ou encore des expériences menées par Ole Roemer pour déterminer la vitesse de la lumière (journal du 7 décembre 1676)[6].

La parution du premier numéro du Journal des sçavans suscita immédiatement l'intérêt des membres de la Royal Society de Londres. À peine trois mois plus tard, le , un journal similaire, mais consacré plus spécialement aux nouvelles observations et expérimentations scientifiques, fut lancé par Henry Oldenburg sous le titre Philosophical Transactions. Ce périodique, dont la publication n'a jamais été interrompue, servit de modèle à tous les journaux scientifiques ultérieurs en Europe. Il fut bientôt suivi en Italie par le Giornale de' Letterati en 1668, puis en Allemagne par les Acta eruditorum Lipsiensium d'Otto Mencke en 1682.

En province, le Journal des sçavans était contrefait et avait donc une pagination légèrement différente. À Lyon, second centre intellectuel et d'imprimerie du Royaume après Paris, l'imprimeur Thomas Amaulry fit paraître une version contrefaite de cette publication, à la plus grande joie des érudits locaux.

Historique[modifier | modifier le code]

Fondé sous le patronage de Colbert[7] par Denis de Sallo, conseiller au Parlement de Paris, Le Journal des sçavans fut dirigé successivement par l'abbé Gallois (1666-1674), l'abbé Jean-Paul de La Roque (1674-1687) épaulé par l'abbé Cureau de la Chambre et Louis Cousin (1687-1701).

De 1701, à 1714, l'abbé Bignon assure la direction du journal[8] et en confie la rédaction à une équipe de plusieurs membres.

Hebdomadaire irrégulier jusqu'en 1723, il parut mensuellement jusqu'en 1792, date à laquelle il fut supprimé[1]. Au cours de cette période, plusieurs éditions parallèles, dont une en latin, et de nombreuses contrefaçons furent publiées à Bruxelles, Amsterdam et Cologne.

Rétabli et rebaptisé Journal des savants en 1816[1], il fut dès alors rédigé par des membres de l'Institut de France et imprimé à l'Imprimerie nationale, avec pour directeurs Pierre-Claude-François Daunou (1816-1838), Pierre-Antoine Lebrun (1838-1872), Charles Giraud (1873-1881) et Léopold Delisle (1896-1907).

À partir de 1908, la publication du Journal des savants fut confiée à l'Académie des inscriptions et belles-lettres, qui en demeure l'éditeur. Le journal des savants est aujourd'hui dirigé par Jacques Jouanna, Pierre-Sylvain Filliozat et Jacques Dalarun et paraît deux fois par an[1]. Il est diffusé depuis septembre 2021 par Peeters publishers.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d D'après AIBL.
  2. « Le Journal des sçavans », sur Gallica, (consulté le ).
  3. Le Journal des sçavans Du lundy V. janvier M.DC.LXV, p. 176 (numérisation de Google).
  4. Jacques Hillairet, Dictionnaire historique des rues de Paris.
  5. « Le Journal des sçavans », sur Gallica, (consulté le ).
  6. « Le Journal des sçavans », sur Gallica, (consulté le ).
  7. Chupin, Hubé et Kaciaf 2009, p. 14.
  8. Vittu Jean-Pierre. La formation d'une institution scientifique : le Journal des Savants de 1665 à 1714. In: Journal des savants, 2002, n° pp. 179-203; doi : https://doi.org/10.3406/jds.2002.1653 ; https://www.persee.fr/doc/jds_0021-8103_2002_num_1_1_1653

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • « Journal des Savants », sur Académie des inscriptions et belles-lettres (consulté le ).
  • Ivan Chupin, Nicolas Hubé et Nicolas Kaciaf, Histoire politique et économique des médias en France, Paris, la Découverte, coll. « Repères / Culture, communication » (no 537), , 1re éd., 126 p. (ISBN 978-2-7071-5465-1, présentation en ligne, lire en ligne).
  • Le Journal des sçavans : Du lundy V. janvier M.DC.LXV, Paris, J. Cusson, (lire en ligne).
  • Hippolyte Cocheris, Histoire du Journal des savants : depuis sa fondation jusqu'à nos jours, Paris, A. Durand, , 1re éd., 63 p..
  • Jacqueline Ellen Violette de La Harpe, Le Journal des savants et la renommée de Pope en France au XVIIIe siècle, Berkeley, University of California Press, .
  • Jacqueline Ellen Violette de La Harpe, Le Journal des savants et l'Angleterre, 1702-1789, Berkeley, University of California Press, .
  • Raymond Birn, « Le Journal des savants sous l'Ancien Régime », Journal des savants,‎ , p. 15-35.
  • Jean Ehrard et Jacques Roger, « Deux périodiques français au XVIIIe siècle : ‘le Journal des Savants’ et ‘les Mémoires de Trévoux’. Essai d’une étude quantitative », Livre et société dans la France du XVIIIe siècle, Paris-La Haye, Mouton & CO, 1965, p. 33-59.
  • Jean Sgard, Dictionnaire des journaux 1600-1789, Paris, Universitas, .
  • Jean-Pierre Vittu, « Le Journal des savants et la République des Lettres, 1665-1714 » (thèse de doctorat), theses.fr, Paris 1,‎ (lire en ligne)
  • Jean-Pierre Vittu, « Trois cent cinquante ans au service des sciences : le Journal des Savants », La Revue des revues, vol. 62, no 2,‎ , p. 56-69 (DOI 10.3917/rdr.062.0056).

Article connexe[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]