Jour de l'Évacuation (New York) — Wikipédia

Jour de l'Évacuation
Description de cette image, également commentée ci-après
Jour de l'Évacuation de New York et entrée triomphale de Washington dans la ville.

Date 25 novembre 1783
Lieu New York
Résultat Départ de New York des forces britanniques et retour de George Washington.

Le Jour de l'Évacuation (Evacuation Day en anglais) a eu lieu le lors du départ de Manhattan des troupes stationnées à New York, dernier vestige de l'autorité britannique aux États-Unis, marquant ainsi le dernier chapitre de la révolution américaine. Le dernier tir de la guerre d'indépendance des États-Unis est rapporté comme ayant été tiré ce jour-là, quand un artilleur britannique tira, depuis un des navires sur le départ, un coup de canon sur la foule de railleurs rassemblés sur le rivage de l'île de Staten Island, à l'embouchure du port de New York, dont le boulet tomba bien avant d'atteindre la rive.

Contexte[modifier | modifier le code]

À la suite du premier grand combat de la guerre d'indépendance américaine, entre les troupes de l'armée continentale et britanniques, lors de la bataille de Long Island (connue aussi sous le nom de « bataille de Brooklyn »), le , le général George Washington et l'armée continentale battent en retraite sur l'île de Manhattan. Les Continentaux se replient vers le nord et l'ouest puis après la bataille de Fort Washington le , évacuent l'île. Jusqu'à la fin de la guerre d'indépendance, la grande partie de ce qu'est aujourd'hui le grand New York et ses alentours sont sous contrôle britannique. La ville de New York (occupant alors seulement la pointe sud de Manhattan) devient, sous Richard Howe et son frère William Howe, le centre des opérations politiques et militaires britanniques en Amérique du Nord.

Dans le même temps, la région devient le point central du développement du réseau de renseignement des Patriots, dirigé par Washington en personne. Le célèbre Nathan Hale a été l'un des agents de Washington travaillant à New York, bien que les autres agents aient eu généralement plus de succès que Hale.

La ville est victime de deux incendies dévastateurs d'origine inconnue pendant l'occupation britannique. Ces évènements font que les forces britanniques et les Loyalistes éminents décident d'occuper les bâtiments intacts, laissant aux citadins les ruines fumantes et des conditions de vie misérables. S'ajoutent à cela les quelque 10 000 soldats et marins Patriots qui meurent pendant l'occupation britannique à la suite de négligences volontaires sur les bateaux prisons mouillés dans les eaux de New York. Plus de Patriots moururent sur ces bateaux que dans l'ensemble des batailles de la guerre réunies[1],[2],[3],[4],[5],[6],[7],[8],[9]. Ces hommes sont immortalisés, et beaucoup de leurs dépouilles sont inhumées au Prison Ship Martyrs' Monument (en) dans Fort Greene Park (en) à Brooklyn, qui surplombe le site proche de leurs tourments et décès.

L'évacuation[modifier | modifier le code]

Au cours du mois d', Sir Guy Carleton reçoit des ordres de Londres pour procéder à l'évacuation de la ville de New York. Il déclare au président du Congrès continental qu'il va procéder à l'évacuation des réfugiés, des esclaves libérés ainsi que du personnel militaire aussi vite que possible, mais qu'il ne lui est pas possible de fournir une date exacte car le nombre de réfugiés entrés dans la ville a grandement augmenté. Plus de 29 000 réfugiés loyalistes seront ainsi évacués de la ville. Les Britanniques évacuent aussi d'anciens esclaves qu'ils ont libérés des Américains et qu'ils refusent de renvoyer à leurs propriétaires, dérogeant ainsi à un des termes prévus par le traité de Paris de 1783.

Entrée de Washington dans New York par Currier & Ives

Carleton communique comme date d'évacuation finale le à midi. L'entrée de George Washington dans la ville est retardée jusqu'à ce qu'un drapeau britannique flottant toujours sur la ville soit retiré. Ce dernier est cloué à une hampe dans Battery Park à l'extrémité sud de Manhattan. La hampe aurait été graissée. Après les tentatives de plusieurs hommes qui échouent à descendre les couleurs britanniques (symbole de tyrannie pour les Patriotes), des taquets en bois sont coupés et cloués au poteau et, à l'aide d'une échelle, un vétéran du nom de John Van Arsdale est à même d’escalader la hampe, de décrocher le drapeau et de le remplacer par le Stars and Stripes et ce avant que la flotte britannique ne soit hors de vue[10],[11],[note 1]. Le général George Washington mène alors l'armée continentale dans une marche triomphale de Broadway jusqu'à Battery immédiatement après.

Sir Guy Carleton, Andrew Elliot (en) le gouverneur nommé par les Britanniques et quelques anciens autres officiels quittent la ville le [12]. Washington lève le camp peu de temps après le départ des Britanniques.

Mais même après le Jour de l'Évacuation, les troupes britanniques restent stationnées dans des forts frontaliers dans des zones clairement définies par le traité de Paris comme étant sur le territoire des États-Unis. La Grande-Bretagne continuera à maintenir une présence dans le nord-ouest jusqu'en 1815, période à laquelle prend fin la guerre anglo-américaine de 1812.

Commémorations[modifier | modifier le code]

Une vue de la batterie, où l'on peut voir des arbres récemment plantés. La base du mât du drapeau, décrite par Washington Irving comme une gigantesque « baratte », fut construite en 1790. New York Historical Society collection.

Pendant plus d'un siècle, cet évènement est célébré tous les ans tout d'abord par une épreuve durant laquelle des jeunes hommes se mesurent en essayant de détacher un drapeau britannique d'une hampe graissée dans Battery Park, ainsi que par des festivités plus adultes et des boissons correspondantes. Mais, la célébration au niveau national de la date commence à décliner après qu'Abraham Lincoln, dans sa proclamation du jour de Thanksgiving, le , appelle tous les Américains « de chaque endroit des États-Unis, de même que ceux qui sont en mer et ceux qui séjournent à l'étranger, à célébrer l'Action de grâce le dernier jeudi de novembre prochain[13],[14]. ». Le jeudi en question tombe cette année-là le , donc tous les évènements tombant aux alentours ou le deviennent jour de Thanksgiving à compter de cette époque[14].

Dans les années 1890, l'anniversaire est fêté à New York à Battery Park avec la montée du Stars and Stripes par Christopher R. Forbes, l'arrière-petit-fils de John Van Arsdale, et avec l'assistance d'une association civile de Manhattan de vétérans de la guerre (les Anderson Zouaves (en)[15]). John Lafayette Riker, le commandant initial des Anderson Zouaves, est aussi le petit-fils de John Van Arsdale. Le frère ainé de Riker est le généalogiste new-yorkais James Riker, qui écrivit Evacuation Day, 1783[16] pour la spectaculaire fête du 100e anniversaire en 1883, qui fut notée comme « un des plus grands évènements civiques du XIXe siècle de la ville de New York[17] ».

En 1900, Christopher R. Forbes se voit refuser l'honneur de hisser le drapeau à Battery le jour de l'Indépendance et le jour de l'Évacuation[18] et à compter de là, il semble que plus jamais, lui ou une autre association de vétérans associée avec la famille Van Arsdale-Riker, ou bien les Anderson Zouaves, ne prendra part à la cérémonie après cet incident. À la suite du réchauffement des relations avec la Grande-Bretagne juste avant la Seconde Guerre mondiale, la célébration de ce jour disparait.

Bien que peu fêtée durant le siècle précédent, le jour de l'Évacuation est commémoré le avec des projecteurs dans le New Jersey et New York sur les principaux sites clés[19],[20],[21]. Les projecteurs sont une commémoration moderne des feux qui servaient alors de système d'alerte dans beaucoup de ces mêmes lieux pendant la révolution. Les sept sites associés à la guerre d'Indépendance dans le New Jersey sont : Beacon Hill à Summit[22], la réserve de South Mountain à South Orange, Fort Nonsense à Morristown, Washington Rock à Green Brook, les phares de Navesink, et la forêt d'État de Ramapo Mountain près d'Oakland. Cinq lieux new yorkais participaient à la commémoration : le parc d'État de Bear Mountain, le parc d'État de Storm King, Scenic Hudson's Spy Rock (Snake Hill) à New Windsor, le Washington's Headquarters State Historic Site à Newburgh et Scenic Hudson's Mount Beacon.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Clifton Hood dans son essai sur le jour de l’évacuation de New York fait la citation suivante sur le rôle de John Van Arsdale dans le retrait de l'Union Flag et son remplacement par le Stars and Stripes:Rivington’s New York Gazette, 26 novembre 1783 ; The Independent New-York Gazette, 29 novembre 1783 ; Edwin G. Burrows et Mike Wallace, Gotham : A History of New York to 1898 (New York, 1999): 259-61 ; Douglas Southall Freeman, George Washington : A Biography, v. 5, Victory with the Help of France (New York, 1952): 461 ; James Thomas Flexner, George Washington, v. 3, In the American Revolution (1775-1783) (Boston, 1967): 522-8. Van Arsdale est quelquefois présenté comme un engagé ou bien comme un officier de l’US Army.

Références[modifier | modifier le code]

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Evacuation Day (New York) » (voir la liste des auteurs).
  1. (en) Henry Reed Stiles, Letters from the prisons and prison-ships of the revolution, Thomson Gale, , 49 p. (ISBN 978-1-4328-1222-5).
  2. (en) Thomas Dring et Albert Greene, Recollections of the Jersey Prison Ship (American Experience Series, No 8), Applewood Books, , 49 p. (ISBN 978-1-4328-1222-5).
  3. (en) George Taylor, Martyrs To The Revolution In The British Prison-Ships In The Wallabout Bay, Kessinger Publishing, LLC, (ISBN 978-0-548-59217-5).
  4. (en) James Lenox Banks, Prison ships in the Revolution : New facts in regard to their management, .
  5. (en) Christopher Hawkins, The life and adventures of Christopher Hawkins, a prisoner on board the 'Old Jersey' prison ship during the War of the Revolution, Holland Club, .
  6. (en) Thomas Andros, The old Jersey captive : Or, A narrative of the captivity of Thomas Andros. … on board the old Jersey prison ship at New York, 1781. In a series of letters to a friend, W. Peirce, .
  7. (en) Patrick J. Lang, The horrors of the English prison ships, 1776 to 1783, and the barbarous treatment of the American patriots imprisoned on them, Society of the Friendly Sons of Saint Patrick, .
  8. (en) Henry Onderdonk, Revolutionary Incidents of Suffolk and Kings Counties ; With an Account of the Battle of Long Island and the British Prisons and Prison-Ships at New York, Associated Faculty Press, Inc., (ISBN 978-0-8046-8075-2).
  9. (en) Charles E. West, Horrors of the prison ships : Dr. West's description of the wallabout floating dungeons, how captive patriots fared, Eagle Book Printing Department, .
  10. Riker, J. 1883, p. 3.
  11. Hood, C. 2004, p. 6.
  12. Schecter, p. 379.
  13. Abraham Lincoln, « Proclamation of Thanksgiving », .
  14. a et b John G. Rodwan, Jr., « No Thanks », .
  15. The Sunday Advocate (Newark, Ohio) le 26 novembre 1893 « New YORK, novembre. Au lever du soleil les canons tonnent devant Fort William. L'Old Glory est hissé en haut du mât à drapeau de la ville au Battery Park sur le site où se trouvait le mât auquel les Britanniques avaient cloué leur drapeau avant de quitter le port. Le drapeau britannique fut descendu et remplacé par les couleurs américaines par Van Arsdale, le jeune marin, puis le "drapeau est hissé par un de ses descendants directs, Christopher R. Forbes, qui est assisté par des officiers des Anderson Zouaves. Le drapeau est salué par les canons de Fort William. » New York Times, le 26 novembre 1896, « Le jour est aussi fêté par une montée du drapeau au lever du soleil à Battery par Christopher R. Forbes, arrière-petit-fils de John Van Arsdale, assisté par les Anderson Zouaves du 62e Régiment des volontaires new-yorkais, le capitaine Charles E. Morse, et les soldats Anderson et Williams. ».
  16. James Riker 1883, Evacuation Day, 1783 ; ses nombreux évènements de troubles ; avec les souvenirs du capitaine John Van Arsdale du Veteran Corps of Artillery, grâce aux efforts de qui, en ce jour, l'ennemi fut mis en échec et le drapeau américain hissé avec succès sur Battery à New York.
  17. Goler, Evacuation Day : The Encyclopedia of New York City, p. 385.
  18. New York Times, le , « Christopher R. Forbes, qui depuis de nombreuses années avait le privilège de lever et d'abaisser le drapeau à Battery le jour de l'Évacuation et le 4 juillet, et affirmait qu'il avait hérité ce droit de son grand-père, John Van Arsdale, qui arracha les couleurs britannique du mât et mis à leur place le drapeau américain, se dit irrité par la manière dont il a été traité par le Park Department. Les membres de la famille Van Arsdale de New York à San Francisco sont atterrés. Il déclarait hier soir : « Au début du mois de juin j'ai demandé la permission de participer à la levée du drapeau pour le 4 juillet, et j'ai reçu une réponse du président Clausen le 5 juin, me donnant la permission de participer à la levée effectuée par les employés du Park Department. Dorénavant n'importe quel mendiant peut participer à la levée du drapeau s'il reste là et regarde, et c'est ce type de permission qui m'a été accordée. Si ce n'est pas un camouflet et une insulte, j'aimerais savoir ce que c'est. Quand mon grand-père amenait le drapeau britannique pour hisser les couleurs américaines, j'aimerais savoir où était le grand-père de M. Clausen et ce qu'il faisait.
    Plus tard néanmoins cette permission de mendiant fut annulée. Aujourd'hui je reçois une lettre de M. Clausen m'informant qu'au lieu de ma participation à la levée du drapeau avec les employés du Park Department, cette cérémonie sera accomplie par le Veteran Corps of Artillery de la Military Society of the War of 1812.
    « Je vois la main de Asa Bird Gardiner (en) derrière tout cela. Il a déjà essayé de mettre fin à mes privilèges dans le passé, et il y arrive enfin. Le Veteran Corps a été démantelé en 1872, et en 1892, M. Gardiner a joué un rôle dans la réorganisation de ce nouveau corps. Il voulait que moi et C. B. Riker le rejoignions, mais nous avons refusé.
    Les années passées, l'Anderson Post, les Anderson Zouaves, les Anderson Girls, ainsi que le Camp Sons of Veterans avaient l'habitude d'aller avec moi et de m'aider dans la cérémonie du lever de drapeau, mais maintenant même la permission de participer avec les employés est annulée.
    Je vais aller rencontrer M. Riker pour discuter avec lui de ce problème et je serai probablement quelque part non loin du lever de drapeau mercredi matin. Mais je pense qu'ils entendront parler de moi avant ce jour. »
  19. NJ.com.
  20. RevolutionaryNJ.org.
  21. HVpress.net.
  22. « Beacon Hill Club » (consulté le ).

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • James Riker. Evacuation Day, 1783 ; Its many stirring events ; with recollections of Capt. John Van Arsdale of the Veteran Corps of Artillery, by whose efforts on that day the enemy were circumvented and the American flag successfully raised on the Battery, New York, 1883. Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Clifton Hood. An Unusable Past: Urban Elites, New York City's Evacuation Day, and the Transformations of Memory Culture, Journal of Social History, Été 2004. Document utilisé pour la rédaction de l’article

Liens externes[modifier | modifier le code]